lundi 29 février 2016

Film "Homeland" de Abbas Fahdel : compte-rendu

        Présent dans seulement une vingtaine de salles en France dont celles de l'ABC à Toulouse, le film "Homeland" est un témoignage vif, riche et émouvant. Long de 5 heures, ce film documentaire s'appuie sur la famille du réalisateur et en particulier son neveu Haïdar, très mature et intelligent qui a un regard précis sur son pays.
         La 1ère partie présente l'Irak d'avant la guerre de 2003. On y observe le milieu assez aisé du cinéaste (médecins, ingénieurs) dans un contexte de pénurie alimentaire lié à l'embargo "pétrole contre médicaments" instauré par l'ONU après la 1ère guerre de 1990. L'attente de l'invasion américain pèse sur les populations qui s'y préparent. Un double discours est très net entre, d'une part, le discours officiel de grandeur de la nation irakienne illustrée par leur leader Saddam Hussein et, d'autre part, l'évidence de la défaite. Le film montre aussi une société assez occidentalisée : bcp parle l'anglais ou même le français, décor dans les maisons avec des fresques 17è-18è comme on pouvait en trouver dans les campagnes françaises il y a une  ou deux générations.
       La seconde partie, Irak année zéro est bcp plus intéressante car elle décrit la situation à Bagdad, occupée par l'armée américaine. Loin de tout manichéisme, il montre les 1ers contacts entre les soldats américains et les Irakiens, heureux d'avoir été libérés de leur dictateur. Ex : la ration alimentaire avant payante devient gratuite. Pourtant, les bâtiments publics et infrastructures de l'Etat irakien baassiste ont été détruites de manière très importante. Tous les dirigeants basssites ont été arrêtés. La destruction de l'Etat irakien par les armées de Bush est très visible. Aussi, peu à peu, les Américains sont vus comme des occupants avec des bombardements de maisons incompris des habitants ou des arrestations arbitraires (sur dénonciations). On sent la révolte peu à peu gronder, d'autant plus que pour la 1ère fois Abbas Fahdel nous montre des familles très pauvres vivant dans des bidonvilles. Les pbs de pénurie, le chômage s'aggravant les incidents entre Américains et Irakiens se multiplient. Mais Fahdel montre aussi le rôle des pillards qui saccagent les lieux publics et privés déja mal en point en raison des bombardements. Tout cela participe à une insécurité croissante où de plus en plus de personnes achètent des armes. C'est ainsi, que Haïdar, lors d'une sortie en voiture avec son oncle, est tué... le film s'achève alors par ces dernières paroles 'tonton, je suis blessé".
        Film émouvant et riche encore à l'ABC, en particulier la partie 2, le 1er mars à 18h10 (partie 1 le 29 février, mais la partie 2 peut-être vue sans avoir visionnée la 1ère)