vendredi 16 janvier 2015

L'Etat allemand en équilibre budgétaire pour la première fois depuis 1969

L'Allemagne parvient à l'équilibre budgétaire en avance

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 
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L'orthodoxie budgétaire était une promesse de campagne des conservateurs de Mme Merkel et de Wolfgang Schäuble aux législatives de 2013.

L'Etat fédéral allemand a terminé l'année avec des comptes publics à l'équilibre, pour la première fois depuis 1969 et un an avant l'échéance que s'était fixée le gouvernement d'Angela Merkel, rapporte le ministère des finances allemand.

Le projet de budget fédéral prévoyait un petit déficit de 6,5 milliards d'euros l'an dernier. Mais à la faveur de rentrées fiscales de 2,6 milliards plus importantes que prévu, de 2,9 milliards de recettes administratives supplémentaires et de 1 milliard d'euros de charges d'intérêts en moins, conséquence directe des taux en baisse de ses obligations, Berlin a réussi à terminer l'année sans contracter de nouvelles dettes. Le gouvernement devance ainsi d'un an l'objectif du « zéro pile » cher à son ministre des finances, Wolfgang Schäuble.
L'ÉQUILIBRE COMME NORME
M. Schäuble avait promis le « zéro pile » pour 2015, et veut que l'équilibre devienne la norme pour le budget allemand. Très populaire auprès de l'électorat allemand, l'orthodoxie budgétaire était une promesse de campagne des conservateurs de Mme Merkel et de son grand argentier lors des législatives de 2013. Ils y voient undevoir envers les générations futures, dans un pays vieillissant.
Mais l'obsession du « zéro pile » est critiquée par l'opposition et certains économistes, comme un dogme qui n'a pas de sens économiquement et bride l'Allemagne dans sa croissance et ses investissements. Ce retour à l'équilibre budgétaire devrait aussi fournir des arguments supplémentaires aux partenaires européens de l'Allemagne qui l'exhortent à investir davantage pour soutenirl'activité sur le continent. 
Les comptes publics de l'Allemagne – Etat fédéral, Etats régionaux, communes et caisses de sécurité sociale – sont pour leur part déjà à l'équilibre depuis 2012 et devraient y être restés l'an dernier. Le chiffre pour 2014 est attendu jeudi. C'est celui qui compte au regard des exigences européennes. Le pays est cependant toujours endetté au-delà du plafond de 60 % du produit intérieur brut (PIB) fixé par les règles de l'Union européenne. A fin 2013 la dette, de 2 150 milliards d'euros, représentait 78 % du PIB, un taux que M. Schäuble veut ramener à moins de 60 % d'ici à 2024.
Source : Le Monde.fr

mercredi 14 janvier 2015

lundi 5 janvier 2015

Complément de cours : le dividende démographique ou "fenêtre d'opportunité démographique"

La fenêtre d’opportunité démographique (FOD)

Selon le démographe Jacques VALLIN, le grand spécialiste de la fenêtre d’opportunité démographique, le meilleur indicateur en la matière est l’évolution de la part des personnes en âge de travailler dans une population donnée. Ses travaux montrent surtout que la FOD varie considérablement d’un pays à l’autre, selon l’histoire de sa transition démographique (…). Sur le plan de la transition démographique, la Chine a suivi un schéma heurté correspondant à une politique volontariste, d’abord pronataliste, puis totalement malthusienne, à partir de la fin des années 1970. Cette chute de la mortalité, à un point bas de 6,7%o dès la fin des années 1960 propulse en effet, au cours des 20 premières années du régime communiste la croissance de la population chinoise à un niveau supérieur à celle de l’Afrique. La Chine doit à ce baby-boom d’après-guerre tout à la fois la vigueur de la contestation politique des jeunes au moment de la Révolution culturelle, puis la décision historique du Premier ministre Deng Xiaoping d’introduire la politique de l’enfant unique en 1979. Dans le même temps, le successeur de Mao est incité à ouvrir le pays aux entreprises de main d’œuvre du monde chinois (Hong-Kong, Singapour, Taïwan), puis d’Asie (Japon ou Corée) et enfin du monde entier pour absorber le surplus « illimité ». Au total, la transition démographique chinoise est rapide, dopée par le triplement de la population via l’arrivée d’un nombre croissant de jeunes sur le marché nuptial. La FOD chinoise qui en résulte est l’une des plus favorables jamais connues. A partir de 1980, le potentiel de la population active, issue du boom démographique d’après-guerre, fait logiquement un bond, la faisant passer de plus de la moitié à plus des deux tiers de la population chinoise en 2010. Ce chiffre est d’autant plus significatif que le régime communiste met tout le monde au travail, y compris les femmes que la période maoïste s’est fait un orgueil d’avoir libérées d’une servitude ancestrale (…). Plus généralement, un chiffre symbolise l’impact mondial du bonus démographique de la Chine. Entre 1980 et 1985, la croissance de sa population d’âge d’actif représente tout à coup le tiers de l’accroissement mondial des actifs. Et ce, au moment même où le pays s’ouvre et participe activement à la grande vague de mondialisation, que nous vivons toujours actuellement. (…) Pour le continent africain, la transition démographique se traduit par un effet dépressif impressionnant sur la part de la population en âge de travailler. Celle-ci devrait exploser en nombre absolu, passant de 430 millions à 960 millions entre 2000 et 2030, pour dépasser celle de l’Inde dans les années suivantes. Mais le problème est que le cœur des actifs africains (25-59 ans) pèse toujours moins de 4 habitants sur 10, en raison d’un poids des 0-15 ans qui reste stable, autour des quatre dixièmes également, soit plus du double qu’en Chine au moment du décollage. La comparaison des courbes de la FOD entre les trois titans est doublement sans appel. Le profil africain moyen reste d’abord nettement en dessous des profils chinois et indien jusqu’en 2030. Ce n’est qu’à cette date que l’Afrique devrait croiser les seuils du décollage chinois des années 1980, du décollage indien des années 1990. (…). En attendant, la comparaison de la FOD de pays africains critiques, comme le Nigéria ou l’Ethiopie, montre déjà un profil démographique suffisamment proche : avec un point bas médiocre en 2000, puis un rebond marqué du cœur des actifs, moteur de l’économie. Cela correspond bien à l’ouverture de plus en plus évidente d’un potentiel de décollage africain, où 2030 apparait alors comme le milieu de la phase favorable qu’on a pu observer un peu partout dans l’histoire du développement.     

                                                                                  Source : Jean-Joseph BOILLOT et Stanislas DEMBINSKI, Chindiafrique, O.Jacob, 2013.