jeudi 21 mars 2013

Colle d'actualité : la Hongrie et les valeurs européennes

Voici la prise de notes de Gwénaelle. Merci !

La Hongrie et les valeurs de l’Union Européenne

Viktor Orban, 1er ministre ultraconservateur, au pouvoir depuis 2 ans, confirme une dérive nationaliste et réactionnaire. Majorité : 2/3 au Parlement

Verrouillage généralisé :
-          loi sur les médias, janvier 2011 : conseil des médias peut infliger des amendes. Seule radio d’opposition pour le moment privée d’antenne.
-          Allongement du temps de mandat des responsables nommés par le gouvernement
-          Loi sur la justice : un instance du gouvernement peut confier un cas au tribunal de son choix. Purge des juges via un âge de la retraite rabaissé à 62 ans.
-          Nouvelle loi électorale : oblige les électeurs à se réinscrire tous les 4ans sur les listes. Ce qui n’est possible que par Internet ou dans les grandes villes : ce qui dissuade notamment les Roms.

Politique
                                    Le système électoral a été modifié au profit du Fidezs, le parti du président. Le nombre de députés réduit de 386 à 199.
                                    Les mandats des titulaires de postes importants de l'appareil d'Etat sont attribués par le gouvernement. Economie, justice, police, armée, ces hauts fonctionnaires seront nommés pour douze ans. Même en cas d'alternance politique, le nouveau vainqueur d'une élection se verrait confronté à un appareil d'état totalement aux mains de fidèles de Viktor Orban.
                                    La nouvelle Constitution innove, puisqu'elle rend le parti socialiste d'opposition responsable de tous les crimes communistes commis jusqu'en 1989.

Economie et Finance
                                    La Banque Centrale hongroise a été reprise en main... malgré les critiques répétées du Fond Monétaire International et de la Banque Centrale Européenne. C'est désormais le premier ministre et non plus le président de la Banque Centrale qui désignera les hauts dirigeants de l'établissement.
                                    Un Conseil budgétaire de trois membres nommés par le Premier ministre aura le pouvoir d'opposer son véto au projet de budget.
                                    La TVA hongroise est désormais la plus élevée d'Europe puisqu'elle passe de 25 à 27

Société
                                    La Constitution qui contient désormais une référence explicite à Dieu, décrète que l'embryon est un être humain dès le début de la grossesse.
                                    Elle stipule aussi que le mariage ne peut avoir lieu qu’entre un homme et une femme.
                                    Une loi rend désormais les sans-abri passibles de peines de prison

Médias
La presse est fermement muselée. Depuis des semaines déjà des journalistes ont entamé une grève de la faim pour protester contre la censure et les ingérences répétées du pouvoir dans leur travail.
                                    La radio et la Télevision publique sont désormais placées sous l'autorité d'un Conseil des médias dirigé par une proche du président.
                                    La dernière radio d'opposition, Klubradio, s'est vu retirer sa fréquence

Religion
Désormais 14 communautés religieuses seulement continueront à bénéficier de subventions publiques contre 300 auparavant.


La situation hongroise peut paraitre isolée, mais elle peut aussi se transformer en modèle pour d’autres pays de la région, qui présentent les mêmes caractéristiques que la Hongrie. Les mesures de Viktor Orban n’auraient pas vu le jour aussi facilement, sans que celui-ci n’ait pu bénéficier dans sa conduite au pouvoir, d’une population dépitée par le déclin de son pays.
Si M. Orban réussit son coup, il pourrait inspirer d’autres dirigeants et mener à d’autres ruptures au sein de l’Union, et même si ce scenario parait quelque peu lointain, il n’est pas à exclure. D’une manière plus générale, l’Europe doit montrer au reste du monde, et notamment aux pays qu’elle critique pour leur autoritarisme, que ses idéaux ne sont pas négociables, et bien aux fondements mêmes de son existence.

56 : le peuple hongrois est le 1er à protester face à URSS.
Depuis 17/01/12 : 3 procédures en cours contre Hongrie à UE pour infraction au droit communautaire.

Orban : un conservateur qui met en place des lois liberticides pour faire fonctionner.

Victor Orban : populiste ou sauveur de la nation ?
Par rapport au passé : militant, rebelle contre communiste
Justifie les changements de constitution en la taxant d’issue du Stalinisme
Rend responsable socialisme des crimes communistes
Cohn-Bendit, député euro, l’a comparé à Castro et Chavez
Impôts à taux unique
Scolarité gratuite : le sauveur des jeunes ? Mais les jeunes sont forcés à rester travailler en Hongrie, donc un double tranchant.
On parle parfois d’Orban comme un nouveau Poutine : redonne confiance à la Hongrie. Nationalisme très fort, redorer le blason de la nation. Mais pas d’interdiction de manifester.
Sauveur de la nation, car donc résistant à un autoritarisme, et veut donc amener son peuple à avancer.

Budapest et Bruxelles : le jeu du chat et de la souris ?
Oui, un jeu très clair : vraies liaisons depuis 2004 et l’adhésion de la Hongrie à l’UE, qui était alors une démocratie.
2010 : élection d’Orban et début du jeu.
Décembre 2011 : commence à mettre en place des lois anti-démocratiques.
Critiques aussi américaines, pas que européenne.
L’Europe commence à agir, à critiquer fortement à partir de début 2012 : Commission européenne pose 3 recourts contre infraction à l’Etat de droit : les élus locaux sont en fait des hauts fonctionnaires nommés, âge de retraite des juges passés à 62 ans pour épurer les rangs. Orban n’a que 2 mois pour répondre, et au bout de ce temps là : pas de réaction.
La Commission a alors clairement menacé les fonds d’aides envoyés à la Hongrie, représentant jusqu’à 2% du PIB : une vraie menace économique qui amène à une modification des lois.
L’Europe évite de réagir de façon politique, et facilite le discours d’Orban sur la technocratie européenne. Les menaces économiques n’ont eu un impact que grâce à la réaction des marchés.
Sanction financière : 459Mds d’euros alloué à la Hongrie dans le fonds de cohésion européenne.
Déjà un cas dans ce genre avec Jörg Haider en Autriche en 2000 : tentative de le bloquer au niveau du Parlement Européen, mais çà n’a duré que quelques mois et ce fut un échec pour l’UE.
Enfin, Orban veut garder sa souveraineté monétaire et ne respecte pas les directives de la BCE.

Quelle opposition en Hongrie ?
Socialisme accusé des crimes du communisme. Mouvements en mars 2012. Médias muselés, dernière radio d’opposition s’est fait coupé ses ondes récemment.
Problématique pour les étudiants :
Réduction du nombre de place et d’un certain nombre d’enseignements (lettres, philosophie....)
2/3 du Parlement pour Orban et son parti.
Une opposition qui garde le droit de manifester, mais dont les manifestations sont peu efficaces, et l’absence de bavures policières les empêche de toute critique à ce propos.
De toute façon même si opposition forte et alternance, les hautes sphères de l’administration sont noyautés par le parti d’Orban.
Faible confiance du peuple hongrois en leur élite politique : taux de confiance inférieur à moins de 30%.


Valeurs :
Nouvelle Constitution : une famille est constituée d’un père, un mère et d’au moins un enfant : une idéologie « reproductive ».
Joue les 2 tableaux : s’insurge contre les propos antisémites et racistes (notamment anti-Roms), mais dans les faits, aucune sanction voire même législation à l’encontre des Roms. Nom de rue de dignitaires fascistes donné par des maires
SDF passibles de prison.
Droit de vote et nationalité hongroise donnée aux Hongrois de souche qui sont à l’étranger, donc relance du régionalisme magyar.
Le fait qu’il y ait une référence à Dieu (c’est le cas aussi dans la Constitution grecque), le refus du mariage homosexuel (comme en France pour l’instant par exemple), ou encore la restriction du droit à l’avortement (à l’instar de l’Irlande, Malte, la Pologne) ne sont pas de véritables atteintes aux valeurs européenne, puisque la Hongrie n’est pas une exception en Europe, ni même dans le monde.

Actualité : lundi 11 mars 2013 : 4ème amendement à la Constitution : la Cour constitutionnelle est vidée de ses pouvoirs, puisqu’elle avait plusieurs fois retoqué les lois votés par le Parlement hongrois aux 2/3 vouées au Fidezs. Elle ne peut plus se prononcer que sur des vices de formes et non de fonds. De plus, retraite des juges de 62 à 65 ans.