samedi 2 décembre 2017

Le Honduras décrète l’état d’urgence après des violences post-électorales

Le gouvernement a donné à l’armée et à la police des pouvoirs élargis, après des heurts engendrés par la contestation du processus électoral.
Le Monde.fr avec AFP et Reuters |  • Mis à jour le 

 Réagirr
A Tegucigalpa, le 1er décembre.

Le gouvernement du Honduras a donné, vendredi 1er décembre, à l’armée et à la police des pouvoirs élargis pour endiguer les violences engendrées par la contestation du déroulement de l’élection présidentielle. Dans les faits, cette déclaration de l’état d’urgence passe par la suspension pour dix jours des garanties constitutionnelles.

Le décret approuvé par le président sortant Juan Orlando Hernandez restreint notamment la libre circulation des personnes entre 18 heures et 6 heures, a précisé un porte-parole de l’exécutif, Jorge Ramon Hernandez Alcerro. Le régime d’exception, en vigueur depuis vendredi, ne s’applique pas au Tribunal suprême électoral (TSE), aux observateurs nationaux et internationaux en charge de la présidentielle, aux représentants des partis politiques et aux journalistes accrédités pour couvrir l’élection, selon le décret.
Plusieurs professions sont également épargnées, comme les salariés des transports, le personnel médical, les fonctionnaires de la sécurité et de la justice ou les membres du corps diplomatique ou des missions internationales, précise le décret.

Pas de vainqueur

Un haut responsable du conseil des ministres, s’était exprimé au sur un éventuel décret de l’état d’urgence peu après l’annonce faite par le tribunal électoral qu’il allait reprendre, samedi, le décompte des voix de la présidentielle organisée dimanche 26 novembre.
Juan Orlando Hernandez cherche à se faire réélire, mais sa candidature est contestée par l’opposition car elle se fonde sur une décision controversée de la Cour suprême l’autorisant à briguer un second mandat malgré l’interdiction de la Constitution.
Le Tribunal suprême électoral (TSE), un arbitre contesté, n’a toujours pas annoncé le vainqueur du scrutin. L’évolution surprenante des résultats, qu’il a distillés avec lenteur, a ajouté à la confusion et nourri les accusations : au fur et à mesure du décompte des voix, les résultats, très serrés, se sont inversés en faveur du chef de l’Etat sortant, qui était vendredi en tête avec 42,92 % des voix devant son rival de gauche Salvador Nasralla, 64 ans, de l’Alliance de l’opposition contre la dictature, crédité de 41,42 %.
Par milliers, les partisans du candidat de l’Alliance de l’opposition contre la dictature (gauche), Salvador Nasralla, ont manifesté dans la capitale Tegucigalpa et dans d’autres villes du pays pour réclamer le respect de la volonté populaire.

Au moins un mort

Vendredi, des milliers de partisans du présentateur de télévision ont bloqué la circulation dans le pays, suscitant des échauffourées avec la police. Au moins deux policiers et une dizaine de manifestants ont été blessés au cours des affrontements, dont certains par balles. Au moins un manifestant est mort et plus de vingt personnes ont été blessées, tandis que 100 autres ont été arrêtées pour pillage, vendredi, lors d’une nouvelle journée de heurts. Des saccages de commerces ont été signalés.
Les avenues et les sorties de Tegucigalpa ont été obstruées par des manifestants, incendiant des barricades et jetant des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répondu par des gaz lacrymogènes.
La population s’est précipitée dans les stations-service et les magasins d’alimentation, dans la crainte de ne plus pouvoir sortir de chez elle pour se ravitailler en raison des désordres. Beaucoup de magasins avaient préféré fermer et quelques vols internationaux ont été suspendus à l’aéroport de la capitale.
Entre jeudi et vendredi, la police a procédé à une cinquantaine d’arrestations de personnes soupçonnées de pillage dans la capitale et à San Pedro Sula (nord).
Le président du TSE, David Matamoros, a annoncé qu’une fois le dépouillement terminé, l’autorité électorale commencerait une phase « spéciale » de recomptage de certains procès-verbaux litigieux, en présence de représentants des partis. Au plus tard, le TSE doit proclamer un vainqueur au plus tard un mois après les élections du 26 novembre.