jeudi 23 avril 2020

Analyse de carte sur la crise du Venezuela :

carte 1 source : rapport Ramsés 2020, IFRI, sept 2019

carte 2 ; source AFP, 2018.

Commentaire de carte : Sujet : la crise du VenezuelaCORRIGE Légende : infos des doc ; apport de connaissances ; vocabulaire clé ; critique
                Le 5 mars 2013, Hugo Chavez, au pouvoir au Venezuela depuis 14 ans, meurt. Symbole et auteur d’un régime anti-américain et d’un modèle économique rentier, le pays va peu à peu entrer dans une crise multiple. D’abord économique avec la chute du prix du pétrole en 2014, puis politique avec la remise en question de la gestion de son héritier Nicolas Maduro et l’affirmation d’un autre Président en janvier 2019 ; enfin, la crise devient géopolitique, en particulier au niveau régional. C’est ce qu’illustre la carte 2 utilisée par un site francophone ayant repris une carte publiée en 2018 par l’A.F.P. (Agence française de presse ; carte elle-même issues d’organisations internationales). Elle illustre les aspects démographiques de la crise venezuelienne liée à la fuite de millions de personnes vers les pays voisins. La carte est accompagnée d’infographies statistiques consacrées aux effets économiques de la crise. La carte 1 restitue la crise au niveau mondial et dans le secteur diplomatique, donc géopolitique. Plus récente, elle est tirée du rapport annuel du premier « think tank » français, l’I.F.R.I. (Institut français des relations internationales) et décrit l’opposition entre les pays soutenants le régime chaviste, ceux favorables à son principal opposant, Juan Guaido, en reconnaissant sa légitimité et enfin les Etats plus neutres. Ces deux cartes vont nous permettre d’analyser les différentes facettes de la crise du Venezuela et ce, à deux échelles, régionale et mondiale, afin d’en connaître la gravité. De toute évidence, l’origine de cette crise est économique (I), mais ses effets sociaux (II) et géopolitiques (III) en font une crise majeure.

                La crise du Venezuela est en effet d’origine économique et apparait avec la chute du prix du pétrole voulue par l’Arabie Saoudite en 2014. Cela implique de la part d’une économie pétro-dépendante une forte baisse des revenus de l’Etat. Le Venezuela est un parfait exemple d’un pays touché par le « mal hollandais » dont l’inflation, ici l’hyperinflation est un des signes. En fait, Hugo Chavez avait utilisé les revenus de la compagnie nationale pétrolière au profit d’un Etat-providence qui légitimait son pouvoir lors du « super cycle minier » (Philippe CHALMIN). La chute de 30% de la production pétrolière en 6 ans montre le sous-investissement au sein de la firme. Le retournement du cycle est alors fatal à une économie trop primarisée.
                Quelques mois après la chute du prix du pétrole, la crise sociale est forte. L’hyperinflation indiquée par l’A.F.P rappelle celle de l’Allemagne en 1923 avec des effets dévastateurs : chute du pouvoir d’achat et pauvreté. Dès 2015, l’opposition gagne les élections législatives, mais le régime de Maduro résiste et fonde une nouvelle Constitution. Face à cela, plus de 2 millions de Venezueliens quittent le pays (moitié en Colombie voisine). Seuls les pays idéologiquement proche de ce régime de gauche le soutiennent : Chine communiste et Bolivie d’Evo Morales en tête. Aussi la crise devient peu à peu diplomatique.
                Les pays occidentaux, Etats-Unis et Union européenne ainsi que leurs alliés comme le Japon reconnaissent l’opposition menée par Juan Gaido.  Des sanctions ont été mises en place : exclusion du Mercosur et arrêt de prêts du FMI. Aussi, le régime ne tient que par un soutien financier russo-chinois. L’A.L.B.A., aube en espagnol, organisation régionale latino-américaine altermondialiste, indiquée dans la carte de l’AFP, perd en influence face à une majorité d’Etats régionaux dirigés par des hommes politiques de droite, voire d’extrême-droite comme au Brésil. Depuis l’exil de Morales de son pays, le Venezuela a perdu le soutien de le Bolivie (carte antérieure). Entre ces deux camps qui s’opposent, la cristallisation est forte ; en effet, l’Etat a beaucoup réprimé (morts). Pour autant, la majorité des pays voisins souhaitent un compromis par la négociation  (groupe de Lima). C’est le cas de l’Inde qui poursuit sa tradition de non-alignement ou bien la Norvège, lieu de la médiation israélo-palestinienne.

                Ainsi, la crise du Venezuela comporte toutes les facettes : économiques, sociales, politiques et géopolitiques. Par contre, elle est au niveau international de basse intensité. Les Etats-Unis n’ont jamais sérieusement envisagé d’intervention militaire. Pour autant, cette crise illustre l’opposition entre les Occidentaux et les grandes puissances du Sud.  Le choix des mêmes couleurs utilisées pour cartographie la Guerre froide illustre bien une opposition bipolaire et idéologique (libéralisme versus bolivarisme socialiste). De manière étonnante, la crise vénézuélienne fait écho à une autre ère des relations internationales, marquées par l’opposition Ouest-Est-Tiers-monde.  A l’échelle régionale, la crise est plus grave en raison des migrations et des trafics engendrés par cette crise à la frontière colombienne. Aujourd’hui, la situation reste bloquée et le pays s’enfonce dans une crise toujours plus profonde qui s’auto-alimente : la production de pétrole est passée en dessous de 1.2 millions de barils. Quel paradoxe pour le pays aux réserves pétrolières les plus importantes du monde !