DS4 Les Etats-Unis entre Atlantique et Pacifique
Fille d’une puissance britannique
tournée vers les océans, les Etats-Unis ont longtemps eu des liens privilégiés
avec les pays européens qui bordent l’Océan Atlantique. Or, depuis 2012, la
Présidence Obama a développé une politique étrangère dite du « pivot
asiatique » face à une Chine menaçante. Etat-continent longtemps tourné
sur lui-même (doctrine Monroe, 1823), les Etats-Unis bordent les deux
principaux océans : le plus grand est le Pacifique dont les Etats
asiatiques se situent à moins de 9 000 km du territoire américain alors que
celui-ci n’est éloigné des rives européennes de l’Atlantique que de moins de 6
000 km. D’un côté, les rives de l’Europe et de l’Afrique et des territoires
latino-américains les plus peuplés … de l’autre, les rives asiatiques et
océaniennes ainsi que les rives pacifiques américaines. Cette ambivalence a
permis à l’amiral américain Mac Mahan de montrer la nécessité d’un « sea
power » pour contrôler les espaces mondiaux. Un demi-siècle plus tard,
Roosevelt explique à ses concitoyens que les océans ne les protègent plus, ce
qui nécessite alors la mise en route d’un arsenal industriel pour vaincre
Japonais et Allemands. La Californie va alors devenir un nouveau centre
économique en accueillant de nombreuses bases et usines. Ce processus va
favoriser l’essor de nouvelles activités économiques. Ainsi, réfléchir à la
place des Etats-Unis entre ces deux grands océans nécessitent une analyse de
leurs relations tant géopolitiques, culturelles que géoéconomiques avec tous
les acteurs qui les bordent : Etats, organisations régionales, firmes et
peuples. De fait, les Etats-Unis sont la seule puissance qui a de manière nette
des liens avec tous les espaces riverains atlantiques et pacifiques. Mais le
temps de « l’hyper-puissance » est révolue et les Etats-Unis ne
semblent plus avoir les moyens, et peut-être la volonté, de peser sur les
destinées du monde entier. Ces dernières années ont été marqué par une
réflexion sur l’utilité de l’O.T.A.N., outil clé des relations
Etats-Unis-Europe. Ainsi, il s’agit bien de s’interroger sur le déclin
étatsunien et en particulier la capacité et la volonté des Etats-Unis à
entretenir des relations avec à la fois les pays atlantiques (surtout
européens) et les pays pacifiques de plus en plus riches et puissants. Pour
cela, il faut d’abord constater que les relations qu’entretiennent les E.U.
avec le rives de l’Atlantique sont anciennes, mais inégales et irrégulières (I)
et surtout remises en question par l’émergence de l’Asie-Pacifique au poids
croissant en raison de la montée du Japon hier et de la Chine aujourd’hui (II).
Au final, la position d’interface peut être un moyen de limiter le déclin étatsunien
dans un monde globalisé et multipolaire, ce qui a des effets sur la géographie
économique interne du pays. (III).
La meilleure introduction de la classe (Antoine) :
Plan alternatif =
logique thématique
I/ des relations économiques de
plus en plus transpacifiques au détriment des liens transatlantiques
II/ mais les liens culturels et
politiques avec les rives européennes atlantiques restent importantes
III/ dans un monde de plus en
plus multipolaire, mais incertain, les EU peuvent jouer la carte du
« hub » (Hubert Védrine).
CONCLUSION :
Très
liés avec l’Europe, mais aussi avec l’Afrique à l’image d’un Président au père
kenyan, les Etats-Unis ont tissé des liens historiques avec les principales
puissances atlantiques pour en faire la principale région d’une alliance
clé : l’O.T.A.N., qui reste le fondement de la politique sécuritaire de
l’Union européenne. Cependant, cet atlantisme est remis en question par l’essor
de l’Asie-Pacifique tant en terme géoconomique que géopolitique : les
ambitions récentes de la Chine inquiètent les Etats-Unis mais aussi les Etats
et peuples d’Asie qui se tournent vers la seule puissance capable de les
protéger. La politique dite du « pivot » symbolise bien cette
priorisation asiatique de la part des Etats-Unis. Pour autant, les nouvelles
ambitions russes dans leur « étranger proche », très visible en
Ukraine, obligent les Etats-Unis à réaffirmer leurs liens avec leurs alliés
européens. Ainsi, les Etats-Unis sont plus que jamais entre Atlantique et
Pacifique. Moins dominant qu’auparavant, leur position d’interface est un atout
extraordinaire, résumé par le concept de « hub » exprimé par Hubert
VEDRINE. Pour autant, pourrons-ils ou voudrons-ils assumer encore un tel
leadership mondial ? En pleine campagne présidentielle, l’opinion
américaine hésite entre une mouvance « Tea party » favorable à un
repli isolationniste et l’avis interventionniste personnifiée par un Donald Trump
prêt à « rester en Iraq pour le pétrole ». Cette fracture politique
est historique aux Etats-Unis. Entre ces deux voies, le multilatéralisme est de
toute évidence celle de la sagesse suivie par Barack OBAMA dont le bilan
extérieur est pourtant très critiqué…mais, avec l’arrivée en janvier 2017 d’un
nouveau président (ou Présidente) à la maison blanche, les choses pourraient
changer…
CROQUIS :
la meilleur réalisation dans la classe (Léa) :
Corrigé rédigé (source : La dissertation d'histoire-géographie et géopolitique aux concours d'entrée des 2coles de commerce, édité chez Ellipses et coordination d'Alain Nonjon)
DS3 équilibre des puissances en Asie de l'Est et du Sud
DS2 croquis laChine face au monde
DS n°1 : CORRIGES + introduction de deux étudiants
Sujet : Mondialisation et inégalités depuis 1914
Depuis quelques années,
on assiste à un débat sur les inégalités. Le dernier « Etat du
monde », sorti en septembre 2015, y consacre son thème de l’année. Dans
les pays développés, la question de leurs causes est revenue sur le devant de
la scène médiatique depuis la crise de 2008 et l’essor de mouvements
contestataires concentrés sur les symboles de la mondialisation comme les
bourses. Ainsi, le mouvement « Occupy Wall Street » illustre la mise
en accusation croissante de la mondialisation qui serait responsable de la
hausse des inégalités. Processus multiforme, la mondialisation est
complexe : pour les historiens, nous avons connu, depuis 1914, trois
phases : l’internationalisation lors de la seconde révolution industrielle
(début vers 1780), puis une « mondialisation refusée » (J.LEVY) de
1917 aux années 1970, et enfin, depuis plus de 30 ans, une mondialisation
financière ; pour les géographes comme Laurent CARROUE, il s’agit d’un
« processus multiséculaire d’extension du capitalisme dans le temps et
dans l’espace » ; pour les économistes, elle se caractérise plus par
la création d’un marché mondial ; quant aux sociologues, il implique
l’élaboration d’une société-monde uniformisée, copie d’un « American way
of life ». Pourtant, cette société où les classes moyennes dominent semble
en construction ; la montée du niveau de vie des Chinois en est un parfait
exemple. Tout ceci pose la question des inégalités : mesurées par le
PIB/habitants ou l’indice de Gini, elles s’illustrent par des écarts importants
entre les populations ou les Etats du monde. Elles ne sont également pas que
financières, mais concernent les modes de vie et de pensée… Au final, il existe
deux grands types d’inégalités : les inégalités intra-étatiques mesurent
les écarts au sein des Etats tandis que les inégalités mondiales permettent une
comparaison internationale.
Mais alors, comment la
mondialisation qui permet aux Chinois de mieux vivre, peut-elle être accusée
d’augmenter les inégalités en Occident : autrement dit, comment et
pourquoi la mondialisation peut-elle à la fois augmenter et freiner les
inégalités ? Il s’agit d’abord de constater et analyser l’évolution
irrégulière des inégalités internationales en fonction des phases de la mondialisation
(I) tandis que les inégalités intra-étatiques semblent avoir été toujours
présentes depuis 1914 (II) ; tout ceci rend nécessaire la recherche des
effets des inégalités et des solutions afin de les limiter dans l’avenir.
I/ UNE EVOLUTION IRREGULIERE DES
INEGALITES INTERNATIONALES DEPENDANTE DES DIFFERENTES PHASES DE LA
MONDIALISATION, MAIS QUI S’ATTENUENT DEPUIS 20 ANS… 7 paragraphes
A –Une opposition historique entre Nord et Sud
1°.
La domination hist des pôles triadiques
2°.
La domination liée à des territoires spécifiques, reflets d’inégalités
territoriales : ports, aéroports, villes mondiales…
B –Pourquoi ?
1°.
La logique de la DIT et de la colonisation
2°.
La logique d’espace en réseaux (archipel mégalopolitain mondial)
C – Depuis les années 1990, la limite Nord-Sud s’atténue
1°.
La montée des NPIA et des émergents
2°.
La difficulté des anciens pays industrialisés
3°.
L’autre logique de la DIPP est plus favorable aux NPI (accès à la technologie,
au financement et au savoir-faire ouvrier)
II/… par contre LES INEGALITES
INTRA-ETATIQUES SEMBLENT S’AGGRAVER… 8
paragraphes
A – Les trois phases des inégalités internes
1°.
1914-1945 : le temps de la lutte des classes entre l’ouvrier fordiste et
le patronat
2°.
1945-1990 : le temps des classes moyennes
3°.
Depuis les années 1990 ; le temps des actionnaires
4°.
Une vision hist occ à relativiser : + cl moyennes ds pays émergents et
pays en retard (PMA, Etats faillis)
B –Les autres formes d’inégalités internes
1°.
Progrès limités des inégalités du genre
2°.
Inégalités culturelles et pol en baisse : homogénéisation culturelle ?
C – Aujourd’hui, 4 types de pays selon l’indice de Gini qui montrent
que la mondialisation n’est pas responsable de tout
1°.
Une fracture nord-Sud montre la responsabilité majeure de la mondialisation
2°.
Mais aussi une diversité de situation qui illustre d’autres facteurs (corruption,
conflits…)
III/ d’où des EFFETS IMPORTANTS qui
nécessitent de TROUVER DES SOLUTIONS 7
paragraphes
A –Les inégalités provoquent des effets majeurs
1°.
Les migrations, reflets et solutions des inégalités N-S : effets pour les
pays de départ et d’accueil
2°.
Le repli identaire pol ou rel, refus d’une mondialisation déséquilibrée
B – Des solutions nationales qui fonctionnent
1°.
Le rôle pivot de l’Etat : social-démocratie eur et Etat autoritaire en
Asie ; réussite relative des voies autocentrées communistes
2°.
Les propositions des alter-mondialistes : privilégier le local
C – Des solutions internationales plus difficiles à mettre en oeuvre
1°.
L’action des OI et des ONG depuis 1945
2°.
Une action contradictoire : l’ex des PAS du FMI
3°.
Le mythe d’un réseau alter-mondialiste
Ainsi, chaque étape de la
mondialisation correspond à une évolution contrastée des inégalités : de
1914 aux années 1970, les inégalités mondiales n’ont jamais été aussi fortes,
mais les inégalités internes ont peu à peu baissé ; depuis les années
1980, la mondialisation actuelle a permis à de nombreux pays d’émerger, d’où
une baisse des inégalités internationales, mais à l’inverse, les inégalités
entre individus n’ont jamais autant ressembler à des abymes entre
multimilliardaires et extrême-pauvreté (0.6 dollar/jour au Malawi !). Si
les modèles autocentrés d’orientation socialo-communiste n’ont pas résisté à
l’extension d’une mondialisation capitaliste, les pays qui ont adopté un modèle
hybride, mélangeant libéralisme et Etat redistributeur, ont le mieux préservé
leur cohésion sociale interne tout en étant compétitifs.
Le
modèle social-démocrate, symbolisés par la Suède, un des pays ayant l’indice de
Gini le plus bas du monde ou la Norvège, leader mondial en terme d’IDH depuis
sa création en 1990, est sans conteste le mélange idéal entre mondialisation et
égalité.
Comme après la dépression des
années 1930, la gravité de la crise actuelle montre bien un retour de
l’Etat : ce sont bien les crises spéculatives de la mondialisation qui
obligent à des formes de régulation. Si de nombreux Etats ont compris la
nécessite de cette régulation, celle-ci reste difficile au niveau
international. Entre alter-mondialisation parfois utopique et mondialisation
ultra-libérale, la voie sera peut-être trouvée un jour pour une mondialisation
à la fois sociale et libérale…
Analyse de carte : le coefficient de Gini dans le monde
Défauts
à éviter :
Présentation : -
se contenter de répéter la source
-négliger projection ou
échelle
-chercher une
problématique complexe (l’exercice reste un commentaire de document
« classique »)
-ne pas annoncer le plan
ou la logique de la démonstration
Analyse : -ne
pas structurer le développement (3 ou 4 paragraphes)
-être noyer par les
détails au détriment d’un vocabulaire bien choisi et d’un ex pertinent
-ne pas prendre les
infos avec recul
-ne pas expliquer les
informations
Bilan : -oublier de faire un résumé en une
phrase
-ne pas faire
d’ouverture
Présentation du sujet et du document :
Dans l’Entre-deux-guerres, l’Italien
Corrado Gini axe ses travaux sur les statistiques et en particulier la mesure
des inégalités. Aujourd’hui, son indice est très utilisé : allant de 0 à
1, de l’égalité totale à l’inégalité absolue, il donne une vision des
inégalités internes aux Etats ; c’est le cas de ce planisphère (projection
Mercator), tirée d’un hors-série du magazine géopolitique Diplomatie (dont les
données viennent de l’ONU et de la CIA).
Classées en 9 catégories, elles vont
nous permettre de comparer les inégalités récentes (2009) intra-étatiques à
l’échelle mondiale. Des pays assez égalitaires à ceux qui sont très
inégalitaires, nous pouvons observer quatre grandes situations mondiales et
tenter de les expliquer afin d’avoir une vision globale des inégalités
internationales.
Développement :
Tableau de synthèse des 4
paragraphes du développement de l’analyse de carte :
Type
|
« traduction »
|
sens
|
Régions/continents
|
Facteurs explicatifs
|
exemple
|
Inf à 0.3
|
Indice très faible
|
Pays très égalitaires
|
Europe
|
Etat redistributif
Social-démocratie
|
Suède
|
De 0.3 à 0.5
|
Indice assez faible
|
Pays assez égalitaires
|
Reste de l’Europe
Asie centrale
Qques pays afr/ MO
|
Etat-providence
Passé communiste ou socialiste
poids de l’Etat
|
Canada
Mongolie
Inde
|
De 0.4 à 0.6
|
Indice assez élevé
|
Pays assez inégalitaires
|
Amériques
Asie de l’Est
Moyen-Orient
|
Pays riches mais libéralisme
|
Etats-Unis
|
Sup à 0.6
|
Indice très élevé
|
Pays aux fortes inégalités
|
Brésil RCA Afrique du Sud
|
Ségrégation
colonisation
|
|
Ex de paragraphe rédigé :
Les pays qui ont un indice très
faible, inférieur à 0.3, sont très égalitaires. Ce sont le plus souvent des
pays riches qui ont mis en place, surtout après 1945, un Etat-providence qui
redistribue les richesses au sein de la population. Aides sociales, impôt sur
le revenu progressif, sécurité sociale généralisée… permettent ainsi une
redistribution des revenus.
Aspect critique de
l’analyse :
On peut regretter l’absence de
données pour un nombre élevé de pays (une quinzaine). Ce phénomène est
certainement lié à la faiblesse des structures institutionnelles des P.M.A. Les
Pays moins avancés, essentiellement africains, se caractérisent par les
défaillances de l’Etat. Ces Etats faillis ont parfois du mal à assurer le
minimum vital à leur population et évidemment à fournir des données
statistiques aux organismes internationaux tels que le P.N.U.D.
Bilan :
Ainsi, l’indice de Gini reflète bien
l’opposition Nord-Sud, mais cette ligne est trop réductrice et minore la
diversité des inégalités intra-étatiques mondiales souvent lié à
l’histoire propre au passé de chaque Etat. Ainsi, les deux pays développés
d’Amérique du Nord à l’IDH proche ont un système socio-économique profondément
différent.
INTRODUCTION DE DISSERTATION DE DEUX ETUDIANTS