Quel pourrait être l’intérêt de la Russie ?
Les Kouriles forment une guirlande d’îles qui verrouillent complètement la mer d’Okhotsk sur 1 500 km entre le Kamtchatka et Hokkaïdo. La partie contestée couvre les deux îles les plus proches du Japon, Itouroup et Kounashiro, flanquées de deux plus petites, Habomeï et Shikotan.
Militairement, la mer d’Okhotsk constitue une zone de patrouille sûre pour les SNLE russes (1). Redonner Itouroup et Kounashiro ferait passer deux détroits du contrôle de la Russie à celui du Japon. Ces deux goulets peuvent permettre à des SNA (2)américains de se glisser en mer d’Okhotsk, ce qu’ils peuvent toutefois déjà faire en longeant Hokkaïdo. La sécurité des SNLE russes en mer d’Okhotsk ne devrait pas être considérablement affectée. La Russie dispose par ailleurs de sanctuaires encore plus sûrs, dans l’Arctique.
Économiquement, un accord libèrerait l’investissement japonais en Russie. Il se limite pour l’instant à une participation à l’usine de liquéfaction de gaz de Sakhaline et, depuis 2017, à la construction d’un port et d’une mine de charbon, à Sakhaline encore. En décembre 2018, la participation japonaise au projet d’usine de GNL d’Oust-Louga, en Baltique, a été évoquée. L’entrée en scène des capitaux japonais serait bienvenue pour la Russie qui, confrontée aux sanctions financières occidentales, ne peut compter que sur les investisseurs chinois, certes bien disposés, mais à leurs conditions.
Les quatre Kouriles du sud couvrent 4 025 km2 et sont peuplées de 17 000 habitants, qu’il faudrait déplacer (3). Leur ZEE couvre 330 000 km2. La perte en territoire et en ZEE ne serait donc pas nulle et Moscou devrait demander de sérieuses compensations. Or, l’étude du pont entre Sakhaline et la côte russe est en phase terminale d’étude mais n’a pas encore de financement. Un gazoduc vers le Japon reste un projet (il nécessiterait de réorienter des volumes actuellement dirigés vers l’Ouest).
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