Sujets traités :
-Pbs éco de la Russie
-Nouvelle Commission Juncker
place et rôle de l'Allemagne en Europe
l'Europe et la question palestinienne
-modèle scandinave
La Russie dans la
tourmente économique (chute du pétrole et du rouble) : se tourner vers
l’Asie est-elle une solution durable ?
L’Europe
demeure un partenaire incontournable face aux ambitions chinoises
La Russie avait
la volonté de se rapprocher de la Chine pour profiter de son émergence mais la
Chine est devenue une puissance
indépendante. La Chine, qui modernise son armée de manière alarmante, pourrait
représenter une menace stratégique sur le long terme. De plus, les responsables
russes souhaiteraient élargir la coopération économique au-delà de
l’approvisionnement en ressources énergétiques, ce que la Chine se montre peu
disposée à faire. La Russie a à certains moments apporté une aide aux programmes nucléaires et
spatiaux chinois, mais aujourd’hui, dans ces deux domaines, comme dans celui de
l’aviation de chasse, Pékin vole de ses propres ailes et avec des budgets très
supérieurs à ceux mis en œuvre par la Russie dans les mêmes domaines. La Russie
ne vend plus le dernier cri de sa technologie à la Chine depuis l’affaire du
Su-33/J-15. La Chine avait acheté quelques exemplaires de la version aéronavale
du chasseur russe Sukhoï-33 puis en a vendu une copie conforme. Elle a
également remporté un appel d’offre turc face à l’offre russe avec des systèmes
de missiles sol air développés à partir de missiles achetés aux Russes. La
relation entre la Russie et la Chine est empreinte de méfiance. La mitoyenneté
entre la masse démographique et les énormes besoins en matières premières de la
Chine d’une part, le vide et l’abondance en matières premières de la Sibérie
orientale d’autre part, constituent un facteur d’incertitude.
La Chine ne
voit dans cette relation que sa sécurisation énergétique, comme le montre l’accord
récent, Power of Siberia concernant
l’augmentation de vente de gaz à la Chine par la ramification orientale d’un
gazoduc, contrat signé en mai 2014 valant 400 millions de dollars.
Le gouvernement russe est conscient des
ambitions chinoises et du déséquilibre de leur relation et a donc tenu à inviter
l’Inde dans la coopération de Shanghai pour contrer la Chine et cherche à
développer de nouveaux partenariats.
La relation
avec l’Europe reste incontournable pour la Russie : 80% de ses ventes de
gaz et pétroles sont avec l’Europe et même si elle souhaite diversifier ses
clients, l’Europe reste son premier partenaire commercial.
L’économie
russe n’étant pas assez diversifiée, les produits de consommation courante sont
massivement importés d’Europe, l’impact de l’embargo montre la dépendance aux
importations en provenance de l’UE : 12% d’inflation. Ce pays absorbe en
effet 10% des exportations agricoles et agroalimentaires de l’Union Européenne.
Alexandre
Loukine, universitaire russe insiste bien sur le fait que même si la Russie se
tourne en effet vers l’Asie, elle est consciente de son lien avec
l’Europe : « Il faut comprendre que s’orienter vers l’Asie, ce n’est
pas remplacer l’orientation pro-occidentale par une orientation pro-orientale.
Au contraire, c’est un passage vers une politique plus équilibrée. »
Raisons
(conjoncturelles et structurelles) et manifestations des difficultés de la
Russie
Les
difficultés de la Russie aujourd’hui sont causées par l’effondrement du prix du
pétrole, de la chute du rouble et de l’inflation qui l’accompagne.
Tout
d’abord, l’économie russe vit une période difficile et se retrouve affaiblie.
L’économie russe est peu importatrice et très spécialisée : elle est basée
à 50% sur le pétrole et le gaz et montre une grande faiblesse dans les autres
domaines. Les conséquences de l’époque soviétique sont donc toujours actuelles
et c’est ce qui pousse aujourd’hui la Russie dans une mauvaise posture. De
plus, l’économie est très dépendante de l’Union Européenne puisque 80% du
pétrole et du gaz sont vendus à des pays européens. Il y a donc un réel manque
de diversification des acteurs ce qui est une autre faiblesse de la Russie
(conséquences géopolitiques des tensions avec l’Ukraine sur l’économie). Récemment
les sanctions économiques occidentales et
l’embargo russe contre les produits européens ont renforcé la volonté de la
Russie de se tourner vers l’Asie. Or dans l’organisation du monde actuel, la
Chine est devenu un grand et la Russie risque de devenir un de ses satellites
(et non pas retrouvés sa place de partenaire plus égal de la période
soviétique).
Cette
tourmente économique est subie par la population russe. L’effondrement du
rouble renchérit le prix des importations et participe à l’envolée de
l’inflation qui culmine à plus de 10% depuis le début de l’année. Les ménages
russes ont le sentiment de revivre les désastres de l’époque soviétique. Par
exemple, les crédits en devise pour l’immobilier ont été contractés de façon
importante en 2007-2008. Or aujourd’hui, le taux de change rouble/dollar est
très défavorable aux russes : le remboursement mensuel est actuellement
plus élevé que le salaire même de l’emprunteur. De plus, à cause de ce même
fait de taux de change rouble/euro défavorable, les russes partent beaucoup
moins en vacances hors de Russie alors que les pays européens voisins avaient
l’habitude d’accueillir les touristes russes.
S’ajoutent à
cela les réactions tardives du gouvernement face à cette situation. La Banque
Centrale a dépensé près de 10 milliards de dollars pour défendre la monnaie
russe depuis le début du mois. Ce geste, insuffisant à relancer l’économie,
traduit la fébrilité des autorités russes face à ces nouveaux défis. Récemment
le géant énergétique chinois CNPC et le russe Gazprom ont signé un contrat
énergétique majeur. Mais cela a pu se faire après 10 ans de pourparlers. On
peut donc mettre en question la capacité du gouvernement russe à trouver des
solutions adaptées rapidement, ce qui est primordial aujourd’hui pour la Russie
si elle veut remettre son économie sur pied.
La tentation d’une relation
uniquement tournée vers l’Asie et la Chine.
Poutine a
rencontré le président chinois Xi Jinping une dizaine de fois depuis l’entrée
en fonction de celui-ci et le premier voyage officiel de Xi Jinping fut la
Russie. Ce rapprochement montre que la Russie voit dans la Chine et l’Asie, une
alternative aux sanctions occidentales. En effet la Chine dispose des plus
grandes réserves d’or et de devises au Monde, elle a donc la capacité
d’accorder d’importants crédits à la Russie. En 2013, des compagnies pétrolières
chinoises se sont entendues avec la corporation étatique russe Transneft, pour
lui accorder un crédit de 80 milliards de dollars en l’échange de l’assurance
de livraisons futurs d’hydrocarbures . Lors d’un sommet en novembre 2013,
la Russie coopère avec la Corée du Sud, qui promet d’augmenter ses
investissements en Russie contre l’assurance du développement de gazoducs vers
l’extrême orient. Elle prévoit un transfert de technologie en échange d’une
sécurité énergétique. Lors du sommet russo-japonais du 20 mars 2014, le
gouvernement Japonais encourage également les compagnies japonaises à investir
dans les compagnies russes.
Outre des relations commerciales
de plus en plus importantes, la Russie et les pays asiatiques partagent la
vision d’un monde multipolaire. En effet la Russie est, depuis 2001, membre
l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) constituée de la Chine, le
Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan. Une résente
réunion des chefs d’état de l’OCS prévoit l’admission de quatre pays
observateurs (Inde, Pakistan, Mongolie, Iran). Cette organisation souhaite
jouer un rôle de contrepoids face à l'influence et à l’activité de l'OTAN en
Asie. Elle a également pour objectif de
lutter contre le terrorisme dans la région, renforcer la confiance entre les
membres et promouvoir la coopérations régionale au niveau économique, politique
et culturel. Par ailleurs, les puissances asiatiques ne s’opposent pas à la
politique de Poutine, contrairement aux puissances occidentales. Par exemple, Shinzo
Abe est le seul membre du G7 à assister aux Jeu de Sotchi et la Chine s’est
abstenue lors du vote du Conseil de
sécurité de l’ONU pour un référendum en Crimée.
Malgré tout les relations
entre la Russie et l’Asie restent déséquilibrées. L’économie de la Chine
est huit fois plus grosse que celle de la Russie. En outre la présence chinoise
s’intensifie en Sibérie, quasiment vide. Cet immense territoire encore mal
maîtrisé par la Russie constitue un
enjeu économique majeur pour le futur et la Chine en a conscience. Par ailleurs
l’inconvénient pour la Russie serait de servir uniquement de fournisseur de
matières prmières aux puissances économique de la région. En effet la question
de l’épuisement des ressources pose la question de la durabilité d’une relation
exclusive avec l’Asie. Car d’un point de vue culturel, la Russie est européenne
et reste très liée à l’économie de l’Union Européenne. La Russie ne doit donc
pas se tourner exclusivement vers l’Asie mais tenter de retrouver un équilibre
(historique) de ses relations entre l’Asie et l’Europe.
Sources
Diploweb
Le Monde
Les Echos
Le courrier de la Russie
La commission Juncker à la recherche de la croissance
Quelle est la nécessité de relancer l’investissement dans l’UE ?
En 2008, la crise des subprimes part des Etats-Unis après la faillite de la banque Lehman Brothers. Du fait de la
financiarisation des années 90 qui a lié les banques mondiales, cette crise touche presqu’immédiatement les banques européennes. Elle engendre une chute des investissements, en effet, cette
crise est une crise de confiance et ne pousse donc pas les investisseurs à prendre des risques.
Dans certains pays européens, comme ça a été
le cas de la Grèce, l’endettement public augmente de façon exponentielle. La dette de la Grèce représentait 175% du PIB en 2012. Une autre conséquence de la crise est l’essor du chômage. En Espagne, par exemple, 50% des jeunes ne parviennent pas à trouver un emploi.
La situation s’est peu améliorée : au deuxième trimestre de 2014, le niveau des investissements en Europe reste de
15% inférieur à
celui de 2007, ce
qui représente environ 430 milliards de moins.
Or ces investissements privés sont une des
possibilités pour une entreprise de pouvoir se
replonger dans la recherche, l’innovation et de créer un nouveau climat propice à
la consommation.
L’autre possibilité des entreprises est celle des investissements publics. Il s’agirait pour les Etats d’investir dans
plusieurs secteurs. Or, les critères de Maastricht
sont sévères concernant l’endettement et le déficit publics. En
effet, selon eux, le déficit public de doit pas dépasser 3% du PIB et la dette publique ne doit pas excéder 60% du PIB.
Ainsi, grâce au plan de relance et ses conditions
tenant compte du Traité de Maastricht, la
Commission Juncker tenterait
de « relancer les grands travaux » selon les propres mots de J-C Juncker.
Le plan Juncker : objectifs et fonctionnements
Le « plan Juncker » annoncé
le 26 Novembre par
le président de la Commission européenne doit marquer un infléchissement de la
stratégie économique de
Bruxelles afin de relancer la croissance économique en
Europe. Ce plan permettra de créer des emplois et
de relancer l’investissement dans les pays européens sans toutefois engendrer des déficits nationaux et
européens.
Ce plan mobilisera 315 milliards d’euros. Il est légitime de se demander comment l’Union européenne va pouvoir trouver ces 315 milliards
d’euros au vue de la situation économique de ses pays. Jean-Claude Juncker indique qu’en réalité
seulement 21
milliards d’euros proviendront des institutions européennes et que « l’effet levier » permettra d’atteindre la somme
de 315 milliards d’euros. Parmi ces 21 milliards, 5 devraient correspondre à de l'argent mis à disposition par la Banque européenne
d'investissement Les 16 milliards restants seront recyclés à partir de budgets européens 2014-2020, déjà approuvés par les Etats membres.
21 milliards d’euros n’est qu’une somme minimale annoncée par Juncker. Cette dernière pourra augmenter
à condition que les Etats membres décident de contribuer à
ce projet. Juncker
souligne toutefois que les sommes investies par les Etats ne seront pas pris en
compte dans le calcul de la dette.
« l'effet de levier » permettra de mobiliser le reste de la somme prévue. Plutôt que de subventionner directement un projet avec 1€, l'Union européenne va désormais investir cet euro
dans un fond d'investissement (qui va être crée) : le Fonds européen pour les investissements stratégiques. Comme une
banque, ce dernier prêtera davantage qu'il ne possède dans ses fonds propres (trois fois plus, environ) aux investisseurs
privés qui souhaitent investir dans un projet européen. La Commission européenne pense que ce
fond rassurera les investisseurs.
Cependant, cette perspective des 315
milliards d’euros apparaît risquée dés lors que l’on comprend que Juncker espère que les
investisseurs investiront 5 fois plus que la somme qu’ils avaient annoncés. Ainsi on
atteindrait les 315 milliards d’euros :
Les projets européens susceptibles d’être financés par ce plan vont être étudiés par des fonctionnaires de la Commission
européenne et de la Banque européenne d'investissement. Il leur est demandé de choisir dans un premier temps les projets les plus stratégiques, c’est à
dire :
-
les plus
prometteurs du point de vue de la rentabilité
-
ceux qui vont être rentable à faible échéance.
-
Ceux qui favorisent
la coopération européenne.
Environ 2000 projets sont en lice, parmi eux la liaison ferroviaire
Charles-de-Gaulle Express ou encore le projet de métro
Grand Paris Express.
Les limites du plan Juncker :
Si la Commission Juncker est plutôt vue comme une réussite jusqu’à présent, elle essuie des critiques depuis sa création.
Jean-Claude Juncker est le premier président de la Commission a être élu par le Parlement Européen. Cependant, il a vite été remis en cause par la frange eurosceptique du Parlement. L’affaire Luxleaks implique en
effet directement le président de la commission, Premier Ministre luxembourgeois au
moment des faits, dans ces accords conclus entre les grandes entreprises et le
Luxembourg concernant leur exil fiscal. Estimant qu’un Président de la Commission représentant les paradis fiscaux n’est pas légitime, le Mouvement 5 étoiles initie une motion de censure, rejoint par UKIP et le
FN. Conforté dans
sa position par les autres partis, Juncker annonce alors son plan pour relancer
la croissance. SI l’effet de levier permettrait de débloquer 315 milliards d’euros, le montant réellement disponible est de seulement
21 milliards. Emmanuel Macron juge que ce n’est pas assez pour avoir un « véritable effet macroéconomique », il réclamait quelque jours avant l’annonce du plan une somme disponible de 60 à 80 millions. Le plan Juncker a besoin
que l’effet
de levier fonctionne pleinement pour être une réussite. Pour cela, il s’appuie sur de possibles investissements privés. Cela reste donc une manoeuvre très risquée de la part du président de la commission. Ce plan ne comportant pas de
quotas de projet par pays, les grandes puissances risque de mettre la pression
pour voir en priorité leurs projets acceptés, au détriment d’autres pays de l’Union. De plus, le plan Juncker s’est vu assigner quatre priorités dont un volet social. Cependant, le
plan ne comporte pas, pour l’instant, de mesures sociales, et ses actions concernant ce
point restent encore floues.
Le plan présenté par l’ancien Premier Ministre luxembourgeois est donc
essentiellement tourné vers l’économie, au détriment d’une action plus sociale, et a besoin que les
investissements privés fonctionnent pour faire marcher l’effet de levier.
La place et le rôle de l'Allemagne en Europe
L'Allemagne
une puissance qui domine en Europe
Si l'Allemagne est une puissance qui domine en
Europe, c'est grâce à de nombreux facteurs géographiques, historiques, mais
aussi structurels.
Tout
d'abord, l'Allemagne a une place centrale en Europe, c'est elle qui fait le
lien entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est, et si ce n'est pas le pays
le plus vaste d'Europe, ses 357.000 km² font de l'Allemagne un grand pays au
sein d'une Europe de petits pays. De plus, son poids démographique est
colossal, avec une population de plus de 82 M (1,2x celle de la France pour un
territoire plus petit).
C'est
cette place centrale qui a amenée l'Allemagne a faire parti des pays fondateur
de l'Europe dès les années 1950. En effet, l'Allemagne étant divisée, la RFA
devait s'imposer face à l'URSS.
La
période de la Guerre Froide a fait de l'Allemagne le pays modèle en
Europe : la réunification est un symbole pour l'Europe, si l'Allemagne qui
a été divisée pendant 45 ans peut à nouveau vivre en paix, l'Europe toute
entière peut à nouveau être réunie.
De
plus, l'Allemagne est un modèle politique et économique pour beaucoup de pays
européens qui voit en l'Allemagne le pays de la réussite notamment pour
l'exportation et pour la politique effectuée après la crise de 2008 qui lui a
permis de rapidement se redresser. Cependant, le modèle allemand reste
inégalable dans la plupart des pays européens.
L'Allemagne se sert de cette notoriété politique pour prendre et appuyer
de décisions au sein de l'Union Européenne.
Si
l'Allemagne est en capacité de dominer en Europe, c'est aussi parce qu'elle est
une puissance reconnue dans le monde, elle fait notamment parti du G8, ce qui
prouve son influence mondiale.
Les aspects de la domination de l'Allemagne
en Europe.
La
domination de l'Allemagne se présente à la sous formes économique, politique et
géopolitique.
Au
niveau économique, elle se démarque en étant la 1° puissance de l'UE ainsi que
la 1° puissance exportatrice.
C'est
une grande puissance industrielle, avec un parc de constructeurs automobiles
importants (Pole, Volkswagen, Audi, Mercedes, BMW) qui se exportent en Europe
ainsi que vers tous les autres continents de manière concurrentielle grâce à
une forte délocalisation des usines dans les pays de l'Europe de l'Est.
Elle
est aussi l'un des principaux pays exportateurs de produits de type haut de
gamme, notamment dans le domaine de la chimie (Bayer) ou des machines outils
vers les pays émergents. Elle a une place privilégiée renforcée par la
construction entre la Russie et l'Allemagne d'un pipeline pour l'apport de gaz
et de pétrole sans passer par l'Europe de l'Est.
L'Allemagne
est aussi une puissance agricole car est le 3° producteur européen de produits
agraires.
L'Allemagne
domine aussi économiquement par la présence du siège de la BCE dans la ville de
Francfort.
La
domination s'effectue par un réseau dense au niveau autoroutier (gratuit)
permettant de relier les PECO à l'Europe de l'Ouest.
Elle
possède ainsi le nombre le plus important de députés au Parlement Européen.
L'Allemagne
impose aussi ses idées au niveau politique lors des différents sommets de
l'Europe. Elle s'oppose ainsi au Royaume-Uni de D.Cameron sur les baisses du
budget de l'UE, ou face aux pays du sud de l'Europe sur les politiques
d'austérité qu'elle veut maintenir pour éviter des endettements trop
importants. Loin de vouloir dominer l’Europe, l’Allemagne est plutôt en
position défensive dans cette crise, si elle prêche l’austérité, c’est pour
protéger ses propres acquis .Elle se voit comme une « grande Suisse »
pacifique, mais soucieuse de ses intérêts et peu tentée par le rôle de gardien
des bonnes mœurs économiques. Ce que souhaite l’Allemagne, c’est créer un
système coopératif européen dont les membres se conduiraient de manière
responsable. http://www.marianne.net/L-Allemagne-le-modele-suicidaire-de-l-Europe_a243301.html
L'Allemagne
tente de se mettre en avant au niveau culturel, avec par exemple la chaîne
multi-culturelle Arte, et reste le pays le plus apprécié par les pays étrangers
selon des sondages chez des étudiants ayant fait un cursus au sein de ce pays.
( http://wm2006.deutschland.de/FR/Content/Le-pays-hote/Allemagne-en-bref/lallemagne-un-pays-culturel.html)
Cependant
l'Allemagne connaît un fort contraste entre puissance et volonté de rester en
retrait par rapport aux autres pays européens sur la scène internationale
: impliquée en Afghanistan mais pas en Irak (refus).+ domination militaire très
limitée et vétuste et veut garder un axe franco-allemand fort pour éviter
d'être la seule en charge.
L'Allemagne
est un colosse en Europe mais se refuse à dominer par le poids de l'histoire
(culpabilité pour les 2 GM).
L’Allemagne dans l’Europe, une domination contestable :
=> Un bon élève contestable : En terme d’investissement,
l’Allemagne se situe derrière la France, l’Espagne et l’Italie. Et l‘état de
ses infrastructures (ponts, autoroutes) s’en ressent. Près de 10 000 ponts
auraient besoin d’être remplacés et les deux tiers du réseau de chemin de fer
sont considérés comme vétustes. Par exemple, le canal de Kiel qui relie la mer
du Nord et la mer Baltique a dû être fermé pendant plusieurs semaines suite à
des pannes diverses.
Ce pose également le problème sectoriel qui semble également
un problème structurel. L’Allemagne est une grande puissance exportatrice
industrielle, en grande partie automobile mais aussi de machines outils. Si
elle a pu par exemple bénéficier de la demande accrue pendant ces 20 dernières
années de la Chine qui se trouvait en pleine phase d’essor industriel, la
Chine, maintenant industrialisée, a des besoins moindres en approvisionnement.
Le problème tend à se confirmer tant la place du secteur des services devient
au cœur des nouvelles stratégies technologiques et innovantes. L’Allemagne est
dans ce secteur très peu présente. Olaf Gersemann, le rédacteur en chef du
quotidien allemand die Welt parle d’ailleurs de l’Allemagne comme « le Japon de
l’Europe ».
S’ajoute également le problème démographique. La population
allemande est vieillissante, et le problème des subventions des retraites dès
2035 se posent. Son faible taux de natalité remet en cause aussi sa suprématie
numérique dans l’Europe. Les Statistiques indiquent que la Turquie devraient
dépasser l’Allemagne d’ici les 30 prochaines années en nombre d’habitants.
Enfin, la croissance allemande n’est pas tant enviable. Entre
2000 et 2013, sa croissance n’a été que de 15 % , soit 1,1% par an en moyenne
ce qui équivaut au taux de la France, par exemple. Au total, le pays arrive
treizième des dix-huit nations de la zone euro.
=> A ces problèmes internes peuvent se rajouter la
contestation du positionnement de l’Allemagne au sein de l’Europe. Si chacune
de ces décisions a un impact sur l’Europe, ces choix ne sont pas
obligatoirement bénéfiques pour les pays de l’Europe ou encore pour la cohésion
de l’Union Européenne.
Sa position monétaire porte à réflexion. Beaucoup d’économiste
estime que l’euro est un euro sous évalué au regard de la force de l'économie
allemande. Mais cette même euro est sur évalué pour certains pays
méditerranéens dont l’unicité de la monnaie ne leur permettent pas de dévaluer.
L’euro fort prôné par l’Allemagne n’est autre qu’une euro « faible »
compte-tenu de sa situation économique, l’euro fort n’est que ressenti chez les
pays voisins, notamment du Sud.
Son choix énergétique peut aussi être soulevé. La sortie du
nucléaire est un retrait unilatéral , qui a été effectué sans concertation ni
préparation. Cet acte vient à l’encontre de deux enjeux européens. Celui de la
lutte contre la pollution puisque l’Allemagne est devenu, depuis sa sortie du
nucléaire, un sur consommateur de charbon, très polluant, mais aussi cette
décision unilatéral inhibe la volonté de cohésion européenne dans le domaine
énergétique.
Notons également, sa relation particulière avec la Russie.
L’Allemagne est aujourd’hui dépendante du gaz de la Russie. Ses prises de
positions récentes quant à la Russie sont difficilement détachables de ses
propres intérêts. Au sujet de l’Ukraine, son désaccord reste donc très «
modérée » compte tenu des enjeux d’une potentielle rupture diplomatique avec
Moscou.
Jordan
O'CONNOR
Tiphaine
DASSE
Solène
HOLTZSCHERER
CESSES, DANICAN, DJEBBOURI
è Des états à la société
civile européenne : quels engagements dans le conflit
israélo-palestinien ?
Les états européens
sont historiquement impliqués dans le conflit israélo-palestinien. Dès 1917,
avec la déclaration Balfour, la Grande-Bretagne soutient l’établissement d’un
foyer national juif en Palestine, appuyant ainsi le projet du journaliste
autrichien, Théodore HERZL proposé au Congrès de Bâle en 1897 (1ère
réunion internationale du mouvement sioniste). Ce congrès entraîne la création
d’un Fond national juif spécialisé dans le rachat de terres en Palestine. En
1933, l’arrivée d’Hitler au pouvoir et sa politique antisémite ont pour effet
de stimuler l’immigration juive en Palestine, ce qui entraîne une grande
révolte. Face aux menaces de guerre, le Livre blanc britannique préconise en
1939 l’indépendance et la limitation de l’immigration juive et soumet à l’accord
des habitants arabes des mesures freinant l’acquisition des terres par les
sionistes.
En
1947, l’Organisation des Nations Unies émerge sur la scène avec la proposition
du plan de partage de la Palestine entre un état juif (55%), un état arabe
(44%) et une zone internationale (1%) avec Jérusalem et les lieux saints. La proclamation d’indépendance d’Israël marque
officiellement le début du conflit israélo-palestinien. En effet, il s’ensuit
la 1ère guerre israélo-arabe qui durera jusqu’en 1949.
Par
l’histoire d’Israël, née de l’histoire européenne et où nombre de survivants de
la Shoah avaient fui, les Etats européens se sentaient redevables et avaient
une certaine responsabilité à l’égard de ce pays. C’est donc avec l’aide
française et britannique qu’Israël débute la 2nde guerre
israélo-arabe dans l’Egypte de Nasser, après la crise de Suez en 1956. Jusqu’en
1967, les Européens sont d’une grande bienveillance à l’égard d’Israël. La
guerre des Six Jours modifie la perspective. En France par exemple, ce tournant
est perceptible au travers de la conférence de presse organisée par Charles de
Gaulle six mois après le conflit où il critique la politique colonisatrice
d’Israël. Par ailleurs, à l’occasion de la guerre du Kippour de 1973, les
Européens font leur première déclaration commune et publique sur le conflit.
Parce qu’elle reconnaissait la réalité palestinienne, cette déclaration a
provoqué la colère des Américains et des Israéliens.
Ce
tournant dans la politique étrangère européenne face à la question
palestinienne est conforté avec l’accession à la CEE de la Grèce en 1981, puis
de l’Espagne en 1986 traditionnellement proche de la cause palestinienne. En 1982,
à la Tribune de Knesset, Mitterrand
appelle les israéliens à accepter la création d’un état palestinien
assortie de garanties pour la sécurité d’Israël. Avec les Accords d’Oslo en
1993, le
début d’un processus de paix négocié entre Israéliens et Palestiniens a été
très bien accueilli en Europe.
Les
pays membres de l’Union Européenne ont au fur et à mesure réussi à se
construire une position commune vis-à-vis du conflit. Mais l’Union Européenne a
depuis renoncé à assumer un vrai rôle politique dans le processus de paix
israélo-palestinien et n’a pas eu la moindre initiative depuis la
« Feuille de route » du QUARTET (USA,Russie,ONU,UE).
Le
rôle des O.N.G. est devenu alors essentiel. Elles jouent un rôle capital dans
l’allègement des souffrances quotidiennes des Palestiniens. De nombreuses ONG
françaises sont sur le terrain : Première urgence, Aide médicale
internationale, Médecins du monde et également le Comité International de la
Croix Rouge La démarche pacifique de ces
ONG est aujourd’hui l’une des contributions les plus concrètes à la paix
future.
Les
sociétés civiles européennes quant à elles, organisent des manifestations en
faveur de la reconnaissance de la Palestine. C’est ce que fait l’Association
belgo-palestinienne (ABP). En France également, depuis l’initiative de la Suède
fin octobre 2014, il y a de nombreux mouvements de la gauche socialiste et de
la gauche communiste, se positionnant toutes deux pour la reconnaissance
Palestinienne.
è La faillite de la
diplomatie de l'Europe(Union Européenne) face à la question palestinienne
Depuis
le début du conflit, l'Europe en général a du mal à s'imposer sur ce problème
face à une posture états-unienne très pro-israélienne. D'une manière globale
son rôle a généralement été réduit à celui de bailleur de fonds. Son action n'a
toutefois pas été nulle, elle a au contraire depuis le début du conflit évolué
vers une posture plus prononcée. Cependant force est de constater au sein des
états européens une pluralité des parti-pris, répondant à la vacuité d'une
politique étrangère commune.
Entre
implication et revirement, les états européens hésitent.
• La
Conférence de Venise en juin 1980 comme alternative européenne au processus de
Camp David: La déclaration de Venise, marque un tournant car
elle repose sur le double principe du droit d'Israël à l'existence et à la
sécurité, mais aussi celui des Palestiniens à l'autodétermination. C'est la
première fois que les Palestiniens sont reconnus comme peuple. Cependant du
côté des États-Unis, Carter annonce d'emblée le veto des USA si le projet de
cette conférence (principalement porté par le couple franco-britannique)
tendait à réviser la résolution de 242 de l'ONU (qui ne fait référence qu'au
problème des réfugiés palestiniens)
• 1981-1991 :
l'effacement de l'Europe au Moyen Orient :
Contexte : une période marquée par la Révolution libérale (Reagan,
Thatcher), par l'arrivée au pouvoir en France de Mitterrand qui rappelle qu'il
n'avait jamais été favorable à l'initiative de Venise car selon lui elle
rejetait implicitement la procédure de Camp David. Le revirement de la
CEE est alors spectaculaire, allant même jusqu'à remettre en question la
déclaration même de Venise. De plus l'invasion israélienne du Liban durant
l'été 1982 va consacrer une fois de plus le recul de la CEE qui s'aligne une
fois de plus sur les positions américaines.
• Les
réactions face à la 1ère Intifada : (1987-1993). Jacques
Delors alors président de la Commission Européenne regrette la position trop
modérée des Douze qu'il présente d'ailleurs comme un échec. => Conférence
de Madrid/Barcelone de 1995 → partenariat euro-méditerranéen → volonté de l'Europe de s'imposer comme acteur
politique dans le processus de paix. La stratégie de l'UE entre dans un cadre
régional et méditerranéen afin de créer une dynamique pour pallier ses
insuffisances.
• L'accord
d'Hébron en 1997
L'UE s'implique plus directement dans le processus de paix en nommant
l'ambassadeur espagnol à Tel-Aviv envoyé spécial de l'UE pour établir des
contacts avec les signataires d'accords et observer les négociations de paix.
• La
Déclaration de Berlin de 1999 : qui va au delà de celle de Venise, et
réaffirme « le droit permanent et sans restriction des Palestiniens à
l'auto-détermination, incluant l'option d'un état » et déclare sa
disposition à considérer la reconnaissance d'un Etat palestinien le moment
venu. Mais les négociations sur les grandes questions (droit au retour
des réfugiés, questions de l’extension colonies et donc le problème des
frontières) restent absentes
• Seconde
Intifada de 2000 : A la suite de cette seconde
Intifada l'UE prend la décision d'envoyer sur place le Haut représentant de la
PESC, Javier Solana. Cette implication permettra la création de la Commission Mitchell
chargé d'étudier les raisons de l'irruption de violence => L'appel est lancé
à Israël de geler toute activité de colonisation
• Années
2000 : En 2001, on aurait pu penser que les
européens auraient saisi l'occasion de pallier à l'inaction des USA. Mais La déclaration du 10 Décembre 2001 marque un revirement
car elle adresse un message d'une fermeté sans précédent à l'Autorité
Palestinienne (suite aux raids israéliens en représailles aux attentats de
Jérusalem et Haïfa)
•
Conclusion
Aujourd'hui la division au sein de l'Union
Européenne est ce qui caractérise sa posture politique, suite notamment à la
décision historique de la reconnaissance de l'UNESCO de l'Etat de Palestine
comme 195ème membre où les Pays-Bas et l'Allemagne ont voté contre, ainsi que lors
de l'admission de la Palestine comme Etat Observateur au sein de l'ONU en 2012
où là encore ce sont les Pays-Bas et l'Allemagne qui se sont abstenus. En
somme, on remarque une évolution de l'engagement politique de l'Union
Européenne vers une prise de conscience du droit des Palestiniens à
l'autodétermination, mais les négociations restent toutefois saccadées et
ignorent les questions primordiales. Le discours politique est aujourd'hui
principalement relayé par la partie européenne de gauche, les collectivités
locales et territoriales, mais aussi et surtout par la société civile qui à
terme pourrait induire une prise
è Vers une reconnaissance
inéluctable par les européens de l'État Palestinien
Situation
actuelle: qui reconnaît l'état Palestinien en Europe ?
• Huit
pays de l'Union européenne :
République
tchèque (1988), Hongrie (1988), Pologne (1988), Bulgarie, Roumanie, Malte et
Chypre, Suède (le 30 octobre 2010)
Mise
à part la Suède, ces pays ont tous reconnu l'État Palestinien alors qu'ils ne
faisaient pas partis de l'UE
• Hors
de l'Union européenne
Le
Belarus, l'Ukraine, Albanie, Bosnie, Monténégro ainsi que la Russie ou encore
la Turquie.
En
tout 135 pays dans le monde reconnaissent cet Etat
Actualité
et évènements récents
Le
1 novembre 2014 Frederica Mogherini prenait ses fonctions en tant que
haute représentante de l'Union Européenne pour les affaires étrangères et la
politique de sécurité.
Pour
elle, le but est de forger un stratégie et un politique communes sur cette
question palestinienne. Sa première visite sera donc pour Israël et la
Palestine a-t-elle annoncé, précisant qu'elle « serai heureuse si, au
terme de mon mandat, l'Etat palestinien existait »
Cela
montre bien la volonté de créer rapidement cet état palestinien.
Cela
montre également la volonté d'une UE jouant un rôle plus politique et moins
économique sur cette question: « l'Europe ne peut être éternellement
payeur sans jouer un rôle politique »
Volonté
de pouvoir influencer et de mieux comprendre les dossiers du Moyen Orient.
Mais
il y a une limite car la reconnaissance d'un pays est une compétence des Etats
membres → illustration des difficultés de l'UE à s'imposer comme acteur
politique sur la scène internationale.
Évolutions
au sein des états membres : quelques exemples
• Royaume
Uni:
Le 13 octobre 2010: vote symbolique au parlement britannique, adopte une motion
plaidant la reconnaissance de la Palestine. Ce n'est pas une reconnaissance
officielle. Reconnaissance promulguée par les travaillistes. David Cameron
avait demandé à son gouvernement de s'abstenir.
• Suède:
Le 30 octobre 2014: La suède reconnaît officiellement l'Etat de Palestine →
décision du premier ministre Suédois, saluée par les palestiniens, critiquée
par Israël.
• Espagne:
Le 18 novembre: le parlement espagnol a également voté symboliquement une
motion et appelle le gouvernement a reconnaître la Palestine comme état.
• La
France votera symboliquement la reconnaissance le 28 novembre prochain
au parlement. Cela ne change pour l'instant pas la position officielle de l'Etat
Français.
Raisons
de ces appels à une reconnaissance symbolique de la Palestine
Dirigeants
européens se trouvent sous la pression d’une partie de leurs opinions
publiques, choquées par la disproportion des moyens militaires employés par
Israël.
Ex:
A Londres, manifestations pro-palestiniennes: présence de dizaines de milliers
de personnes.
En
juillet, 62 % des Britanniques estimaient que le gouvernement de
M. Nétanyahou était responsable de crimes de guerre dans la bande de Gaza.
27 % solidaires des Palestiniens, tandis que 14 % seulement exprimaient la même
sympathie à l’égard des Israéliens.
Israël,
en juin dernier, annonce construction de quelques milliers logements dans
Jérusalem Est et en Cisjordanie → qualifié de colonisation par de nombreux états.
→
pour l'UE seul la création de deux états pourrait améliorer cette situation.
Mais
la séparation des deux terres qui constitueraient l'Etat Palestinien, la
viabilité économique de ce futur pays, la situation instable de la région sont
autant de facteurs qui freinent la reconnaissance de la Palestine en tant
qu'état.
Sources :
Magazine Le Monde
Magazine Le Courrier international
Mediapart
COLLE D'ACTU 8
L’espace, un lieu de coopérations et
d’affrontements entre puissances anciennes et émergentes
L’espace
a eu une importance considérable durant la Guerre Froide. Outil d’affrontement
entre les Etats-Unis et l’URSS, il permettait de démontrer la puissance de
l’idéologie capitaliste ou soviétique. La conquête de l’espace naît donc dans
un monde bipolaire structuré par le fait nucléaire : l’enjeu était alors
d’exploiter au mieux les forces nucléaires et, par conséquent, d’acquérir des
données précises indispensables afin d’évaluer les ressources de l’adversaire.
Il y avait, à cette époque, une combinaison entre démonstration de puissance et
de prestige national (observable à travers le lancement de Spoutnik en 1957 par
l’URSS par exemple) et une priorité aux programmes de reconnaissance et
d’acquisition d’information pour évaluer les ressources de l’adversaire.
Néanmoins, depuis la chute de l’URSS, de nouveaux équilibres spatiaux
s’observent. De nouvelles puissances cherchent à émerger sur la scène spatiale,
soit pour dynamiser le développement économique, soit pour s’affirmer en tant
que puissance non plus émergente mais véritablement émergée. Mais tandis que
les Etats-Unis semblent conserver une hégémonie et un unilatéralisme dans le
domaine spatial, ce secteur ne souffre-t-il pas alors de profonds déséquilibres
: entre hégémonie américaine qui voit l’espace comme un instrument de défense
et de protection sécuritaire, et autres puissances, qui chercheraient une voie
vers une réglementation collective ?
L’espace, un enjeu de coopération
L’espace
sert d’abord aux communications puis aux informations. Mais tandis que la
Guerre Froide revêtait un aspect de combat spatial avec l’Initiative de Défense
Stratégique de Reagan, la course aux armements semble aujourd’hui euphémisée.
En effet, c’est le traité établi en 1967 qui paraît s’imposer : il promeut
l’espace comme un moyen de régulation des rapports internationaux. Il ne s’agit
plus d’une guerre potentielle de l’espace, mais plutôt d’un consensus pour
implanter des normes dans le domaine spatial, à l’instar du traité ABM, où il y
avait déjà des velléités de pacifisme dans le secteur. C’est pourquoi, dans
notre époque actuelle où la mondialisation de l’espace est inéluctable,
s’instaure une tendance à la mise en commun de moyens mondiaux pour faire face
aux risques globaux. Par exemple, lors du 59e Congrès d’aéronautique
en 2008, toutes les agences spatiales s’engagent dans le projet GEOSS ainsi que
dans la signature de la Charte Internationale « Espace et Catastrophes
majeurs » : un pays qui a des images en sa possession d’un espace du
monde touché par une catastrophe naturelle se doit de la transmettre aux
organismes leur venant en aide. On remarque une exigence de transparence dans
le secteur spatial.
De
plus, diverses alliances interétatiques émergent ces dernières années
permettant un financement commun, et donc plus conséquent. Les missions sont prometteuses,
comme par exemple, le télescope spatial James Webb développé par la NASA avec
le concours de l’Agence Spatiale Européenne et l’Agence spatiale canadienne. De
la même façon, la Russie et la Chine ont entrepris une percée dans
l’exploration de l’espace. Les deux gouvernements ont établi un plan de
coopération pour janvier 2015 dans le cadre intergouvernemental signé en
octobre 2014. Ce projet présente un double intérêt pour la Chine : il lui
permet la construction de moteurs fusée qu’elle seule n’aurait pas pu
développer car souffrant d’un technologic gap trop important, et d’autre part,
la Chine peut bénéficier d’échange des vaisseaux pilotés sur les stations
orbitales de la Russie et de la Chine. De manière plus asymétrique, certaines
puissances spatiales aident celles qui aspirent à le devenir : la Chine a par
exemple investi dans un satellite bolivien depuis qu’Evo Morales affiche des
ambitions pour imposer la Bolivie sur la scène internationale, notamment par le
biais de l’espace.
Néanmoins,
le véritable problème de cet enjeu de coopération persiste dans l’hégémonie
étasunienne qui crée un déséquilibre entre toutes les puissances spatiales. Les
Etats-Unis ont divergé du reste de la planète et ont aujourd’hui des
perspectives interventionnistes sur des théâtres régionaux majeurs pour
structurer unilatéralement l’espace. Depuis deux décennies, l’espace est devenu
un élément de défense moderne pour les Etats-Unis, donc une cible hypothétique.
Etant donné la prépondérance américaine dans le domaine spatiale, la
coopération avec la NASA est-elle encore possible ? Du fait de la
puissance budgétaire dont elle dispose et de l’avance scientifique qui est la
sienne en de nombreux domaines, la NASA bénéficie d’une indépendance absolue.
Elle n’a, par conséquent, aucun besoin de coopérer. Cependant, elle trouve un
intérêt financier à le faire ponctuellement pour faire baisser la facture de
certains projets. La plupart des coopérations actuelles de la NASA concerne la
délivrance d’instruments scientifiques : le rover Curiosity est par exemple équipé d’un laser français et d’un
capteur météo espagnol. De même, la Station Spatiale Internationale,
paradigmatique du succès de la coopération spatiale, a été lancé, piloté et
développé conjointement par la NASA et l’Agence Spatiale russe (Roscomos)
auxquelles les agences spatiales européennes, canadiennes et japonaises ont
également participé.
L’affirmation de nouvelles puissances
spatiales ?
On
assiste à la montée de nouvelles puissances spatiales (par opposition aux
anciennes que sont les Etats-Unis et l’URSS) dès les années 1960-1970 avec
notamment la France qui envoie son premier satellite en 1965, la Chine et le
Japon en 1970 ou encore l’Inde en 1975. Ce développement des puissances au
niveau spatiale s’est toujours accompagné d’un développement au niveau
nucléaire ( les deux étant intimement liés), comme le montre le projet
d’Initiative de Défense Stratégique (IDS) mis en place sous la présidence de
Reagan en 1983. Cette recherche est l’occasion d’alliances, de coopérations
interétatiques pour ceux dont les moyens sont plus modestes : en Europe,
dès 1973 est mis en place le programme ARIANE. La France, déjà au cœur de cette
initiative continue de la promouvoir : elle représente plus de 50 % de la
participation budgétaire dans les années 2000. La domination de l’espace
(territoire extra l’atmosphérique) ne cesse d’exalter les différents acteurs,
publics ou privés. L’Amérique Latine s’est également dotée d’un programme spatial ;
la Bolivie d’Evo Morales a mis en orbite son premier satellite en 2011 et
compte réitérer cette performance dans les prochaines années. La conquête
spatiale était et est encore gage de puissance pour les Etats. Pendant la
Guerre Froide, face à la réussite soviétique de Spoutnik en 1957, les
Etats-Unis réagissent dans la foulée, ne voulant rien céder à leur adversaire,
en créant la NASA en 1958. Aujourd’hui, cette domination s’étend à des sphères
plus vastes encore, comme la rétention d’informations ou l’espionnage (affaire
des écoutes des dirigeants européens par les Etats-Unis). Face au monde
multipolaire qui se profile dans lequel chaque pays veut jouer un rôle sur la
scène internationale, l’espace ne fait pas exception à la règle en demeurant un
lieu de confrontation.
Les
enjeux commerciaux :
L’espace
offre de nouvelles possibilités technologiques inimaginables jusqu’ici. En
effet, la technologie GPS, les télécommunications ou les prévisions météorologiques
tirent leur progrès des satellites envoyés dans l’espace. Ainsi, la plupart des
grandes puissances mondiales, qu’elles soient anciennes comme les Etats-Unis,
l’Europe ou émergentes, comme la Chine ou le Brésil, envoient des satellites
dans l’espace et construisent leurs propres transporteurs, à l’image de l’Union
Européenne qui lancera le programme Ariane en 1973, par l’intermédiaire de
l’agence spatiale européenne, pour ne
plus dépendre des transporteurs américains et soviétiques.
De
même, certaines puissances profitent de leur savoir-faire acquis au fil du
temps pour faire fructifier leurs efforts en proposant de vendre leurs
compétences à d’autres pays. Ainsi, la Chine a vendu 5 satellites, chacun pour
environ 300 millions de dollars et la France a vendu 2 satellites espions au
Maroc.
Justement,
les satellites présentent aussi des opportunités de développement bien réelles
pour les nations les moins avancées. Ainsi, Evo Morales, lors de la livraison
de son satellite par la Chine en 2011 pour améliorer les réseaux de
télécommunication, appelait la Chine à lui livrer un autre satellite pour
sonder le sous-sol bolivien et éventuellement y trouver des gisements
d’hydrocarbures.
Enfin,
comme pour tout secteur à forte valeur ajoutée, les entreprises privées
s’immiscent peu à peu dans le marché spatial, et ce dans des domaines plus ou
moins sérieux. Ainsi, Virgin et Richard Branson ont lancé les SpaceShipOne et
Two pour envoyer des touristes dans l’espace. Plus sérieusement, Space X
concurrence la NASA américaine en proposant ses services de transporteurs pour
un cout bien moins élevé que la moyenne.
Les
enjeux géopolitiques :
L’ampleur
des enjeux géopolitiques de la conquête spatiale prennent tout leur sens dès la
Seconde Guerre Mondiale, avec l’apparition d’armes qui utilisent les savoirs
faires spatiaux, comme le V2 nazis.
Dès
la fin de la guerre, la lutte à la conquête spatiale devient un des crédos de
la Guerre Froide, et cela au détriment de la bonne conscience des belligérants,
les Etats-Unis enrôlant par exemple un des principaux chercheurs nazis du
secteur, Von Braun. Ainsi, l’Urss offrira à chaque président en visite
officielle une réplique miniature de Spoutnik, lancé avec succès en 1957 et fer
de lance de la nation, chose à laquelle
répondront les Etats-Unis l’année suivante en créant la NASA et en sur
médiatisant les premiers pas de l’homme sur la lune en 1969.
D’autre
part, la construction européenne tira aussi un bon parti de l’espace : la
construction spatiale, mise en place en 1973 avec le programme Ariane, précède
la construction sociale et suit les mêmes processus que la construction
économique de l’Europe, c’est-à-dire la France en pays moteur qui réussit à
convaincre l’Allemagne de se joindre à elle par exemple.
Enfin,
la mise en orbite de satellites par les puissances dites moyennes ou les moins
avancées leur permet d’atteindre une crédibilité non feinte de par les
capacités technologiques et scientifiques qu’impliquent l’envois d’enjeux
spatiaux. Ainsi, la Mars Orbiter Mission, développée par l’Inde, prévoit
l’envoi d’une sonde spatiale sur Mars et la fusée troposphère prévoit l’envoi
d’une première fusée congolaise dans l’espace.
Sources :
RFI, RIANovosti (journal russe), Isabelle Soubès-Verger, Questions
internationales, Diploweb, rapport de Thierry Garcin
COLLE D’ACTU 7 : nov 2014
Qu’est ce que
le modèle Scandinave?
Pour commencer, une brève localisation de ces pays s’impose. Les pays
scandinaves regroupent le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Suède et
l’Islande ( et leurs Etats associés comme le Groenland, les Iles Féroé et
Aland). Le conseil nordique, crée en 1952 montre une certaine unité et un
désir de coopération au développement économique.
On peut définir le modèle Scandinave comme étant un capitalisme social qui
associe une fiscalité très élevée et un filet social étendu et généreux. Ces
lourds impôts ( au travers notamment de l’impôt sur les grandes fortunes)
permettent une certaine égalisation de la société qui pensent cette haute
fiscalité comme un contrat a court terme avec le gouvernement qui leur procure
en retour des prestations sociales importantes et de qualité.
Néanmoins, il faut noter que les taux d’imposition pour les entreprises
sont plus bas qu’aux Etats Unis par exemple. Cela rend les pays scandinaves
plus compétitifs et même plus libre-échangiste que le Canada ou les USA.
Le modèle se décline aussi dans le domaine de l’éducation. En effet ces
pays scandinaves prônent la gratuité (manuel, transport, cantine…), la
décentralisation, la flexibilité et la concurrence. Il y a une autonomie
certaine qui permet aux écoles de gérer leur budget (absence d’une bureaucratie
superflue), les effectifs par classes sont amoindris, les classes sont bien
équipées… Il faut noter que les pays scandinaves entrent dans le top 10
concernant le classement PISA (Finlande 6ème). Ainsi on est en présence d’une
éducation égalitaire et de qualité.
L’Etat est plus coordinateur que régulateur. Il y a un phénomène diffus de
décentralisation. Les communes s’occupent des impôts ce qui permet aux citoyens
de voir directement comment leur argent va être utilisé, ils sont ainsi plus
enclins a payer.
Il y a aussi un essor important de la sous traitance comme en Suède ou le
domaine des transports est pris en charge par exemple par une compagnie
hongkongaise et française.
L’indice de GINI ainsi que l’IDH très élevé de ces pays en font des pays
riches et très égalitaires. La parité homme femme est la plus respectée
d’Europe. La Norvège est un pays très riche grâce a ses matières premières et à
la plus grande entreprise énergétique du pays: Statoil.
Cependant, il faut remettre en question l’inflexibilité du travail dans ces
pays là qui est à l’origine de taux de chômage toujours très élevés.
On peut néanmoins prendre comme contre exemple le Danemark qui grâce a sa
flexi-sécurité ( flexibilité pour les employeurs de licencier et sécurité pour
le travailleurs quant aux allocations chômages) a réussi a diminuer son taux de
chômage de moitié.
Pour conclure on peut dire que le modèle scandinave se résume à prendre le
Danemark en modèle pour le travail, la Finlande pour l’éducation, la Suède pour
la sous traitance et en général on peut résumer le modèle scandinave par cette
adéquation entre compétitivité, réussite économique et niveau de vie
élevé.
Le modèle scandinave est-il dépassé ?
Le modèle scandinave fut étudié sous toutes ses coutures à partir des
années 1950 pour les résultats remarquables de son fort Etat Providence.
Cependant la crise financière des années 90 touchant ces pays, a fait
apparaitre un nouveau contexte économique et politique. Comment le modèle
scandinave s’est il alors adapté à ce nouveau contexte et est-il toujours
d’actualité ou au contraire dépassé ?
Après la crise des années 1990, pour sauver ce qui pouvait l'être, les pays
scandinaves ont abandonné leurs subventions à l'emploi ou au logement,
réformé de fond en comble leur système de retraite et réduit leurs dépenses de
santé. Les Etats ont également procédé à de grandes privatisations dans les
secteurs des télécoms, de l’énergie, de la banque, de l’assurance, des
transports et de l’éducation. Ainsi même dans un pays comme le Danemark dirigé
par le parti social-démocrate avec Helle Thorning-Schmidt (élue en 2011),
l’État-providence est radicalement bousculé : elle abaissa l'impôt sur les
sociétés (de 25 à 22 %) et obligea les jeunes chômeurs à suivre des formations
pour toucher leurs allocations. Le modèle scandinave passe du modèle d’Etat
Providence au modèle à suivre pour tous les pays libéraux et est même qualifié
de « nouveau super modèle » par The Economist.
De plus, ces bouleversements parviennent à maintenir les spécificités
fortes du modèle scandinave. En effet le dialogue social est encore là, avec le
système de conventions collectives. L’éducation reste gratuite jusqu’à la
sortie du lycée, favorisant l’égalité des chances. La parité homme/femme
fait l’objet d’une politique volontariste réussie, menant ces pays en tête du
palmarès européen. Surtout les inégalités et la pauvreté reste très basses grâce
à une politique de l’emploi toujours aussi flexible et créatrice de salaires
peu dispersés.
Cependant, il convient de remarquer que le modèle connait de plus en plus
de limites. La série de privatisations a provoqué des manifestations de
nombreux citoyens qui dénoncent une dégradation de la solidarité et
l'allongement des temps d'attente dans les hôpitaux, les inégalités face à
l'emploi qui exacerbent les tensions dans certaines banlieues et le délabrement
du réseau ferroviaire. C’est ainsi que la privatisation de l’entreprise Statoil
dont le principal acquéreur des actions ne paraît pas des plus fréquentables
aux yeux de certains : la banque d’investissement américaine Goldman Sachs,
provoque une tôlée générale et d’importantes manifestations envers le
gouvernement. On observe également dans ces pays l’essor de sentiments anti
immigrants, les populations ayant peur de perdre leurs avantages. De plus les
données économiques montrent que les pays scandinaves ont fait à peine mieux
que les Etats-Unis et le Royaume-Uni au cours de la crise actuelle : les
entreprises ont licencié de façon tout aussi agressive et le taux de chômage
dépasse maintenant les 9 % en Suède et en Finlande, et en 2009 l’économie
suédoise s’est réduite de 6 % par rapport à 2008, un chiffre comparable au
recul du Royaume-Uni. Finalement le modèle scandinave est en proie aux mêmes
difficultés que les autres pays libéraux face au contexte actuel.
Le modèle a donc su s’adapter pour rester des plus efficients dans ce
nouveau contexte économique, mais ce modèle dorénavant pro libéral connait des
limites.
Le modèle scandinave est-il un exemple à suivre pour l'Europe et plus
particulièrement pour la France ?
Les pays scandinaves peuvent en effet être présentés comme un exemple, un
modèle de réussite, pour toutes les raisons qui ont été cités précédemment
(pays les plus égalitaires du monde, parmi les plus riches en PIB en ppa, haut
niveau d'éducation, grande compétitivité, etc.). Mais c'est surtout le
redressement spectaculaire de ces pays en un laps de temps très réduit qui
permet de les considérer comme un modèle.Ainsi, le Danemark a réduit son taux
de chômage de moitié en 10 ans. Alors pourquoi ne pas le reproduire dans
reste de l'Europe ou en France ? Est-ce seulement possible ?
Premièrement, certains économistes pensent que ce modèle n'est pas
exportable dans tous les pays. En effet, les pays Scandinaves conservent
des liens étroits à la fois culturels, historiques, sociologiques et
économiques. Et afin de redresser leur économie après les difficultés de la fin
des années 1980 et début 1990, il ont eu recours à des réformes importantes et
brutales. Reprenons l'exemple du Danemark ; celui-ci, afin de faire des
économies, a réformé son territoire pour que chaque municipalité comporte au
minimum 300 000 habitants. On comprend alors que ce genre de réforme ne serait
pas applicable en France, elle qui rencontre déjà des difficultés pour une
« simple » réforme des régions. En effet, plusieurs facteurs cumulés,
empêchent l'exportation du modèle scandinave. Il y a d'abord un blocage réel de
la part de la population, qui contesterait systématiquement des changements
trop brutaux ou des décisions stratégiques (augmentation d'impôts,
décentralisation...) ; cela concerne plus particulièrement les pays à tradition
catholique, plus conservateurs (alors que les pays scandinaves sont
protestants). Il peut également s'agir, comme c'est le cas en France, d'un
nombre non négligeable de hauts fonctionnaires et d'élus du fait de la
centralisation, ceux-ci ayant tendance à tenter de préserver leurs intérêts
propres.
Au final, oui, le modèle scandinave, qui a déjà fait ses preuves, peut être
pris pour exemple. Mais il serait impossible de l'appliquer à la lettre dans
des pays qui ne partagent pas le même héritage. L'alternative pourrait être
alors, d'appliquer progressivement, le meilleur des réformes de chaque pays
scandinave dans des domaines différents.
Mélanie MERIC, Coralie BAZECK et
Mathilde MAILLES nov 2014