jeudi 4 décembre 2014

Critéo, exemple de réussite d'une star-up française

Criteo, la start-up qui croît le plus vite en Europe  (source Le Figaro.fr)


Jean-Baptiste Rudelle, PDG de Criteo. Crédits photo: Criteo
INTERVIEW - Avec des ventes en hausse de plus de 200.000% en cinq ans, la pépite française domine le classement Deloitte des entreprises technologiques les plus dynamiques. Sa réussite tient largement à «la qualité des ingénieurs» formés en France, explique son PDG aufigaro.fr.


La France est une mine de start-up high tech, comme le confirme le 12e palmarès annuel de Deloitte sur les entreprises du secteur technologique les plus performantes dans les zones Europe, Moyen-Orient et Afrique. Pour la troisième année d'affilée, l'Hexagone est en pôle position, avec 90 sociétés sélectionnées sur les 500 du palmarès, contre 74 pour le Royaume-Uni et 24 pour l'Allemagne. Dans le top 10 du classement général, figurent trois sociétés françaises. Sewan Communications, spécialisée dans les télécommunications, arrache la 10e place avec une progression de son chiffre d'affaires sur les cinq dernières années de 7833%, tandis que le site Deezer de musique en ligne prend la 7e position (+10.455% de chiffres d'affaires en cinq ans). Et en tête du classement - de très loin - figure la pépite française Criteo, cette société spécialisée dans la publicité en ligne qui se rêve en futur «Google français».
Criteo affiche un taux de croissance de son chiffre d'affaires sur les cinq dernières années de... 202.100%! L'entreprise, créée en 2005, se définit aujourd'hui comme le leader mondial de la publicité «display à la performance», une publicité en ligne ciblée, réalisée à partir de données issues du parcours des internautes. Autrement dit, Criteo tente de prédire le meilleur moment et le meilleur endroit pour leur présenter une bannière qui affiche le produit que les internautes recherchent ou ont déjà recherché sur la toile. En sept ans d'existence, son effectif est passé de 20 à 800 personnes réparties dans 15 bureaux situés en Europe, en Amérique et en Asie-Pacifique. Jean-Baptiste Rudelle, cofondateur et PDG de Criteo, explique au Figaro.fr comment son activité a décollé de manière aussi spectaculaire.

LEFIGARO.FR - Comment parvenez-vous à un taux de croissance aussi vertigineux en pleine crise économique?

Jean-Baptiste RUDELLE - C'est peut être un hasard du calendrier mais il est vrai que nous avons vu un décollage de notre activité en 2008, au début de la crise. Je pense que nous avons un modèle économique qui est bien adapté à la période actuelle. En faisant du marketing à la performance, nous permettons à nos clients de mesurer la rentabilité de leurs investissements en temps réel. C'est donc quelque chose de séduisant pour des annonceurs sous pression, très regardant sur leur investissements publicitaires.
Vous avez choisi de développer votre business à l'international. Etait-ce un choix stratégique?
C'était une volonté dès le démarrage car notre activité était très facile à internationaliser. Si nous étions restés en France, nous n'aurions jamais connu une telle croissance et nous nous serions privés de 95% du potentiel de notre activité.
Vous avez d'ailleurs vécu aux Etats-Unis en vous installant dans la Sillicon Valley…
Il faut savoir que peu de start-up européennes ont réussi aux États-Unis. Le marché est très concurrentiel et il est difficile d'attirer de nouveaux talents en tant qu'entreprises européennes. Pour ce faire, j'ai décidé de me mettre dans la peau d'un Américain, de vivre à l'américaine, de scolariser mes enfants là-bas pour leurs montrer que j'avais réellement envie monter un business à long terme aux Etats-Unis. Même si nous étions déjà rentables, nous avons aussi fait entrer quelques investisseurs américains au capital et pu bénéficier de leurs réseaux.
Vous avez quatre bureaux aux États-Unis, et pourtant Criteo reste français. Pourquoi?
On se définit comme une entreprise globale car nous avons des parts de marché dans le monde entier. En France, ce marché est petit mais il existe quelque chose que vous ne trouverez nulle part ailleurs: la qualité de ses ingénieurs, qui représentent aujourd'hui 40% de mes effectifs. D'ailleurs, nous avons ouvert un nouveau centre de R&D de 10.000 m² au cœur de Paris en juin 2012. Une des clés de notre accélération, c'est que nous investissons massivement dans la R&D. Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers et toujours avoir un coup d'avance.
Quels sont vos objectifs pour 2013?
Nous aurons une très forte croissance l'année prochaine. Nous allons continuer à investir en R&D et dans nos centres de calculs. Ensuite, nous devrions embaucher entre 300 et 400 nouvelles personnes. Enfin, nous allons développer nos relations stratégiques avec nos grands partenaires comme Les 3 Suisses, Price Minister, Expedia ou Dell pour ne citer qu'eux. Nous avons d'ailleurs signé un partenariat avec Yahoo! Japon, qui nous a donné un accès exclusif à son inventaire publicitaire.
Avez-vous réfléchi à une introduction en Bourse?
C'est clairement quelque chose de probable mais on veut faire ça au bon moment, en étant bien préparé. Pourquoi pas 2013, on verra... Ce sera en tout cas une étape naturelle dans le parcours de l'entreprise, vu le potentiel que nous avons en terme de croissance.
Selon vous, pourquoi les start-up françaises dans le secteur technologique sont-elles performantes?
C'est un secteur jeune qui a su grandir. Depuis les années 2000, les entrepreneurs qui avaient lancé leur première boîte au milieu des années 1990 ont monté leur deuxième, troisième start-up avec plus d'expérience et de maturité. On a d'ailleurs vu tout un écosystème de serial entrepreneurs se développer et des entreprises plus solides et plus globales se développer. Mais la véritable force de la France reste ses ingénieurs.
Qu'est-ce que vous conseillez aux autres start-up?
Je leur conseille de voir grand, de ne pas avoir peur d'aller à l'international. Les Américains ont réussi, il n'y a pas de raison que nous n'y arrivons pas. En tout cas, j'espère que nous pourrons être une source d'inspiration pour les autres car je pense que c'est en voyant de belles histoires, qu'on a envie de franchir le cap.
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