mercredi 2 mars 2016

drône italien vers la Libye (source site assez anti-occidental et anti-mondialisation)

Le drone Italie vers la Libye 
Par Manlio Dinucci
Mondialisation.ca, 01 mars 2016




Jouant le rôle d’Etat souverain, le gouvernement Renzi a « autorisé au cas par cas » le départ de drones armés USA de Sigonella (Sicile) vers la Libye et au-delà. On sait qu’en 2011 déjà ce fut un drone Predator Reaper, décollé de Sigonella et télécommandé depuis Las Vegas, qui attaqua en Libye le convoi dans lequel se trouvait Kadhafi, en le poussant dans les mains des miliciens de Misrata.
L’Italie entre ainsi dans la liste officielle des bases des drones étasuniens d’attaque, sous contrôle exclusif du Pentagone, avec des pays comme l’Afghanistan, l’Ethiopie, le Niger, l’Arabie Saoudite et la Turquie. Le ministre des affaires étrangères Gentiloni, précisant que « l’utilisation des bases ne requiert pas une communication spécifique au parlement », assure que cela « n’est pas un prélude à une intervention militaire » en Libye. Alors qu’en réalité l’intervention a déjà commencé : des forces spéciales étasuniennes, britanniques et françaises -confirment le Telegraph et Le Monde- sont en train d’opérer secrètement en Libye.
Depuis le hub aéroportuaire de Pise, limitrophe à la base étasunienne de Camp Darby, décollent en continu des avions de transport C-130 (probablement aussi étasuniens), transportant des matériaux militaires dans les bases méridionales et peut-être aussi dans quelque base en Afrique du Nord.
Dans la base d’Istres, en France (Bouches-du-Rhône), sont arrivés des avions étasuniens KC-135 pour l’approvisionnement en vol des chasseurs-bombardiers français. L’opération n’est pas dirigée seulement vers la Libye. Istres est la base de l’ «opération Barkhane », que la France conduit avec 3mille militaires en Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina-Fasso.
La base militaire d’Istres
Dans cette même zone et au Nigéria opèrent les USA avec des forces spéciales et une base de drones au Cameroun. Toujours selon la motivation officielle de combattre le groupe armé État islamique (EI) et ses alliés. En même temps l’Otan a déployé en mer Egée le Second groupe naval permanent, sous commandement allemand, et des avions radar Awacs (centres de commandement volants pour la gestion du champ de bataille), avec la motivation officielle de « soutenir la réponse à la crise des réfugiés » (provoquée par les guerres USA/Otan contre la Libye et la Syrie).
A cette opération s’est ajoutée la « Dynamic Manta 2016 », exercice Otan en mer Ionienne et dans le Canal de Sicile avec des forces aéronavales d’USA, France, Grande-Bretagne, Espagne, Grèce, Turquie et Italie, qui a fourni les bases de Catane, Augusta et Sigonella.
Ainsi se prépare « l’opération de maintien de la paix sous conduite italienne » qui, sous prétexte de les libérer de l’EI vise à occuper les zones côtières de la Libye économiquement et stratégiquement les plus importantes.
Il ne manque que « l’invitation », qui pourra être faite par un fantomatique gouvernement libyen. Pour l’intervention en Libye, c’est Hillary Clinton qui est en train de faire pression : candidate à la présidence, qui -écrit le New York Times dans un long service- a « l’approche la plus agressive envers les crises internationales ». C’est elle en 2011 qui persuada Obama de rompre les atermoiements. «Le Président signa un document secret, qui autorisait une opération secrète en Libye et la fourniture d’armes aux rebelles », tandis que le Département d’Etat dirigé par Clinton les reconnaissait comme « gouvernement légitime de la Libye ». Les armes, y compris des missiles anti-char Tow et des radar anti-batterie, furent envoyés par les USA et d’autres pays occidentaux à Bengazi et dans certains aéroports. En même temps l’Otan sous commandement étasunien effectuait l’attaque aéronavale, avec des dizaines de milliers de bombes et missiles, en démantelant de l’extérieur et de l’intérieur l’Etat libyen.

Quand en octobre 2011 Kadhafi fut tué, Clinton hurla de joie avec un « Wow ! », en s’exclamant « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort ». Nous ne savons pas quel condottiere elle citera pour la seconde guerre en Libye. Nous savons, cependant, qui nous télécommande.
Manlio Dinucci
Edition de mardi 1er mars 2016 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres:  Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.
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