mercredi 23 octobre 2013

Total au Brésil

Total va exploiter le plus grand gisement pétrolier du Brésil

Les fortes participations de Shell et de Total ont surpris le marché qui misait plutôt sur une surenchère des compagnies publiques chinoises, finalement minoritaires.2
latribune.fr | 22/10/2013, 07:23 - 635 mots
Le pétrolier français va faire partie d'un consortium qui va exploiter pendant 35 ans le gisement de Libra, considéré comme le plus vaste du Brésil. Les réserves qui y sont enfouies sont estimées entre 8 à 12 milliards de barils de brut et leur mise en exploitation nécessitera au total un investissement de 280 milliards de dollars.
Total poursuit son implantation au Brésil. L'exploitation du plus grand gisement pétrolier du Brésil a été attribuée ce lundi à un consortium formé par le Brésilien Pétrobras (40%), Shell et Total (20% chacun) et les chinois CNPC et CNOOC (10% chacun), a annoncé lundi l'Agence Nationale du pétrole (ANP).
Ce consortium a été le seul à présenter une offre pour exploiter durant 35 ans le gigantesque champ pré-salifère de Libra. Considéré comme le plus vaste du Brésil, ce dernier couvre 1.500 km², et les réserves enfouies sont estimées entre 8 à 12 milliards de barils de brut.
Des participations de Total et de Shell qui surprennent
Les fortes participations de Shell et de Total ont surpris le marché qui misait plutôt sur une surenchère des compagnies publiques chinoises, finalement minoritaires. Les experts estimaient que les groupes publics chinois miseraient plus que les compagnies occidentales, étant plus soucieux de s'assurer des réserves stratégiques qu'un retour sur investissement rapide.
Dans un communiqué, le président de Total, Christophe de Margerie, a déclaré que
Libra offre une opportunité unique de participer au développement d'un méga-gisement offshore avec des partenaires stratégiques (...) Notre positionnement dans le bassin pré-salifère de Santos renforce et diversifie notre portefeuille amont et conforte ainsi notre stratégie de pérennisation de la production après 2017 pour la prochaine décennie.
Pour Dima Rousseff, il s'agit d'une "petite révolution bénéfique"
La présidente brésilienne, Dilma Rousseff s'est félicitée de ce "succès" qui provoquera, selon elle, une "petite révolution bénéfique et sera source de transformations pour notre pays".
De son côté le ministre des Mines et de l'Energie, Edison Lobao, a affirmé que "Libra marque un partage des eaux entre le passé et l'avenir", et a précisé qu'avec ce champ pétrolier le Brésil est passé de "12 milliards de barils de réserves de brut confirmées à plus de 25 milliards".
Libra devrait produire 1,4 million de barils de brut par jour dans cinq ans, alors que la production actuelle totale du Brésil est de 2 millions de barils/jour. Pour rappel, le Brésil a pour objectif de devenir le quatrième exportateur de pétrole au monde et vise une production de 5,7 millions de barils par jour d'ici à 2035.
De nombreux manifestants ont dénoncé la "privatisation du pétrole"
Les enchères se sont déroulées dans un contexte tendu marqué par des heurts entre forces de l'ordre et manifestants dénonçant une "privatisation du pétrole".
1.100 policiers et soldats avaient été mobilisés aux abords de l'hôtel où se déroulaient la cérémonie dans la zone ouest de Rio, et ont repoussé des manifestants radicaux en lançant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, a consataté l'AFP. Au moins cinq personnes ont été blessés, selon la police.
Des coûts très élevés qui en ont découragé beaucoup
L'exploitation de Libra nécessitera des investissements d'au moins 280 milliards de dollars, selon un communiqué de l'ANP.  Le consortium devra en outre verser à la signature du contrat prévue dans un mois 15 milliards de réais (6,9 milliards de dollars) à l'Etat brésilien. Libra va générer des recettes de "300 milliards de réais (138 mds USD) en royalties pour l'Etat brésilien, qui gagnera en plus 600 milliards (300 mds USD) en profit oil sur 30 ans", a affirmé la directrice de l'ANP Magda Chambriard.
Ces coûts élevés expliquent en grande partie que les majors américaines aient boudé cette mise aux enchères.
Ces premières enchères pour l'attribution des gisements du secteur présalifère brésilien étaient un test important pour l'avenir. Les prochaines enchères n'auront lieu que dans deux ou trois ans, selon Mme Chambriard. L'exploitation de Libra représente un grand défi technologique qui mobilisera de 12 à 18 plateformes et jusqu'à 90 navires pétroliers.

Source : La Tribune.fr, le 22 oct 2013