Colles d'actu 2017-18 : 6 sujets sur l'Asie, 3 sur l'Am, 1 sur l'Afr et 3 sur Eur/fr

SOMMAIRE GENERAL 

FRANCE/EUROPE
sujet 16 : le Brexit
sujet 15 : les élections allemandes et leurs effets sur l'Europe
sujet 14 : bilan de la tournée  de Macron en Afrique
sujet 13 : la crise migratoire en France
AFRIQUE
sujet 12 : la crise en Libye
AMERIQUE
 -sujet 11 : les violences au Mexique
-sujet 10 : où en est la crise au Venezuela ?
-sujet 9 : bilan de l'ALENA au moment des renégociations ?

-sujet 8 : Trump, un reflet du populisme
ASIE 
-sujet 1 : le drame des Ronhingyas et la question des minorités en Asie
-sujet 2 : le projet OBOR, outil d'influence de la Chine ?
-sujet 3 : la situation politique actuelle  de la Corée du Sud
-sujet 4 : menace nord-coréenne : que peuvent faire les Etats-Unis et la Chine ?
-sujet 5 : où en est la jeunesse chinoise ? colle de lecture de livre
-sujet 6 : où en est le Japon ?
-sujet 7 : où en est l'Inde de Modi ?

FRANCE EUROPE
Sommaire 
sujet 16 : le Brexit
sujet 15 : les élections allemandes et leurs effets sur l'Europe
sujet 14 : bilan de la tournée de Macron en Afrique
sujet 13 : la crise migratoire en France


sujet 16 : le Brexit. Etat des lieux en mars 2018

Introduction:

« L’Angleterre est une île », c’est de cette manière qu’André Siegfried commença ses cours à Science Po. Si l’Outre-Manche a une histoire complexe avec le continent, elle demeure une composante à part entière de la civilisation européenne. La réalité économique actuelle est toute aussi parlante :  50% des exportations britanniques sont à destination de l’UE tandis que 15% de ses importations proviennent du continent. 
Cependant le 23 juin 2016, 51.9% des britanniques choisirent de quitter l’EU. Séisme politique à l’échelle européenne qui n’eut pas (ou très peu) anticiper par le passé cette possibilité qu’est la sortie d’un pays de l'UE. 
Ainsi comment va se traduire cette sortie qui suscite de nombreuses questions des deux cotés de la Manche ? 

1.        Le Hard Brexit est-il possible ?
Le 29 mars 2017, Theresa May, le Premier Ministre du Royaume-Uni déclenche l’article 50 du traité de Lisbonne pour sortir de l’Union européenne ; à compter de ce jour, l’UE et le Royaume-Uni ont 2 ans pour négocier les termes de la sortie de l’UE.
Theresa May a indiqué qu’elle souhaitait un Brexit en douceur et qu’elle souhaitait conserver de bonne relation avec le continent. Or, les conditions du Brexit imposées par l’UE sont jugées assez excessives pour le Royaume-Uni, en effet, les pays de l’UE ont décidé de faire bloc et de ne pas céder face aux revendications britanniques. L’UE exige le paiement de 60 milliards d’euro, ainsi que la possibilité pour les citoyens européens au Royaume-uni de rester, et enfin une possibilité pour l’Irlande du Nord de rester dans l’UE. A ce jour, Theresa May a presque dû se plier à toute les revendications.
En effet l’avenir du Royaume-Uni se joue lors de ces négociations. Si les deux entités ne parviennent pas à un accord sur le futur de leurs relations, alors les relations seront régies par le droit international, et par les règles de l’OMC.
Les négociations peuvent aussi aboutir dans de meilleurs cas de figure à un accord de libre-échange exhaustif avec l’UE, voire un maintien de l’accès au marché commun.
  Certes, le Brexit permettra au Royaume-Uni de retrouver une pleine souveraineté (même s’ils ne l’avaient jamais vraiment abandonné) d’ailleurs, les Britanniques vont rapidement retrouver leur passeport bleu. En revanche il semble que économiquement et financièrement, le Brexit aura inévitablement un coût important pour le Royaume-Uni, et à moindre mesure, pour l’UE. En effet, selon une analyse du gouvernement britannique mené en février 2018, le maintien dans le marché commun n’amputerait le PIB du pays que de 2% sur les 15 prochaines années. En cas de libre-échange exhaustif avec l’UE, l’impact négatif serait de 5%. Enfin, des le pire des cas, l’effet négatif serait de 8% sur le PIB.
  De plus, le déplacement des instances européennes sur le continent contribuent à la perte de poste, comme le déplacement de siège de banque, l’AEM et l’ABE se déplacent en France et aux Pays-Bas.  4000 postes financiers sont déplacés.
 Finalement, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne se fera aussi au détriment de l’Union européenne. En effet, le Royaume-Uni était le 3e contributeur au budget de l’UE, derrière l’Allemagne et la France, représentant 16,63%du budget de 2016. De plus, le Hard-Brexit serait la perte d’un de ses partenaires commercial pour l’UE. Cependant, en tant que première puissance économique mondiale, le Brexit aura des conséquences bien moindre pour l’UE que pour le RU.
Contenues des conséquences économiques, connues de l’UE et des Britanniques, le hard-brexit semble être un scénario peu probable, tant il amputerait le Royaume-Uni d’une partie de ses emplois et de ses revenus.




2-Ainsi, face aux problèmes structurels et sociaux qu’engendrait un hypothétique hard Brexit, vint l’idée d’un soft Brexit. Il serait effectivement une alternative préférable au hard Brexit pour les négociations. 
Bien que Mme May ne soit plus en froid avec Mr Trump et que ce dernier lui a assuré un contrat après le Brexit un hard Brexit ne serait pas souhaitable. David Davis, secrétaire au Brexit, pourrait bien voir ses désirs finir en névroses freudiennes. Ce dernier désire des centaines d’accords avec des pays tiers, chose plausible mais impossible en moins de 2 ans (délais de Mme May). Même Jacob Rees Mogg, député euroseptique demande une prolongation de la durée de négociation pour que la destiné économique du Royaume-Unis soit pérenne. 
Il permettrait aussi de laisser du temps aux citoyens européens et britanniques d’anticiper leur futur, même si Mme May a déjà laissé une période de 2 ans aux citoyens européens vivant en Angleterre pour se préparer à cette échéance. Chiffre important, témoin d’une panique de ce Brexit, 3713 Britanniques ont demandé la nationalité française en 2017 soit 8 fois plus qu’il y a 10ans. 
Mais une soft Brexit est-il souhaitable pour l’élite anglaise outsider ?
Question ridicule car les pro Brexit n’ont aucun intérêt à voir un soft Brexit: ils ont peur d’avoir un "pétard mouillé" dans les mains, qui  devienne une utopie, littéralement parlant, un non lieu. 
Prolonger les négociations apporte deux problèmes: premièrement c’est continuer à prolonger les 4 libertés européennes et donc assister à une immigration massive, chose que les hard brexiter veulent stopper au plus vite. 
Seconde conséquence, engager des négociations longues c’est laisser du temps au temps, les ardeurs révolutionnaires vont faiblir et peut être réaliser que cela n’était qu’une erreur, un effet de style, un simple mouvement populaire sans sens guidé par des populistes démagogues et inconscients. 
Finalement il demeurerait tout de même des problèmes clés comme l’Ireland du Nord et Gibraltar, ainsi ne pouvons-nous pas envisager un non Brexit ?

3. L’éventualité d’un nouveau vote ou qu’il n’y est pas de deal ?

Alors que les négociations du Brexit continuent, les divergences au sein du Parlement anglais s’accroissent. En effet, la perte de la majorité absolue du parti conservateur au sein du Parlement empêche Theresa May de prendre des décisions pour le Brexit. Ainsi, elle est obligée de faire voter ses idées au sein du Parlement pour savoir si elle peut les proposer à Bruxelles. Toutefois, la position de May permet aux opposants du Brexit de se faire entendre. Les Remainers, qu’ils soient conservateurs ou travaillistes, souhaitent remettre en question le vote du Brexit et suivre l’idée énoncé par Vernon Bodganor professeur au King’s College (Londres) de laisser une nouvelle fois la décision aux mains du peuple anglais. Les négociations prennent alors plus de temps que prévues mettant Londres dans une position de faiblesse vis-à-vis de Bruxelles qui déclare ne prendre aucune résolution particulière et laisse la balle dans le camp britannique. Le Brexit est alors dans une situation bancale, puisque Theresa May et les Tories opteraient pour un Brexit dure avec une sortie complète du système européenne, tandis que l’idée des travailliste et Jeremy Corbyn serait d’appliquer un Brexit doux basé sur une union douanière pour limiter les conflits entre les deux Irlande et un accord pour avoir accès au Marché commun. Enfin, le dernier problème important pour Theresa May et les Brexiteers est la chambre des Lords. Les Lords sont des pro-européens et grâce à leur situation jouent un rôle important dans les décisions du Parlement. Ils sont ainsi une opposition totale avec les décisions du Brexit ne facilitant pas la tâche au gouvernement en cours. Ainsi, la complexité de la situation britannique laisse entrevoir une éventuelle remise en question de la sortie du Royaume-Uni soit par l’intermédiaire d’un second vote soit car aucun accord ne sera acté.








sujet 15 Les élections allemandes, quelles conséquences pour l’Europe ?
Ousmoï Basma
Letron Emma

Une relance compliquée du couple franco-allemand :

Lors des élections françaises de 2017, la classe politique allemande n’a pas caché sa préférence lors de nombreuses interventions pour le candidat Macron en raison d’une certaine adhésion à son programme mais aussi (et surtout) contre la candidate FN. Mais depuis le flottement politique allemand a dévoilé des divergences et des désaccords entre les deux puissances européennes.
    Ainsi une convergence est-elle possible pour le couple franco-allemand ? Si oui dans quelle mesure ?

A l’issu des résultats, la stabilité politique allemande se voit être ébranlée. En effet l’AFD (extrême droite) bat un record historique (12,6% des voix) et se fraye un passage au sein du parlement allemand. Le SPD bat aussi un record mais avec le nombre de voix le plus bas depuis sa création (20,5%) et décide, pour un regain de crédibilité politique, de se placer dans l’opposition et de ne pas intégrer la coalition dans un premier temps mais finit par l’intégrer. Ainsi pendant plus de 4 mois, l’Allemagne se retrouve sans gouvernement ce qui cristallise le dynamisme franco-allemand. Mais la récente structuration de la Grande coalition peut-elle laisser envisager la relance d’un couple franco-allemand fort et uni comme envisagé par Macron ? En effet, ce dernier avait misé lors de sa campagne sur l’importance du couple dans la perspective d’entreprendre des réformes majeures au sein de l’UE telles que l’union économique et monétaire ou encore l’Europe de la défense. Le dossier du Brexit peut aussi pousser les deux puissances à renforcer leur coopération pour mener une négociation qui profite à l’UE.

Pourtant de nombreuses divergences persistent. En effet les dirigeants allemands dont Wolfgang Schäuble, actuel président du Bundestag (Parlement), avaient adressé une fin de non-recevoir concernant la vision de l’approfondissement de la zone euro du président français (création d’un gouvernement de la zone euro et donc d’un budget). Actuellement, le FDP s’est engagé dans une refonte idéologique axée sur un euroscepticisme rejetant tout mécanisme approfondi de solidarité à l’échelle européenne (ils s’opposent à la création d’une entité économique supranationale et considèrent que la mise en place d’un budget pour la zone serait une manière de faire payer l’Allemagne des projets qui ne lui profitent pas).
Il est à noter qu’il s’agit du dernier mandat de Merkel. Donc tout laisse à penser que la chancelière peut inspirer à laisser sa trace dans l’histoire de l’Allemagne. Ce qui pose la question de l’orientation à prendre : suivre la voie française ou se distinguer ?

Conclusion : la volonté de Macron de faire renaître le couple franco-allemand est tout à fait légitime en soi, mais elle bute cependant sur des conceptions politiques divergentes et la réalité du profond déséquilibre politique et économique qui consume la coopération européenne.

Une coopération historique récente  …
… remise en cause …
… mais qui reste solide et prometteuse
-          La poignée de main de François Mitterrand et Helmut Kohl
-          notion qui n’a pas de véritable traduction en allemand
-          divergences internes entre les 3 partis de la Grande Coalition (SPD, les Verts, et CDU) sur l’immigration, la zone euro, l’environnement…
-          divergence avec les réformes européennes proposées par Macron
-          le brexit peut annoncer une relance de la coopération 
-          une lutte commune contre l’essor du populisme européen
-          une lutte commune contre le terrorisme
Une politique migratoire tumultueuse 

L’Allemagne est le pays qui, depuis le début de la crise des migrants (été 2015), a le plus ouvert ses frontières. Elle a accueilli plus d’un million de réfugiés à elle seule en 2015.
La politique de la chancelière et sa politique de bienvenue (Willkommenskultur) a engendré de nombreux flux migratoires dont la population a subit les conséquences au quotidien et a ainsi fait progresser le parti populiste anti-immigration AfD. Les migrants sont amenés a rester sur le sol allemand car ils ne peuvent retourner pour la plupart dans leur pays d’origine car la situation dans ces derniers ne leur permet pas (par exemple les Syriens ou Irakiens) ; cependant le pays s’engage à soutenir financièrement le retour de ceux qui le souhaitent.
L’insatisfaction se fait ressentir dans les urnes lors des élections législatives de la CDU et CSU le 24 septembre 2017, l’Union (nom donné à la réunion des deux partis) a obtenu son plus mauvais score depuis 1949

Malgré une politique controversée (également au sein-même de son parti) la CDU d'Angela Merkel arrive en tête des élections fédérales allemandes, son parti marque un net recul par rapport à 2013 et devra donc se trouver au moins un partenaire : Le SPD. Par ailleurs le parti anti-immigration et eurosceptique Alernative pour l'Allemagne (AfD) réalise un résultat record (13% des suffrages) et entre au Parlement. Créé en 2013, ce parti aura réussi à bouleverser le paysage politique allemand, grâce à un discours virulent contre la politique migratoire de la coalition CDU-SPD au pouvoir. Devenue aujourd'hui la troisième force politique du pays, l'AfD pourrait compter jusqu'à 89 députés.

Pendant les négociations, La CSU bavaroise n’a cessé de réclamer l’instauration d’un « plafond » (Obergrenze) fixant à 200 000 le nombre maximal de demandeurs d’asile susceptibles d’être accueillis chaque année en Allemagne. Le SPD ne voulait pas en entendre parler, et il a fallu attendre le lendemain des législatives du 24 septembre 2017 pour que Mme Merkel, qui avait jusque-là rejeté l’idée, finisse par l’accepter, officiellement le 8 octobre 2017.
De ce point de vue, même si le terme de « plafond », qui a crispé le débat politique allemand depuis 2015, ne figure pas dans le contrat de coalition, et même si ses rédacteurs ont préféré établir une fourchette comprise entre 180 000 et 220 000 plutôt qu’un nombre fixe, le texte est directement inspiré des revendications de la CSU bavaroise.
Concernant le regroupement familial pour les réfugiés bénéficiant d’un statut temporaire, les deux partis ont obtenu gain de cause : Alors que les conservateurs souhaitaient renouveler une loi qui l’interdit et doit arriver à expiration en mars, le SPD a obtenu que ce type de regroupement familial soit autorisé de nouveau à partir d’août. Mais le nombre reste symbolique, et les conservateurs sont parvenus à ce que cela ne concerne que 1 000 personnes par mois.

Pour un recul historique 


sujet 14 : Quel bilan après la tournée africaine d’Emmanuel Macron ? Continuité ou rupture ?


Le président Macron comptait sur sa première tournée africaine pour « fixer le cadre de son approche de l’Afrique ». Du 27 au 30 novembre 2017 il s’est rendu au Burkina Faso où il s’est adressé à la jeunesse, puis en Côte d’Ivoire où il a participé au sommet Union africaine-Union Européenne et enfin au Ghana, une première pour un président français. E.Macron entend renouveler les relations entre la France et l’Afrique.

Dans quelle mesure E.Macron mène-t-il une politique africaine spécifique ?

I. Une jeunesse et une fraicheur politique, symbole de rupture

            Né en 1977, E.Macron profite de son jeune âge comme d’une connivence générationnelle avec le peuple africain. En effet, 60% de la population africaine a moins de 35 ans. Cette jeunesse lui permet de s’affranchir du passé impérialiste français. Il s’adresse en particulier aux étudiants : le discours de Ouagadougou est fait dans un amphithéâtre rempli d’étudiants burkinabés.  Il mise sur la jeunesse, souhaite en finir avec une aide au développement d’Etat à Etat. Son souhait est de réunir autour de la table les sociétés civiles, les entreprises, les étudiants.
            De plus, l’ancien 1er ministre franco-béninois Lionel Zinsou se fait le chantre de la rupture apportée par la fraîcheur de Macron. En effet, ce banquier d’affaire créateur du Think Tank Terra Nova (proche du centre gauche sur l’éventail politique) voit en Macron « le Prince de la jeunesse ». Il ne parle pas de Macron en tant que président français mais comme du Leader européen qui veut faire la différence. Il compare sa tournée au voyage inaugurale de Obama en 2009 au Ghana et au Kenya. Zinsou insiste sur l’image de président des start-up que le monde entier attribue à Macron pour affirmer qu’il rompt avec le passé pour créer l’initiative.
            Enfin, la fraicheur du président français se remarque par éloquence. Cependant, son discours de proximité ne fait pas l’unanimité.  Sa blague sur la climatisation  et le tutoiement du président burkinabé Kaboré ont été vivement critiqué. Son vouvoiement à géométrie variable ne plaît guère dans une Afrique où l’âge, synonyme de sagesse, doit se respecter.

II. Un discours de rupture : « il n’y a plus de politique africaine de la France »

Lors de son discours à Ouagadougou le 28 novembre 2017, E.Macron a annoncé qu’il n’y aurait plus de politique africaine de la France. En effet, E.Macron souhaite porter un regard neuf sur l’Afrique et rompre avec une relation postcoloniale. Il n’entend désormais ni donner de leçons à l’Afrique, ni en recevoir.
Cette rupture se traduit tout d’abord par une mise en avant de l’Afrique et des Africains. Lors de son discours, E.Macron proposait de réinventer le partenariat entre la France et l’Afrique, renvoyant les Africains à leur responsabilité : « la solution ne viendra pas de l’extérieur, votre génération est condamnée à réussir » car « c’est ici que se télescopent tous les défis contemporains – terrorisme, changement climatique, pauvreté, démographie, urbanisation ». Aussi, E. Macron n’a pas dénoncé les régimes autoritaires africains, estimant que ce n’est pas à la France de renverser les derniers dictateurs africains mais aux Africains eux-mêmes. Il a également promis que la France ne soutiendrait plus de grands groupes pratiquant la corruption ou de grands projets sans retombées d’emplois ou financières pour les Africains et a émis le souhait que les étudiants burkinabés puissent mener toutes leurs études au Burkina Faso.
Le président français entend montrer que la France n’interférera plus dans les affaires africaines, il va plus loin en montrant sa volonté d’ouvrir la France à l’Afrique anglophone, rompant ainsi avec la Françafrique. En effet, E.Macron a terminé sa tournée par le Ghana (dont la langue officielle est l’anglais), une première pour un chef de l’Etat français. E.Macron et Nana Akufo-Addo partagent la même ambition pour la démocratie sur tout le continent africain, le président ghanéen ayant été élu dans des conditions tout à fait transparentes. Autre point commun : le bilinguisme. Nana Akufo-Addo veut promouvoir l'apprentissage du français dans les écoles de son pays. Le Ghana a par ailleurs ouvert plusieurs dizaines de nouvelles classes de français depuis son arrivée au pouvoir il y a un an ; une initiative saluée par E.Macron qui se veut le promoteur d'une francophonie plus offensive.
Enfin, la question de l'immigration africaine vers l'Europe a été au cœur du cinquième sommet UE-UA à Abidjan. Malgré des chiffres en baisse par rapport à 2016, la question constitue toujours un enjeu colossal pour l’Europe qui a du mal à gérer cet afflux, comme pour l’Afrique qui voit sa jeunesse fuir massivement le continent. Aussi E.Macron a fait part de sa volonté de « frapper les organisations criminelles et les réseaux de passeurs » qui exploitent les migrants subsahariens, et de « venir en aide aux populations prises au piège en Libye ». Il a également évoqué l’ouverture de hostpots au Niger et au Tchad pour pré-examiner les demandes d’asiles.

III. Un président qui ne peut se soustraire au passé

Malgré sa volonté de marquer une rupture avec ses prédécesseurs, E.Macron reste dans leur continuité en effectuant la traditionnelle tournée africaine du président français après son élection. De plus on observe des similitudes entre ces tournées et les discours des présidents français : E.Macron, voulant rompre avec le passé colonial, a déclaré : « Je ne vous donnerai pas de leçon » là où F.Hollande avait dit « Je ne suis pas venu pour donner un exemple, pour imposer un modèle ou pour donner des leçons », cependant il a, comme N.Sarkozy, évoqué les « crimes » et les « grandes choses et histoires heureuses » de la colonisation.
            E.Macron n’a pas évoqué clairement la fin de la Françafrique, il a simplement dit « Il n’y a plus de politique africaine de la France ». Or cela est faux selon Laurent Bigot un ancien diplomate français spécialiste de l’Afrique qui explique que l’Afrique est la dernière profondeur stratégique de la France. S’il n’y avait plus de politique africaine il n’y aurait plus d’ambassadeurs français en Afrique. Le président ne peut se soustraire au passé car sans l’Afrique la France ne serait pas la puissance qu’elle est aujourd’hui. La France est attachée à son influence en Afrique face à la concurrence de la Chine, des Etats-Unis, de la Turquie...
            La projection africaine de la France se résume à l’espace sahélien et avant tout par des interventions militaires comme celle au Mali en 2013. La présence militaire française en Afrique est encadrée par des accords militaires depuis les années 1960-70 signés avec ses anciennes colonies : le Gabon, la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine, le Togo, le Sénégal, le Cameroun, Djibouti et les Comores. La France jouit du droit d’y intervenir militairement et d’y stationner des troupes en permanence dans des bases militaires dont elle a le contrôle entier.  Ce qui fait de la France un gendarme et protecteur des régimes autoritaires. Lors de la tournée rien n’a filtré quant à la modification de ces accords. De plus, E.Macron souhaite un financement onusien du projet G5 Sahel pour la lutte contre le terrorisme, avec pour objectif de maintenir le contrôle de la France sur ce théâtre d’opérations.
            E.Macron ne semble pas non plus prêt à abandonner le Franc CFA : il en a très peu parlé et a rapidement évacué le débat quand un étudiant lui a posé la question à Ouagadougou. Le CPA supposé nouvel outil des relations entre la France et l’Afrique, réunis en son sein des cadres de grandes entreprises comme Suez, cela rappelle les réseaux politico-affairistes de la Françafrique.
           


Le bilan qui se dresse après cette tournée appelle à une rupture dans la continuité. La fraîcheur du jeune président lui permet de s’identifier au continent africain et son verbe apporte un nouveau souffle au couple France-Afrique. Cependant, s’il souhaite rompre avec le passé en affirmant une non ingérence africaine future, il ne compte pas pour autant mettre un terme à la présence économique et militaire de la France en Afrique.

Sujet 13 : La question migratoire en France
Saint-Martin Gabin
Sanchez Mathieu
Andrieu Marie


   Les politiques migratoires ont depuis toujours été centrales en France, au cœur des programmes et des discours politiques que ce soit à des fins économiques ou pour contrôler les flux. Elles font également l’objet de réactions sociales variables.

I/ L'immigration, entre réalité et perception ?

   L'immigration est un phémonène ancien en France qui se doit d'être étudier sous deux angles : les faits, les données qui témoignent de la réalité mais aussi du vécu des populations, leur perception quant à ce phénomène.
Dans les faits, selon l'enquête de l'INSEE, la France accueillait en 2015, 253 mille immigrés sur un total d'entrées de 364 mille soit plus de 2/3 des arrivées en France. Les immigrés constituent aujourd'hui environ 10% de la population française. La proportion d'immigrés en France a fortement augmenté avec la crise migratoire qui a débuté en mars 2014 et s'est fortement intensifiée entre janvier et juillet 2015 avec la crise syrienne avec l'arrivée de 340 000 migrants. Cette crise a provoqué notamment une dégradation de la situation dans le nord de la France dans ce que l'on appelle depuis 2002, « la jungle de Calais ».
Mais comment est vécue cette immigration par la population ? Face à ce phénomène, les français sont divisés. D'un côté, certain prône l'accueil des migrants, leur intégration ainsi que la défense de leurs droits. Le chef de l'Etat Emmanuel Macron disait à ce sujet qu' « aucun migrant ne sera dans la rue avant la fin de l'année 2017 ». D'un autre côté, la montée de partis extrémistes comme l'a montré la présence de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2017 témoigne d'un racisme croissant et d'une situation jugée « envahissante ». La jungle de Calais est un exemple de cette confrontation entre réalité et vécu de la population. Beaucoup de violences sont constatées aux alentours de la jungle, entre migrants et locaux et au sein du camp lui même. La perception de la population locale s'est ainsi traduite par le vote majoritaire pour Marine Le Pen dans le Pas de Calais.
On peut cependant ajouter que la réalité est différente de celle perçue par les français. En effet, il y a plus de migrations perçues par la population qu'il n'y en a réellement.

II/ Vers la refondation de la politique d’asile et d’immigration ?
   Historiquement, la France a toujours été un pays d’accueil pour combler ses besoins en main d’œuvre. Cependant, depuis 1974, les politiques d’immigration visent à maîtriser et limiter les entrées sur le territoire ainsi qu’à améliorer les conditions d’intégration. La dernière en date est celle développée par le nouveau mandataire Emmanuel Macron et son ministre de l’intérieur Gérard Collomb. Elle présente deux volets, un premier concernant l’accueil et l’intégration des migrants et un second visant à lutter contre l’immigration irrégulière.
Dans le premier volet les mesures tendent  à réduire les délais de traitement des demandes d’asile, prolonger les titres de séjour, mieux répartir l’accueil au niveau national, adopter des mesures de protection et d’insertion pour les migrants avec par exemple la création d’un « passeport santé ».
Pour lutter contre l’immigration irrégulière, le projet prévoit d’augmenter les durées de rétention administrative, la possibilité d’avoir recours à l’assignation à résidence en attendant le retour du migrant,  la possibilité d’accorder l’aide au retour volontaire à un étranger placé en détention, témoignant de la volonté du président français de « reconduire davantage ».
Ainsi, si ces mesures ne sont qu’au stade de projet, elles devraient être adoptées aux alentours de mars 2018.
III/ L’accueil des migrants, « une France inhumaine » ?

   Dans le journal Libération, Yann Moix, écrivain et chroniqueur à « On n’est pas couché », dénonce avec une grande virulence verbale la politique migratoire en interpelant directement le chef de l’Etat. Il affirme avoir filmé à Calais, dans le cadre d’un documentaire qu’il réalise sur place, des « actes de barbarie ». Il regrette les qualificatifs dégradants employés par Emmanuel Macron, confondant migrant et exilés.
« J’affirme, monsieur le Président, que vous laissez perpétrer à Calais des actes criminels envers les exilés. Je l’ai vu et je l’ai filmé ». Il dénonce le sort des exilés, frappés, battus, gazés. Yann Moix avec cette tribune s’en prend ouvertement au président de la République, le qualifiant « d’incompétent ». Il s’indigne que la France, pays des valeurs républicaines où les droits de l’homme, dit fondamentaux, agisse avec une telle férocité sur les exilés. Macron semble prôner des valeurs mais dans les faits, la réalité apparaît bien différente.
Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste des migrations internationales, s’indigne des conditions sanitaires et sociales des migrants, mais également des violences policières : « Les politiques migratoires produisent des morts, des trafiquants mais ne dissuadent pas ». « Les politiques migratoires viennent s’échouer à Calais ».


La question migratoire est donc un sujet controversé en France, entre respect des valeurs de notre république, et bien-être de la population française, les avis sont divisés et les politiques difficiles à mettre en place.

Sommaire des colles d'actu sur l'Afrique
sujet 12 : la crise en Libye

LA CRISE LIBYENNE EN JANVIER 2017


• Un Etat libyen qui s’est longtemps appuyé sur les tribus…

Depuis sa fondation le 10 février 1947, la Libye comprend une multitude de tribus, composant essentielles de la société libyenne, c’est-à-dire un groupement de personnes croyant partager le même sang et donc unis par une solidarité de corps (entraide, défense du territoire, …). Ces tribus sont représentées par un chef : le cheikh, censé réguler la situation interne de la tribu, le rapport avec les autres tribus et les relations avec le pouvoir central. D’ailleurs, le nom de Libye provient de la tribu millénaire des Libu. On recense plusieurs dizaines de tribus en Libye, dont la plus importante est la tribu des « Warfala », avec près d’un million de membres situés dans la région de Benghazi. On recense de même les libous, tribus berbères, les Arabes, parmi lesquelles on retrouve les tribus El Ashraf, descendants du prince Idris El Akbar, le fondateur de l’Etat idrissique au Maghreb, les Kouloughlis, apparu lors de la domination de la Libye par L’Empire ottoman, les Beni Fezzan, tribu originaire du territoire du Fezzan, une région désertique de Libye très riche en hydrocarbures, et enfin la tribu des Touaregs, qui habitent le Sud du pays, ce sont généralement des nomades qui déplacent leur bétail d’un endroit à l’autre et qui vivent dans des tentes.

Historiquement, la tribu étant le dénominateur commun d’une majorité de Libyens, l’Etat libyen a toujours dû composer avec celles-ci et ce système tribal a survécu aux différents régimes politiques qu’a connus le pays : aussi bien durant la colonisation italienne (1911-1943) que pendant la monarchie d’Idris Al-Sanoussi (1951-1969).
Le premier septembre 1969, le colonel Mouammar Kadhafi et les officiers libres renversent le roi Idris. Kadhafi tente alors de faire table rase du système tribal libyen, en écartant dans un premier temps les élites établies, donc les élites tribales et en faisant participer l’ensemble de la population à la politique à travers le principe de démocratie directe. Néanmoins, il fait alors face à une vive opposition des tribus : il comprend alors, dès 1975, la nécessité de se tourner vers les tribus, notamment la sienne, celle des « kadhafa ». Ainsi, l’Etat libyen devient une sorte d’Etat tribal. Kadhafi lance un parti politique qu’il appelle « la troisième théorie universelle » (le terme universel rappelant le rêve supranational de Kadhafi qui rêve d’une unité arabe), supposément fondé sur la démocratie directe et le culte de la personnalité. Il écrit d’ailleurs le fameux « livre vert », dans lequel il évoque sa volonté de faire un Etat sans Etat, c’est-à-dire un système politique en harmonie avec le système des tribus, ni Parti, ni Parlement, ni opposition, « ni gouvernement ». Mais, en réalité, il y avait tout de même des ambassades, des parlements qui portaient d’autres noms et le pouvoir était entre les mains de Kadhafi et certaines tribus ou régions en particulier.

Ainsi, Mouammar Kadhafi a cherché à établir sa légitimité en s’appuyant sur des forces non institutionnelles, au premier rang desquelles les tribus. Le Guide suprême a ainsi adopté une attitude ambivalente envers ces organisations. D’un côté, il a exalté l’imaginaire tribal en tant que culture dans sa doctrine du Livre vert (1975), a nommé quelques représentants tribaux au sein de l’armée et des ministères et garanti la survie de ces mouvements en leur permettant d’acquérir des ressources par le biais des comités populaires. Dans le même temps, le colonel a affirmé sa propre autorité en favorisant sa tribu d’origine, les Kadhafa, n’accordant aux autres qu’une influence symbolique. Ainsi, une des premières mesures de Kadhafi en tant que chef d’Etat fut d’abolir les anciennes divisions administratives de la Libye, établies sur la base de l’emplacement géographique des tribus. Cette volonté s’explique du fait que: pour qu’un pays soit reconnu comme interlocuteur par la communauté internationale ou les compagnies pétrolières, une structure étatique est nécessaire.

Mouammar Kadhafi a donc, au fil du temps, mis en place un pouvoir autoritaire et centré sur son clan, tout en insistant sur l’identité tribale de la Libye. Cela s’est retrouvé dans son discours guerrier du 22 février. Le Guide suprême de la révolution a ainsi affirmé être « au-dessus des postes des chefs d’Etat », « un révolutionnaire », « un Bédouin » 



• Mais un Etat libyen qui s’est disloqué sous la pression des milices à bases tribales et également postrévolutionnaires…

            L’Etat tribal de Kadhafi reposait sur un équilibre fragile entre le pouvoir centrale et celui ancestrale des tribus. Si Kadhafi a toujours su composé avec les tribus, il a aussi maintenu les divisions entre celles-ci, le menant à sa chute le 20 octobre 2011 (date de son décès). La révolution libyenne de 2011 débute dans un contexte particulier, celui du printemps arabe. Comment la révolution libyenne n’a fait que réinstaurer une logique tribale et milicienne cachée sous Kadhafi ?

Au début localisé autour de la région de Benghazi dans le nord du pays entre les forces révolutionnaires et l’armée libyenne, le conflit se généralise : certains chefs tribales passent en 2011 du côté de la révolution. Mais il ne faut pas négliger le nombre de tribus qui lui sont resté fidèle (56 environ), qui ont formé l’armée des tribus après la révolution. On assiste donc à un conflit entre des tribus s’opposant aux régimes et d’autres soutenants le régime.
           
Même si au départ Kadhafi prônait l’instauration de la Charia, le régime kadhafiste a vite réprimé l’Islam. En 1996, Kadhafi ordonna le massacre de 1200 détenus islamistes dans la prison de haute sécurité d’Abou Salim. L’arrestation de l’avocat des familles des victimes en plein printemps arabe mit le feu le poudre. Dépassant le cadre des familles de victimes, la guerre en Libye démarra. Cette révolte est soutenue par le GICL (Groupe islamiste de Combattant Libyen) et armée par des pays étrangers comme le Qatar ou le Soudan.

En 2014,  la guerre civile post-révolution continue toujours, l’Etat libyen n’existe « plus ». La révolution s’est transformée en lutte régionale pour des territoires entre des tribus, des milices islamistes et des milices postrévolutionnaires, les katibas, qui ont réussi à sortir du jeu tribal et religieux.  Dans ce chaos l’organisation terroriste Daesh en profité pour acquérir des territoires en Libye et participer à cette lutte territoriales pour le pétrole.



• Cependant un Etat libyen qui tente difficilement de se reconstruire profitant de l'affaiblissement du lien tribal et de la modification de sa nature.

La Banque centrale libyenne (BCL) et la Compagnie nationale de pétrole (NOC) ont annoncé leur soutien, en avril 2016, au gouvernement d’union nationale libyen de Fayez el-Sarraj.  Dans un communiqué, la BCL salue l'arrivée du gouvernement d'union nationale « et les résolutions du Conseil de sécurité » de l’ONU dont les pays membres avaient fait appel aux États afin de « cesser de soutenir ou d'avoir des contacts officiels avec les institutions parallèles qui prétendent être l'autorité légitime mais sont en dehors de l'accord politique libyen ».

            La NOC, entreprise publique qui gère le secteur pétrolier et gazier en Libye, a également apporté son soutien à ce gouvernement : « Nous travaillons avec le Premier ministre Fayez el-Sarraj et le conseil présidentiel pour dépasser nos divisions », a indiqué le PDG Mustafa Sanalla, dans un communiqué avant d’ajouter : « Nous avons maintenant un cadre légal international pour travailler », en référence au soutien de la communauté internationale au gouvernement Sarraj (rappelons que les réserves pétrolières de la Libye estimées à 48 milliards de barils, sont les plus importantes d’Afrique).
De fait, l’affaiblissement du lien tribal rend possible la mise en place d’une structure étatique, et donc le développement des entreprises pétrolières.

                Seulement, la reconstruction de l’Etat libyen se veut endogène. Dans la situation actuelle avec la présence de l’EI en Libye, le mieux est de ne pas intervenir, et surtout pas en l’absence d’une demande de l’autorité légitime, c’est-à-dire le chef du gouvernement d’union nationale, Fayez el-Sarraj. Cela aurait pour effet immédiat de le déstabiliser car les Libyens, toutes tendances confondues, restent farouchement opposés à une intervention militaire occidentale.
En termes de légalité internationale, il aurait été théoriquement possible d’agir même sans une résolution du Conseil de sécurité au titre de la légitime défense face au danger représenté par l’EI et la menace de nouveaux attentats en Europe. Cela reviendrait néanmoins à mettre une croix sur la souveraineté libyenne et à pulvériser le processus politique qui est en train de se cristalliser autour de Sarraj.

C’est alors qu’un processus de reconstruction nationale commence réellement à s’amorcer. Malgré les différends politiques, les rivalités personnelles, les jeux de pouvoir des uns et des autres et le refus du parlement de Tobrouk, longtemps soutenu par la communauté internationale, de reconnaître la pleine légitimité de Sarraj, les choses avancent, bien que très lentement. A la différence de l’Irak et de la Syrie, il n’y a pas en Libye de conflits interethniques ou religieux attisés par la guerre. La population est à majorité arabe et sunnite.

Bien qu’il y ait une fracture importante qui se renforce chaque jour entre l’est du pays, la Cyrénaïque (dont le tissu social encore fortement tribal semble avoir épousé la politique militariste du général Haftar), et la Tripolitaine à l’ouest (région de plus en plus urbanisée et où les élites sont plutôt issues des élites post-révolutionnaires), la volonté de reconstruire un espace de vie commune existe

Sommaire des colles d'actu sur les Amériques
-sujet 11 : les violences au Mexique
-sujet  10 : où en est la crise au Venezuela ?
-sujet 9 : bilan de l'ALENA au moment des renégociations ?
-sujet 8 : Trump, un reflet du populisme

Sujet 11 Les violences au Mexique déc 2017

I. Une violence endémique
Dans ce pays, secoué par de graves phénomènes comme le narcotrafic, la sécurité n’est plus garantie. La corruption est toujours plus galopante. Dans ce contexte dramatique, la pauvreté et la misère sont un terrain fertile pour les affrontements et les violences. Mais la situation du pays était-t-elle plus stable avant ? la Guerre des cartels au Mexique, est un conflit armé où les cartels de la drogue s'opposent au gouvernement mexicain et les uns aux autres, et ceci depuis le XX siècle. Dans les années 1960, sous Nixon, la « guerre contre la drogue » s'impose comme priorité, en réaction à la contre-culture (mouvement beatnik et hippie, contestation contre la guerre du Viêt Nam, etc.). Nixon ordonne ainsi, en septembre 1969, l'opération Interception, fouillant en pure perte tous les véhicules en provenance du Mexique à la recherche de marijuana, marquant ainsi le début des conflits armés entre cartels et gouvernements. Une deuxième période marque l’évolution des affrontements vers une violence de plus en plus marquée : les années 1990, marquées par l'arrestation de Miguel Angel Félix Gallardo en 1989 et par la mort du colombien Pablo Escobar en 1993, deux familles de trafiquants issus du Sinaloa émergent faisant concurrence au Cartel de Sinaloa sur le contrôle des filières de circulation de la cocaïne, principalement, ainsi que d'héroïne et de marijuana ²’lence en 2008 a néanmoins été sans précédent : le 15 septembre 2008, le premier attentat public attribué à un cartel a lieu à Morelia, dans le Michoacán et en décembre, on recensait déjà 5 031 morts liées au conflit pour la seule année 2008, 7 882 depuis le début du mandat de Felipe Calderón laissant ainsi place à la démocratisation de la violence au Mexique.

II. Des violences croissantes et en extension
Les 6 premiers mois de 2017 ont été très meurtriers avec 12 000 assassinats, soit une augmentation de 30%. Le Mexique connait donc une réelle recrudescence de la violence, et ce, depuis que la guerre contre les cartels a été déclaré par le gouvernement mexicain en 2006, ce qui a causé plus de 200 000 morts ou disparus dans le pays. Cela fait du Mexique le deuxième pays le plus meurtrier du monde en 2016 selon l’IIES (Institut International d’Etudes Stratégiques) après la Syrie qui est en guerre civile.
Cependant, à cette augmentation du nombre de morts s’ajoute une extension géographique de la violence à des villes comme Mexico, auparavant épargnées. En cause, la lutte contre les cartels et l’arrestation de leurs chefs qui entraine leur déplacement et une généralisation de la violence à tout le pays. Plus aucune région n’échappe alors à cette violence croissante et dont les formes et les victimes sont multiples.
Cuidad Juarez, aussi appelée « capitale mondiale du crime » ou « capitale mondiale des filles disparues » est la parfaite illustration de cette brutalité, en particulier contre les femmes. En plus du harcèlement de rue et de la prostitution au sein des cartels, un phénomène massif de torture émerge. C’est une techniques d’aveux utilisée durant les interrogatoires et ce même par les policiers, ce qui démontre le niveau de corruption du Mexique. Elles subissent des abus sexuels, des décharges électriques et de la torture verbale et psychologique. Les meurtres ne font que très rarement l’objet d’enquêtes et passent pour des crimes passionnels. Ainsi, en 2016, 7 femmes par jour sont tuées en moyenne (ie 2746 d’après une étude de l’ONU) et seul un meurtrier sur dix est condamné. L’inaction de l’état est dénoncée par certaines associations qui parlent alors de « féminicide institutionnel ».
RSF dénonce également l’impunité des meurtres de journalistes faisant du Mexique le pays le plus meurtrier pour eux après l’Afghanistan et la Syrie avec 11 d’entre eux assassinés en 2017. Un parquet spécial pour les enquêtes pour les droits des hommes et des journalistes a donc été mis en place mais seule une enquête a été menée à bout. Ainsi, une pression internationale semble nécessaire.
Par conséquent, tous les états mexicains sont désormais le théâtre de violence. De Guerrero (état le plus meurtrier) à Mexico, les cartels semblent prendre le contrôle du pays et désemparer le gouvernement mexicain impuissant, gangréné par la corruption et débordé par cette extrême violence qui touche les femmes, les journalistes mais aussi les écologistes, les homosexuels ou même les défenseurs des droits de l’homme. De multiples facteurs en sont la cause comme l’inefficacité des politiques mises en place, l’importance des revenus liés à la drogue dans un pays où la population reste majoritairement pauvre et le marché que représente les Etats-Unis en particulier (ce qui crée une concurrence entre les différents trafiquants de drogue). Cela mène à une fragilisation de l’état et à une prise de conscience de l’importance d’agir.


III. Fragilisation de l’Etat et mobilisation de la société civile Les violences variées et persistantes au Mexique amènent à une fragilisation multiscalaire de l’Etat. D’abord une fragilisation de l’image du pays, avec une réputation mondiale de violence et d’insécurité, menant parfois l’appréhension des touristes. L’image du Mexique est détériorée aux yeux même des mexicains : c’est une véritable crise de la confiance qui persiste au Mexique, avec un sentiment d’insécurité et une méfiance envers un système politique corrompu. Le scandale de corruption autour de Javier Duarte (gouverneur de l’Etat de Veracruz 2010-2016) montre que les promesses de renouveau politique ne sont pas tenues. Les structures judiciaires, autant sous Calderon que Pena Nieto, semblent inefficaces : le parquet dédié aux violences faites aux journalistes, par exemple, n’a aujourd’hui vu qu’un condamné depuis sa création en 2010. Enfin, c’est la situation financière qui est aujourd’hui fragilisée, la corruption représente 9% du PIB, la violence 22% (d’après le think tank Institute for economics and peace). Selon la Banque Mondiale, 80% des impôts des mexicains sont directement dédié aux violences. Ces fragilisations font réagir la société civile, qui commence à se mobiliser. Les mexicains descendent dans les rues : suite au meurtre de Mara, 19ans, en juillet 2017 des milliers de mexicains se sont manifestés, montrant ainsi leur volonté de mettre fin à ces violences qui sont aujourd’hui banalisées. Les familles des victimes de féminicides font aussi de plus en plus pression à l’Etat quant à la recherche des femmes disparues et dénoncent l’inefficacité et la corruption des militaires. Ces dénonciations se font malgré la peur qui persiste, nombreuses ont été celles qui ont été violentées suite à la dénonciation de leurs agresseurs, notamment sur les réseaux sociaux. Cette mobilisation croissante des mexicains reste insuffisante, c’est une réaction mondiale qui est nécessaire. Cette action se fait au sein d’ONG (Reporter Sans Frontière, Amnesty Internationale) qui dénoncent ces violences via différents rapports contribuant à une sensibilisation globale. L’ONU se veut vecteur de régulation de ces violences, avec la mise en place, entre autre, d’un représentant dédié uniquement aux violences faites aux journalistes (soutenu par la France). La cour interaméricaine a également sanctionné (via la création d’un centre de justice pour les femmes) le Mexique en 2009 suite à l’affaire de féminicides de Ciudad Juarez. Ces sanctions restent trop maigres face à l’ampleur de ces crimes. Les violences au Mexique doivent être une préoccupation internationale, c’est le 1er exportateur de nombreuses drogues (cocaine…), et notamment américaine (principale marché du narcotrafic). L’Etat mexicain est encore face à ces diverses violences, entrainant une réelle fragilisation de celui-ci, malgré les mobilisations croissantes de la société civile mexicaine c’est une mobilisation mondiale qui est nécessaire pour palier à ce problème.

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sujet 10 Colle d’actu : Le Venezuela, quelle situation actuelle fin 2017 ?

« La descente aux enfers du Venezuela » (France Info)
Quelques repères :
Président actuel : Nicolas Maduro
Population : 31 millions d’habitants
Monnaie : le bolivar
Dette publique : 150 milliards de dollars
Un régime autoritaire isolé ?
Durcissement du régime : Le Venezuela, démocratie imparfaite et populiste sous Hugo Chavez, a glissé vers la dictature. Maduro a succédé à Chavez à sa mort en 2013. Elu à 50,7% des voix, le durcissement du régime qu’il impose pour maintenir un Chavisme qui pourtant s’essouffle, ajouté à  son incapacité à sortir le Venezuela de cette triple crise, font que 7 Vénézuéliens sur 10 sont mécontents et souhaitent son retrait du pouvoir. De plus, le régime refuse toute évolution de son économie par le FMI, ce qui rend difficile l’évaluation de l’ampleur de la situation.
En apparence, il ne s’agit pas  d’une réelle dictature : Maduro joue sur les limites de la légalité. Il cherche à contrer l’opposition par tous les moyens. En 2015, lors des élections législatives, le principal parti de l’opposition le MUD, a obtenu deux tiers des sièges à l’assemblée. Le Tribunal Suprême de Justice, qui appuie Maduro a alors suspendu l’élection de trois députés de l’opposition, la privant ainsi de cette majorité.  En outre, l’Assemblée a voté une loi d’amnistie pour les prisonniers politiques visant notamment à libérer Leopoldo Lopez, un des principaux opposant. Pourtant, le Tribunal Suprême de Justice l’a invalidée, la jugeant «inconstitutionnelle».  En août dernier, Maduro a fait élire une Assemblée constituante, malgré le boycott de l’opposition et hors de tout calendriers institutionnels, qui s’est arrogé, la plupart des pouvoirs normalement assignés au Parlement. Mais la dérive autoritaire se fait encore plus visible avec le musellement de la presse, l’emprisonnement d’étudiants, les répressions violentes et les arrestations de journalistes.
Relations avec le monde ?
Le 8 nov 2017 l’UE a adopté des sanctions sur le Venezuela, le plaçant notamment sous embargo de livraison d’armes. Au niveau américain, le régime de Maduro est critiqué par l’OEA et exclu du Mercosur. Cependant, il reste membre de l’ALBA (un des fondateurs). Trump a montré ouvertement son hostilité en imposant des sanctions économiques au Venezuela et a même mentionné le recours à l’option militaire. Au regard de l’attitude défensive de Maduro qui déclare être prêt à cesser toute vente aux USA, les relations semblent plus que jamais cristallisées.  
Toutefois les deux premiers créanciers du Venezuela restent à ses côtés. La Russie apporte son soutien financier et a accordé un allongement du délai de remboursement de la dette. Des accords ont été signés pour restructurer 3 milliards de dollars de créances de Caracas. La coopération avec la Chine, elle, « se déroule normalement » a récemment déclaré le ministère chinois des affaires étrangères.
La frontière avec la Colombie est traversée de vagues d’émigration vénézuélienne, de personnes qui cherchent à se ravitailler. Pourtant, une méfiance subsiste de la part de Maduro à l’égard de la Colombie, alors qu’il censure les chaines colombiennes et dénonce un complot américano-colombien.
Une économie dévastée ?

Une puissance victime du Mal Hollandais :
               
En effet le Venezuela possède les plus grandes réserves du monde de pétrole. Cette manne pétrolière a d’ailleurs permis au pays de connaître de forte période d’abondance (comme entre 2004 et 2008 par exemple). Seulement le Venezuela ne se diversifie pas et reste un exportateur de pétrole et de devise, négligeant de développer ses industries et son agriculture. Le pays dépend ainsi largement des importations de produits manufacturés. Ainsi la compagnie pétrolière d’Etat PDVSA assure 95% des exportations et 50% du PIB du pays. De plus devant le manque de perspectives dans le pays il y a eu de massives fuites de capitaux, en 2004 elles ont représenté environ 160% du PIB.

Un pays asphyxié par la dette :
               
Au bord du défaut (ou défaut partiel) de paiement le Venezuela est aujourd’hui dans une situation critique. En effet la dette vénézuélienne est estimée à 150 milliards de dollar. Cependant le défaut de paiement ne repose aujourd’hui que sur une partie de la dette (quelques 200 millions de dollar). D’autant que la Chine 1er créancier du pays, a fait savoir qu’elle ne ferait pas de cadeaux au pays et que celui-ci est en mesure de gérer cette crise seul. La Russie, a elle au contraire octroyé un délai de 6 mois au pays.
Le gouvernement peine également à juguler l’inflation, qui était de 700% en 2016, les prix ont ainsi été multiplié par 100 en un an, les étals des magasins sont vides, les hôpitaux n’ont plus de médicaments, …

Mise en place d’une économie parallèle
               
Devant les pénuries auquel fait face le pays actuellement une économie parallèle se développe, les vénézuéliens peuvent alors avoir accès à des produits de base issus de la contrebande. Ainsi le gouvernement a mis en place deux taux de change différents entre le bolivar et le dollar. L’un très avantageux est subventionné par l’Etat et seuls les proches du gouvernement y ont accès. Certains en profitent alors pour revendre ces dollars sur le marché noir et génèrent des profits de plus de 18 000% sans faire aucun effort. Ceci augmente de plus la méfiance vis-à-vis d’un gouvernement jugé corrompu.

Une société fracturée

Aujourd’hui 2 camps s’opposent :

-d’un côté le camp favorable au régime de Maduro (minoritaire), par exemple les boli-bourgeois (fonctionnaires : militaires, juges, douaniers,… ou hommes d’affaires liés au régime de Chavez)
-de l’autre l’opposition au régime (7/10 Vénézuéliens ne veulent plus du gouvernement en place) = nombreuses manifestations pour réclamer la destitution du Président Maduro réprimées par la police et les Forces Armées bolivariennes qui soutiennent le Président Maduro (123 morts d’avril à juillet 2017)

Cette opposition se traduit notamment par l’existence d’un taux de change préférentiel pour ceux qui sont proches du pouvoir (militaires) 1 dollar = 10 bolivars tandis que l’autre taux pour ceux qui sont délaissés de la société 1dollar = 657 bolivars
Le problème est la corruption : ceux qui ont accès au dollar préférentiel et qui le revende sur le marché parallèle = taux de profit qui peut atteindre +18 000% !

Grande pauvreté : en moyenne 27 000 bolivars par mois (soit 38€ avec le taux de change officiel) société affamée et dépourvue de soins médicaux avec un système de santé en faillite : pénurie de médicaments, hôpitaux sans eaux (sous Chavez les soins médicaux étaient gratuits, la pauvreté avait chuté de 50% entre 2003 et 2011 grâce à la rente pétrolière)

Tensions sociales se traduisent par un climat d’insécurité permanent`

-hyper-violence : Caracas est l’une des villes les plus dangereuses du monde avec 430meurtres par mois ! Explosion de la violence ces dernières années de 13 morts/jour en 2015 à 15morts/jour en 2017 : on peut se faire tuer pour ne pas avoir d’argent sur soi ou pour un téléphone ou pour
-De plus, une justice populaire se développe : lynchages dans la rue (qui vont le plus souvent jusqu’à la mort)

D’où une forte émigration

-nombreux départs notamment des jeunes vers les pays voisins (Colombie, Brésil)
-en Espagne plus de demandes d’asiles de Vénézuéliens (environ 4000 en 2016) que de Syriens
-Mais problème d’une xénophobie croissante dans les pays voisins (terme pour qualifier les Vénézuéliens déplacés : « venecos »)

Sources :
Une autre vidéo du Président Maduro qui reprend « Despacito » pour appeler les gens à voter pour son Assemblée constituante : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/le-president-du-venezuela-reprend-le-tube-despacito-967035.html
Analyse détaillée de l’économie Vénézuélienne : http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-917_fr.html



sujet 9 BILAN DE L'ALENA AU MOMENT DES RENEGOCIATIONS
Entré en vigueur le premier janvier 1994, L'ALENA (Accord de Libre Échange Nord-Américain) permet de créer la plus grande zone de libre échange mondiale. Il favorise le développement économique entre trois nations (Canada, États-Unis et Mexique) en supprimant progressivement toute sortes de régulations. De plus en plus contesté par les États-Unis de Donald Trump, son avenir est aujourd'hui remis en cause : l'occasion de faire le point sur 24 ans d'un accord vecteur de croissance ?  


L'ALENA : UN ACCORD HISTORIQUE QUI FAVORISE L’INTÉGRATION ?

Sur quels fondements cet accord est-il créé ? L'ALENA est premièrement un accord de libre échange. Il garanti les points suivants : la suppression des droits de douanes, l’ouverture des marchés financiers, le respect des brevets intellectuels, l'obligation que les produits industriels échangés soient fabriqués avec un minimum de 65% dans les pays membres. Initialement les accords sont voulus pour une intégration progressive, permettant ainsi aux économies et aux entreprises de s'adapter. Les principaux produits concernés sont issues des industries textiles et automobiles mais aussi de l'agriculture. Les ressources naturelles ne sont pas prisent en compte, l’État mexicain conservent son monopole sur ses ressources pétrolières par exemple. Cependant, les pays restent souverains : les droits du travail et les subventions continuent d'être gérés par les gouvernements. L'article 11 assure la construction d'une cours de justice ayant pour rôle de gérer les désaccords entre les États et les entreprises. Pour finir ce point, l'ALENA prévoit aussi des sanctions dans le cas où l'environnement ne serait pas respecté lors du processus de production ou de vente de tout produits. L'ALENA se fondent alors uniquement sur un projet économique clairement défini.
Qu'a permis ce traité depuis 1994 ? Premièrement il répond à Maastricht, créant un marché de presque 350 millions de personnes (450 millions aujourd'hui) permettant l'essor des économies face à une concurrence mondiale grandissante. L’accord donne une stabilité durable essentielle à la croissance économique des trois États membres. Les production en flux tendus et les IDE permettent d'optimiser les production et ainsi d'être extrêmement compétitif.  Les apports technologiques améliorent drastiquement la productivité des entreprises, essentiellement mexicaines. Très souvent oublié, l'ALENA réconcilie le Mexique et les États-Unis. Dès 1994, le voisin du nord n'est plus désigné comme ''l'ennemi du pays'' mais comme ''un partenaire commercial'' dans les programmes scolaires.
Quel évolution depuis 1994 ? Contrairement à ce qui parait aujourd'hui l'ALENA a peu évolué depuis sa création. On remarque seulement deux tournants majeur en 24 ans. Le premier est la crise de 2001 après les attentats du 11 septembre : G.Bush junior remet en place le contrôle des frontières par sa politique de ''Homeland security''. Le Mexique accepte cependant de renforcer ses frontières, officialisant sa position dans l'Amérique du Nord et déplaçant les seules frontières du continent libéral avec le Belize et le Guatemala. Cependant la peur d'un retour à un auto-centrisme américain conduit Ford délocaliser 5 de ses usines au Mexique. Le deuxième tournant arrive en 2009 après la crise des subprimes : les accords sont renégociés pour couvrir plus de domaine industriels et agricoles. Ces réformes ont pour but de redynamiser et de relancer l'économie après le grand crash de 2008. On remarque tout de même une évolution structurelle des principales villes frontalières. En effet l'ALENA favorise l'intégration zones frontalières comme les maquiladoras mexicaines et parallèlement des villes comme San Diego. La frontalière entre les deux pays anglophones est aussi impactée, les villes de Détroit, Chicago ou Toronto connaissent un nouvel essor significatif et trouvent une nouvelle place dans les échanges mondiaux.


UN INDÉNIABLE SUCCÈS MAIS UN ACCORD VIEILLISSANT

100 millions de dollars. C’est le montant total échangé chaque heure entre les 3 pays signataires de l’ALENA que sont les États Unis, Le Canada et le Mexique. Cet accord historique, toujours en vigueur en 2017, a permit une interpénétration croissante des échanges, innovations et biens commerciaux entre les trois pays d’Amérique du Nord. L’ALENA est aujourd’hui la 1ere zone de libre échange en termes de PIB et un modèle d’intégration économique régionale pour le monde. Si elle est une réussite économique indéniable, son efficacité est aujourd’hui remise en cause avec la montée des émergents.
Comment expliquer ces défaillances au sein de la 1ere intégration économique régionale du monde ?

Rassemblant un marché de consommation de plus de 480 millions d’habitants, l’ALENA est le plus grand bloc commercial du monde (27% du PIB mondial), bien qu'elle unisse des partenaires aux caractéristiques inégales. Ses échanges ont triplé depuis 1994, passant de 290 millions à plus de 1,1 trillion de dollars échangés en 2016. Ses échanges quotidiens s’élèvent à plus de 2,6 milliards de dollars. Pour finir, la zone de libre échange a permis la création de 40 millions d’emplois.
L'objectif initial étant stimuler les échanges entre les trois États membres grâce à la suppression de la plupart des droits de douane, (textile, l'agriculture et l'automobile), l’ALENA a rendu les entreprises nord-américaines de toutes tailles plus concurrentielles en leur facilitant l’accès à des intrants intermédiaires et à des sources de capitaux sur tout le continent. Cela a permis le développement de nouveaux marchés via une levée des barrières aux investissements, stimulés via des IDE massifs une forte croissance économique des 3 pays sur deux décennies (malgré une récession globale en 2008-2009) et l’accès à un plus vaste éventail de biens de consommation à meilleurs prix. L'ALENA procure aux entreprises nord-américaines un meilleur accès aux matières, aux technologies (via l’interpénétration des ingénieurs de la Silicon Valley par exemple), au capital d'investissement et au savoir-faire disponibles en Amérique du Nord.  Le 1er janvier 2008, les derniers droits appliqués dans le cadre de l’ALENA ont été éliminés en Amérique du Nord.
Le commerce entre les 3 pays a explosé de tel sorte que 80% des exportations nord canadienne partent aux États Unis. En 2006, les exportations mexicaines aux États-Unis étaient de 198 milliards de dollars, soit 79 % de l'ensemble des exportations du Mexique.  Le meilleur exemple de cette interpénétration des entreprises et des hommes est l’industrialisation de la frontière États Unis – Mexique avec l’implantation de maquiladoras.
Cependant, la crise économique de 2008 ainsi que la montée des émergents a révélé les failles d’un accord vieillissant. En effet l’émergence de la Chine depuis les années 2000, l’explosion de la part ses exportations dans le commerce mondial et la montée de la concurrence des entreprises chinoises a contribué à une perte de compétitivité générale des industries de l’ALENA. Les 3 pays subissent de plein fouets les délocalisations massives, les fermetures d’usines ainsi que la hausse du chômage, accentués par la crise de 2008. Mais les États Unis semblent être les principaux perdants de l’accord puisque, d’une part, près de 600 000 emplois américains ont été supprimés et/ou délocalisés vers le Mexique depuis 1994, et d’autre part la balance commerciale américaine est très déficitaire (-64 milliards de dollars en 2017 contre +1,6 milliards en 1994 avec les Mexique). Les États Unis revendiquent depuis longtemps une modification des termes de l’accord (tentative néanmoins infructueuse sous Obama en 2008). Enfin le Mexique, s’il semble sortir gagnant de l’accord de par une forte croissance économique, une industrialisation du pays ainsi que des exportations multipliées par trois depuis 1994, reste cependant très dépendant de l’économie américaine (1er partenaire commercial) et une sortie de l'Aléna pourrait faire entrer le Mexique en récession (-2,7% PIB).


UN ACCORD ENTRE RENOGOCIATIONS ET REMISES EN CAUSES PAR DONALD TRUMP

Dès son élection, le nouveau chef d’Etat Donald TRUMP qualifiait l’ALENA de « Pire accord commercial jamais conclu ». Ces accords entre Mexique, Canada et Etats-Unis sont aujourd’hui au cœur d’une crise. En effet ils font l’objet d’abord de renégociations, à savoir de simples discussions sur différents termes des accords que l’on souhaite modifier. Mais on parle aussi de remises en causes, plus radicales, ouvrent la voie à la fin de certains aspects de l’ALENA, voire même à la fin de l’ALENA elle-même. Pourquoi l’avenir des accords de libre-échange nord-américains est il-menacé aujourd’hui ?

L’émission de France Culture, Enjeux Internationaux, invitait en octobre 2017 Jean-François BOITTIN, ancien diplomate français. Ce dernier énonce clairement le troisième round de négociations de l’ALENA qui s’était déroulé quelques jours auparavant. Trump, en défaveur de celle-çi, a nommé Robert LIGHTHIZER pour négocier avec Mexique et Canada. Le diplomate américain, présente ses propositions, dont trois sont particulièrement invraisemblables. La première, la « sunset clause »(1), ou clause crépusculaire, voudrait que tous les 5 ans, les trois pays membres se réunissent et décident s’ils veulent ou non continuer d’être dans les accords. Proposition non viable économiquement : une entreprise met en place une stratégie de long terme, sur 20, 30 ou 40 ans. La seconde volonté de Lighthizer concerne le secteur automobile, extrêmement intégré à l’ALENA : au moins 50% des composants des véhicules produits doivent être de manufacture états-unienne(2). Enfin, les Etats-Unis voudraient réduire, voire annuler, le pouvoir des commissions de règlement de des différends : quand une décision est rendue par des experts de l’ALENA, les Etats membres pourraient tout simplement décider de ne pas en tenir compte.
Le Mexique a qualifié d’ « inacceptable » de telles propositions, et les négociations qui devaient s’achever avant fin 2017 sont reportées à 2018.
On sait de Donald TRUMP qu’il est un président souverainiste, et qu’il cherche mettre en place un protectionnisme certain dans la politique économique, mais aussi migratoire par exemple, de son pays. Ainsi, il s’adressait pendant sa campagne, et encore aujourd’hui, aux travailleurs américains, qui constituent une part importante de sa base électorale. Il veut réimporter les emplois supprimés consécutivement à la dynamique de désindustrialisation qui touche les Etats-Unis. Est-ce fondé de sortir de l’ALENA à ce titre ? Il semble que non : environ 14 millions d’emplois sont induits par cette dernière aux Etats-Unis. En fait, Trump est en rupture avec le multilatéralisme d’Obama, et prône les accords bilatéraux. Il a par exemple exprimé fermement ses réticences vis-à-vis du projet d’un TPP (Trans-Pacific Partnership).
Enfin, Jean-François BOITTIN exprime son pessimisme. Pour lui les accords semblent être pour le moment dans une impasse. Canada et Mexique ne peuvent se plier aux exigences de Lighthizer. Et ce dernier ne peut retourner devant l’opinion publique et le Congrès les mains vides. Mais il convient de ne rien exagérer : en réalité le nouveau président américain est contre ces accords et cherche donc à faire quitter aux deux parties la table des négociations. C’est le « piège américain », que tentent d’éviter Canadiens et Mexicains, ces derniers étant les plus dépendants de l’ALENA : 80% des exportations mexicaines sont destinées au marché américain.


CONCLUSION GÉNÉRALE

            L’ALENA est donc une zone de libre échange agée d’une vingtaine d’années seulement, mais déjà très développée et intégrée, car née en même temps que la dernière mondialisation. Ce n’est pas un partenariat à comparer avec l’Union Européenne : il est strictement économique, et les Etats y restent souverains. Et c’est lorsque cette souveraineté est bousculée, qu’on remet en question de tels accords. C’est ainsi que Trump, dans une période de doute pour l’économie de son pays vient s’opposer au multilatéralisme. Pour autant, la balance des pouvoirs aux Etats-Unis et la réalité géoéconomique fait que son pouvoir reste limité. Comme à son habitude il frappe du poing sur la table dans les médias : il l’avait déjà fait en affirmant qu’il construirait un mur à la frontière avec le Mexique, par exemple. Mais la réalité est différente, et même si la fin de l’ALENA est probable, elle n’est en réalité souhaitable par aucune des parties. L’entreprenariat états-unien lui-même s’y oppose fermement.





Quelques Sources :
France Culture enjeux internationaux octobre 2017

Pour aller plus loin :
Carto novembre-décembre 2017 : ''l'ALENA un accord en voie de disparition ?'' par E.Janin.    



sujet 8 TRUMP, REFLET DU POPULISME
L’arrivée de Trump à la tête des États-Unis en 2016 a été marquée par l’essor d’un discours populiste fort de la part du milliardaire. En effet, sa victoire est en partie due à un discours antiélitiste et une volonté de redonner de l’importance au peuple en essayant de porter préjudice à l’élite américaine.
Trump : un discours anti-élite.
Quel fut l’intérêt de Trump d’avancé un discours à l’encontre de la classe supérieure américaine ?
Les élections américaines d’automne 2016 ont été marquées par les différentes attaques directes du président actuel envers le système américain mais aussi envers les 1% les plus riches du pays. Trump va alors aborder un discours anti-élite en considérant que le système américain ne favorise que les classes supérieures ou même que les élections sont truquées et dirigées par les élites. Son objectif : atteindre les classes moyennes, paupérisées et en déclin depuis la crise de 2008, aux États-Unis comme les farmers du Texas afin de plaidé leur cause face à l’élite de Wall- Street et de Washington. En effet, lors de différents débats ou meeting il a caractérisé Hilary Clinton de « Crapule de Wall-Street », lui reprochant sa proximité avec plusieurs banques d’affaires ou fonds d’investissements ainsi que des grands groupes tel que Google ayant participé à travers le superpac au financement de la campagne de Clinton. Le milliardaire cherche donc à sensibiliser la classe moyenne en leur promettant de nouveau du travail comme avec le pipeline dans le Dakota du Sud qui n’a finalement pas été dévié et a permis de gardé du travail dans la région. Actuellement, on voit que sa politique pour le moins protectionniste permet la création de 260 000 emplois et une baisse du taux de chômage atteignant 4,1% du jamais vu depuis les 3,9% d’avant crise.

Trump : un discours réactionnaire et nationaliste
Comment Trump construit son discours réactionnaire et nationaliste ?
Le discours trumpien opère une dichotomie entre la politique intérieure et extérieure aux Etats- Unis.
En effet, Trump a une logorrhée anti-immigrée, raciste à l’intérieur du pays qui réponds à un replis identitaire lié à l’angoisse que génère la forte évolution démographique. Le Muslim Ban jugé anticonstitutionnel caractérise par exemple ce replis.De même que Trump mène -souhaite mener- une politique isolationniste, il participe, au niveau économique, à l’essor d’un protectionniste américain pour protéger les entreprises d’un déclin déjà expérimenté par les industries traditionnelles comme celle des black countries.
Trump réagit aussi à l’extérieur, le replis américain est exacerbé par le contexte extérieur: tel est le cas avec la montée de la Chine, le péril jaune qui inquiète dans un contexte d’endettement les
Etats-Unis. De plus Trump n’hésite pas à remettre en cause les traités internationaux et régionaux comme la sortie de la COP21 et la remise en question de l’ALENA et de l’OTAN.Trump est nationaliste et n’hésite pas à froisser et faire des déclarations excessives et parfois agressives mais cette attitude peut être nuancée, en effet tout comme les autres présidents il défends à sa manière les intérêts américains: d’ou le slogan America first.
Précisons que le discours de Trump bien que réactionnaire et nationaliste reste tout de meme du story telling, (discours sur l’américanisme pour plaire aux populations) et la séduction (développé dans la partie 3 de la khôlle).Ainsi le discourt trumpien est clivant en divisant la population, en séparant les Républicains, ou en dissociant les intérêts de l’intérieur et de l’extérieur des Etats-Unis. Terminons par préciser que Trump reste une personne oratoire et agit peu.
Trump : un chef charismatique
De quelle manière le populisme trumpien arrive à séduire les foules ?
Enonçons premièrement l’acception de « charismatique ». Est charismatique celui qui séduit la foule par son discours, sa tenue et ses actions. Or il semblerait que Trump soit vivement contesté dans le pays, les critiques médiatiques fusent (excepté Fox News qui au 7 novembre 2017 a accordé 19 entretiens avec le président).
Trump était charismatique pour une part de la population américaine pendant la course à la Maison Blanche. Ses électeurs: blancs de la working class (plus de 25ans et un diplôme inférieur à 4 ans), électeurs désemparés et pauvres des Appalaches, de la Floride, de la Rust-Belt étaient séduit par un discours anti-finances et croyaient fermement à ce mythe qu’est la résurrection de l’Amérique blanche et industrielle des années 50 et 60. Make America great again: vivons dans le déni ! Il serait faux de penser que le charisme trumpien s’arrêterait pas au verbe, son attitude - peu politiquement correcte- efface la frontière entre le populiste et son « peuple ». Ainsi tout au long de sa campagne Trump était charismatique pour une base électorale ciblée.Mais quand est-il maintenant ?Bien que Trump ne tienne pas ses promesses (même s’il essaye d’imposer quelques lois anticonstitutionnelles comme le Muslim Ban) il conserve paradoxalement le soutient de sa base électorale et une partie des Républicains. Tel est le succès du populisme trumpien: comme le dit Raoul Girardet le populisme doit précisément son succès à la remarquable mobilisation dequatre mythes: partout un «complot» (de la Finance internationale, de l'Islam, ...) ; partout un «chef» providentiel pour le dénoncer (ici Trump) et rétablir «l'Unité du Peuple» (qui n’est qu’illusoire car le populisme trumpien se base sur la division avec la « culture war » cf.TR décrit par Gilles Posis) afin de retrouver un «Âge d'or» défunt et regretté (Make America great again!).

Conclusion
Enfin, ce populisme trumpien reste bien paradoxal. Même s’il affiche une volonté de redorer le blason de la classe moyenne aux États-Unis et d’aller à l’encontre du système élitiste ces différentes politiques nous prouvent le contraire. Il fait tout de même partie de c’est 1% les plus riches et les résultats de milliards de dollars de contrats signés au retour de son voyage en Asie nous prouve son éventuelle prise de conscience de la situation mondiale. Certes, il montre un populisme fort en un an de mandat mais les chose sont à l’évolution et l’avenir économique et politique des États-Unis reste encore un vaste brouillard.
Trump est une personne clivante en divisant la population, en séparant les Républicains, ou en dissociant les intérêts de l’intérieur et de l’extérieur des Etats-Unis. Par conséquent le populisme trumpien, bien que réactionnaire et nationaliste, consiste à un story telling pour converser une base d’électeurs solide qui s’identifient à l’histoire racontée mais aussi au personnage.
Source :




Sommaire des colles d'actu sur l'Asie :
-sujet 1 : le drame des Ronhingyas et la question des minorités en Asie
-sujet 2 : le projet OBOR, outil d'influence de la Chine ?
-sujet 3 : la situation politique actuelle  de la Corée du Sud
-sujet 4 : menace nord-coréenne : que peuvent faire les Etats-Unis et la Chine ?
-sujet 5 : où en est la jeunesse chinoise ? colle de lecture de livre
-sujet 6 : où en est le Japon ?

Sujet : LE DRAME DES RONHINGYAS et la question des minorités en Asie

L’Asie est un continent à très grande diversité culturelle et ethnique, doté en plus d’un fort caractère nationaliste et communautaire. La communauté internationale et la société civile tournent enfin les yeux sur le peuple « le plus persécuté au monde » selon l’ONU : les Rohingyas.

Les Rohingyas : De la persécution au nettoyage ethnique (Sylvie)
L'origine des tensions remontent avec l'ère des colonisations (province de l'Inde britannique en 1886 ) : Rohingyas, minorité musulmane se sont rapprochés des britanniques ce qui leur a valu la réputation de traître de la part de la majorité bouddhiste (90% de la population Birmane).
Les tensions n'ont cessé de s'intensifier, d'abord la population a été victime de discrimination face aux lois (Loi 1982 n'a pas donné la citoyenneté aux Rohingyas car ils n'ont pas réussi à prouver qu'ils éraient présents sur le territoire avant 1823). Ainsi cette population apatride n'a pas eu accès aux soins et à l'éducation. Face à ces persécutions, certains groupes ont commencé à se rebeller (naissance ARSA) et les tensions sont montés d'un cran (2012 : une centaine de morts lors d'affrontements)
Le 25 Aout, les rebelles ont attaqué des postes de police ce qui a été marqué par une forte répression de l'amée Birmane, ces violences ont poussé la minorité à fuir le pays (plus de 400.00 auraient fui le pays). Face à ces événements l'ONU a déclaré un « nettoyage ethnique » (le fait de vider d'un territoire une population en organisant des massacres pour les faire fuir). On peut alors se questionner face à la différence entre « nettoyage ethnique » / génocide.
D'après l'ONU, le nettoyage ethnique est une pratique consistant à rendre une zone ethniquement homogène en utilisant la force ou l’intimidation pour faire disparaître de la zone en question. A la différence le terme de génocide correspond à un acte commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Ainsi le passage du nettoyage ethnique au génocide est faible, c'est ainsi pourquoi certains analystes hésitent à parler du génocide Rohingyas..
Pour conclure, le future de cette dénomination face à la situation dépendra de la prise de position de la dirigeante Aung San Suu Kyi qui pour l'instant reste dans le silence afin de préserver sa démocratie.  



Des acteurs de la répression portée par la fièvre nationaliste (Hélène)

La Birmanie est le théâtre de très fortes tensions communautaires opposant la majorité bouddhiste à la communauté musulmane du pays et notamment les Rohingyas. Ces tensions s’inscrivent au sein de l’héritage du colonialisme : animosité raciale et volonté de restaurer la fierté nationale birmane en protégeant le bouddhisme et le peuple birman de la menace étrangère apportée notamment par les populations indiennes et chinoises.

  • L’État birman : acteur historique de la répression
Dans un pays à plus de 90 % bouddhiste, les Birmans (ou Bamas) se considèrent dès le 19ème siècle comme le peuple du Bouddha et relèguent musulmans et chrétiens présents sur le territoire à des intrus en « terre sainte ».
Ainsi perçus comme des traîtres et des étrangers, les persécutions dont souffrent les Rohingyas s’inscrivent dans une volonté de « purification » et  de « birmanisation » du pays, aggravée à la suite de l’instauration de la dictature de Ne Win en 1962.
Les tensions intercommunautaires qui en découlent et les vestiges du passé colonial et de la dictature alimentent l’ultranationalisme birman de plus en plus violent à l’égard de la communauté Rohingyas et à l’origine d’une répression d’État (attaques ciblées par la Tatmadaw).
Le défi actuel du pays réside alors dans sa capacité à repenser l’identité birmane qui doit encore s’ouvrir à de nombreuses ethnies présentes sur le territoire.



  • L’essor récent d’un bouddhisme extrémiste et nationaliste
Le magazine américain The Times publiait en 2014 « Le visage de la terreur bouddhiste » sous l’effigie d’Ashin Wirathu : moine extrémiste à l’origine de la création de l’organisation ultranationaliste et islamophobe Ma Ba Tha qui participe à attiser la haine sur la communauté Rohingyas. L’émergence de ce bouddhisme ultra-radical est liée à la peur de la déperdition du bouddhisme et de la montée de l’islam en Birmanie. En effet, la destruction en 2001 des bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan par les talibans, la situation géographique de la Birmanie entourée de pays convertis à l’islam et la menace montante du terrorisme islamique favorise la thèse de l’expansion de l’islam en Asie. Tout cela participe au renforcement de l’engagement politique des bouddhistes extrémistes qui comptent aujourd’hui plus de 10 millions d’adeptes luttant au nom de « la protection de la race et de la religion » contre la communauté musulmane de Birmanie et plus particulièrement contre les Rohingyas.

  • Aung San Suu Kye : icône de la démocratie birmane actrice de la répression ?
Indifférente ou impuissante, le Prix Nobel de la paix et première ministre du pays depuis avril 2017, a peu réagi à la répression anti-Rohingyas. Le symbole de la lutte universelle pour les droits de l’homme et de la démocratie se mure aujourd’hui dans le silence pour en sortir en dénonçant « un iceberg de désinformation » de la communauté internationale sur la crise Rohingyas. Confrontée aux militaires qui conservent un pouvoir important et face aux risques de déstabilisation de cette démocratie hybride, les Rohingyas sont peut-être pour Aung San Suu Kye le sacrifice inévitable pour le maintien de ce régime fragile.


Les minorités asiatiques : la montée des tensions communautaires et nationalistes (Jade)

Entre le communautarisme et le nationalisme de certains Etats, de nombreuses minorités essayent de garder leurs spécificités tout en essayant de vivre dans un pays où les traditions, coutumes et croyance ne coïncident pas avec les leurs.

·         Nationalisme intense
On voit en Asie des minorités être constamment opprimées dans le but de protéger l’unité nationale. C’est le cas de la Chine, menant par exemple une politique discriminatoire et répressive sur les Ouïgours, les Tibétains, et les Chrétiens.
Mais on peut se demander pourquoi les pays asiatiques tels que la Chine ou la Birmanie se nationalisent ? Ce qui peut être expliqué en parti par l’époque coloniale et leur quête d’indépendance.

·         Communautarisme omniprésent
Caractéristique inscrite dans la culture asiatique depuis des millénaires, menant à des évènements dramatiques. Nombreux pays sont les témoins de crimes contre les minorités : Birmanie (Karens et Rohingyas) ; Sri Lanka (guerre civile pendant 40 ans opposant la majorité bouddhiste aux hindouistes) ; Inde (minorité musulmane et chrétienne, dont un exemple est celui de la reconnaissance de citoyenneté chez les intouchables il y a peu, exclusivement s’ils ne sont ni chrétiens, ni musulmans).
Les minorités d’étrangers et de migrants sont aussi touchés. Tel est le cas à Singapour, où les migrants Bangladais subissent des discriminations quotidiennes, se voyant recommander de rentrer à la nuit tombée pour ne pas faire peur aux Singapouriens.

Mais on assiste aussi à une forme d’acceptation de l’autre dans plusieurs pays, même si les faits sont moindres : par exemple à Singapour le parlement réserve un nombre spécifique de place pour les Malais et les Chinois. Cette position reste tout de même assez rare.

Ainsi, les minorités sont contraintes à des déplacements à la fois externes mais aussi internes, ce qui expliquent qu’on les retrouve régulièrement à la périphérie ou en dehors de leur pays.
Et aujourd’hui, elles revendiquent leur droit d’exister et de vivre normalement, et ceci selon différents modes d’actions :
En Birmanie les Karens et les Rohingyas ont développés des groupes armés ethniques, au Tibet des moines s’immolent… Espérons que la communauté internationale, qui commence à s’intéresser de près au nettoyage ethnique des Rohingyas après avoir ouvert une enquête sous l’égide de l’ONU, va aussi avoir une vision d’ensemble.
Mais pouvons-nous attendre une réponse de la communauté internationale, quand les structures régionales ne réagissent pas ?
Pour le moment leur destin est malheureusement dans le flou et remet en question la stabilité de la région à terme.


Quelques sources :



http://www.courrierinternational.com/article/birmanie-rohingyas-les-questions-cles-pour-comprendre-le-conflit-dans-larakan

Courrier International du 14 au 20 septembre 2017

Pour aller plus loin, quelques cartes : 





-sujet 2 : le projet OBOR, outil d'influence de la Chine ?



LES ROUTES DE LA SOIE, OUTIL D’INFLUENCE DE LA CHINE ?


Dès son arrivée au pouvoir en 2013, le président chinois Xi Jinping s’affirme comme l’homme qui réactive le « rêve chinois ». Il évoque dès lors son projet de reconstruction des routes de la soie, routes antiques reliant la Chine à l’Europe, et principales vectrices de la culture chinoise dans le monde. Son idée est très ambitieuse : relier l’Est de la Chine à l’Europe en passant par l’Asie centrale, la Russie, et la corne de l’Afrique, à travers deux routes maritime et terrestres. La Chine voit grand : près de 1000 Mds de dollars d’investissement dans des projets autoroutiers, énergétiques, ferroviaires et portuaires. Ce projet s’inscrit dans la « renaissance chinoise » voulue par Xi Jinping. Il permet à la Chine de remplir le vide laissé par Donald Trump, qui, en janvier, a signé l’acte de retrait des Etats-Unis du Partenariat transpacifique. Une aubaine pour Xi Jinping, bien décidé à s’affirmer comme seconde puissance économique mondiale, qui a désormais le champ libre pour se poser en dirigeant d’un nouvel ordre économique…


Les ambitions géopolitiques et diplomatiques de ce projet (Carla)

            Ce projet, avant tout commercial, permettant l’intégration économique des régions les moins intégrés, est également stratégique.
Par la construction de chemin de fer (ex : en Afrique au Kenya), de bases militaires (Djibouti), ajoutés aux travaux maritimes à travers l’Asie, l’Europe et l’Afrique, la Chine s’assure une présence commerciale et militaire sur les trois continents.
Le développement de la marine chinoise est également en jeu, à travers la stratégie du « collier de perles » qui consiste en l’acquisition de points d’appui le long de la route maritime : construction et acquisition de ports (le Pirée en Grèce) et de bases militaires pour sécuriser le transport des marchandises, très sujet à la piraterie.
Ce projet, bien qu’approuvé par de nombreux pays, ne fait pas l’unanimité : il représente un danger pour l’Inde, concurrente commerciale de la Chine, qui se rapproche peu à peu du Japon, avec lequel elle a signé des accords commerciaux. 
La Chine, pour faire contrepoids aux Etats Unis, est décidée à constituer un bloc eurasiatique commercial. Bien qu’elle réfute cette hypothèse, la stratégie mise en place par la Chine est à rapprocher de celle utilisée lors de la colonisation occidental : construction de ports et de liaisons ferroviaires dans les zones stratégiques, peu développées, ou bien isolées, dans le but de prendre le contrôle.
            Xi Jinping, en organisant un projet mondial, véhicule l’image d’une gouvernance bienveillante. Depuis le forum de Davos en janvier, il s’est montré en chantre de la mondialisation, profitant de l’élection de Donald Trump et du relatif recours à l‘isolationnisme américain pour prendre les devants.
Son objectif est la réunion des pays, autour d’un projet commun qui soit favorable à tous, quelque soient leur ethnicité, leur religion, leur culture.
Le sommet de mai 2017, dans lequel le président chinois a présenté son projet, a réuni une trentaine de chefs d’états et plus de cent pays représentés. Finalement, 68 pays sont engagés dans le projet, comprenant 4,4 milliards d’habitants et représentant jusqu’à 50 % du PIB mondial.
            Malgré tout et comme toujours, l’image bienveillante et ouverte renvoyée par la Chine est à nuancer. En effet, la population civile est soumise à une forte propagande vantant l’ambition du parti communiste et présentant la Chine comme la puissance mondiale du futur (exemple : mise en place d‘émissions faisant l’éloge du PC passées en continu dans les entreprises d’état et sur toutes les chaînes). De plus, l’image mondialisée exhortée est relative : la Chine reste protectionniste (son marché est difficile d’accès pour les entreprises étrangères, et des sanctions sont souvent appliquées aux pays ne se pliant pas aux conditions chinoises).


Des logiques économiques terrestres et maritimes (Clara T)

Les logiques économiques sont les avantages économiques, commerciaux, que les nouvelles routes de la soie apportent sur plusieurs territoires. Les nouvelles routes de la soie sont en réalité deux routes principales : une terrestre qui traverse l’Asie centrale, remonte par la Turquie jusqu’a Moscou pour s’achever à Venise, et une route maritime qui part de Venise, passant par l’Afrique et s’achevant en Asie. Ainsi, il est intéressant de savoir comment les nouvelles routes de la soie arrivent à engendrer des bénéfices économiques à plusieurs échelles.

Tout d’abord, au niveau mondial, les nouvelles routes de la soie ne concernent pas directement tous les continents puisque le continent américain y est exclut. 
Cependant, le projet chinois semble montrer qu’une alternative à la mondialisation actuelle est possible. Ainsi, cette nouvelle mondialisation dont le leader serait la Chine, pourrait modifier la hiérarchie économique mondiale. La Chine se donne la politique de ses moyens en ayant des banques qui sont prêtes a prêter et mettent en avant leu importante  masse salariale pour convaincre les pays a participer à ce projet.
De plus, même si l’Amérique n’est pas directement concernée par ce projet, elle pourrait bénéficier du nouveau développent de certain pays d’Asie centrale ou d’Afrique qui pourraient un jour se tourner vers un autre horizon que l’Asie pour leurs échanges commerciaux.

Ensuite, à l’échelle continentale, XI JINPING a annoncé que le PNB de cette région représenterait entre 40 et 60% du PNB mondial grâce aux nouvelles routes de la soie . En effet, l’un des objectifs principal de ces nouvelles routes de la soie est de resserrer les liens économiques entre les continents asiatique, africain et européen et créant ainsi une sorte de « ceinture économique ». La Chine veut une ouverture des marchés sur le continent asiatique sans pour autant s’ouvrir totalement. Cette ouverture économique des pays auparavant délaissés de la Mondialisation permettrait de les developper et de rendre ainsi l’Asie plus puissante au niveau économique.

De plus, à échelle nationale, ce projet a ses défenseurs tout comme ses opposants.
En effet, la construction de ces nouvelles routes de la soie place certains pays tels le Kazakhstan ou la Grèce en position de carrefour. Prenons l’exemple de la Grèce, le pyrée, principal port grec récemment acheté par les chinois, serait un point central des nouvelles routes de la soie et donnerait un nouveau dynamisme au pays. De plus, cela permettrait a des pays tels que le Pakistan d’apporter son excédent de main d’oeuvre dans la construction de ce projet.
Cependant certains pays tels que l’Inde ne sont pas en faveur de ces routes, car ils se sentent encerclés par ce fameux « collier de perle »


Promouvoir le « modèle » chinois et défendre le régime (Léna)

Qu'est ce qui caractérise le « modèle » chinois ?
Un pouvoir autoritaire fort, accompagné d'un développement économique soutenu et une absence assumée des droits de l'homme.
Le régime chinois, c'est à dire le régime du parti unique, est prospère d'un point de vue économique et pourtant, peu de pays se tournent vers cette politique, plutôt mal estimée par la communauté internationale

En quoi ce projet de coopération économique est-il un enjeu politique chinois ?

I – Un enjeux économique et culturel historique - « les route de la soie à l'envers »
La Chine, ou l'Empire du milieu, au passé prospère et impérialiste cherche à retrouver son influence passée, mais aujourd'hui en assumant son leadership régional.
Il y a 500 ans, s'ouvraient les routes de la soie, sous l'initiative européenne, allant de l'Asie à la Méditerranée, ces routes commerciales permettaient aux européens de s'approvisionner en soie en Chine, qui en détenait alors le monopole. Ces routes, outre leurs bienfaits commerciaux ont permis une diffusion des idées et des religions telles que l'Islam, le Christianisme, mais aussi et surtout le Bouddhisme, le Shintoïsme ou le Confucianisme, ainsi ces routes permettaient une diffusion de ce qui faisait l'identité chinoise à cette époque.
Vers le XVème siècle, l'insécurité et les volontés isolationnistes chinoises ont peu à peu fait diminuer l'activité commerciale de ces routes.
Aujourd'hui on assiste au phénomène inverse « Ce qui est nouveau c'est que le sens des routes de la soie soient inversés» comme le dit le Président du think tank chinois Asia Center.

II – Des routes = promotion du modèle chinois et du parti unique
Ce projet est une nécessité pour la Chine, tout d'abord car elle atteint la saturation de son marché intérieur et a donc besoin pour faire perdurer sa forte croissance, et donc son attraction de capitaux, de s'ouvrir à de nouveaux marchés. Mais ce projet est aussi et surtout l'exemple vivant d'un modèle communiste viable et prospère. Un des rares partis communistes mondiaux, initiateur d'un projet d'envergure mondiale faisant bénéficier 4,4 milliards de personnes au travers d'une soixantaine de pays, soit 3 continents. Cela permettrait de faire la promotion du modèle chinois, un nationalisme basé sur la croissance économique, qui fonctionne, et qui veut se montrer meilleur même que les puissances « traditionnelles » comme les États-Unis ou l'Union Européenne. Par exemple la Thaïlande aurait aujourd'hui plus tendance à se tourner vers la Chine, alors qu'elle suivait auparavant le modèle américain.
De plus, ces routes commerciales sont aussi un moyen de réintegrer la région du Xijiang, au Nord-Ouest de la Chine, qui est une des régions les moins développées et où la contestation du parti chinois est forte autant que l'identification de la population (turcophone) à la nationalité chinoise est faible. Le passage de ces routes auront des retombées positives sur le développement de cette région, l'objectif étant de faire taire les contestations du modèle chinois en permettant une amélioration des conditions de vie.

III- Une véritable volonté du parti unique mais une application délicate
Fait croire à une volonté de coopération internationale, mais aucun doute sur les réelles intentions de la chine c'est à dire, de mettre les intérêts chinois avant tout. C'est par exemple ce que lui reproche l'Union Européenne, le projet étant jugé pas assez bénéfiques pour les partenaires européens.
De plus, de nombreuses puissances, telles que les Etats-Unis, le Japon ou l'Inde ont peur de la montée en puissance de le Chine en tant que puissance Régionale, le Président Trump n'a pas envoyé de représentant au sommet de Pékin organisé par Xi Jiaoping, ni l'Inde, et le Japon et l'Inde ont créer une alliance commerciale nommée « corridor de la liberté », en concurrence avec les alliances chinoises.



Conclusion :
L'enjeu de ce projet pour la Chine est d'assumer et de montrer sa puissance, à travers la stabilité de son modèle et ainsi montrer que celui-ci est viable et même plus prospère que les autres.
Ainsi, promouvoir le modèle chinois permet de fait de promouvoir le régime chinois, c'est à dire le régime du parti unique, à l'international.

            L’annonce du projet des routes de la soie n’a fait qu’accentuer la peur de la montée en puissance de la Chine de la part de nombreuses puissances, telles que les Etats-Unis, le Japon ou l’Inde. Ainsi, ni le Président Trump ni l’Inde n'ont envoyé de représentant au sommet de Pékin organisé par Xi Jinping, et le Japon et l'Inde ont créé une alliance commerciale nommée « corridor de la liberté », en concurrence avec les alliances chinoises, pour contrebalancer ce pouvoir économique chinois grandissant.

Carte complémentaire issue de l'Année stratégique 2018 publié chez A.Colin en sept 2018


Sujet 3 : la situation politique actuelle de la Corée du Sud




Le 9 décembre 2016, l’ancienne présidente conservatrice sud-coréenne, Park Geun-Hye, a été destituée suite à son implication dans le scandale « Choi Gate ». Choi Soon Sil, ex confidente de la présidente Park, profita de son rôle privilégié pour inciter de nombreux chaebols coréens à faire des dons à deux associations, qu’elle détournait à ses propres fins. Ce scandale fait écho à plusieurs autres, reflétant ainsi une corruption importante en Corée du Sud.

Ø  La destitution de Mme Park, une crise politique majeure ?

Fille d’un ancien dictateur coréen des années soixante, Mme Park, candidate du GPN (Grand Parti National, parti conservateur), est difficilement élue le 19 décembre 2012. Assurant vouloir mettre fin aux relations frauduleuses entre gouvernement et chaebols, les coréens attendait au tournant la présidente sur les affaires de corruption. Son rapprochement avec celle que l’on appelle la « Raspoutine » coréenne, Choin Soon Il, n’a pas tardé à faire réagir la population coréenne ainsi que la sphère politique : en décembre 2016, les députés votent massivement pour sa destitution, décision confirmée à l’unanimité par la Cour constitutionnelle. La figure politique du pays est destituée mais également arrêtée, le 9 décembre, suite à un mandat d’arrêt pour corruption et abus de pouvoir.                                                 Ce que l’on peut considérer comme étant une crise politique est pourtant à relativiser. Plusieurs crises similaires ont eu lieu dans le passé, notamment avec la destitution du président Roo Moo-Hyun en 2004. On peut donc penser que l’écroulement de cette figure majeure, affectant tout de même la confiance des coréens, ne peut engendrer une crise politique sur le long terme. On peut cependant se questionner sur la crise de l’image que ce scandale pourrait engendrer, remettant en question le soft power de la Corée du Sud et de ses Chaebols.

Ø  Samsung, un groupe au cœur de la corruption.

Samsung Electronics, avec 173,957 milliards $ de chiffre d'affaires, soit 25 % du PIB de la Corée du Sud se livre depuis longtemps à la corruption de l’état afin d’obtenir des privilèges de celui-ci.
En effet, l'héritier de l'empire Samsung a été condamné vendredi par la justice sud-coréenne à cinq ans de prison pour corruption dans le retentissant scandale qui a emporté la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye. Le partie touché par cette corruption est le Parti Saenuri (celui de Mme Park) .La justice a estimé qu'il a versé un total de 8,9 millions de wons (6,6 millions d'euros) pour acheter le soutien du gouvernement à la passation générationnelle du pouvoir. Symbole éclatant du "miracle coréen", ces conglomérats sont, aujourd'hui, montrés du doigt par les jeunes générations à la suite de ce procès. Hélas, En Corée du Sud, les cinq plus grands chaebols réalisent déjà 40% des transactions commerciales, il est donc difficile de limiter leur champ d’action et de s’opposer à eux.

Ø  Une forte réaction populaire face au scandale de corruption.

Alors que les peuples asiatiques sont souvent décrits comme dociles, le scandale a entrainé d’importantes manifestations, ce qui contraste avec un passé tu et mène à une instabilité politique. Dans un premier temps on ne peut que constater l’ampleur des revendications : 2 mois durant, 1,5 million de personnes descendent dans la rue selon les organisateurs, un chiffre minimisé à 270 000 par la police. Les jeunes en particulier, ont été très impliqués dans ces manifestations politiques, des tracts sont distribués jusque dans les facultés. Les Coréens affirment ainsi leur volonté de voir Mme Park destituée et y œuvrent jusqu’à sa mise en examen. Cet évènement a été médiatisé assimilé par certains à un mai 68. Cela met en évidence un ras-le-bol généralisé vis-à-vis d’un système politique sclérosé, gangréné, par la corruption, d’autant plus que l’histoire semble se répéter, la sphère politique coréenne est victime d’influences extérieures : l’homme qui a pris Mme Park sous son aile est qualifié de chaman, sa fille, amie de l’ex présidente, est celle qui l’a influencée En résulte une perte de confiance des Coréens envers leur système politique, et une remise en question de leurs Chaebols. Cependant, l’économie de leur pays est fortement dépendante de la puissance économique de ces conglomérats. Ainsi, malgré les difficultés actuelles, une volonté d’avancer se dessine avec l’élection anticipée 2017 de Moon Jae-In (parti Minju), le 10 mai 2017.


Sujet 4 :
Crise de la Corée du Nord : quelles positions des EU et de la Chine ?


            I- Une course nucléaire pour un régime hérité de la guerre froide :

L’escalade des tensions entre Pyongyang et Washington ces derniers mois ne font que confirmer une ultime crise qui ne semble jamais prendre fin. Depuis sa création en 1945, le régime communiste Nord-Coréen est marqué par de profondes crises dont l’enjeu reste la survie de ce dernier. Pourquoi la Corée du Nord voit dans l’obtention de l’arme nucléaire la seule manière d’assurer la survie de son régime ?
            L’histoire de cette dictature communiste est une clé de compréhension des nombreuses crises que traverse le pays depuis 70ans. À l’issue de la guerre de Corée en 1953, l’une des plus meurtrières de la Guerre Froide, la Corée du Nord, communiste, est séparée de la Corée du Sud, américaine, par une zone démilitarisée le long du 38e méridien.
            Aujourd’hui toujours aucun traité de paix n’est signé. Très vite la Corée du Nord de Kim Il Sung, grand-père de l’actuel dirigeant (mort en 1994), devient isolationniste, coupée du reste du monde et s’allie à la Chine, dont elle dépend encore aujourd’hui (ressources). Elle commence son programme nucléaire dès 1984, et ce dans le but d’assurer la survie du régime (malgré la signature du traité de non-prolifération nucléaire en 1985). C’est en 1989 que le monde découvre en image l’existence de son programme nucléaire, grâce à des photographies réalisées par des satellites. La guerre du Kosovo en 1995 fait prendre conscience à la Corée du Nord qu’elle est obligée de se doter de l’arme nucléaire pour pouvoir se défendre contre son principal ennemi les États-Unis. Cependant, à la fin des années 1990, le régime s’engage à geler et démanteler son programme nucléaire militaire en échange de réacteurs civils, nécessaire au développement économique du pays, très en retard. Mais les États-Unis ratent une négociation historique avec le régime, qui se disait prêt à signer des accords de paix avec le président Clinton, occupé à régler l’affaire israélo-palestinienne. En 2002, GW Bush qualifie la Corée du Nord d’ « empire du mal », celle-ci se retire alors du TNP en 2003 et se déclare puissance atomique.
            Deux ans plus tard, elle affirme posséder l’arme nucléaire et débute les essais de missiles longue portée. Pour développer son programme, elle s’est notamment appuyée sur le réseau Khan pakistanais et l’apport des programmes d’ingénieurs iraniens. Comment expliquer une accélération dans le processus d’obtention de missiles nucléaires ? En une décennie, depuis 2006, Pyongyang a doublé la puissance de ses bombes. La question de la dangerosité du régime communiste est donc autant liée à celle de ses bombes qu’à sa capacité à les projeter. Depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Il mais surtout de son fils, Kim Jong Un en 2012, l’obtention de l’arme nucléaire est la priorité absolue du régime alors que celui-ci peine à se développer économiquement, étant de plus considéré comme un régime totalitaire répressif, violent et dont la population est constamment soumise au culte du leader nord-coréen. Par ailleurs, depuis 2006, la Corée du Nord n’accepte plus d’aide humanitaire d'urgence et attend un soutien sous forme d'aide au développement. En fonction des sanctions qui pèsent sur la Corée du Nord, les relations avec l’Occident oscillent entre vives tensions et brefs moments d’apaisement. À plusieurs reprises la Corée du Nord promit de geler son programme nucléaire militaire, souvent avant d’adopter une attitude bravache et provocatrice. Celle-ci semble de plus en plus échapper à l’emprise chinoise. Depuis 2012, l’augmentation du nombre d’essais nucléaires alertent les gouvernements mondiaux sur les agissements de Kim Jong Un. Quelles sont alors les réponses des deux premières puissances mondiales face à une Corée du Nord qui semblent hors de contrôle ?

            II- Le rôle de la Chine : protéger un allié de sa zone d’influence, satisfaire les États-Unis
           
            En avril 2017, le chef de l’État Chinois Xi Jinping se déplaçait aux États-Unis pour rencontrer Donald Trump pour la première fois : la gestion des relations commerciales et du dossier Corée du Nord semblait fonctionner. Pourtant lors du dernier G20 à Hambourg, Xi Jinping, pour sa deuxième rencontre avec Trump semblait beaucoup plus réticent à coopérer avec les États-Unis sur le différend croissant entre Washington et Pyongyang.
            Pourquoi dit-on que la Chine est dans une position délicate dans cette affaire, comme coincée entre un allié de sa zone d’influence, et un partenaire commercial majeur? Les relations de la Chine et de la Corée du Nord sont d’abord à souligner. Les Chinois voient l’Etat de Corée du Nord comme un rempart, un « Etat-tampon » contre l’influence Américaine, bien existante en Corée du Sud. La Corée du Nord est le seul Etat avec lequel la Chine a des accords militaires : ce sont des accords de défense mutuelle signés en 1961. Notons toutefois que ces accords ont été suspendus par Pékin en Juillet 2017 pour satisfaire l’ONU. Même si la coopération politique est difficile entre les deux pays, ils conservent le même régime, en théorie : ce sont des Etats communistes.
            Enfin, la Corée du Nord dépend énormément de son premier partenaire commercial : la Chine. Elle réalise en effet 90% de ses échanges avec celle-ci. La Chine importe notamment du charbon, du pétrole ou encore des fruits de mer depuis la Corée du Nord. Mais à nouveau pour satisfaire l’ONU, la Chine a suspendu provisoirement ses importations de charbon de Corée du Nord. La relation qu’entretient la Chine avec les États-Unis est avant tout commerciale : les États-Unis sont le premier client de la Chine, et la Chine est le premier fournisseur des États-Unis. Ces deux économies sont donc extrêmement interdépendantes. Pour Pascal Boniface, cette condition est suffisante pour affirmer qu’une guerre Chine/États-Unis est improbable, car les deux pays auraient trop a y perdre. Enfin notons aussi qu’une importante partie de la dette américaine est détenue par la Chine. Que peut donc faire la Chine, coincée entre la Corée du Nord, imprévisible, et les États-Unis, première puissance militaire mondiale, et moteur de son économie? Il a été vu que la Chine semble se plier aux demandes de l’ONU, se mettant en retrait vis-à-vis de la Corée du Nord. Néanmoins si sur une décision de Trump ou de Kim Jung Un de passer à l’action, la Chine devrait probablement intervenir. Il apparaît finalement que la Chine souhaite apparaître comme une puissance responsable aux yeux du monde : une communication soignée, un comportement exemplaire.



            III- Le rôle des États-Unis (EU : menacer, sanctionner, discuter.

            Les EU agissent et servent en tout premier lieu leurs propres intérêts. Les menaces s'opèrent contre les agissements de le Corée du Nord, comme le développement d'un programme nucléaire ainsi que de nombreux essaies de missiles. Les EU défendent alors leurs alliés comme le Japon et la Corée du Sud face à l'envoie de missiles dans l'espace aérien japonais. Les menaces sont alors militaires : envoie de la 7ème flotte, survol d'avions bombardiers, soit une vrai démonstration de force. La CN rétorque avec son porte parole à l'ONU, déclarant les menaces des États-Unis comme « la plus grande déclaration de guerre porté à l’État », et expliquant que « les plans sont sur la table » pour une éventuelle riposte. Les « joutes verbales » entre Kim Jung Un (KJU) et Donald Trump  viennent se rajouter à l'équation : D.Trump qualifie KJU de « Rocket Man » et déclare devant l'Assemblé des Nations Unis que « la Corée du Nord est dans une mission suicide contre elle même »  rajoutant qu'il pourrait « totalement détruire la CN ». De son coté KJU assimile D.Trump à un « dégénéré mental ».
            Les sanctions s'opèrent via l’aval de l'ONU, notamment du conseil de sécurité. Malgré les nombreuses tentatives de contournement des sanctions visant couper l'approvisionnement de la Corée du Nord des ressources essentielles à la survie du régime par la Chine, il semblerait que cette dernière soit plus enclin à suivre l'opinion publique occidentale sur le sujet. En effet, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ne sont pas les seuls à être en faveur des sanctions commerciales, l'Union Européenne, avec les déclarations de E.Macron, montre la volonté d'une voie pacifique mais ferme envers la Corée du Nord.
            Les discutions sont des moyens diplomatiques de trouver des accords, notamment concernant l'arrêt du programme nucléaire. Depuis la reprise des discutions dans les années 1990 sous B.Clinton, les pour-parler à 6 (États-Unis, Japon, Chine, Russie, Corée du Sud, Corée du Nord) n'ont finalement pas aboutis. Les efforts fait sous B.Obama semblent de toute évidence anéantis par le nouveau résidant de la Maison Blanche. Même si l'opinion de son parlement est souvent en désaccord avec ses déclarations, il n'empêche pas D.Trump de décrédibiliser Rex Tillerson (chargé des Affaires Étrangères) lors de ses tentatives de négociations avec Pékin et Pyongyang en publiant via Tweeter : « ça ne sert plus à rien de discuter, ce n'est plus l'heure de négocier, rentre au pays Rex ».
            Les relations entre les deux gouvernements sont compliqués et tendues de même que le futur semble on ne peut plus incertain. Les discutions et menaces tournent plus en guerre d'ego, on peut supposer que la Corée du Nord a ce qu'elle veut : elle tient tête à la première puissance mondiale, qui elle semble impuissante face à un petit pays comme la Corée du Nord.

               
                Il est donc vu que la dossier Corée du Nord est extrêmement complexe tant pour une Chine coincée dans un étau géopolitique, que pour des États-Unis voulant faire régner l’ordre. Il convient néanmoins de prendre un certain recul sur les événements : on a aussi montré que cette crise est la suite d’une longue liste de moments de tensions liés au nucléaire Nord Coréen. Cet épisode semble plus intensif du fait de l’arrivée d’un Trump nationaliste, peu expérimenté sur le plan diplomatique, parfois cru dans ses propos. Les médias, d’autant plus à l’ère d’Internet, sont parfois alarmistes et veulent mettre en scène la situation sous forme d’une bombe prête à exploser. En réalité dans l’analyse il apparaît que les risques d’attaque d’un camp ou de l’autre sont faibles au vu des conséquences qui pourraient en découler. Le seul événement grave pourrait découler d’un accident, d’un mauvais calcul d’essai de la Nord Corée par exemple. Difficile d’imaginer les États-Unis ne pas réagir si une bombe tombait par erreur sur le Japon, au lieu de tomber à côté, en mer.

Cartes complémentaires issues du Grand Atlas 2018 :


Sources :
https://www.courrierinternational.com/dessin/etats-unis-donald-trump-en-roue-libre-aux-nations-unies

Sujet 5 : lecture de livre : où en est la jeunesse chinoise ? par Pierrick Corredera



Jeunesse chinoise. Les enfants de la «Grande Ouverture»

Auteur : Jean-Charles Lagrée .

Chargé de recherche au CNRS (Centre de recherche et d'analyse des politiques),

professeur invité à l'East China University of Political Sciences and Law (ECULP,

Shanghai). Expert sur les questions de jeunesse auprès du Conseil de l'Europe. Il a été

secrétaire général de l'ESA (European Sociological Association) et de l'Association

française de sociologie.

Problématiques

1.Qui sont les jeunes chinois d’aujourd’hui ?

2.Quelle éducation pour la jeunesse chinoise ?

3.Une jeunesse dynamique ?

4.Quelle est la place du sexe dans la société chinoise, notamment chez les
jeunes ?
5.Quelles valeurs pour les jeunes chinois ?
1.
Il existe actuellement 4 générations en Chine: Longue Marche, Grand Bond,
Révolution culturelle et la génération montante. Leur coexistence est régie par
les fondamentaux de la culture confucéenne que sont la hiérarchie des âges et
celle des obéissances or des problèmes de cohésion gênent les dirigeants.
Les parents des jeunes chinois sont une «génération perdue»: une génération
silencieuse de 17 millions de Chinois martyrisée à la campagne à cause de la
Révolution Culturelle.
Cette jeune génération est divisée entre campagne et ville.
Ce sont aussi les enfants uniques issus des politiques de 1970 qui devront faire
face à 3 défis: le vieillissement, l’augmentation du nombre d’inactif et le déclin
global du dynamisme.
2.
Pour parvenir à développer «une économie de la connaissance» la Chine doit
améliorer et développer son système éducatif
Ainsi son plus gros défit sera le passage d’une élite à une éducation de masse
même si le diplôme n’est pas un prérequis pour trouver un travail.
En plus d’être stressante, l’éducation est un vecteur d’inégalité bien que le parti
aspire à l’égalitarisme: les droits d’université peuvent se situer entre 5000 à
10000 yuans (590 à 1175 euros).
Il se peut qu’à la fin des études les jeunes ne trouvent pas un travail à la hauteur
de la formation, sous qualifié, leur travail pousse les jeunes à vivre
collectivement dans des endroits insalubres, d’où le nom de «ants» de l’anglais
fourmis.
Ces ants sont pourtant bien formés mais leur formation n’est pas assez complète
pour qu’ils soient embauchés à l’étranger et en ce qui concerne leur pays les
postes sont déjà occupé génération «Grande Ouverture» pas de création d’emplois
Il faut comprendre la culture de l’éducation en Chine: entrer en fac est considéré
comme une réussite et il n’est donc pas nécessaire de poursuivre des études
longues
3.
Il y’a un conflit de génération pour l’emploi: il y a beaucoup de chômage car les
cohortes nées dans la Révolution culturelle ont eu le temps de sécuriser leurs
emplois et problème des nombreuses migrations des campagnes vers les villes:
de 2001 à 2007 10 millions de nouveaux migrants moins de 35 ans
représentaient 70% des sans emplois
La jeunesse est mal préparée au marché du travail: il existe en Chine deux
marchés dynamiques: le secteur public régulé par l’état et le marché libre
dérégulé où la compétition fait rage. Passer du secteur public au privé est parfois
difficile car les jeunes ne sont pas habitués aux conditions de travail. A noter que
la croissance permet aux jeunes de changer facilement d’emploi: la marché du
travail est tout de même flexible, en priorité dans les villes.
4.
La Chinoise de Confucius à Mao voit ses droits évoluer. Jusqu’en 1950 la femme
n’existait que pour la reproduction. C’est la loi mariage en 1950 qui va interdire la
polygamie, conférer des droits légaux aux deux sexes et réglementer le mariage
et le divorce. Il s’en est suivi un vrai développement des droits des femmes qui
sont désormais presque les égales des hommes dans la famille.
Seule l’hétérosexualité est autorisée. Des mouvement contestataires comme en
1978 «mur de la démocratie» et le mouvement de la place Tiananmen ont
réclamé des droits. Si les comportements étaient en passe de se libéraliser au
moment de la Grande Ouverture, la sexualité reste un sujet secondaire et tabou
Les jeunes chinois se libèrent un peu, les relations prémaritales ont reculé de 3
ans en 20 ans ( 25 ans en 1990 et 22 ans en 2010)
Il y a un déficit de femmes qui est autant plus important à la campagne.
Il faut nuancer le terme de révolution sexuelle: même si on constate une
libéralisation des moeurs depuis 1980 il existe un refus des idées occidentales
touchant la liberté sexuelle car les jeunes sont élevés dans une éthique chinoise
essor de la cohabitation mixte, décohabitation des enfants et des parents,
couples qui vivent à distance: s’il ne s’agit pas encore d’une «révolution» , le
changement des moeurs de la jeunesse chinoise met aujourd’hui nombre de
valeurs traditionnelles en porte à faux.
5.
en 2012 le président Hu Jintao dit que la Chine est le «pays qui n’a plus de
valeur» «Elle est orpheline aussi bien de sa culturelle traditionnelle que du
socialisme maoïste», Lagrée précise que «A la Chine du «nous» et «des masses» c’est succédée celle du «je» et de l’individu.» Il y a une fin de la famille traditionnelle: 10000 divorces par jour en RPC, les enfants veulent partir de la maison
S’il y a eu un bashing des valeurs confucéennes par Mao, paradoxalement les
dirigeants de la RPC ne cessent pas de rappeler à leurs compatriotes que le
parti est fort d’une culture multi-millénaire. D’ailleurs n’on t-ils pas nommé le
réseau des instituts de la ligue chinoise le réseau Confucius ?
discours 2012 le président Hu Jintao: «guerre culturelle avec l’occident
»
Il y a une désertion des jeunes qui consomment de la culture occidentale même
s’ils ont gardé des références propres. La foi révolutionnaire qui animait encore
la génération de la Révolution Culturelle a disparu mais on constate un retour du
matérialisme
EN effet en 1992 Deng Xiaoping dit «enrichissez vous»: le parti communiste
avait mis en parenthèse pendant 3 décennies cette passion nationale de
l’enrichissement que la jeune génération semble suivre sans se cacher.
Pour conclure cette nouvelle génération s’inscrit dans la continuité en apportant tout de
même quelques changements influencés par trois décennies de métamorphose du pays. «
Parler de «révolution» à propos des changements socioculturels portés par la
jeunesse chinoise d’aujourd’hui semble donc très largement inapproprié

Sujet 6 : 


Colle d’actualité : Où en est le Japon aujourd’hui sur le plan géopolitique, politique et géoéconomique ?





Les objectifs stratégiques fondamentaux japonais sont au nombre de trois. Il s’agit tout à la fois de préserver la souveraineté japonaise dans le monde et dans la région, de parvenir à une croissance économique malgré de nombreuses pressions, et de maintenir l’ordre libéral international fondé sur une série de règles et de principes.



Géopolitique du Japon : un « pacifisme proactif » :



Alors qu’en 2012 près de 9000 Marines américains se retiraient de l’île d’Okinawa dans le sud du Japon, les Etats-Unis ont fini par rendre en juillet 2017 une partie de leur base militaire Futenma située dans cette même zone.

L’article 9 de la constitution japonaise, votée en 1946 sous l’occupation américaine, postulant que le Japon renonce à la guerre fait aujourd’hui débat: le Japon souhaiterait-il revoir sa doctrine géostratégique et sa politique de défense ?




L’arrivée au pouvoir en 2012 de Shinzo Abé, conduit le Japon à développer une politique étrangère dite de « pacifisme proactif »
Cette politique a pour but de répondre à de nombreux défis et enjeux au niveau régional et international. On peut observer les menaces nord-coréennes en juillet dernier par de nouveaux essais balistiques, la pression exercée par la Chine qui revendique les îles japonaises de Senkaku (Diaoyutai) ou d’autres territoires maritimes en mer de Chine orientale. De fait, la souveraineté japonaise se voit être menacée au niveau régional d’abord, mais également sur le plan international avec l’exécution en 2015 de 2 journalistes japonais en Syrie et en Irak, ou encore la mise en place d’une piraterie active en Asie du sud-est et en Afrique, problématique pour les lignes de communication maritimes du pays dont le secteur énergétique dépend fortement des importations.

Alors, face à ces menaces, l’heure est à l’approfondissement des relations entre le Japon et ses partenaires stratégiques.
Le 1er juillet 2014, le premier ministre a autorisé une ré-interprétation de l’article 9 donnant droit au Japon de venir en aide à un allié si celui-ci est attaqué.
Sur le plan international, le Japon continue de coopérer avec les Etats-Unis via une alliance forte et une collaboration portant sur le partage des matériels militaires, mais aussi avec plusieurs membres de l’U.E (notamment la France et le Royaume-Uni) pour y approfondir des liens économiques et sécuritaires.
Dans un contexte de tensions avec la Chine et la Corée du Nord, une série d’alliance est née en Asie Pacifique. Par exemple avec la Corée du Sud, où malgré des tensions territoriales récurrentes ainsi que l’existence de différends en raison des exactions commises par l’armée japonaise durant la Seconde guerre mondiale (femmes de réconfort, …), les deux pays connaissent un rapprochement sécuritaire et militaire.
Egalement, l’Australie, l’Inde, et les pays de l’ASEAN restent des alliés majeurs concernés par la montée en puissance de la Chine.

Enfin, l’on peut observer l’apparition de nouvelles formes de relations entre le Japon et le reste du monde.
L’Afrique est tout d’abord une priorité récente pour l’archipel. Depuis 2014, le Japon exploite l’un des plus grands gisements de gaz du monde présent en Afrique du sud-est, ainsi que de nombreuses matières premières utilisées dans l’électronique et les téléphones portables qu’il importe actuellement principalement de la Chine. L’intérêt est donc stratégique: réduire la dépendance envers un voisin chinois qui semble de plus en plus menaçant.
Aussi, on peut supposer que le Japon cherche à courtiser les votes des pays africains pour devenir membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies (la Chine s’y était opposé en 1994).

Ainsi, le Japon semble bien s’affirmer à l’international par un « pacifisme proactif » dans un contexte de tensions régionales, se traduisant par la mise en place d’un ensemble d’alliances et une évolution de la législation japonaise favorisant la coopération stratégique.



La situation politique au Japon : vers un renforcement du pouvoir de Shinzo Abe ?

            Le 28 septembre 2017, le Premier ministre, Shinzo Abe, a annoncé la dissolution de la chambre basse du parlement. Ce qui a eu pour conséquence, le début d’une campagne électorale pour des élections législatives prévues le 22 octobre 2017, soit 1 an avant la date originel.
            Quelles sont donc les enjeux de ces élections ? Où dans une monarchie constitutionnelle ce sont les législatives qui permettent l’accession au pouvoir à un parti.

            Si Shinzo Abe en a décidé ainsi, alors que son parti (le Parti Libéral Démocrate, PLD) détient plus des 2/3 du parlement, c’est pour profiter de la déliquescence de l’opposition en réalisant des élections avant qu’elle ne puisse se reconstruire. Il espère donc faire comme en 2014 avec les « abenomics », c’est-à-dire renforcer son pouvoir afin de réaliser des réformes économiques mais surtout, cette fois-ci, être en position de force pour pouvoir modifier la constitution pacifiste de 1947, poursuivre son programme nucléaire civil ou encore négocier fermement avec Kim Jong-un.

            Cependant, on assiste dans le même temps à une renaissance de l’opposition avec la très populaire gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike. En effet, ex-membre du PLD, elle a annoncé le 25 septembre dernier la formation d’un nouveau parti politique : le Parti de l’espoir, dont ses rangs se sont grossis immédiatement par une grande partie de l’opposition japonaise. Par des mesures, telles que le revenu universel ou la sortie du nucléaire, elle espère « en finir avec la politique de la vielle école » du PLD, comme elle a pu le faire en juin dernier à l’Assemblée de Tokyo avec sa formation Tomin Fisrt no Kai.

            Toutefois, il semble que le Parti de l’espoir ne soit pas encore assez aguerri pour détrôner le PLD le 22 octobre. Il pourra seulement fragiliser le parti en place en l’empêchant d’obtenir une nouvelle fois la majorité au 2/3 et au mieux devenir un possible partenaire de coalition, voire renverser Shinzo Abe grâce à l’appui de ses opposants au sein du PLD.

Le Japon d’aujourd’hui : un déclin économique relatif

1)    Le déclin économique du Japon
Le Japon possède une croissance molle qui peine à augmenter, avoisinant les 1% en 2016. Cette croissance molle étant liée à la baisse de la consommation des ménages qui résulte de la déflation qui persiste depuis les années 90’ et qui n’encourage pas la consommation. De ce fait, la Bank of Japan (BoJ) table sur des prix en baisse (-0.2% en 2016).

2)    Paradoxe économique
Malgré une croissance molle, le pays est dans une situation de quasi plein emploi puisque le taux de chômage avoisine les 3%. Cela s’explique par le manque de main d’œuvre du pays qui voit sa proportion d’actifs se rétrécir en raison de la baisse des actifs liée au vieillissement de la population japonaise. En effet, selon un rapport de juin 2017, il y avait 150 offres d’emplois pour seulement 100 demandes. Néanmoins, les emplois précaires se multiplient et les conditions de travail sont parfois problématiques à l’image des heures supplémentaires. En effet, on recense des cas de « Karoshi », c'est-à-dire des cas de décès liés à la surcharge de travail. D’ailleurs, une entreprise japonaise sur cinq compte parmi leurs effectifs des employés réalisant plus de 80 heures supplémentaires par mois. Enfin si les salaires moyens bruts augmentent légèrement (0.5% en 2016), les salaires moyens nets, quant à eux, diminuent en raison de la hausse des impôts et du coût de la sécurité sociale.

3)    « Abenomics » par le premier ministre japonais Shinzo Abe
Ainsi, pour relancer l’économie japonaise, Shinzo Abe met en place, en 2013, les fameux « Abenomics », politique économique ayant 3 « flèches », 3 buts :
-relance budgétaire
-assouplissement monétaire
-réformes structurelles
Le but de la BoJ étant d’atteindre une inflation de 2% à terme.

4)    La croissance japonaise profite de l’embellie mondiale 
Il semblerait que la politique des « Abenomics » ait fini par payer : en septembre 2017, le Japon en est à son 6ème trimestre d’affilée de croissance du PIB, ce dernier ayant augmenté de 1% entre avril et juin, une première depuis 2006. De plus, la consommation des ménages a augmenté de 1% depuis le début de l’année, ce qui permet au pays de compenser la contraction de ses exportations, celle-ci étant de 0.5% depuis le début de cette année. Enfin, si le premier défi économique du Japon: la relance de la croissance semble amorcée, le vieillissement de la population se traduisant par la baisse des actifs demeure problématique. Néanmoins, un nouveau marché découle de ce vieillissement qui suscite de nouveaux besoins : c’est le principe de la « silver economy ».

5)    Des accords commerciaux menacés 
Alors que le Japon est très dépendant de son commerce avec les Etats-Unis, Trump s’est retiré du traité transpacifique (TPP), obligeant le Japon à se rapprocher de la Chine et à renforcer ses liens commerciaux avec L’Union Européenne.

6)    Déclin relatif
Néanmoins, le Japon est tout de même la troisième puissance économique mondiale avec le troisième PIB mondial (environ 5100 milliards de dollars en juin 2017), la quatrième puissance commerciale et la première puissance financière asiatique.

En définitive, la géoéconomie contemporaine du Japon est marquée par 2 défis majeurs : celui de relancer la croissance tout en prenant compte du vieillissement de sa population et celui de maintenir ses liens commerciaux mondiaux malgré le protectionnisme prôné par les Etats-Unis.

SOURCES :

https://www.diploweb.com/Le-Japon-dans-son-environnement.html#nb1
articles du journal « La croix » et du « Monde »

sujet 7 : où en est l'Inde de Modi ? 

Une économie fragilité par la politique de Modi et par les inégalités


Avec 1,3 milliards d’habitants, l’Inde est le second pays le plus peuplé au monde mais elle compte aussi 356 millions d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté en 2010. Toutefois, l’économie indienne ne cesse de croitre en entrainant avec elle le phénomène de « shinnig India ».
Néanmoins, cette réussite économique n’est pas totale et semblerait notamment fragilisée par les décisions du chef du gouvernement indien, Narendra Modi, depuis 2014. Cette réussite pourrait  aussi être  tachée par la pauvreté dans le pays qui reste, depuis des siècles, une réalité dans le quotidien indien.
L’économie indienne émergente peut-elle être ralentie par ces facteurs sociaux et politiques ?

1)      Des inégalités persistantes et accrues

Plus d’un tiers de la population, indienne vit en 2010 sous le seuil de pauvreté de 2 $ par jours. Cela revient a 365 millions de personnes soit plus que le nombre d’habitants actuellement aux Etats Unis.
Les castes pourtant remis en cause officiellement par l’article 15 de la Constitution indienne de 1949 sont toujours une réalité dans la population indienne. On peut notamment citer la caste la plus mal considérée dans la société indienne, qu’est celle des intouchables ou dalits composée d’environ 200 millions de personnes.
De plus, avec l’ouverture d’une partie du pays avec la libéralisation et la mondialisation, les inégalités entre indiens ne cessent d’augmenter comme le montre son indice de Gini en 2011 (35). Le pays voit un nombre important de sa population être touchée par la pauvreté et a en même temps un nombre croissant de milliardaires (97 en 2015 soit le 3eme rang mondial). Pourtant de nombreux foyers n’ont toujours pas accès à l’électricité ou à l’eau potable (presque 150 millions d’indiens vivent sans eau potable). 
De fait, il existe toujours le problème de la malnutrition en Inde. Celle-ci touche plus de 200 millions de personnes. Ces populations plus pauvres tentent alors de survire grâce au secteur informel.

2)      La politique de Modi continue de fragiliser l’économie indienne

Tout d’abord, Modi à réaliser des réformes structurelles de l’économie indienne. Il a réformé la TVA unique dans le pays. Cela va permettre de faciliter les échanges entre les Etats de l’Inde et remplacera de nombreux impôts. Toutefois cela pourra entrainer des pertes financières pour les états que l’Etat a promis de compenser pendant 5 ans ainsi que le déclin de petites entreprises. La question de la TVA reste donc complexe en Inde.
Une autre mesure phare de Modi est la démonétisation en novembre 2016. Ce processus consiste au retrait des principaux billets de banque en circulation. Il a été très important et a déduit la masse monétaire indienne d’environ 200 milliards d’euros. Il a pour but de réduire le problème de l’argent sale en Inde ainsi que la part importante de l’économie informelle.  En effet, beaucoup de transactions se font en liquide en Inde ce qui entraine des fraudes nombreuses. Mais cette mesure a été mauvaise pour la croissance économique annuelle du pays en la faisant passer de 7,1 % à 5,6% en fin 2016.

3) Des facteurs de ralentissement à nuancer

N. Modi a fait de la modernisation économique de l’Inde un des thèmes principaux de sa politique, en mettant en place des grands programmes de modernisation, ouverts IDE, tels que les Smart Cities (environ une centaine de villes intelligentes sont en projet), le Clean Ganga (2011), le Digital India (projet pour développer les services électroniques), le Skill India (2015, pour former plus de 400 millions d’indiens à diverses aptitudes) ou encore Make in India qui vise à développer le secteur manufacturier indien. De plus, les flux d’IDE ont atteint 44,9 milliards de dollars en 2015-2016, soit une augmentation de 27% en 2015-2016. Ces programmes sont de façon générale positifs pour l’économie du pays. Il faut noter la volonté de faciliter les échanges au sein des états de l’Inde. Si certaines mesures ne sont pas favorables pour l’instant elles le seront sans doute à terme pour regagner de la croissance.
La politique de démonétisation de Modi a aussi attiré des gros groupes qui développent les paiements numériques comme WhatsApp ou le géant Google.
De plus, le problème de la pauvreté est aussi à nuancer. 10% de la population indienne fait maintenant partie de la classe moyenne et ce nombre ne cesse d’augmenter avec la croissance forte du pays.

Ainsi, les politiques ne Modi ralentissent la croissance indienne sur le temps présent mais devrait l’aider dans le temps plus long.  Linde va ainsi se moderniser et devrait pouvoir prétendre à une place croissante dans l’économie mondiale malgré les inégalités la composant.
Sources :