Sujets corrigés

Sujet sur l'ASIE

Analyse de carte : le déploiement stratégique de la marine chinoise



Corrigé


Phase
Etape
Détails
REPONSES
Intro-duction
1.  Présenter le sujet
-analyse des termes
- bornes chrono/espace
-extension récente de la marine chinoise tant au niveau équipement (2 porte-avions) qu’au niveau géographique (bases, interventions).

-carte mondiale non entière (donc extension géo partielle), eurocentrée = choix technique inadapté au sujet ; source = revue Diplomatie à partir de 3 sources différentes

-  intérêt = analyser l’extension de la marine chinoise afin de voir les différents axes et motivations des dirigeants chinois
2 Présenter la carte
-sources/auteur
-nature
-échelle/projection
3. Intérêt de la carte
- lien entre le sujet et la carte
Analyse
3
Analyse…
-plan : de 2 à 4 thèmes
1       Priorité à la mer de Chine =1ère étape

2      Une stratégie actuelle pacifique de sécurisation énergétique
3        Une stratégie nationaliste croissante
4            A terme, un conflit inévitable avec les Etats-Unis et les voisins ?
-arguments précis visibles dans la carte
Façade maritime nationale : 3 bases navales

Détroits d’Ormuz, détroit de Bal-el-Mandeb
7 pays alliés du Cambodge à l’Iran
5 lieux à litiges dont Archipel Diaoyutaï
Spratley
Paracels

« blue line » à 2 ou 3000 km des côtes chinoises
-connaissances
-vocabulaire clé
-analyse
-complément
ZEE
Equipement croissant de la marine = 2nd budget mili mondial
Collier de perles = réseau d’alliés
Piraterie somalienne
Différents frontaliers avec nbx paysEnjeux =
1 ressources (poissons, hydrocarb)
2 nationalisme avec question de Taïwan
Pol étr am du « pivot » = protection pour pays de la région
4 …
critique
-visible
-invisible


         
Route maritime non tracée

Aucunes infos sur les Etats-Unis
Conclu-sion
5 Portée
En quoi la carte-t-elle répond au sujet et à l’intérêt dégagé en introduction ?
Déploiement non mondial, mais motivations éco et pol = marine = outil de puissance avec une extension progressive d’abord régionale, et non encore mondiale.



 Dissertation
Sujet 1 :

La territorialisation des espaces maritimes asiatiques : atout ou risque pour le monde ?

Corrigé  :


Erreurs à éviter :                 -trop limiter le sujet à l’Asie de l’Est, surtout à la Chine
                                               -traiter « pour le reste du monde » et non « le monde », donc aspects internes à l’Asie importants
                                               -ne voir qu’un de des deux gds thèmes su sujet : soit géopol, soit éco
                                               -penser aux acteurs du sujet : organisations mondiales ou régionales, Etats, firmes, élites, peuples
                                               -se contenter d’un plan sans risques (mais non interdit)  I/ terr  II/ atout   III/risques
                                               -négliger la question environnementale
                                               -ne pas voir tous les aspects multiscalaires du sujet (voir jeu de couleurs du corrigé visible sur le blog)                  

Signes d’une réussite :      -plan qui nuance le propos (ce qui justifie le point d’interrogation)
                                               -variété de l’argumentation au niveau géo
                                               -précision de l’argumentation (développer un ex bien maîtrisé)
                                               -conclusion qui ne se contente pas de faire le bilan des 3 parties, mais répond à la problématique et propose une relance du débat (ouverture)

Problématique : Les intérêts éco, pol et géopol des pays asiatiques liés à l’extension de leurs espaces maritimes sont-ils compatibles avec la logique mondialiste ? Mais, les problèmes ne viennent-ils pas surtout de l’Asie elle-même ?
Partie
Idée centrale
Sous-partie
Ex /types
Mots clés
acteurs
I
La territorialisation est un prolongement récent et positif pour un éco mondialisée…
A –Une logique économique
Diaoyu/Senkaku
Ressources halieutiques, hydrocarbures
FMN chin et jap
Consommateurs du monde entier
B – Une logique commerciale
Ormuz ou détroit de Malacca
Mondialisation ports exp routes maritimes
Sécurisation r
Marines eur, am, chinoise…
C – d’où l’évolution juridique
1982
Montego Bay
ZEE
Plateau continental
Communauté internationale
Tribunal inter du dt de la mer Hambourg
II
… mais aussi sources de problèmes à la fois en Asie et dans le monde…
A – En Asie
Conflits anciens non résolus
Corée du Nord
Vietnam/Chine
Taïwan
Kim Jon Un
PCC PCV
Différends insulaires :
Spratley
Souveraineté
Nationalisme
populisme
Elites/armées/peuples
 B – Ds le monde
Risques géopol : menace chinoise, réarmement







Etats-Unis
Risques éco et env
pollution
Continent plastique

III
D’où une forte incertitude pour l’avenir qui oblige à dépasser les risques ?
A – L’Asie de l’Est et le Pacifique or, territoires clés
Asie du Sud-Est
Pacifique or
ASEAN « circuit intégré asiatique »
« blue line » = risque
Ou ASEAN étendue = coopération
FMN eur, am, jap
Etats-Unis
B – Des solutions éco et géopol pour apaiser les tensions
Route du Nord (Arctique)
Routes terrestres Xinjiang-Europe de l’Est
Réchauffement climatique
Pont intercontinental
Russie
Asie centrale
G2 EU-Chine ou retenue PCC
Coopération
pivot
Etats-Unis


corrigé rédigé :



            En 1982, plus de 150 Etats (soit la presque totalité des Etats de l’époque) se réunissent à Montego Bay et aboutissent à la signature d’accords juridiques sur le droit de la mer avec, en particulier, la création de Z.E.E., zones économiques exclusives ainsi que de leur extension possible via le plateau continental. Cet accord international majeur illustre parfaitement la territorialisation des espaces maritimes. Il s’agit d’un processus d’occupation par les hommes et de maîtrise par les Etats des espaces situés dans les mers et océans. Il implique donc une fragmentation de l’espace maritime par la création de frontières nouvelles. Cette occupation débute par une demande de souveraineté de la part des Etats sur des espaces maritimes ainsi que sur les îles qui y sont intégrées et implique souvent les firmes, notamment pétrolières. L’importance des hydrocarbures et leur essor en off-shore peut ainsi justifier d’avoir une vision large de l’Asie et d’y inclure sa partie occidentale, c’est-à-dire le Moyen-Orient. En Asie, le plus grand océan est le Pacifique dont la superficie est de 180 millions de km² ; quant à l’Océan indien, il est 3 fois plus petit. S’ajoutent de nombreuses mers dont la mer de Chine dont plusieurs îles défrayent l’actualité. Ainsi, l’année 2012 a été marquée par de multiples incidents entre la Chine et le Japon au sujet des îles Senkaku (nom japonais) ou Diayo (nom chinois). Pourtant, les relations commerciales entre ces deux pays sont importantes et, évidemment, la plupart des échanges de marchandises passent par la voie maritime. Depuis 1984, les échanges trans-pacifiques ont dépassé ceux qui concernent l’Atlantique. Les enjeux économiques de l’Asie sont en effet colossaux. Le principal continent émergent est devenu « l’usine du monde » ; une partie importante des biens consommés par les Occidentaux viennent d’Asie.
                Ainsi le contraste entre les tensions et les relations sino-japonaises nous amènent logiquement à nous interroger sur la compatibilité entre les intérêts économiques, politiques et géopolitiques des pays asiatiques liés à l’extension de leurs espaces maritimes et la logique mondialiste et libre-échangiste… mais au final les principaux problèmes ne pourraient-ils pas venir des pays asiatiques eux-mêmes ?
                La territorialisation est en effet un prolongement récent et positif pour une économie mondialisée (I), mais aussi sources de problèmes à la fois en Asie et dans le monde (II), d’où une forte incertitude pour l’avenir qui oblige à dépasser les risques tant à l’échelle régionale que mondiale (III).


***


                La territorialisation correspond surtout à trois logiques : commerciale, économique et juridique.
                La logique commerciale est ancienne. Dès le XIVè siècle, l’amiral chinois Zheng He a certainement passé le Cap en Afrique. Depuis le XVème siècle, l’européanisation du monde se caractérise par l’appropriation par les Portugais, puis les Hollandais et les Britanniques, de voies maritimes reliant l’Asie à l’Europe. Ces voies ont abouti à la création de comptoirs situés stratégiquement  afin de trouver les distances les plus courtes et donc gagner du temps. En Asie, l’ouverture du canal de Suez en 1869 va donner au détroit de Malacca une grande importance que les dirigeants de Singapour vont très bien exploiter. Cette appropriation implique une sécurisation des navires commerciaux par la création de ports qui permettent de protéger les navires de la piraterie, mais aussi d’approvisionner navires (en charbon hier, en carburant aujourd’hui) et marins.              Aujourd’hui, la principale route maritime est l’axe qui relie les ports pétroliers et gaziers du Golfe arabo-persique aux ports asiatiques dont le premier du monde, Shanghai. Cette route est marquée par deux lieux clés : au départ, le détroit d’Ormuz (géographiquement en Asie) voit passer les 2/3 du trafic d’hydrocarbures du monde tandis que le détroit de Malacca, plus de 200 navires dont beaucoup de porte-conteneurs venus des ports exportateurs chinois, japonais ou sud-coréens.
                Cet essor du commerce implique aussi l’essor de l’activité commerciale bordière, le long des littoraux. Le cabotage est en effet très ancien et permet d’éviter la saturation des axes autoroutiers ou ferroviaires terrestres. De même, la poldérisation permet un gain d’espace parfois important comme à Singapour qui a fortement augmenté sa superficie. Manquant de terrains disponibles, la construction de quais a été la clé du succès de ce micro-Etat parfaitement situé le long de la route maritime la plus fréquentée du monde, du Moyen-Orient à l’Asie de l’Est.
                A cette logique commerciale, s’ajoute une logique économique.
                En effet, de nombreux Etats au cœur de la mondialisation bordent cet axe : depuis la réussite du modèle japonais (marqué par une littoralisation des activités industrielles) et une extraversion de l’économie (essor des firmes exportatrices), la plupart des pays d’Asie de l’Est et maintenant de toute l’Asie ont développé des politiques économiques d’insertion à la mondialisation. De la Corée du Sud à l’Inde, de nombreux Etats asiatiques portent un intérêt majeur à la territorialisation car leurs façades maritimes concentrent une partie importante de leurs industries, de leurs métropoles et donc de leurs richesses. Assez littorale, la mégalopole japonaise regroupe plus de 100 millions d’habitants, soit les 80% de la population du pays. L’intérêt est aussi mondial : les consommateurs du monde entier, et Occidentaux en particulier, profitent beaucoup des produits asiatiques peu chers.
                Or, la logique de croissance industrielle et de consommation de masse a impliqué un épuisement des ressources terrestres, d’où la nécessité d’en rechercher de nouvelles en mers ; pour l’instant, il s’agit de deux types de produits : les hydrocarbures en off-shore et le poisson. Depuis quelques années, on assiste à l’essor de champs éoliens marins : les hydroliennes semblent vouées à un essor important. Plus tard, l’exploitation de nodules polymétalliques devrait être possible et rentable. Cette recherche de nouvelles ressources est particulièrement forte en Asie en raison des besoins énormes des puissances émergentes : la Chine, mais aussi les « nine eleven » comme l’Indonésie déjà peuplée de 250 millions d’habitants. La Chine importe aujourd’hui près de 40% de certains minerais vendus dans le monde. Il est donc logique que les Etats qui ont des littoraux souhaitent s’approprier les espaces maritimes tels que la mer de Chine méridionale, par exemple, qui possède des ressources pétrolières et halieutiques.
                C’est cette double logique (économique et commerciale) qui pousse à une logique juridique de souveraineté des Etats sur les espaces maritimes. La conférence de Montego Bay reconnait 5 espaces maritimes : les eaux intérieures et la mer territoriale, où l’autorité de l’Etat est totale ; la Z.E.E. (jusqu’à 200 milles) et son prolongement éventuel, le plateau continental (jusqu’à 400 milles) ; enfin la haute mer, dont les fonds sont gérés par une Autorité internationale, créée en 1994 et localisée à Kingston. La totalité des Z.E.E. recouvre le tiers de la surface des mers, mais en Asie, l’existence de plusieurs états insulaires (Indonésie, Philippines, Japon, Taïwan…) implique une forte présence étatique au sein des espaces maritimes, en particulier sur la façade pacifique. Au contraire, pour l’Inde, Etat-continent au littoral étendu, le nouveau droit international permet une formidable extension des espaces maritimes où elle peut exercer sa souveraineté ; en effet, à l’exception du Sri Lanka, rien de freine la délimitation d’une Z.E.E. maximale.
                Ainsi, la territorialisation est une émanation de la mondialisation. La conférence de Montego Bay est la conséquence d’une demande d’Etats qui sont en concurrence.
               
*

                En effet,  si la territorialisation représente un atout extraordinaire grâce aux ressources et aux enjeux commerciaux, parfois, comme en mer de Chine, cette concentration d’Etats et d’îles rend complexe le découpage des Z.E.E. et implique de nombreux litiges, d’où des différends, risques potentiels de conflits et ce d’autant plus que les Etats ayant les plus grandes superficies de Z.E.E. sont les Etats-Unis et la France. Leur possession d’îles leur permet de demander l’extension de leurs espaces maritimes.

                Lorsqu’un archipel comme les Spratley, se situe à égale distance de plusieurs Etats la situation est compliquée : la Chine, le Vietnam, la Malaisie, les Philippines et le Brunei revendiquent cet archipel !
                Les conflits éventuels sont d’autant plus plausibles que l’Asie est un continent où certains aspects de la Guerre froide y subsistent encore. Il s’agit pour l’essentiel de deux cas : d’une part, l’opposition des deux Corée et, d’autre part, Taïwan. La Corée du Nord reste en effet le dernier régime qualifié de stalinien : dirigé par Kim-Jon-Un, petit-fils du fondateur de la Corée communiste, le pays dispose de l’arme nucléaire qu’il menace fréquemment d’utiliser contre certains pays tels que le Japon. Ces dernières années, une île sud-coréenne, située sur une zone revendiquée par la Corée du Nord, a été l’objet de bombardements qui ont provoqué quelques morts. Si la question de Taïwan est moins meurtrière, elle n’en n’est pas moins conflictuelle : depuis la fuite des troupes de Jiang Jieshi en 1949 dans cette île, le Parti communiste chinois la considère comme faisant partie intégrante du territoire chinois. Or, le régime taïwanais est sous la protection de la marine étatsunienne. Les incidents sont donc fréquents : on dénombre trois crises de Taïwan dont la dernière dans les années 1990. Nous savons qu’un parti indépendantiste a été au pouvoir récemment et que le P.C.C. considérera toute proclamation d’indépendance comme « casus belli ».
                Les différends sont parfois plus anciens et liés aux rancoeurs nationalistes liés à l’époque de l’expansionnisme japonais (fin du XIXème siècle). C’est le cas de Taïwan qui a été pris par les Japonais à la Chine en 1895 ainsi que la Corée qui a été occupé un peu plus tard et surtout du territoire continental chinois qui a été occupé de manière violente comme lors du massacre de Nankin en 1937. Les « remords » de l’ancien Premier ministre Koizumi n’ont pas suffit, surtout en raison de sa visite au sanctuaire où résident les grands militaires japonais qui ont justifié ces offensives. Ainsi, ces animosités nationalistes débouchent fréquemment sur des crises. L’archipel des Senkaku-Diayo cristallisent le problème sino-japonais. Occupé par les Etats-Unis jusqu’en 1972, elles sont redevenues japonaises ensuite… mais elles appartenaient auparavant à la Chine qui, depuis peu, revendique la souveraineté. Lors du printemps 2014, le P.C.C. a proclamé de manière unilatérale le contrôle aérien au-dessus de ces îles riches en poissons et en hydrocarbures. Mais ici, l’enjeu est politique. Face à des mécontentements croissants liés aux inégalités croissantes, à la pollution ou à la pollution, le P.C.C. instrumentalise le sentiment anti-japonais des Chinois en se focalisant sur la revendication d’îles telles que les Senkaku… éternelle tactique politique populiste qui consiste à externaliser un problème interne. En 2012, des magasins japonais ont été saccagés et il semble aussi que les ventes des véhicules japonais aient moins progressé sur le marché chinois.
                L’inquiétude gagne aussi l’Asie du Sud où les populations et les élites indiennes ont le sentiment d’encerclement face au « collier de perles ». Du Cambodge à l’Iran, le P.C.C. développe en effet une série d’accords afin d’obtenir des facilités portuaires pour les navires civils et militaires chinois. L’objectif est de sécuriser la route des hydrocarbures, mais il illustrer l’essor des ambitions et donc du budget militaire chinois qui est désormais le second mondial, derrière les Etats-Unis.
                Tout cela est anxiogène pour les peuples et dirigeants dont certains, déjà alliés depuis la Guerre froide avec les Etats-Unis, réclament une aide supplémentaire de leur part. La politique dite du « pivot », c’est-à-dire de réorientation des forces militaires étatsuniennes de l’Europe (où la menace soviétique a disparu) vers l’Asie, est bien une réponse à l’offensive récente de la Chine qui semble vouloir devenir une grande puissance régionale asiatique. Ainsi, 8 des 10 premiers clients des ventes militaires étatsuniennes sont Asiatiques et le premier est la Corée du Sud. Les achats cumulés de celle-ci, de Singapour et du Japon atteignent 8 milliards de dollars ces dernières années. Par ailleurs, l’Inde a en projet d’avoir plusieurs porte-avions. L’Asie est donc clairement lancer dans une course aux armements. L’économiste de l’I.F.R.I., Françoise Nicolas compare cette situation d’une interdépendance économique et commerciale et d’alliances militaires de l’Asie actuelle à celle de l’Europe de 1913.
                La menace n’est pas seulement étatique ; elle peut aussi venir de populations pauvres qui cherchent un butin facile en profitant de la faible protection au sein des navires ainsi que de multitude d’îlots non peuplés où se cacher : c’est ainsi que le détroit de Malacca et les côtes somaliennes sont des hauts lieux de piraterie. Les pirates profitent aussi de la proximité d’eaux internationales où ils peuvent éviter les polices ou douanes nationales.
                Un dernier problème s’ajoute : il s’agit des risques environnementaux liés au modèle de croissance  de masse qui concentre hommes et activités sur les littoraux. La pollution des navires par dégazage de leurs soutes ou bien l’utilisation massive de sable pour construire des polders en sont deux exemples connus. Le continent plastique, évoqué par Jean-Christophe Victor dans son émission « le dessous des cartes » l’est un peu moins. La concentration de sacs poubelles et autres déchets plastiques s’accumulent dans une partie centrale de l’Océan Pacifique sur une distance de plusieurs centaines de km et une épaisseur de plusieurs mètres. Toute récupération de fines particules est très complexe.

*

                Cette situation est évidemment une catastrophe pour la faune et pose la question d’une gestion internationale de ces déchets situés en eaux internationales sans propriétaire étatique… Face à de tels problèmes et différents dont certains peuvent déboucher sur des conflits, la solution ne peut venir que d’une volonté des différents acteurs politiques asiatiques à se mettre d’accord, soit par la menace américaine, soit par une coopération régionale ou transrégionale.

                Seuls les Etats-Unis ont la capacité militaire de freiner l’expansionnisme militaire de la Chine. L’augmentation du nombre de soldats (comme à Singapour, par exemple) est bien une réponse militaire qui vise à persuader les autorités chinoises d’aller trop loin. La « green line » et surtout la « blue line », présentées par la revue Diplomatie, montrent de manière précise les velléités militaires chinoises qui entrent en totale opposition avec la réalité politique et militaire actuelle de l’Asie de l’Est. Ces lignes illustrent peut-être l’espoir du P.C.C d’un retrait militaire américain, signe d’un vide géopolitique qu’il serait prêt à combler. La perspective d’un arrêt de l’aide américaine à certaines îles du pacifique explique les investissements récents chinois qui visent à étendre l’influence de la chine au détriment des Etats-Unis. Mais, le voisin vietnamien, pourtant anti-américain de part son histoire, a donné une facilité portuaire à la marine étatsunienne.
                Cependant, l’usage de la menace s’accompagne souvent de celui de la diplomatie. Le P.C.C. demande une souveraineté maritime très étendue peut-être pour obtenir simplement la possession de Taïwan et l’acceptation par la communauté internationale de l’occupation du Tibet. La tactique d’une demande forte et menaçante pour obtenir le but recherché est connue et classique lors de toute négociation.  La « pax americana » de la fin du XXème siècle peut éventuellement être suivie par un G2 sino-étatsunien où Etats-Unis et Chine exercerait une autorité équilibrée sur le monde. Cependant, vu l’absence de toute action diplomatique chinoise à l’O.N.U. d’août à octobre 2012, cette hypothèse semble peu crédible. Mais la Chine a-t-elle intérêt à provoquer un conflit ? Selon le géographe français Thierry Sanjuan, la Chine est « contrainte à la puissance » et n’est donc pas prête à assumer un rôle international. L’armée chinoise ne semble pas encore au niveau de celle des Occidentaux. Est-elle aussi prête à affronter les pays adversaires qui s’équipent aussi. De même, l’Inde qui a déjà perdu un conflit face à ce pays est-elle à nouveau prête à une nouvelle guerre ?
                En effet, l’Asie est aussi un continent plein de coopérations : l’Association des Etats du Sud-Est Asiatique (A.S.E.A.N.), né en 1964 et qualifié aussi par Vincent Thébault, géographe toulousain, de « circuit intégré asiatique » illustre bien l’importance des flux inter-firmes et donc de l’intégration régionale croissante. Après l’Europe, l’Asie de l’Est et du Sud-Est est la seconde région du monde au niveau de ses échanges intra-régionaux : hommes (diaspora chinoise, indiennes…), capitaux, produits, idées circulent énormément. Par exemple, le sous-traitant taïwanais d’Apple, Foxconn, a la plupart de ses usines en Chine. Tout conflit remettrait en question son activité et la prospérité régionale… mais aussi mondiale (puisque les Ipod ou Ipad sont vendus dans le monde entier). L’interdépendance concerne aussi la Chine et les Etats-Unis. Toute chute de la consommation américaine (ou européenne) entraîne celle de la production industrielle de la Chine. Le Forum de l’A.P.E.C., réuni à Singapour en 2009, exprime bien cette idée dans sa déclaration finale : « Les membres de l’A.P.E.C. doivent forger un partenariat fondé sur l’intérêt commun de produire une croissance forte, équilibrée et durable ». De manière réaliste, la piraterie développée dans le détroit de Malacca a fortement baissé grâce à une coopération des polices de différents pays (Singapour, Malaisie, Japon). De même, la marine chinoise participe à la lutte contre la piraterie somalienne, en collaboration avec de nombreuses marines du monde entier, en particulier celle de l’Union européenne (opération Atalante) et celle des Etats-Unis ou même du Japon !
                La coopération est aussi une solution à l’éventuelle saturation des routes maritimes asiatiques. Le trafic est en effet très intense : 200 navires par jour dans le détroit de Malacca, soit un toutes les 7 mn ! Le désenclavement actuel de l’Asie centrale permet la construction d’un vrai pont intercontinental qui relie l’Europe à l’Asie plus rapidement (7 jours pour des trains de la compagnie Deutsche Bahn). C’est peut-être la revanche de la vieille route de la soie. De même, le géographe canadien Frédéric Lasserre a montrée que le dégèlement des mers froides russes permettait d’envisager la perspective d’une nouvelle route commerciale qui passerait par le Nord ;  autant de possibilités maritimes qui obligent les différents gouvernements à discuter  et à élaborer des solutions négociées. Enfin, la relance récente de l’O.M.C., présidé par son nouveau directeur brésilien, Roberto Azevedo qui a œuvré pour un nouvel accord-cadre, laisse présager un certain espoir sur les perspectives pacifiques du XXIème siècle. L’interdépendance des grandes puissances est si forte qu’aucune n’a intérêt à déclencher des hostilités, signes d’arrêt des échanges ou d’embargo.


***


                Ainsi, la territorialisation des espaces maritimes, phénomène contemporain majeur est bien à la fois un atout et une source de risques. L’interdépendance croissante des économies asiatiques et mondiales rendent la perspective d’un conflit d’origine éventuellement maritime difficile, mais non impossible. Mais il est certain que l’essor des espaces maritimes est compatible et même une réponse à la mondialisation. Territorialisation et mondialisation sont intimement liées. La seule véritable incertitude concerne l’attitude de la Chine face à la politique de « pivot » des Etats-Unis qui restent la première puissance navale mondiale.
                Plus que jamais Si Walter Raleigh, navigateur anglais du XVIème siècle semble avoir raison « Qui tient la mer tient le commerce du monde ; qui tient le commerce tient la richesse ; qui tient la richesse tient le monde ». Ainsi, tout déclin américain important serait facteur de vide géopolitique en Asie et donc d’instabilité…


3ème sujet sur l'Asie proposé par Alain Joyeux dans un de ses ouvrages méthodologiques :

Depuis le début des années 1980, dans quelle mesure le Japon, la Chine et l’Inde établissent-ils un nouvel équilibre des puissances en Asie méridionale et orientale ?

Corrigé d'Alain Joyeux :




Croquis de Serge Boyer(sans nomenclature mais qui montre le supercomplexe tripolaire)







Sujet sur l'AFRIQUE :


Dissertation

L'Afrique sort-elle de sa situation de périphérie sous-développée du monde ?

Origine du sujet : Alain Joyeux (prépa Joffre à Montpellier)
Piège du sujet = ne voir dans ce sujet que les aspects géo-économiques et oublier la géopolitique (voir la problématique)

Détails du corrigé :