FRANCE/EUROPE
sujet 16 : le Brexit
sujet 15 : les élections allemandes et leurs effets sur l'Europe
sujet 14 : bilan de la tournée de Macron en Afrique
sujet 13 : la crise migratoire en France
AFRIQUE
sujet 12 : la crise en Libye
AMERIQUE
-sujet 11 : les violences au Mexique
-sujet 10 : où en est la crise au Venezuela ?
-sujet 9 : bilan de l'ALENA au moment des renégociations ?
-sujet 8 : Trump, un reflet du populisme
ASIE
-sujet 1 : le drame des Ronhingyas et la question des minorités en Asie
-sujet 2 : le projet OBOR, outil d'influence de la Chine ?
-sujet 3 : la situation politique actuelle de la Corée du Sud
-sujet 4 : menace nord-coréenne : que peuvent faire les Etats-Unis et la Chine ?
-sujet 5 : où en est la jeunesse chinoise ? colle de lecture de livre
-sujet 6 : où en est le Japon ?
-sujet 7 : où en est l'Inde de Modi ?
FRANCE EUROPE
Sommaire
sujet 16 : le Brexit
sujet 15 : les élections allemandes et leurs effets sur l'Europe
sujet 14 : bilan de la tournée de Macron en Afrique
sujet 13 : la crise migratoire en France
sujet 16 : le Brexit. Etat des lieux en mars 2018
Pour un recul historique
Sommaire
sujet 16 : le Brexit
sujet 15 : les élections allemandes et leurs effets sur l'Europe
sujet 14 : bilan de la tournée de Macron en Afrique
sujet 13 : la crise migratoire en France
sujet 16 : le Brexit. Etat des lieux en mars 2018
Introduction:
« L’Angleterre est une île », c’est de
cette manière qu’André Siegfried commença ses cours à Science Po. Si
l’Outre-Manche a une histoire complexe avec le continent, elle demeure une
composante à part entière de la civilisation européenne. La réalité économique
actuelle est toute aussi parlante : 50% des exportations britanniques
sont à destination de l’UE tandis que 15% de ses importations proviennent du
continent.
Cependant le 23 juin 2016, 51.9% des britanniques
choisirent de quitter l’EU. Séisme politique à l’échelle européenne qui n’eut
pas (ou très peu) anticiper par le passé cette possibilité qu’est la sortie
d’un pays de l'UE.
Ainsi comment va se traduire cette sortie qui
suscite de nombreuses questions des deux cotés de la Manche ?
1.
Le Hard Brexit est-il possible ?
Le 29 mars 2017, Theresa May, le Premier Ministre du
Royaume-Uni déclenche l’article 50 du traité de Lisbonne pour sortir de l’Union
européenne ; à compter de ce jour, l’UE et le Royaume-Uni ont 2 ans pour
négocier les termes de la sortie de l’UE.
Theresa May a indiqué qu’elle souhaitait un Brexit
en douceur et qu’elle souhaitait conserver de bonne relation avec le continent.
Or, les conditions du Brexit imposées par l’UE sont jugées assez excessives
pour le Royaume-Uni, en effet, les pays de l’UE ont décidé de faire bloc et de
ne pas céder face aux revendications britanniques. L’UE exige le paiement de 60
milliards d’euro, ainsi que la possibilité pour les citoyens européens au
Royaume-uni de rester, et enfin une possibilité pour l’Irlande du Nord de
rester dans l’UE. A ce jour, Theresa May a presque dû se plier à toute les
revendications.
En effet l’avenir du Royaume-Uni se joue lors de ces
négociations. Si les deux entités ne parviennent pas à un accord sur le futur
de leurs relations, alors les relations seront régies par le droit
international, et par les règles de l’OMC.
Les négociations peuvent aussi aboutir dans de
meilleurs cas de figure à un accord de libre-échange exhaustif avec l’UE, voire
un maintien de l’accès au marché commun.
Certes, le
Brexit permettra au Royaume-Uni de retrouver une pleine souveraineté (même
s’ils ne l’avaient jamais vraiment abandonné) d’ailleurs, les Britanniques vont
rapidement retrouver leur passeport bleu. En revanche il semble que économiquement
et financièrement, le Brexit aura inévitablement un coût important pour le
Royaume-Uni, et à moindre mesure, pour l’UE. En effet, selon une analyse du
gouvernement britannique mené en février 2018, le maintien dans le marché
commun n’amputerait le PIB du pays que de 2% sur les 15 prochaines années. En
cas de libre-échange exhaustif avec l’UE, l’impact négatif serait de 5%. Enfin,
des le pire des cas, l’effet négatif serait de 8% sur le PIB.
De plus, le
déplacement des instances européennes sur le continent contribuent à la perte
de poste, comme le déplacement de siège de banque, l’AEM et l’ABE se déplacent
en France et aux Pays-Bas. 4000 postes
financiers sont déplacés.
Finalement,
la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne se fera aussi au détriment de
l’Union européenne. En effet, le Royaume-Uni était le 3e contributeur au budget
de l’UE, derrière l’Allemagne et la France, représentant 16,63%du budget de
2016. De plus, le Hard-Brexit serait la perte d’un de ses partenaires
commercial pour l’UE. Cependant, en tant que première puissance économique
mondiale, le Brexit aura des conséquences bien moindre pour l’UE que pour le
RU.
Contenues des conséquences économiques, connues de
l’UE et des Britanniques, le hard-brexit semble être un scénario peu probable,
tant il amputerait le Royaume-Uni d’une partie de ses emplois et de ses
revenus.
2-Ainsi, face aux problèmes structurels et sociaux
qu’engendrait un hypothétique hard Brexit, vint l’idée d’un soft Brexit. Il
serait effectivement une alternative préférable au hard Brexit pour les
négociations.
Bien que Mme May ne soit plus en froid avec Mr Trump
et que ce dernier lui a assuré un contrat après le Brexit un hard Brexit ne
serait pas souhaitable. David Davis, secrétaire au Brexit, pourrait bien voir
ses désirs finir en névroses freudiennes. Ce dernier désire des centaines
d’accords avec des pays tiers, chose plausible mais impossible en moins de 2
ans (délais de Mme May). Même Jacob Rees Mogg, député euroseptique demande une
prolongation de la durée de négociation pour que la destiné économique du
Royaume-Unis soit pérenne.
Il permettrait aussi de laisser du temps aux
citoyens européens et britanniques d’anticiper leur futur, même si Mme May a
déjà laissé une période de 2 ans aux citoyens européens vivant en
Angleterre pour se préparer à cette échéance. Chiffre important, témoin
d’une panique de ce Brexit, 3713 Britanniques ont demandé la nationalité
française en 2017 soit 8 fois plus qu’il y a 10ans.
Mais une soft Brexit est-il souhaitable pour l’élite
anglaise outsider ?
Question ridicule car les pro Brexit n’ont aucun
intérêt à voir un soft Brexit: ils ont peur d’avoir un "pétard
mouillé" dans les mains, qui devienne une utopie, littéralement
parlant, un non lieu.
Prolonger les négociations apporte deux problèmes:
premièrement c’est continuer à prolonger les 4 libertés européennes et donc
assister à une immigration massive, chose que les hard brexiter veulent stopper
au plus vite.
Seconde conséquence, engager des négociations
longues c’est laisser du temps au temps, les ardeurs révolutionnaires vont
faiblir et peut être réaliser que cela n’était qu’une erreur, un effet de
style, un simple mouvement populaire sans sens guidé par des populistes
démagogues et inconscients.
Finalement il demeurerait tout de même des problèmes
clés comme l’Ireland du Nord et Gibraltar, ainsi ne pouvons-nous pas envisager
un non Brexit ?
3. L’éventualité d’un nouveau vote ou qu’il n’y est
pas de deal ?
Alors que les négociations du Brexit continuent, les
divergences au sein du Parlement anglais s’accroissent. En effet, la perte de
la majorité absolue du parti conservateur au sein du Parlement empêche Theresa
May de prendre des décisions pour le Brexit. Ainsi, elle est obligée de faire
voter ses idées au sein du Parlement pour savoir si elle peut les proposer à
Bruxelles. Toutefois, la position de May permet aux opposants du Brexit de se
faire entendre. Les Remainers, qu’ils soient conservateurs ou travaillistes,
souhaitent remettre en question le vote du Brexit et suivre l’idée énoncé par
Vernon Bodganor professeur au King’s College (Londres) de laisser une nouvelle
fois la décision aux mains du peuple anglais. Les négociations prennent alors
plus de temps que prévues mettant Londres dans une position de faiblesse
vis-à-vis de Bruxelles qui déclare ne prendre aucune résolution particulière et
laisse la balle dans le camp britannique. Le Brexit est alors dans une
situation bancale, puisque Theresa May et les Tories opteraient pour un Brexit
dure avec une sortie complète du système européenne, tandis que l’idée des
travailliste et Jeremy Corbyn serait d’appliquer un Brexit doux basé sur une
union douanière pour limiter les conflits entre les deux Irlande et un accord
pour avoir accès au Marché commun. Enfin, le dernier problème important pour
Theresa May et les Brexiteers est la chambre des Lords. Les Lords sont des
pro-européens et grâce à leur situation jouent un rôle important dans les
décisions du Parlement. Ils sont ainsi une opposition totale avec les décisions
du Brexit ne facilitant pas la tâche au gouvernement en cours. Ainsi, la
complexité de la situation britannique laisse entrevoir une éventuelle remise
en question de la sortie du Royaume-Uni soit par l’intermédiaire d’un second
vote soit car aucun accord ne sera acté.
sujet 15 Les élections allemandes, quelles
conséquences pour l’Europe ?
Ousmoï Basma
Letron Emma
Une relance compliquée du couple franco-allemand :
Lors
des élections françaises de 2017, la classe politique allemande n’a pas caché
sa préférence lors de nombreuses interventions pour le candidat Macron en
raison d’une certaine adhésion à son programme mais aussi (et surtout) contre
la candidate FN. Mais depuis le flottement politique allemand a dévoilé des
divergences et des désaccords entre les deux puissances européennes.
Ainsi une convergence est-elle possible
pour le couple franco-allemand ? Si oui dans quelle mesure ?
A
l’issu des résultats, la stabilité politique allemande se voit être ébranlée.
En effet l’AFD (extrême droite) bat un record historique (12,6% des voix) et se
fraye un passage au sein du parlement allemand. Le SPD bat aussi un record mais
avec le nombre de voix le plus bas depuis sa création (20,5%) et décide, pour
un regain de crédibilité politique, de se placer dans l’opposition et de ne pas
intégrer la coalition dans un premier temps mais finit par l’intégrer. Ainsi
pendant plus de 4 mois, l’Allemagne se retrouve sans gouvernement ce qui
cristallise le dynamisme franco-allemand. Mais la récente structuration de la Grande
coalition peut-elle laisser envisager la relance d’un couple franco-allemand
fort et uni comme envisagé par Macron ? En effet, ce dernier avait misé
lors de sa campagne sur l’importance du couple dans la perspective
d’entreprendre des réformes majeures au sein de l’UE telles que l’union
économique et monétaire ou encore l’Europe de la défense. Le dossier du Brexit
peut aussi pousser les deux puissances à renforcer leur coopération pour mener
une négociation qui profite à l’UE.
Pourtant
de nombreuses divergences persistent. En effet les dirigeants allemands dont
Wolfgang Schäuble, actuel président du Bundestag (Parlement), avaient adressé
une fin de non-recevoir concernant la vision de l’approfondissement de la zone
euro du président français (création d’un gouvernement de la zone euro et donc
d’un budget). Actuellement, le FDP s’est engagé dans une refonte idéologique
axée sur un euroscepticisme rejetant tout mécanisme approfondi de solidarité à
l’échelle européenne (ils s’opposent à la création d’une entité économique
supranationale et considèrent que la mise en place d’un budget pour la zone
serait une manière de faire payer l’Allemagne des projets qui ne lui profitent
pas).
Il est à noter qu’il s’agit
du dernier mandat de Merkel. Donc tout laisse à penser que la chancelière peut
inspirer à laisser sa trace dans l’histoire de l’Allemagne. Ce qui pose la
question de l’orientation à prendre : suivre la voie française ou se
distinguer ?
Conclusion :
la volonté de Macron de faire renaître le couple franco-allemand est tout à
fait légitime en soi, mais elle bute cependant sur des conceptions politiques
divergentes et la réalité du profond déséquilibre politique et économique qui consume
la coopération européenne.
Une
coopération historique récente …
|
…
remise en cause …
|
…
mais qui reste solide et prometteuse
|
-
La poignée de main de François Mitterrand et
Helmut Kohl
-
notion qui n’a pas de véritable traduction en
allemand
|
-
divergences internes entre les 3 partis
de la Grande Coalition (SPD, les Verts, et CDU) sur l’immigration, la zone
euro, l’environnement…
-
divergence avec les réformes européennes
proposées par Macron
|
-
le brexit peut annoncer une relance de la
coopération
-
une lutte commune contre l’essor du populisme
européen
-
une lutte commune contre le terrorisme
|
Une politique migratoire tumultueuse
L’Allemagne est le pays qui,
depuis le début de la crise des migrants (été 2015), a le plus ouvert ses
frontières. Elle a accueilli plus d’un million de réfugiés à elle seule en
2015.
La politique de la
chancelière et sa politique de bienvenue (Willkommenskultur) a engendré de
nombreux flux migratoires dont la population a subit les conséquences au
quotidien et a ainsi fait progresser le parti populiste anti-immigration AfD.
Les migrants sont amenés a rester sur le sol allemand car ils ne peuvent
retourner pour la plupart dans leur pays d’origine car la situation dans ces
derniers ne leur permet pas (par exemple les Syriens ou Irakiens) ; cependant
le pays s’engage à soutenir financièrement le retour de ceux qui le souhaitent.
L’insatisfaction se fait
ressentir dans les urnes lors des élections législatives de la CDU et CSU le 24
septembre 2017, l’Union (nom donné à la réunion des deux partis) a obtenu son
plus mauvais score depuis 1949
Malgré une politique
controversée (également au sein-même de son parti) la CDU d'Angela Merkel
arrive en tête des élections fédérales allemandes, son parti marque un net
recul par rapport à 2013 et devra donc se trouver au moins un partenaire : Le
SPD. Par ailleurs le parti anti-immigration et eurosceptique Alernative pour
l'Allemagne (AfD) réalise un résultat record (13% des suffrages) et entre au Parlement.
Créé en 2013, ce parti aura réussi à bouleverser le paysage politique allemand,
grâce à un discours virulent contre la politique migratoire de la coalition
CDU-SPD au pouvoir. Devenue aujourd'hui la troisième force politique du pays,
l'AfD pourrait compter jusqu'à 89 députés.
Pendant les négociations, La
CSU bavaroise n’a cessé de réclamer l’instauration d’un « plafond »
(Obergrenze) fixant à 200 000 le nombre maximal de demandeurs d’asile
susceptibles d’être accueillis chaque année en Allemagne. Le SPD ne voulait pas
en entendre parler, et il a fallu attendre le lendemain des législatives du 24
septembre 2017 pour que Mme Merkel, qui avait jusque-là rejeté l’idée, finisse
par l’accepter, officiellement le 8 octobre 2017.
De ce point de vue, même si le
terme de « plafond », qui a crispé le débat politique allemand depuis 2015, ne
figure pas dans le contrat de coalition, et même si ses rédacteurs ont préféré
établir une fourchette comprise entre 180 000 et 220 000 plutôt qu’un nombre
fixe, le texte est directement inspiré des revendications de la CSU bavaroise.
Concernant le regroupement
familial pour les réfugiés bénéficiant d’un statut temporaire, les deux partis
ont obtenu gain de cause : Alors que les conservateurs souhaitaient renouveler
une loi qui l’interdit et doit arriver à expiration en mars, le SPD a obtenu
que ce type de regroupement familial soit autorisé de nouveau à partir d’août.
Mais le nombre reste symbolique, et les conservateurs sont parvenus à ce que
cela ne concerne que 1 000 personnes par mois.
Bibliographie :
sujet 14 : Quel bilan après la tournée africaine
d’Emmanuel Macron ? Continuité ou rupture ?
Le président Macron comptait sur sa première tournée
africaine pour « fixer le cadre de son approche de l’Afrique ».
Du 27 au 30 novembre 2017 il s’est rendu au Burkina Faso où il s’est adressé à
la jeunesse, puis en Côte d’Ivoire où il a participé au sommet Union
africaine-Union Européenne et enfin au Ghana, une première pour un président
français. E.Macron entend renouveler les relations entre la France et
l’Afrique.
Dans quelle mesure E.Macron mène-t-il
une politique africaine spécifique ?
I. Une
jeunesse et une fraicheur politique, symbole de rupture
Né
en 1977, E.Macron profite de son jeune âge comme d’une connivence générationnelle
avec le peuple africain. En effet, 60% de la population africaine a moins de 35
ans. Cette jeunesse lui permet de s’affranchir du passé impérialiste français.
Il s’adresse en particulier aux étudiants : le discours de Ouagadougou est fait
dans un amphithéâtre rempli d’étudiants burkinabés. Il mise sur la jeunesse, souhaite en finir
avec une aide au développement d’Etat à Etat. Son souhait est de réunir autour
de la table les sociétés civiles, les entreprises, les étudiants.
De
plus, l’ancien 1er ministre franco-béninois Lionel Zinsou se fait le
chantre de la rupture apportée par la fraîcheur de Macron. En effet, ce
banquier d’affaire créateur du Think Tank Terra Nova (proche du centre gauche
sur l’éventail politique) voit en Macron « le Prince de la jeunesse ».
Il ne parle pas de Macron en tant que président français mais comme du Leader
européen qui veut faire la différence. Il compare sa tournée au voyage
inaugurale de Obama en 2009 au Ghana et au Kenya. Zinsou insiste sur l’image de
président des start-up que le monde entier attribue à Macron pour affirmer
qu’il rompt avec le passé pour créer l’initiative.
Enfin,
la fraicheur du président français se remarque par éloquence. Cependant, son
discours de proximité ne fait pas l’unanimité.
Sa blague sur la climatisation et
le tutoiement du président burkinabé Kaboré ont été vivement critiqué. Son
vouvoiement à géométrie variable ne plaît guère dans une Afrique où l’âge,
synonyme de sagesse, doit se respecter.
II.
Un discours de rupture : « il n’y a plus de politique africaine de la
France »
Lors de son discours à Ouagadougou le 28 novembre 2017,
E.Macron a annoncé qu’il n’y aurait plus de politique africaine de la France.
En effet, E.Macron souhaite porter un regard neuf sur l’Afrique et rompre avec
une relation postcoloniale. Il n’entend désormais ni donner de leçons à
l’Afrique, ni en recevoir.
Cette rupture se traduit tout d’abord par une mise en avant
de l’Afrique et des Africains. Lors de son discours, E.Macron proposait de
réinventer le partenariat entre la France et l’Afrique, renvoyant les Africains
à leur responsabilité : « la solution ne viendra pas de l’extérieur,
votre génération est condamnée à réussir » car « c’est ici que se
télescopent tous les défis contemporains – terrorisme, changement climatique,
pauvreté, démographie, urbanisation ». Aussi, E. Macron n’a pas dénoncé
les régimes autoritaires africains, estimant que ce n’est pas à la France de
renverser les derniers dictateurs africains mais aux Africains eux-mêmes. Il a
également promis que la France ne soutiendrait plus de grands groupes
pratiquant la corruption ou de grands projets sans retombées d’emplois ou
financières pour les Africains et a émis le souhait que les étudiants
burkinabés puissent mener toutes leurs études au Burkina Faso.
Le président français entend montrer que la France
n’interférera plus dans les affaires africaines, il va plus loin en montrant sa
volonté d’ouvrir la France à l’Afrique anglophone, rompant ainsi avec la
Françafrique. En effet, E.Macron a terminé sa tournée par le Ghana (dont la
langue officielle est l’anglais), une première pour un chef de l’Etat français.
E.Macron et Nana Akufo-Addo partagent la même ambition pour la démocratie sur
tout le continent africain, le président ghanéen ayant été élu dans des conditions
tout à fait transparentes. Autre point commun : le bilinguisme. Nana Akufo-Addo
veut promouvoir l'apprentissage du français dans les écoles de son pays. Le
Ghana a par ailleurs ouvert plusieurs dizaines de nouvelles classes de français
depuis son arrivée au pouvoir il y a un an ; une initiative saluée par E.Macron
qui se veut le promoteur d'une francophonie plus offensive.
Enfin, la question de
l'immigration africaine vers l'Europe a été au cœur du cinquième sommet UE-UA à
Abidjan. Malgré des chiffres en baisse par rapport à 2016, la question
constitue toujours un enjeu colossal pour l’Europe qui a du mal à gérer cet
afflux, comme pour l’Afrique qui voit sa jeunesse fuir massivement le
continent. Aussi E.Macron a fait part de sa volonté de « frapper
les organisations criminelles et les réseaux de passeurs » qui exploitent
les migrants subsahariens, et de « venir en aide aux populations prises au
piège en Libye ». Il a également évoqué l’ouverture de hostpots au Niger
et au Tchad pour pré-examiner les demandes d’asiles.
III.
Un président qui ne peut se soustraire au passé
Malgré sa volonté de marquer une rupture avec ses
prédécesseurs, E.Macron reste dans leur continuité en effectuant la
traditionnelle tournée africaine du président français après son élection. De
plus on observe des similitudes entre ces tournées et les discours des
présidents français : E.Macron, voulant rompre avec le passé colonial, a
déclaré : « Je ne vous donnerai pas de leçon » là où
F.Hollande avait dit « Je ne suis pas venu pour donner un exemple, pour
imposer un modèle ou pour donner des leçons », cependant il a, comme
N.Sarkozy, évoqué les « crimes » et les « grandes
choses et histoires heureuses » de la colonisation.
E.Macron n’a pas évoqué clairement
la fin de la Françafrique, il a simplement dit « Il n’y a plus de
politique africaine de la France ». Or cela est faux selon Laurent
Bigot un ancien diplomate français spécialiste de l’Afrique qui explique que
l’Afrique est la dernière profondeur stratégique de la France. S’il n’y avait
plus de politique africaine il n’y aurait plus d’ambassadeurs français en
Afrique. Le président ne peut se soustraire au passé car sans l’Afrique la
France ne serait pas la puissance qu’elle est aujourd’hui. La France est
attachée à son influence en Afrique face à la concurrence de la Chine, des
Etats-Unis, de la Turquie...
La projection africaine de la France
se résume à l’espace sahélien et avant tout par des interventions militaires
comme celle au Mali en 2013. La présence militaire française en Afrique est
encadrée par des accords militaires depuis les années 1960-70 signés avec ses
anciennes colonies : le Gabon, la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine,
le Togo, le Sénégal, le Cameroun, Djibouti et les Comores. La France jouit du
droit d’y intervenir militairement et d’y stationner des troupes en permanence
dans des bases militaires dont elle a le contrôle entier. Ce qui fait de la
France un gendarme et protecteur des régimes autoritaires. Lors de la tournée
rien n’a filtré quant à la modification de ces accords. De plus, E.Macron
souhaite un financement onusien du projet G5 Sahel pour la lutte contre le
terrorisme, avec pour objectif de maintenir le contrôle de la France sur ce
théâtre d’opérations.
E.Macron ne semble pas non plus prêt
à abandonner le Franc CFA : il en a très peu parlé et a rapidement évacué le
débat quand un étudiant lui a posé la question à Ouagadougou. Le CPA supposé
nouvel outil des relations entre la France et l’Afrique, réunis en son sein des
cadres de grandes entreprises comme Suez, cela rappelle les réseaux
politico-affairistes de la Françafrique.
Le bilan qui se dresse après cette tournée appelle à une
rupture dans la continuité. La fraîcheur du jeune président lui permet de
s’identifier au continent africain et son verbe apporte un nouveau souffle au
couple France-Afrique. Cependant, s’il souhaite rompre avec le passé en
affirmant une non ingérence africaine future, il ne compte pas pour autant
mettre un terme à la présence économique et militaire de la France en Afrique.
Sujet 13 : La question migratoire en France
Saint-Martin Gabin
Sanchez Mathieu
Andrieu Marie
Les politiques migratoires ont depuis toujours été centrales en France,
au cœur des programmes et des discours politiques que ce soit à des fins
économiques ou pour contrôler les flux. Elles font également l’objet de
réactions sociales variables.
I/ L'immigration, entre réalité
et perception ?
L'immigration est un phémonène ancien en France qui se doit d'être
étudier sous deux angles : les faits, les données qui témoignent de la
réalité mais aussi du vécu des populations, leur perception quant à ce
phénomène.
Dans les faits, selon l'enquête de
l'INSEE, la France accueillait en 2015, 253 mille immigrés sur un total
d'entrées de 364 mille soit plus de 2/3 des arrivées en France. Les immigrés
constituent aujourd'hui environ 10% de la population française. La proportion
d'immigrés en France a fortement augmenté avec la crise migratoire qui a débuté
en mars 2014 et s'est fortement intensifiée entre janvier et juillet 2015 avec
la crise syrienne avec l'arrivée de 340 000 migrants. Cette crise a provoqué
notamment une dégradation de la situation dans le nord de la France dans ce que
l'on appelle depuis 2002, « la jungle de Calais ».
Mais comment est vécue cette immigration par la population ? Face à ce phénomène, les français sont divisés. D'un côté, certain prône l'accueil des migrants, leur intégration ainsi que la défense de leurs droits. Le chef de l'Etat Emmanuel Macron disait à ce sujet qu' « aucun migrant ne sera dans la rue avant la fin de l'année 2017 ». D'un autre côté, la montée de partis extrémistes comme l'a montré la présence de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2017 témoigne d'un racisme croissant et d'une situation jugée « envahissante ». La jungle de Calais est un exemple de cette confrontation entre réalité et vécu de la population. Beaucoup de violences sont constatées aux alentours de la jungle, entre migrants et locaux et au sein du camp lui même. La perception de la population locale s'est ainsi traduite par le vote majoritaire pour Marine Le Pen dans le Pas de Calais.
Mais comment est vécue cette immigration par la population ? Face à ce phénomène, les français sont divisés. D'un côté, certain prône l'accueil des migrants, leur intégration ainsi que la défense de leurs droits. Le chef de l'Etat Emmanuel Macron disait à ce sujet qu' « aucun migrant ne sera dans la rue avant la fin de l'année 2017 ». D'un autre côté, la montée de partis extrémistes comme l'a montré la présence de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2017 témoigne d'un racisme croissant et d'une situation jugée « envahissante ». La jungle de Calais est un exemple de cette confrontation entre réalité et vécu de la population. Beaucoup de violences sont constatées aux alentours de la jungle, entre migrants et locaux et au sein du camp lui même. La perception de la population locale s'est ainsi traduite par le vote majoritaire pour Marine Le Pen dans le Pas de Calais.
On peut cependant ajouter que la
réalité est différente de celle perçue par les français. En effet, il y a plus
de migrations perçues par la population qu'il n'y en a réellement.
II/ Vers la refondation de la politique
d’asile et d’immigration ?
Historiquement, la France a toujours été un pays d’accueil pour combler
ses besoins en main d’œuvre. Cependant, depuis 1974, les politiques
d’immigration visent à maîtriser et limiter les entrées sur le territoire ainsi
qu’à améliorer les conditions d’intégration. La dernière en date est celle
développée par le nouveau mandataire Emmanuel Macron et son ministre de
l’intérieur Gérard Collomb. Elle présente deux volets, un premier concernant
l’accueil et l’intégration des migrants et un second visant à lutter contre
l’immigration irrégulière.
Dans le premier volet les mesures tendent à réduire les délais de traitement des
demandes d’asile, prolonger les titres de séjour, mieux répartir l’accueil au
niveau national, adopter des mesures de protection et d’insertion pour les
migrants avec par exemple la création d’un « passeport santé ».
Pour lutter contre l’immigration irrégulière,
le projet prévoit d’augmenter les durées de rétention administrative, la
possibilité d’avoir recours à l’assignation à résidence en attendant le retour
du migrant, la possibilité d’accorder
l’aide au retour volontaire à un étranger placé en détention, témoignant de la
volonté du président français de « reconduire
davantage ».
Ainsi, si ces mesures ne sont
qu’au stade de projet, elles devraient être adoptées aux alentours de mars
2018.
III/ L’accueil des migrants,
« une France inhumaine » ?
Dans le journal
Libération, Yann Moix, écrivain et chroniqueur à « On n’est pas couché »,
dénonce avec une grande virulence verbale la politique migratoire en
interpelant directement le chef de l’Etat. Il affirme avoir filmé à Calais,
dans le cadre d’un documentaire qu’il réalise sur place, des « actes de
barbarie ». Il regrette les qualificatifs dégradants employés par Emmanuel
Macron, confondant migrant et exilés.
« J’affirme, monsieur le Président, que vous laissez perpétrer à
Calais des actes criminels envers les exilés. Je l’ai vu et je l’ai filmé ». Il
dénonce le sort des exilés, frappés, battus, gazés. Yann Moix avec cette
tribune s’en prend ouvertement au président de la République, le qualifiant «
d’incompétent ». Il s’indigne que la France, pays des valeurs républicaines où
les droits de l’homme, dit fondamentaux, agisse avec une telle férocité sur les
exilés. Macron semble prôner des valeurs mais dans les faits, la réalité
apparaît bien différente.
Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste des migrations
internationales, s’indigne des conditions sanitaires et sociales des migrants,
mais également des violences policières : « Les politiques migratoires
produisent des morts, des trafiquants mais ne dissuadent pas ». « Les
politiques migratoires viennent s’échouer à Calais ».
La question
migratoire est donc un sujet controversé en France, entre respect des valeurs
de notre république, et bien-être de la population française, les avis sont
divisés et les politiques difficiles à mettre en place.
Sommaire des colles d'actu sur l'Afrique
sujet 12 : la crise en Libye
LA CRISE LIBYENNE EN JANVIER 2017
• Un Etat libyen qui s’est
longtemps appuyé sur les tribus…
Depuis sa
fondation le 10 février 1947, la Libye comprend une multitude de tribus,
composant essentielles de la société libyenne, c’est-à-dire un groupement de
personnes croyant partager le même sang et donc unis par une solidarité de
corps (entraide, défense du territoire, …). Ces tribus sont représentées par un
chef : le cheikh, censé réguler la situation interne de la
tribu, le rapport avec les autres tribus et les relations avec
le pouvoir central. D’ailleurs, le nom de Libye provient de
la tribu millénaire des Libu. On
recense plusieurs dizaines de tribus en Libye, dont la plus importante est la
tribu des « Warfala », avec
près d’un million de membres situés dans la région de Benghazi. On recense de
même les libous, tribus berbères, les
Arabes, parmi lesquelles on retrouve les tribus El Ashraf, descendants du prince Idris El Akbar, le fondateur de
l’Etat idrissique au Maghreb, les Kouloughlis,
apparu lors de la domination de la Libye par L’Empire ottoman, les Beni Fezzan, tribu originaire du
territoire du Fezzan, une région désertique de Libye très riche en
hydrocarbures, et enfin la tribu des
Touaregs, qui habitent le Sud du pays, ce sont généralement des nomades qui
déplacent leur bétail d’un endroit à l’autre et qui vivent dans des tentes.
Historiquement,
la tribu étant le dénominateur commun d’une majorité de Libyens, l’Etat libyen
a toujours dû composer avec celles-ci et ce système tribal a survécu aux
différents régimes politiques qu’a connus le pays : aussi bien durant la
colonisation italienne (1911-1943) que pendant la monarchie d’Idris Al-Sanoussi
(1951-1969).
Le premier
septembre 1969, le colonel Mouammar Kadhafi et les officiers libres renversent
le roi Idris. Kadhafi tente alors de faire table rase du système tribal libyen,
en écartant dans un premier temps les élites établies, donc les élites tribales
et en faisant participer l’ensemble de la population à la politique à travers
le principe de démocratie directe. Néanmoins, il fait alors face à une vive
opposition des tribus : il comprend alors, dès 1975, la nécessité de se
tourner vers les tribus, notamment la sienne, celle des « kadhafa ». Ainsi, l’Etat libyen devient une sorte d’Etat
tribal. Kadhafi lance un parti politique qu’il appelle « la troisième
théorie universelle » (le terme universel rappelant le rêve supranational
de Kadhafi qui rêve d’une unité arabe), supposément fondé sur la démocratie
directe et le culte de la personnalité. Il écrit d’ailleurs le fameux
« livre vert », dans lequel il évoque sa volonté de faire un Etat sans
Etat, c’est-à-dire un système politique en harmonie avec le système des tribus,
ni Parti, ni Parlement, ni opposition, « ni gouvernement ». Mais, en
réalité, il y avait tout de même des ambassades, des parlements qui portaient
d’autres noms et le pouvoir était entre les mains de Kadhafi et certaines
tribus ou régions en particulier.
Ainsi,
Mouammar Kadhafi a cherché à établir sa légitimité en s’appuyant
sur des forces non institutionnelles, au premier rang desquelles les tribus. Le
Guide suprême a ainsi adopté une attitude ambivalente envers ces organisations.
D’un côté, il a exalté l’imaginaire tribal en tant que culture dans
sa doctrine du Livre vert (1975), a nommé quelques représentants tribaux au
sein de l’armée et des ministères et garanti la survie de ces mouvements
en leur permettant d’acquérir des ressources par le biais des comités
populaires. Dans le même temps, le colonel a affirmé sa propre autorité en
favorisant sa tribu d’origine, les Kadhafa,
n’accordant aux autres qu’une influence symbolique. Ainsi, une des premières
mesures de Kadhafi en tant que chef d’Etat fut d’abolir les anciennes
divisions administratives de la Libye, établies sur la base de l’emplacement
géographique des tribus. Cette volonté s’explique du fait que: pour qu’un pays
soit reconnu comme interlocuteur par la communauté internationale ou les
compagnies pétrolières, une structure étatique est nécessaire.
Mouammar
Kadhafi a donc, au fil du temps, mis en place un pouvoir autoritaire et centré
sur son clan, tout en insistant sur l’identité tribale de la Libye. Cela s’est
retrouvé dans son discours guerrier du 22 février. Le Guide suprême de la révolution
a ainsi affirmé être « au-dessus
des postes des chefs d’Etat », « un révolutionnaire », « un Bédouin »
• Mais un Etat libyen qui s’est
disloqué sous la pression des milices à bases tribales et également
postrévolutionnaires…
L’Etat tribal de Kadhafi reposait sur un équilibre
fragile entre le pouvoir centrale et celui ancestrale des tribus. Si Kadhafi a
toujours su composé avec les tribus, il a aussi maintenu les divisions entre celles-ci,
le menant à sa chute le 20 octobre 2011 (date de son décès). La révolution
libyenne de 2011 débute dans un contexte particulier, celui du printemps arabe.
Comment la révolution libyenne n’a fait
que réinstaurer une logique tribale et milicienne cachée sous Kadhafi ?
Au début
localisé autour de la région de Benghazi dans le nord du pays entre les forces
révolutionnaires et l’armée libyenne, le conflit se généralise : certains
chefs tribales passent en 2011 du côté de la révolution. Mais il ne faut pas
négliger le nombre de tribus qui lui sont resté fidèle (56 environ), qui ont
formé l’armée des tribus après la révolution. On assiste donc à un conflit
entre des tribus s’opposant aux régimes et d’autres soutenants le régime.
Même si au
départ Kadhafi prônait l’instauration de la Charia, le régime kadhafiste a vite
réprimé l’Islam. En 1996, Kadhafi ordonna le massacre de 1200 détenus islamistes
dans la prison de haute sécurité d’Abou Salim. L’arrestation de l’avocat des
familles des victimes en plein printemps arabe mit le feu le poudre. Dépassant
le cadre des familles de victimes, la guerre en Libye démarra. Cette révolte
est soutenue par le GICL (Groupe islamiste de Combattant Libyen) et armée par
des pays étrangers comme le Qatar ou le Soudan.
En
2014, la guerre civile post-révolution
continue toujours, l’Etat libyen n’existe « plus ». La révolution
s’est transformée en lutte régionale pour des territoires entre des tribus, des
milices islamistes et des milices postrévolutionnaires, les katibas, qui ont réussi à sortir du jeu tribal
et religieux. Dans ce chaos
l’organisation terroriste Daesh en
profité pour acquérir des territoires en Libye et participer à cette lutte
territoriales pour le pétrole.
• Cependant un Etat libyen qui
tente difficilement de se reconstruire profitant de l'affaiblissement du lien
tribal et de la modification de sa nature.
La Banque
centrale libyenne (BCL) et la Compagnie nationale de pétrole (NOC) ont annoncé
leur soutien, en avril 2016, au gouvernement d’union nationale libyen de Fayez
el-Sarraj. Dans un communiqué, la BCL
salue l'arrivée du gouvernement d'union nationale « et les résolutions du Conseil de sécurité » de l’ONU dont les pays
membres avaient fait appel aux États afin de « cesser de soutenir ou d'avoir des contacts officiels avec les
institutions parallèles qui prétendent être l'autorité légitime mais sont en dehors
de l'accord politique libyen ».
La NOC, entreprise publique qui gère le secteur pétrolier
et gazier en Libye, a également apporté son soutien à ce gouvernement : « Nous travaillons avec le Premier ministre
Fayez el-Sarraj et le conseil présidentiel pour dépasser nos divisions », a
indiqué le PDG Mustafa Sanalla, dans un communiqué avant d’ajouter : « Nous avons maintenant un cadre légal
international pour travailler », en référence au soutien de la communauté
internationale au gouvernement Sarraj (rappelons que les réserves pétrolières
de la Libye estimées à 48 milliards de barils, sont les plus importantes
d’Afrique).
De fait, l’affaiblissement du lien tribal rend
possible la mise en place d’une structure étatique, et donc le développement
des entreprises pétrolières.
Seulement, la
reconstruction de l’Etat libyen se veut endogène. Dans la situation
actuelle avec la présence de l’EI en Libye, le mieux est de ne pas intervenir, et
surtout pas en l’absence d’une demande de l’autorité légitime, c’est-à-dire le
chef du gouvernement d’union nationale, Fayez el-Sarraj. Cela aurait pour effet
immédiat de le déstabiliser car les
Libyens, toutes tendances
confondues, restent farouchement opposés à une intervention militaire
occidentale.
En termes
de légalité internationale, il aurait été théoriquement possible d’agir même
sans une résolution du Conseil de sécurité au titre de la
légitime défense face au
danger représenté par l’EI et la menace de nouveaux attentats en Europe. Cela reviendrait néanmoins à mettre une croix sur la souveraineté libyenne et à pulvériser le processus politique qui est en train de se cristalliser autour de
Sarraj.
C’est alors
qu’un processus de reconstruction
nationale commence réellement à s’amorcer. Malgré les différends
politiques, les rivalités personnelles, les jeux de pouvoir des uns et
des autres et le refus du parlement de Tobrouk, longtemps soutenu par la
communauté internationale, de reconnaître la pleine
légitimité de Sarraj, les choses avancent, bien que très lentement. A la
différence de l’Irak et de la Syrie, il n’y a pas en Libye de conflits
interethniques ou religieux attisés par la guerre. La population est à majorité
arabe et sunnite.
Bien qu’il
y ait une fracture importante qui se
renforce chaque jour entre l’est du pays,
la Cyrénaïque (dont le tissu social encore fortement tribal semble avoir épousé la politique militariste du général Haftar), et la
Tripolitaine à l’ouest (région de plus en plus urbanisée et où les
élites sont plutôt issues des élites post-révolutionnaires), la volonté de reconstruire un espace
de vie commune existe
Sources :
- Reportage Arte : Libye, l’impossible
Etat-nation ? https://www.youtube.com/watch?v=bFLKJQ0olVs
- Iris : http://www.iris-france.org/82128-cinq-ans-apres-la-chute-de-kadhafi-quel-bilan-pour-la-libye/
et http://www.iris-france.org/91253-libye-quelles-solutions-pour-eviter-le-basculement-dans-une-troisieme-guerre-civile/
- les yeux du monde : http://les-yeux-du-monde.fr/actualite/afrique-moyen-orient/26283-cinq-ans-apres-la-libye-enfin-sur-de-bons-rails
- Le monde : http://mobile.lemonde.fr/afrique/article/2011/02/24/libye-quel-role-jouent-les-tribus_1483983_3212.html
-sujet 11 : les violences au Mexique
-sujet 10 : où en est la crise au Venezuela ?
-sujet 9 : bilan de l'ALENA au moment des renégociations ?
-sujet 8 : Trump, un reflet du populisme
Sujet 11 Les violences au Mexique déc 2017
I. Une violence endémique
Dans ce pays,
secoué par de graves phénomènes comme le narcotrafic, la sécurité n’est plus
garantie. La corruption est toujours plus galopante. Dans ce contexte
dramatique, la pauvreté et la misère sont un terrain fertile pour les
affrontements et les violences. Mais la situation du pays était-t-elle plus
stable avant ? la Guerre des cartels au Mexique, est un conflit armé où les
cartels de la drogue s'opposent au gouvernement mexicain et les uns aux autres,
et ceci depuis le XX siècle. Dans les années 1960, sous Nixon, la « guerre
contre la drogue » s'impose comme priorité, en réaction à la contre-culture
(mouvement beatnik et hippie, contestation contre la guerre du Viêt Nam, etc.).
Nixon ordonne ainsi, en septembre 1969, l'opération Interception, fouillant en
pure perte tous les véhicules en provenance du Mexique à la recherche de
marijuana, marquant ainsi le début des conflits armés entre cartels et
gouvernements. Une deuxième période marque l’évolution des affrontements vers
une violence de plus en plus marquée : les années 1990, marquées par
l'arrestation de Miguel Angel Félix Gallardo en 1989 et par la mort du
colombien Pablo Escobar en 1993, deux familles de trafiquants issus du Sinaloa
émergent faisant concurrence au Cartel de Sinaloa sur le contrôle des filières
de circulation de la cocaïne, principalement, ainsi que d'héroïne et de
marijuana ²’lence en 2008 a néanmoins été sans précédent : le 15 septembre
2008, le premier attentat public attribué à un cartel a lieu à Morelia, dans le
Michoacán et en décembre, on recensait déjà 5 031 morts liées au conflit pour
la seule année 2008, 7 882 depuis le début du mandat de Felipe Calderón
laissant ainsi place à la démocratisation de la violence au Mexique.
II. Des violences croissantes et en extension
Les 6 premiers mois de 2017 ont été très meurtriers avec 12 000 assassinats, soit une augmentation de 30%. Le Mexique connait donc une réelle recrudescence de la violence, et ce, depuis que la guerre contre les cartels a été déclaré par le gouvernement mexicain en 2006, ce qui a causé plus de 200 000 morts ou disparus dans le pays. Cela fait du Mexique le deuxième pays le plus meurtrier du monde en 2016 selon l’IIES (Institut International d’Etudes Stratégiques) après la Syrie qui est en guerre civile.
Cependant, à cette augmentation du nombre de morts s’ajoute une extension géographique de la violence à des villes comme Mexico, auparavant épargnées. En cause, la lutte contre les cartels et l’arrestation de leurs chefs qui entraine leur déplacement et une généralisation de la violence à tout le pays. Plus aucune région n’échappe alors à cette violence croissante et dont les formes et les victimes sont multiples.
Cuidad Juarez, aussi appelée « capitale mondiale du crime » ou « capitale mondiale des filles disparues » est la parfaite illustration de cette brutalité, en particulier contre les femmes. En plus du harcèlement de rue et de la prostitution au sein des cartels, un phénomène massif de torture émerge. C’est une techniques d’aveux utilisée durant les interrogatoires et ce même par les policiers, ce qui démontre le niveau de corruption du Mexique. Elles subissent des abus sexuels, des décharges électriques et de la torture verbale et psychologique. Les meurtres ne font que très rarement l’objet d’enquêtes et passent pour des crimes passionnels. Ainsi, en 2016, 7 femmes par jour sont tuées en moyenne (ie 2746 d’après une étude de l’ONU) et seul un meurtrier sur dix est condamné. L’inaction de l’état est dénoncée par certaines associations qui parlent alors de « féminicide institutionnel ».
RSF dénonce également l’impunité des meurtres de journalistes faisant du Mexique le pays le plus meurtrier pour eux après l’Afghanistan et la Syrie avec 11 d’entre eux assassinés en 2017. Un parquet spécial pour les enquêtes pour les droits des hommes et des journalistes a donc été mis en place mais seule une enquête a été menée à bout. Ainsi, une pression internationale semble nécessaire.
Par conséquent, tous les états mexicains sont désormais le théâtre de violence. De Guerrero (état le plus meurtrier) à Mexico, les cartels semblent prendre le contrôle du pays et désemparer le gouvernement mexicain impuissant, gangréné par la corruption et débordé par cette extrême violence qui touche les femmes, les journalistes mais aussi les écologistes, les homosexuels ou même les défenseurs des droits de l’homme. De multiples facteurs en sont la cause comme l’inefficacité des politiques mises en place, l’importance des revenus liés à la drogue dans un pays où la population reste majoritairement pauvre et le marché que représente les Etats-Unis en particulier (ce qui crée une concurrence entre les différents trafiquants de drogue). Cela mène à une fragilisation de l’état et à une prise de conscience de l’importance d’agir.
III. Fragilisation de l’Etat et mobilisation de la société civile Les violences variées et persistantes au Mexique amènent à une fragilisation multiscalaire de l’Etat. D’abord une fragilisation de l’image du pays, avec une réputation mondiale de violence et d’insécurité, menant parfois l’appréhension des touristes. L’image du Mexique est détériorée aux yeux même des mexicains : c’est une véritable crise de la confiance qui persiste au Mexique, avec un sentiment d’insécurité et une méfiance envers un système politique corrompu. Le scandale de corruption autour de Javier Duarte (gouverneur de l’Etat de Veracruz 2010-2016) montre que les promesses de renouveau politique ne sont pas tenues. Les structures judiciaires, autant sous Calderon que Pena Nieto, semblent inefficaces : le parquet dédié aux violences faites aux journalistes, par exemple, n’a aujourd’hui vu qu’un condamné depuis sa création en 2010. Enfin, c’est la situation financière qui est aujourd’hui fragilisée, la corruption représente 9% du PIB, la violence 22% (d’après le think tank Institute for economics and peace). Selon la Banque Mondiale, 80% des impôts des mexicains sont directement dédié aux violences. Ces fragilisations font réagir la société civile, qui commence à se mobiliser. Les mexicains descendent dans les rues : suite au meurtre de Mara, 19ans, en juillet 2017 des milliers de mexicains se sont manifestés, montrant ainsi leur volonté de mettre fin à ces violences qui sont aujourd’hui banalisées. Les familles des victimes de féminicides font aussi de plus en plus pression à l’Etat quant à la recherche des femmes disparues et dénoncent l’inefficacité et la corruption des militaires. Ces dénonciations se font malgré la peur qui persiste, nombreuses ont été celles qui ont été violentées suite à la dénonciation de leurs agresseurs, notamment sur les réseaux sociaux. Cette mobilisation croissante des mexicains reste insuffisante, c’est une réaction mondiale qui est nécessaire. Cette action se fait au sein d’ONG (Reporter Sans Frontière, Amnesty Internationale) qui dénoncent ces violences via différents rapports contribuant à une sensibilisation globale. L’ONU se veut vecteur de régulation de ces violences, avec la mise en place, entre autre, d’un représentant dédié uniquement aux violences faites aux journalistes (soutenu par la France). La cour interaméricaine a également sanctionné (via la création d’un centre de justice pour les femmes) le Mexique en 2009 suite à l’affaire de féminicides de Ciudad Juarez. Ces sanctions restent trop maigres face à l’ampleur de ces crimes. Les violences au Mexique doivent être une préoccupation internationale, c’est le 1er exportateur de nombreuses drogues (cocaine…), et notamment américaine (principale marché du narcotrafic). L’Etat mexicain est encore face à ces diverses violences, entrainant une réelle fragilisation de celui-ci, malgré les mobilisations croissantes de la société civile mexicaine c’est une mobilisation mondiale qui est nécessaire pour palier à ce problème.
Les 6 premiers mois de 2017 ont été très meurtriers avec 12 000 assassinats, soit une augmentation de 30%. Le Mexique connait donc une réelle recrudescence de la violence, et ce, depuis que la guerre contre les cartels a été déclaré par le gouvernement mexicain en 2006, ce qui a causé plus de 200 000 morts ou disparus dans le pays. Cela fait du Mexique le deuxième pays le plus meurtrier du monde en 2016 selon l’IIES (Institut International d’Etudes Stratégiques) après la Syrie qui est en guerre civile.
Cependant, à cette augmentation du nombre de morts s’ajoute une extension géographique de la violence à des villes comme Mexico, auparavant épargnées. En cause, la lutte contre les cartels et l’arrestation de leurs chefs qui entraine leur déplacement et une généralisation de la violence à tout le pays. Plus aucune région n’échappe alors à cette violence croissante et dont les formes et les victimes sont multiples.
Cuidad Juarez, aussi appelée « capitale mondiale du crime » ou « capitale mondiale des filles disparues » est la parfaite illustration de cette brutalité, en particulier contre les femmes. En plus du harcèlement de rue et de la prostitution au sein des cartels, un phénomène massif de torture émerge. C’est une techniques d’aveux utilisée durant les interrogatoires et ce même par les policiers, ce qui démontre le niveau de corruption du Mexique. Elles subissent des abus sexuels, des décharges électriques et de la torture verbale et psychologique. Les meurtres ne font que très rarement l’objet d’enquêtes et passent pour des crimes passionnels. Ainsi, en 2016, 7 femmes par jour sont tuées en moyenne (ie 2746 d’après une étude de l’ONU) et seul un meurtrier sur dix est condamné. L’inaction de l’état est dénoncée par certaines associations qui parlent alors de « féminicide institutionnel ».
RSF dénonce également l’impunité des meurtres de journalistes faisant du Mexique le pays le plus meurtrier pour eux après l’Afghanistan et la Syrie avec 11 d’entre eux assassinés en 2017. Un parquet spécial pour les enquêtes pour les droits des hommes et des journalistes a donc été mis en place mais seule une enquête a été menée à bout. Ainsi, une pression internationale semble nécessaire.
Par conséquent, tous les états mexicains sont désormais le théâtre de violence. De Guerrero (état le plus meurtrier) à Mexico, les cartels semblent prendre le contrôle du pays et désemparer le gouvernement mexicain impuissant, gangréné par la corruption et débordé par cette extrême violence qui touche les femmes, les journalistes mais aussi les écologistes, les homosexuels ou même les défenseurs des droits de l’homme. De multiples facteurs en sont la cause comme l’inefficacité des politiques mises en place, l’importance des revenus liés à la drogue dans un pays où la population reste majoritairement pauvre et le marché que représente les Etats-Unis en particulier (ce qui crée une concurrence entre les différents trafiquants de drogue). Cela mène à une fragilisation de l’état et à une prise de conscience de l’importance d’agir.
III. Fragilisation de l’Etat et mobilisation de la société civile Les violences variées et persistantes au Mexique amènent à une fragilisation multiscalaire de l’Etat. D’abord une fragilisation de l’image du pays, avec une réputation mondiale de violence et d’insécurité, menant parfois l’appréhension des touristes. L’image du Mexique est détériorée aux yeux même des mexicains : c’est une véritable crise de la confiance qui persiste au Mexique, avec un sentiment d’insécurité et une méfiance envers un système politique corrompu. Le scandale de corruption autour de Javier Duarte (gouverneur de l’Etat de Veracruz 2010-2016) montre que les promesses de renouveau politique ne sont pas tenues. Les structures judiciaires, autant sous Calderon que Pena Nieto, semblent inefficaces : le parquet dédié aux violences faites aux journalistes, par exemple, n’a aujourd’hui vu qu’un condamné depuis sa création en 2010. Enfin, c’est la situation financière qui est aujourd’hui fragilisée, la corruption représente 9% du PIB, la violence 22% (d’après le think tank Institute for economics and peace). Selon la Banque Mondiale, 80% des impôts des mexicains sont directement dédié aux violences. Ces fragilisations font réagir la société civile, qui commence à se mobiliser. Les mexicains descendent dans les rues : suite au meurtre de Mara, 19ans, en juillet 2017 des milliers de mexicains se sont manifestés, montrant ainsi leur volonté de mettre fin à ces violences qui sont aujourd’hui banalisées. Les familles des victimes de féminicides font aussi de plus en plus pression à l’Etat quant à la recherche des femmes disparues et dénoncent l’inefficacité et la corruption des militaires. Ces dénonciations se font malgré la peur qui persiste, nombreuses ont été celles qui ont été violentées suite à la dénonciation de leurs agresseurs, notamment sur les réseaux sociaux. Cette mobilisation croissante des mexicains reste insuffisante, c’est une réaction mondiale qui est nécessaire. Cette action se fait au sein d’ONG (Reporter Sans Frontière, Amnesty Internationale) qui dénoncent ces violences via différents rapports contribuant à une sensibilisation globale. L’ONU se veut vecteur de régulation de ces violences, avec la mise en place, entre autre, d’un représentant dédié uniquement aux violences faites aux journalistes (soutenu par la France). La cour interaméricaine a également sanctionné (via la création d’un centre de justice pour les femmes) le Mexique en 2009 suite à l’affaire de féminicides de Ciudad Juarez. Ces sanctions restent trop maigres face à l’ampleur de ces crimes. Les violences au Mexique doivent être une préoccupation internationale, c’est le 1er exportateur de nombreuses drogues (cocaine…), et notamment américaine (principale marché du narcotrafic). L’Etat mexicain est encore face à ces diverses violences, entrainant une réelle fragilisation de celui-ci, malgré les mobilisations croissantes de la société civile mexicaine c’est une mobilisation mondiale qui est nécessaire pour palier à ce problème.
Sources :
http://madame.lefigaro.fr/societe/nombre-de-femme-assassinees-chaque-jour-en-2016-au-mexique-141217-146013
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/06/mexico-sexual-violence-routinely-used-as-torture-to-secure-confessions-from-women/
http://www.rfi.fr/ameriques/20170727-mexique-mexico-recrudescence-violence
https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/mexique-entre-violence-et-trafic-de-drogue_1608952.html
https://www.la-croix.com/Monde/Ameriques/Dechainement-violences-criminelles-Mexique-2017-07-02-1200859699
sujet 10 Colle d’actu : Le Venezuela, quelle situation actuelle fin 2017 ?
« La descente aux enfers du Venezuela » (France
Info)
Quelques
repères :
Président actuel : Nicolas Maduro
Population :
31 millions d’habitants
Monnaie :
le bolivar
Dette
publique : 150 milliards de
dollars
Un
régime autoritaire isolé ?
Durcissement du régime : Le
Venezuela, démocratie imparfaite et populiste sous Hugo Chavez, a glissé vers
la dictature. Maduro a succédé à Chavez à sa mort en 2013. Elu à 50,7% des
voix, le durcissement du régime qu’il impose pour maintenir un Chavisme qui
pourtant s’essouffle, ajouté à son
incapacité à sortir le Venezuela de cette triple crise, font que 7 Vénézuéliens
sur 10 sont mécontents et souhaitent son retrait du pouvoir. De plus, le régime
refuse toute évolution de son économie par le FMI, ce qui rend difficile
l’évaluation de l’ampleur de la situation.
En apparence, il ne s’agit pas d’une réelle dictature : Maduro joue sur les limites de la légalité. Il
cherche à contrer l’opposition par tous les moyens. En 2015, lors des élections
législatives, le principal parti de l’opposition le MUD, a obtenu deux tiers
des sièges à l’assemblée. Le Tribunal Suprême de Justice, qui appuie Maduro a
alors suspendu l’élection de trois députés de l’opposition, la privant ainsi de
cette majorité. En outre, l’Assemblée a
voté une loi d’amnistie pour les prisonniers politiques visant notamment à
libérer Leopoldo Lopez, un des principaux opposant. Pourtant, le Tribunal
Suprême de Justice l’a invalidée, la jugeant «inconstitutionnelle». En août dernier, Maduro a fait élire une
Assemblée constituante, malgré le boycott de l’opposition et hors de tout
calendriers institutionnels, qui s’est arrogé, la plupart des pouvoirs normalement
assignés au Parlement. Mais la dérive
autoritaire se fait encore plus visible avec le musellement de la presse,
l’emprisonnement d’étudiants, les répressions violentes et les arrestations de
journalistes.
Relations avec le monde ?
Le 8 nov 2017 l’UE a adopté des sanctions sur le Venezuela, le plaçant notamment
sous embargo de livraison d’armes.
Au niveau américain, le régime de Maduro est critiqué par l’OEA et exclu du
Mercosur. Cependant, il reste membre de l’ALBA (un des fondateurs). Trump a
montré ouvertement son hostilité en imposant des sanctions économiques au Venezuela et a même mentionné le recours à
l’option militaire. Au regard de l’attitude défensive de Maduro qui déclare
être prêt à cesser toute vente aux USA, les relations semblent plus que jamais
cristallisées.
Toutefois les deux premiers créanciers du Venezuela
restent à ses côtés. La Russie
apporte son soutien financier et a accordé un allongement du délai de
remboursement de la dette. Des accords ont été signés pour restructurer 3
milliards de dollars de créances de Caracas. La coopération avec la Chine, elle, « se déroule
normalement » a récemment déclaré le ministère chinois des affaires
étrangères.
La frontière avec la Colombie est traversée de
vagues d’émigration vénézuélienne, de personnes qui cherchent à se ravitailler.
Pourtant, une méfiance subsiste de la part de Maduro à l’égard de la Colombie,
alors qu’il censure les chaines colombiennes et dénonce un complot
américano-colombien.
Une économie dévastée ?
Une
puissance victime du Mal Hollandais :
En effet le Venezuela possède les plus grandes réserves du monde de pétrole. Cette manne
pétrolière a d’ailleurs permis au pays de connaître de forte période
d’abondance (comme entre 2004 et 2008 par exemple). Seulement le Venezuela ne
se diversifie pas et reste un exportateur de pétrole et de devise, négligeant
de développer ses industries et son agriculture. Le pays dépend ainsi largement
des importations de produits manufacturés. Ainsi la compagnie pétrolière d’Etat
PDVSA assure 95% des exportations et
50% du PIB du pays. De plus devant le manque de perspectives dans le pays il y
a eu de massives fuites de capitaux, en 2004 elles ont représenté environ 160%
du PIB.
Un pays
asphyxié par la dette :
Au bord du défaut (ou défaut partiel) de paiement le
Venezuela est aujourd’hui dans une situation critique. En effet la dette
vénézuélienne est estimée à 150
milliards de dollar. Cependant le défaut de paiement ne repose aujourd’hui
que sur une partie de la dette (quelques 200 millions de dollar). D’autant que
la Chine 1er créancier du
pays, a fait savoir qu’elle ne ferait pas de cadeaux au pays et que celui-ci
est en mesure de gérer cette crise seul. La Russie, a elle au contraire octroyé
un délai de 6 mois au pays.
Le gouvernement peine également à juguler l’inflation,
qui était de 700% en 2016, les prix
ont ainsi été multiplié par 100 en un an, les étals des magasins sont vides,
les hôpitaux n’ont plus de médicaments, …
Mise en
place d’une économie parallèle
Devant les pénuries auquel fait face le pays
actuellement une économie parallèle se
développe, les vénézuéliens peuvent alors avoir accès à des produits de base
issus de la contrebande. Ainsi le gouvernement a mis en place deux taux de
change différents entre le bolivar et le dollar. L’un très avantageux est
subventionné par l’Etat et seuls les proches du gouvernement y ont accès.
Certains en profitent alors pour revendre ces dollars sur le marché noir et
génèrent des profits de plus de 18 000%
sans faire aucun effort. Ceci augmente de plus la méfiance vis-à-vis d’un
gouvernement jugé corrompu.
Une société fracturée
Aujourd’hui
2 camps s’opposent :
-d’un côté le camp favorable au régime de Maduro
(minoritaire), par exemple les boli-bourgeois (fonctionnaires : militaires,
juges, douaniers,… ou hommes d’affaires liés au régime de Chavez)
-de l’autre l’opposition au régime (7/10 Vénézuéliens
ne veulent plus du gouvernement en place) = nombreuses manifestations pour
réclamer la destitution du Président Maduro réprimées par la police et les
Forces Armées bolivariennes qui soutiennent le Président Maduro (123 morts
d’avril à juillet 2017)
Cette opposition se traduit notamment par l’existence
d’un taux de change préférentiel
pour ceux qui sont proches du pouvoir (militaires) 1 dollar = 10 bolivars tandis
que l’autre taux pour ceux qui sont délaissés de la société 1dollar = 657
bolivars
Le problème est la corruption : ceux qui ont
accès au dollar préférentiel et qui le revende sur le marché parallèle =
taux de profit qui peut atteindre +18
000% !
Grande pauvreté : en moyenne 27 000 bolivars par mois (soit 38€ avec le taux de change officiel)
société affamée et dépourvue de soins médicaux avec un système de santé en
faillite : pénurie de médicaments, hôpitaux sans eaux (sous Chavez les
soins médicaux étaient gratuits, la pauvreté avait chuté de 50% entre 2003 et
2011 grâce à la rente pétrolière)
Tensions
sociales se traduisent par un climat d’insécurité permanent`
-hyper-violence : Caracas est l’une des villes
les plus dangereuses du monde avec 430meurtres
par mois ! Explosion de la violence ces dernières années de 13
morts/jour en 2015 à 15morts/jour en 2017 : on peut se faire tuer pour ne
pas avoir d’argent sur soi ou pour un téléphone ou pour
-De plus, une justice
populaire se développe : lynchages dans la rue (qui vont le plus
souvent jusqu’à la mort)
D’où une
forte émigration
-nombreux départs notamment des jeunes vers les pays
voisins (Colombie, Brésil)
-en Espagne plus de demandes d’asiles de Vénézuéliens
(environ 4000 en 2016) que de Syriens
-Mais problème d’une xénophobie croissante dans les
pays voisins (terme pour qualifier les Vénézuéliens déplacés :
« venecos »)
Sources :
Une vidéo qui résume bien la situation
socio-économique : https://www.francetvinfo.fr/economie/crise/crise-de-la-dette/video-le-venezuela-au-bord-de-la-crise_2471590.html
Une autre vidéo du Président Maduro qui reprend
« Despacito » pour appeler les gens à voter pour son Assemblée
constituante : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/le-president-du-venezuela-reprend-le-tube-despacito-967035.html
Un article qui explique la situation au Venezuela
: http://www.leparisien.fr/international/venezuela-aux-origines-d-un-chaos-politique-economique-et-social-21-07-2017-7148427.php
Une vidéo sur l’hyper-violence au Venezuela : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/le-venezuela-est-en-plein-effondrement-838991.html
Article du monde la dette vénézuélienne : http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/11/14/venezuela-un-defaut-partiel-attendu-mais-aux-consequences-incertaines_5214604_3234.html
Analyse détaillée de l’économie Vénézuélienne : http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-917_fr.html
sujet 9 BILAN DE L'ALENA AU MOMENT DES RENEGOCIATIONS
Entré en vigueur
le premier janvier 1994, L'ALENA (Accord de Libre Échange Nord-Américain)
permet de créer la plus grande zone de libre échange mondiale. Il favorise le
développement économique entre trois nations (Canada, États-Unis et Mexique) en
supprimant progressivement toute sortes de régulations. De plus en plus
contesté par les États-Unis de Donald Trump, son avenir est aujourd'hui remis
en cause : l'occasion de faire le point sur 24 ans d'un accord vecteur de
croissance ?
L'ALENA :
UN ACCORD HISTORIQUE QUI FAVORISE L’INTÉGRATION ?
Sur quels fondements cet
accord est-il créé ? L'ALENA est premièrement un accord de libre échange.
Il garanti les points suivants : la suppression des droits de douanes,
l’ouverture des marchés financiers, le respect des brevets intellectuels,
l'obligation que les produits industriels échangés soient fabriqués avec un
minimum de 65% dans les pays membres. Initialement les accords sont voulus pour
une intégration progressive, permettant ainsi aux économies et aux entreprises
de s'adapter. Les principaux produits concernés sont issues des industries
textiles et automobiles mais aussi de l'agriculture. Les ressources naturelles
ne sont pas prisent en compte, l’État mexicain conservent son monopole sur ses
ressources pétrolières par exemple. Cependant, les pays restent
souverains : les droits du travail et les subventions continuent d'être
gérés par les gouvernements. L'article 11 assure la construction d'une cours de
justice ayant pour rôle de gérer les désaccords entre les États et les
entreprises. Pour finir ce point, l'ALENA prévoit aussi des sanctions dans le
cas où l'environnement ne serait pas respecté lors du processus de production
ou de vente de tout produits. L'ALENA se fondent alors uniquement sur un projet
économique clairement défini.
Qu'a permis ce
traité depuis 1994 ? Premièrement il répond à Maastricht, créant un marché
de presque 350 millions de personnes (450 millions aujourd'hui) permettant
l'essor des économies face à une concurrence mondiale grandissante. L’accord
donne une stabilité durable essentielle à la croissance économique des trois
États membres. Les production en flux tendus et les IDE permettent d'optimiser
les production et ainsi d'être extrêmement compétitif. Les apports technologiques améliorent
drastiquement la productivité des entreprises, essentiellement mexicaines. Très
souvent oublié, l'ALENA réconcilie le Mexique et les États-Unis. Dès 1994, le
voisin du nord n'est plus désigné comme ''l'ennemi du pays'' mais comme ''un
partenaire commercial'' dans les programmes scolaires.
Quel
évolution depuis 1994 ? Contrairement à ce qui parait aujourd'hui l'ALENA
a peu évolué depuis sa création. On remarque seulement deux tournants majeur en
24 ans. Le premier est la crise de 2001 après les attentats du 11
septembre : G.Bush junior remet en place le contrôle des frontières par sa
politique de ''Homeland security''. Le Mexique accepte cependant de renforcer
ses frontières, officialisant sa position dans l'Amérique du Nord et déplaçant
les seules frontières du continent libéral avec le Belize et le Guatemala.
Cependant la peur d'un retour à un auto-centrisme américain conduit Ford
délocaliser 5 de ses usines au Mexique. Le deuxième tournant arrive en 2009
après la crise des subprimes : les accords sont renégociés pour couvrir
plus de domaine industriels et agricoles. Ces réformes ont pour but de
redynamiser et de relancer l'économie après le grand crash de 2008. On remarque
tout de même une évolution structurelle des principales villes frontalières. En
effet l'ALENA favorise l'intégration zones frontalières comme les maquiladoras
mexicaines et parallèlement des villes comme San Diego. La frontalière entre
les deux pays anglophones est aussi impactée, les villes de Détroit, Chicago ou
Toronto connaissent un nouvel essor significatif et trouvent une nouvelle place
dans les échanges mondiaux.
UN INDÉNIABLE SUCCÈS MAIS UN ACCORD
VIEILLISSANT
100 millions de dollars.
C’est le montant total échangé chaque heure entre les 3 pays signataires de
l’ALENA que sont les États Unis, Le Canada et le Mexique. Cet accord
historique, toujours en vigueur en 2017, a permit une interpénétration
croissante des échanges, innovations et biens commerciaux entre les trois pays
d’Amérique du Nord. L’ALENA est aujourd’hui la 1ere zone de libre échange en
termes de PIB et un modèle d’intégration économique régionale pour le monde. Si
elle est une réussite économique indéniable, son efficacité est aujourd’hui
remise en cause avec la montée des émergents.
Comment
expliquer ces défaillances au sein de la 1ere intégration économique régionale
du monde ?
Rassemblant un marché de
consommation de plus de 480 millions d’habitants, l’ALENA est le plus grand
bloc commercial du monde (27% du PIB mondial), bien qu'elle unisse des
partenaires aux caractéristiques inégales. Ses échanges ont triplé depuis 1994,
passant de 290 millions à plus de 1,1 trillion de dollars échangés en 2016. Ses
échanges quotidiens s’élèvent à plus de 2,6 milliards de dollars. Pour finir,
la zone de libre échange a permis la création de 40 millions d’emplois.
L'objectif initial étant stimuler les échanges entre
les trois États membres grâce à la suppression de la plupart des droits de
douane, (textile, l'agriculture et l'automobile), l’ALENA a rendu les
entreprises nord-américaines de toutes tailles plus concurrentielles en leur
facilitant l’accès à des intrants intermédiaires et à des sources de capitaux
sur tout le continent. Cela a permis le développement de nouveaux marchés via
une levée des barrières aux investissements, stimulés via des IDE massifs une
forte croissance économique des 3 pays sur deux décennies (malgré une récession
globale en 2008-2009) et l’accès à un plus vaste éventail de biens de
consommation à meilleurs prix. L'ALENA procure aux entreprises nord-américaines
un meilleur accès aux matières, aux technologies (via l’interpénétration des
ingénieurs de la Silicon Valley par
exemple), au capital d'investissement et au savoir-faire disponibles en
Amérique du Nord. Le 1er janvier 2008,
les derniers droits appliqués dans le cadre de l’ALENA ont été éliminés en
Amérique du Nord.
Le commerce entre les 3 pays
a explosé de tel sorte que 80% des exportations nord canadienne partent aux
États Unis. En 2006, les exportations mexicaines aux États-Unis étaient de 198
milliards de dollars, soit 79 % de l'ensemble des exportations du Mexique. Le meilleur exemple de cette interpénétration
des entreprises et des hommes est l’industrialisation de la frontière États
Unis – Mexique avec l’implantation de maquiladoras.
Cependant, la crise
économique de 2008 ainsi que la montée des émergents a révélé les failles d’un
accord vieillissant. En effet l’émergence de la Chine depuis les années 2000,
l’explosion de la part ses exportations dans le commerce mondial et la montée de
la concurrence des entreprises chinoises a contribué à une perte de
compétitivité générale des industries de l’ALENA. Les 3 pays subissent de plein
fouets les délocalisations massives, les fermetures d’usines ainsi que la
hausse du chômage, accentués par la crise de 2008. Mais les États Unis semblent
être les principaux perdants de l’accord puisque, d’une part, près de
600 000 emplois américains ont été supprimés et/ou délocalisés vers le
Mexique depuis 1994, et d’autre part la balance commerciale américaine est très
déficitaire (-64 milliards de dollars en 2017 contre +1,6 milliards en 1994
avec les Mexique). Les États Unis revendiquent depuis longtemps une
modification des termes de l’accord (tentative néanmoins infructueuse sous
Obama en 2008). Enfin le Mexique, s’il semble sortir gagnant de l’accord de par
une forte croissance économique, une industrialisation du pays ainsi que des
exportations multipliées par trois depuis 1994, reste cependant très dépendant
de l’économie américaine (1er partenaire commercial) et une sortie
de l'Aléna pourrait faire entrer le Mexique en récession (-2,7% PIB).
UN ACCORD ENTRE RENOGOCIATIONS ET
REMISES EN CAUSES PAR DONALD TRUMP
Dès son élection, le nouveau
chef d’Etat Donald TRUMP qualifiait l’ALENA de « Pire accord commercial
jamais conclu ». Ces accords entre Mexique, Canada et Etats-Unis sont
aujourd’hui au cœur d’une crise. En effet ils font l’objet d’abord de
renégociations, à savoir de simples discussions sur différents termes des
accords que l’on souhaite modifier. Mais on parle aussi de remises en causes,
plus radicales, ouvrent la voie à la fin de certains aspects de l’ALENA, voire
même à la fin de l’ALENA elle-même. Pourquoi l’avenir des accords de
libre-échange nord-américains est il-menacé aujourd’hui ?
L’émission de France
Culture, Enjeux Internationaux, invitait en octobre 2017 Jean-François
BOITTIN, ancien diplomate français. Ce dernier énonce clairement le troisième
round de négociations de l’ALENA qui s’était déroulé quelques jours auparavant.
Trump, en défaveur de celle-çi, a nommé Robert LIGHTHIZER pour négocier avec
Mexique et Canada. Le diplomate américain, présente ses propositions, dont
trois sont particulièrement invraisemblables. La première, la « sunset
clause »(1), ou clause crépusculaire, voudrait que tous les 5 ans, les
trois pays membres se réunissent et décident s’ils veulent ou non continuer
d’être dans les accords. Proposition non viable économiquement : une
entreprise met en place une stratégie de long terme, sur 20, 30 ou 40 ans. La
seconde volonté de Lighthizer concerne le secteur automobile, extrêmement
intégré à l’ALENA : au moins 50% des composants des véhicules produits
doivent être de manufacture états-unienne(2). Enfin, les Etats-Unis voudraient
réduire, voire annuler, le pouvoir des commissions de règlement de des
différends : quand une décision est rendue par des experts de l’ALENA, les
Etats membres pourraient tout simplement décider de ne pas en tenir compte.
Le Mexique a qualifié d’ « inacceptable »
de telles propositions, et les négociations qui devaient s’achever avant fin
2017 sont reportées à 2018.
On sait de Donald TRUMP
qu’il est un président souverainiste, et qu’il cherche mettre en place un
protectionnisme certain dans la politique économique, mais aussi migratoire par
exemple, de son pays. Ainsi, il s’adressait pendant sa campagne, et encore
aujourd’hui, aux travailleurs américains, qui constituent une part importante
de sa base électorale. Il veut réimporter les emplois supprimés consécutivement
à la dynamique de désindustrialisation qui touche les Etats-Unis. Est-ce fondé
de sortir de l’ALENA à ce titre ? Il semble que non : environ 14
millions d’emplois sont induits par cette dernière aux Etats-Unis. En fait,
Trump est en rupture avec le multilatéralisme d’Obama, et prône les accords
bilatéraux. Il a par exemple exprimé fermement ses réticences vis-à-vis du
projet d’un TPP (Trans-Pacific Partnership).
Enfin, Jean-François BOITTIN
exprime son pessimisme. Pour lui les accords semblent être pour le moment dans
une impasse. Canada et Mexique ne peuvent se plier aux exigences de Lighthizer.
Et ce dernier ne peut retourner devant l’opinion publique et le Congrès les
mains vides. Mais il convient de ne rien exagérer : en réalité le nouveau
président américain est contre ces accords et cherche donc à faire quitter aux
deux parties la table des négociations. C’est le « piège américain »,
que tentent d’éviter Canadiens et Mexicains, ces derniers étant les plus
dépendants de l’ALENA : 80% des exportations mexicaines sont destinées au
marché américain.
CONCLUSION
GÉNÉRALE
L’ALENA
est donc une zone de libre échange agée d’une vingtaine d’années seulement,
mais déjà très développée et intégrée, car née en même temps que la dernière
mondialisation. Ce n’est pas un partenariat à comparer avec l’Union
Européenne : il est strictement économique, et les Etats y restent
souverains. Et c’est lorsque cette souveraineté est bousculée, qu’on remet en
question de tels accords. C’est ainsi que Trump, dans une période de doute pour
l’économie de son pays vient s’opposer au multilatéralisme. Pour autant, la
balance des pouvoirs aux Etats-Unis et la réalité géoéconomique fait que son
pouvoir reste limité. Comme à son habitude il frappe du poing sur la
table dans les médias : il l’avait déjà fait en affirmant qu’il
construirait un mur à la frontière avec le Mexique, par exemple. Mais la
réalité est différente, et même si la fin de l’ALENA est probable, elle
n’est en réalité souhaitable par aucune des parties. L’entreprenariat
états-unien lui-même s’y oppose fermement.
Quelques Sources :
France Culture enjeux
internationaux octobre 2017
Pour aller plus
loin :
Carto
novembre-décembre 2017 : ''l'ALENA un accord en voie de
disparition ?'' par E.Janin.
sujet 8 TRUMP, REFLET DU POPULISME
L’arrivée de Trump à la tête des États-Unis en 2016 a été
marquée par l’essor d’un discours populiste fort de la part du milliardaire. En
effet, sa victoire est en partie due à un discours antiélitiste et une volonté
de redonner de l’importance au peuple en essayant de porter préjudice à l’élite
américaine.
Trump : un discours anti-élite.
Quel fut l’intérêt de Trump d’avancé un discours à
l’encontre de la classe supérieure américaine ?
Les élections américaines d’automne 2016 ont été marquées
par les différentes attaques directes du président actuel envers le système
américain mais aussi envers les 1% les plus riches du pays. Trump va alors
aborder un discours anti-élite en considérant que le système américain ne
favorise que les classes supérieures ou même que les élections sont truquées et
dirigées par les élites. Son objectif : atteindre les classes moyennes,
paupérisées et en déclin depuis la crise de 2008, aux États-Unis comme les
farmers du Texas afin de plaidé leur cause face à l’élite de Wall- Street et de
Washington. En effet, lors de différents débats ou meeting il a caractérisé
Hilary Clinton de « Crapule de Wall-Street », lui reprochant sa proximité avec
plusieurs banques d’affaires ou fonds d’investissements ainsi que des grands
groupes tel que Google ayant participé à travers le superpac au financement de
la campagne de Clinton. Le milliardaire cherche donc à sensibiliser la classe
moyenne en leur promettant de nouveau du travail comme avec le pipeline dans le
Dakota du Sud qui n’a finalement pas été dévié et a permis de gardé du travail
dans la région. Actuellement, on voit que sa politique pour le moins
protectionniste permet la création de 260 000 emplois et une baisse du taux de
chômage atteignant 4,1% du jamais vu depuis les 3,9% d’avant crise.
Trump : un discours réactionnaire et nationaliste
Comment Trump construit son discours réactionnaire et
nationaliste ?
Le discours trumpien opère une dichotomie entre la politique
intérieure et extérieure aux Etats- Unis.
En effet, Trump a une logorrhée anti-immigrée, raciste à
l’intérieur du pays qui réponds à un replis identitaire lié à l’angoisse que
génère la forte évolution démographique. Le Muslim Ban jugé anticonstitutionnel
caractérise par exemple ce replis.
De même que Trump mène -souhaite mener- une politique
isolationniste, il participe, au niveau économique, à l’essor d’un
protectionniste américain pour protéger les entreprises d’un déclin déjà
expérimenté par les industries traditionnelles comme celle des black countries.
Trump réagit aussi à l’extérieur, le replis américain est
exacerbé par le contexte extérieur: tel est le cas avec la montée de la Chine,
le péril jaune qui inquiète dans un contexte d’endettement les
Etats-Unis. De plus Trump n’hésite pas à remettre en cause
les traités internationaux et régionaux comme la sortie de la COP21 et la
remise en question de l’ALENA et de l’OTAN.
Trump est nationaliste et
n’hésite pas à froisser et faire des déclarations excessives et parfois
agressives mais cette attitude peut être nuancée, en effet tout comme les
autres présidents il défends à sa manière les intérêts américains: d’ou le
slogan America first.
Précisons que le discours de Trump bien que réactionnaire et
nationaliste reste tout de meme du story telling, (discours sur l’américanisme
pour plaire aux populations) et la séduction (développé dans la partie 3 de la
khôlle).
Ainsi
le discourt trumpien est clivant en divisant la population, en séparant les
Républicains, ou en dissociant les intérêts de l’intérieur et de l’extérieur des
Etats-Unis. Terminons par préciser que Trump reste une personne oratoire et
agit peu.
Trump : un chef charismatique
De quelle manière le populisme trumpien arrive à séduire les
foules ?
Enonçons premièrement l’acception de « charismatique ». Est
charismatique celui qui séduit la foule par son discours, sa tenue et ses
actions. Or il semblerait que Trump soit vivement contesté dans le pays, les
critiques médiatiques fusent (excepté Fox News qui au 7 novembre 2017 a accordé
19 entretiens avec le président).
Trump était charismatique pour une part de la population
américaine pendant la course à la Maison Blanche. Ses électeurs: blancs de la
working class (plus de 25ans et un diplôme inférieur à 4 ans), électeurs
désemparés et pauvres des Appalaches, de la Floride, de la Rust-Belt étaient
séduit par un discours anti-finances et croyaient fermement à ce mythe qu’est
la résurrection de l’Amérique blanche et industrielle des années 50 et 60. Make
America great again: vivons dans le déni ! Il serait faux de penser que le
charisme trumpien s’arrêterait pas au verbe, son attitude - peu politiquement
correcte- efface la frontière entre le populiste et son « peuple ». Ainsi tout
au long de sa campagne Trump était charismatique pour une base électorale
ciblée.
Mais quand
est-il maintenant ?
Bien que Trump ne tienne pas ses promesses (même s’il essaye
d’imposer quelques lois anticonstitutionnelles comme le Muslim Ban) il conserve
paradoxalement le soutient de sa base électorale et une partie des
Républicains. Tel est le succès du populisme trumpien: comme le dit Raoul
Girardet le populisme doit précisément son succès à la remarquable mobilisation
de
quatre
mythes: partout un «complot» (de la Finance internationale, de l'Islam, ...) ;
partout un «chef» providentiel pour le dénoncer (ici Trump) et rétablir
«l'Unité du Peuple» (qui n’est qu’illusoire car le populisme trumpien se base
sur la division avec la « culture war » cf.TR décrit par Gilles Posis) afin de
retrouver un «Âge d'or» défunt et regretté (Make America great again!).
Conclusion
Enfin, ce populisme trumpien reste bien paradoxal. Même s’il
affiche une volonté de redorer le blason de la classe moyenne aux États-Unis et
d’aller à l’encontre du système élitiste ces différentes politiques nous
prouvent le contraire. Il fait tout de même partie de c’est 1% les plus riches
et les résultats de milliards de dollars de contrats signés au retour de son
voyage en Asie nous prouve son éventuelle prise de conscience de la situation
mondiale. Certes, il montre un populisme fort en un an de mandat mais les chose
sont à l’évolution et l’avenir économique et politique des États-Unis reste
encore un vaste brouillard.
Trump est une personne clivante en divisant la population,
en séparant les Républicains, ou en dissociant les intérêts de l’intérieur et
de l’extérieur des Etats-Unis. Par conséquent le populisme trumpien, bien que
réactionnaire et nationaliste, consiste à un story telling pour converser une
base d’électeurs solide qui s’identifient à l’histoire racontée mais aussi au
personnage.
Source :
Sommaire des colles d'actu sur l'Asie :
-sujet 1 : le drame des Ronhingyas et la question des minorités en Asie
-sujet 2 : le projet OBOR, outil d'influence de la Chine ?
-sujet 3 : la situation politique actuelle de la Corée du Sud
-sujet 4 : menace nord-coréenne : que peuvent faire les Etats-Unis et la Chine ?
-sujet 5 : où en est la jeunesse chinoise ? colle de lecture de livre
-sujet 6 : où en est le Japon ?
Sujet : LE DRAME DES RONHINGYAS
et la question des minorités en Asie
L’Asie est un continent à très grande diversité
culturelle et ethnique, doté en plus d’un fort caractère nationaliste et
communautaire. La communauté internationale et la société civile tournent enfin
les yeux sur le peuple « le plus persécuté au monde » selon l’ONU :
les Rohingyas.
Les Rohingyas : De la
persécution au nettoyage ethnique (Sylvie)
L'origine des tensions remontent avec l'ère des
colonisations (province de l'Inde britannique en 1886 ) : Rohingyas,
minorité musulmane se sont rapprochés des britanniques ce qui leur a valu la
réputation de traître de la part de la majorité bouddhiste (90% de la
population Birmane).
Les tensions n'ont cessé de s'intensifier, d'abord la
population a été victime de discrimination face aux lois (Loi 1982 n'a pas
donné la citoyenneté aux Rohingyas car ils n'ont pas réussi à prouver qu'ils
éraient présents sur le territoire avant 1823). Ainsi cette population apatride
n'a pas eu accès aux soins et à l'éducation. Face à ces persécutions, certains
groupes ont commencé à se rebeller (naissance ARSA) et les tensions sont montés
d'un cran (2012 : une centaine de morts lors d'affrontements)
Le 25 Aout, les rebelles ont attaqué des postes de police
ce qui a été marqué par une forte répression de l'amée Birmane, ces violences
ont poussé la minorité à fuir le pays (plus de 400.00 auraient fui le pays).
Face à ces événements l'ONU a déclaré un « nettoyage ethnique » (le
fait de vider d'un territoire une population en organisant des massacres pour
les faire fuir). On peut alors se questionner face à la différence entre
« nettoyage ethnique » / génocide.
D'après l'ONU, le nettoyage ethnique est une pratique
consistant à rendre une zone ethniquement homogène en utilisant la force ou
l’intimidation pour faire disparaître de la zone en question. A la différence
le terme de génocide correspond à un acte commis dans l'intention de détruire,
ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Ainsi
le passage du nettoyage ethnique au génocide est faible, c'est ainsi pourquoi
certains analystes hésitent à parler du génocide Rohingyas..
Pour conclure, le future de cette dénomination face à la
situation dépendra de la prise de position de la dirigeante Aung San Suu Kyi
qui pour l'instant reste dans le silence afin de préserver sa démocratie.
Des acteurs de la répression portée par la fièvre nationaliste (Hélène)
La
Birmanie est le théâtre de très fortes tensions communautaires opposant la
majorité bouddhiste à la communauté musulmane du pays et notamment les
Rohingyas. Ces tensions s’inscrivent au sein de l’héritage du
colonialisme : animosité raciale et volonté de restaurer la fierté
nationale birmane en protégeant le bouddhisme et le peuple birman de la menace
étrangère apportée notamment par les populations indiennes et chinoises.
- L’État birman : acteur historique de la répression
Dans
un pays à plus de 90 % bouddhiste, les Birmans (ou Bamas) se considèrent
dès le 19ème siècle comme le peuple du Bouddha et relèguent musulmans et
chrétiens présents sur le territoire à des intrus en « terre
sainte ».
Ainsi
perçus comme des traîtres et des étrangers, les persécutions dont souffrent les
Rohingyas s’inscrivent dans une volonté de « purification » et
de « birmanisation » du pays, aggravée à la suite de
l’instauration de la dictature de Ne Win en 1962.
Les
tensions intercommunautaires qui en découlent et les vestiges du passé colonial
et de la dictature alimentent l’ultranationalisme birman de plus en plus
violent à l’égard de la communauté Rohingyas et à l’origine d’une répression
d’État (attaques ciblées par la Tatmadaw).
Le
défi actuel du pays réside alors dans sa capacité à repenser l’identité birmane
qui doit encore s’ouvrir à de nombreuses ethnies présentes sur le territoire.
- L’essor récent d’un bouddhisme extrémiste et nationaliste
Le magazine
américain The Times publiait en 2014 « Le visage de la terreur
bouddhiste » sous l’effigie d’Ashin Wirathu : moine extrémiste à
l’origine de la création de l’organisation ultranationaliste et islamophobe Ma
Ba Tha qui participe à attiser la haine sur la communauté Rohingyas.
L’émergence de ce bouddhisme ultra-radical est liée à la peur de la déperdition
du bouddhisme et de la montée de l’islam en Birmanie. En effet, la destruction
en 2001 des bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan par les talibans, la situation
géographique de la Birmanie entourée de pays convertis à l’islam et la menace
montante du terrorisme islamique favorise la thèse de l’expansion de l’islam en
Asie. Tout cela participe au renforcement de l’engagement politique des
bouddhistes extrémistes qui comptent aujourd’hui plus de 10 millions d’adeptes
luttant au nom de « la protection de la race et de la religion »
contre la communauté musulmane de Birmanie et plus particulièrement contre les
Rohingyas.
- Aung San Suu Kye : icône de la démocratie birmane actrice de la
répression ?
Indifférente
ou impuissante, le Prix Nobel de la paix et première ministre du pays depuis
avril 2017, a peu réagi à la répression anti-Rohingyas. Le symbole de la lutte
universelle pour les droits de l’homme et de la démocratie se mure aujourd’hui
dans le silence pour en sortir en dénonçant « un iceberg de
désinformation » de la communauté internationale sur la crise Rohingyas.
Confrontée aux militaires qui conservent un pouvoir important et face aux
risques de déstabilisation de cette démocratie hybride, les Rohingyas sont
peut-être pour Aung San Suu Kye le sacrifice inévitable pour le maintien de ce
régime fragile.
Les minorités
asiatiques : la montée des tensions communautaires et nationalistes (Jade)
Entre le communautarisme et le nationalisme de
certains Etats, de nombreuses minorités essayent de garder leurs spécificités
tout en essayant de vivre dans un pays où les traditions, coutumes et croyance
ne coïncident pas avec les leurs.
·
Nationalisme intense
On voit en Asie des minorités être constamment opprimées
dans le but de protéger l’unité nationale. C’est
le cas de la Chine, menant par exemple une politique discriminatoire et
répressive sur les Ouïgours, les Tibétains, et les Chrétiens.
Mais
on peut se demander pourquoi les pays asiatiques tels que la Chine ou la
Birmanie se nationalisent ? Ce qui peut être expliqué en parti par l’époque
coloniale et leur quête d’indépendance.
·
Communautarisme omniprésent
Caractéristique inscrite dans la culture asiatique
depuis des millénaires, menant à des évènements dramatiques. Nombreux pays sont
les témoins de crimes contre les minorités : Birmanie (Karens et Rohingyas) ; Sri Lanka (guerre civile pendant 40 ans opposant la
majorité bouddhiste aux hindouistes) ; Inde (minorité musulmane et chrétienne, dont un exemple est celui de la
reconnaissance de citoyenneté chez les intouchables il y a peu, exclusivement s’ils
ne sont ni chrétiens, ni musulmans).
Les minorités d’étrangers et de migrants sont aussi
touchés. Tel est le cas à Singapour, où
les migrants Bangladais subissent des discriminations quotidiennes, se voyant
recommander de rentrer à la nuit tombée pour ne pas faire peur aux
Singapouriens.
Mais on assiste aussi à une forme d’acceptation de
l’autre dans plusieurs pays, même si les faits sont moindres : par exemple à Singapour le parlement réserve
un nombre spécifique de place pour les Malais et les Chinois. Cette
position reste tout de même assez rare.
Ainsi, les minorités sont contraintes à des
déplacements à la fois externes mais aussi internes, ce qui expliquent qu’on
les retrouve régulièrement à la périphérie ou en dehors de leur pays.
Et aujourd’hui, elles revendiquent leur droit
d’exister et de vivre normalement, et ceci selon différents modes
d’actions :
En Birmanie les Karens et les Rohingyas ont
développés des groupes armés ethniques, au Tibet des moines s’immolent… Espérons que la communauté internationale, qui
commence à s’intéresser de près au nettoyage ethnique des Rohingyas après avoir ouvert une enquête sous l’égide
de l’ONU, va aussi avoir une vision d’ensemble.
Mais
pouvons-nous attendre une réponse de la communauté internationale, quand les
structures régionales ne réagissent pas ?
Pour le moment leur destin est malheureusement dans le
flou et remet en question la stabilité de la région à terme.
Quelques sources :
http://www.courrierinternational.com/article/birmanie-rohingyas-les-questions-cles-pour-comprendre-le-conflit-dans-larakan
Courrier
International du 14 au 20 septembre 2017
Pour aller plus loin, quelques cartes :
-sujet 2 : le projet OBOR, outil d'influence de la Chine ?
LES ROUTES DE LA SOIE, OUTIL D’INFLUENCE DE LA CHINE ?
Dès son arrivée au pouvoir en 2013, le président
chinois Xi Jinping s’affirme comme l’homme qui réactive le « rêve
chinois ». Il évoque dès lors son projet de reconstruction des routes de
la soie, routes antiques reliant la Chine à l’Europe, et principales vectrices
de la culture chinoise dans le monde. Son idée est très ambitieuse : relier
l’Est de la Chine à l’Europe en passant par l’Asie centrale, la Russie, et la
corne de l’Afrique, à travers deux routes maritime et terrestres. La Chine voit
grand : près de 1000 Mds de dollars d’investissement dans des projets
autoroutiers, énergétiques, ferroviaires et portuaires. Ce projet s’inscrit
dans la « renaissance chinoise » voulue par Xi Jinping. Il permet à
la Chine de remplir le vide laissé par Donald Trump, qui, en janvier, a signé
l’acte de retrait des Etats-Unis du Partenariat transpacifique. Une aubaine pour
Xi Jinping, bien décidé à s’affirmer comme seconde puissance économique
mondiale, qui a désormais le champ libre pour se poser en dirigeant d’un nouvel
ordre économique…
Les ambitions géopolitiques et diplomatiques de ce projet
(Carla)
Ce projet, avant tout commercial,
permettant l’intégration économique des régions les moins intégrés, est
également stratégique.
Par la construction de chemin de fer (ex : en Afrique au Kenya),
de bases militaires (Djibouti), ajoutés aux travaux maritimes à travers l’Asie,
l’Europe et l’Afrique, la Chine s’assure une présence commerciale et militaire
sur les trois continents.
Le développement de la marine chinoise est également en jeu, à
travers la stratégie du « collier de perles » qui consiste en
l’acquisition de points d’appui le long de la route maritime : construction et
acquisition de ports (le Pirée en Grèce) et de bases militaires pour sécuriser
le transport des marchandises, très sujet à la piraterie.
Ce projet, bien qu’approuvé par de nombreux pays, ne fait pas
l’unanimité : il représente un danger pour l’Inde, concurrente commerciale de
la Chine, qui se rapproche peu à peu du Japon, avec lequel elle a signé des
accords commerciaux.
La Chine, pour faire contrepoids aux Etats Unis, est décidée à
constituer un bloc eurasiatique commercial. Bien qu’elle réfute cette
hypothèse, la stratégie mise en place par la Chine est à rapprocher de celle
utilisée lors de la colonisation occidental : construction de ports et de
liaisons ferroviaires dans les zones stratégiques, peu développées, ou bien
isolées, dans le but de prendre le contrôle.
Xi Jinping, en organisant un projet
mondial, véhicule l’image d’une gouvernance bienveillante. Depuis le forum de
Davos en janvier, il s’est montré en chantre de la mondialisation, profitant de
l’élection de Donald Trump et du relatif recours à l‘isolationnisme américain
pour prendre les devants.
Son objectif est la réunion des pays, autour d’un projet commun
qui soit favorable à tous, quelque soient leur ethnicité, leur religion, leur
culture.
Le
sommet de mai 2017, dans lequel le président chinois a présenté son projet, a
réuni une trentaine de chefs d’états et plus de cent pays représentés.
Finalement, 68 pays sont engagés dans le projet, comprenant 4,4 milliards
d’habitants et représentant jusqu’à 50 % du PIB mondial.
Malgré tout et comme toujours,
l’image bienveillante et ouverte renvoyée par la Chine est à nuancer. En effet,
la population civile est soumise à une forte propagande vantant l’ambition du
parti communiste et présentant la Chine comme la puissance mondiale du futur
(exemple : mise en place d‘émissions faisant l’éloge du PC passées en continu
dans les entreprises d’état et sur toutes les chaînes). De plus, l’image
mondialisée exhortée est relative : la Chine reste protectionniste (son marché
est difficile d’accès pour les entreprises étrangères, et des sanctions sont
souvent appliquées aux pays ne se pliant pas aux conditions chinoises).
Des logiques économiques terrestres et maritimes (Clara T)
Les logiques économiques sont les avantages économiques,
commerciaux, que les nouvelles routes de la soie apportent sur plusieurs
territoires. Les nouvelles routes de la soie sont en réalité deux routes
principales : une terrestre qui traverse l’Asie centrale, remonte par la
Turquie jusqu’a Moscou pour s’achever à Venise, et une route maritime qui part
de Venise, passant par l’Afrique et s’achevant en Asie. Ainsi, il est
intéressant de savoir comment les nouvelles routes de la soie arrivent à
engendrer des bénéfices économiques à plusieurs échelles.
Tout d’abord, au niveau mondial, les nouvelles routes de la
soie ne concernent pas directement tous les continents puisque le continent
américain y est exclut.
Cependant, le projet chinois semble montrer qu’une
alternative à la mondialisation actuelle est possible. Ainsi, cette nouvelle
mondialisation dont le leader serait la Chine, pourrait modifier la hiérarchie
économique mondiale. La Chine se donne la politique de ses moyens en ayant des
banques qui sont prêtes a prêter et mettent en avant leu importante masse salariale pour convaincre les pays a
participer à ce projet.
De plus, même si l’Amérique n’est pas directement concernée par ce
projet, elle pourrait bénéficier du nouveau développent de certain pays d’Asie
centrale ou d’Afrique qui pourraient un jour se tourner vers un autre horizon
que l’Asie pour leurs échanges commerciaux.
Ensuite, à l’échelle continentale, XI JINPING a annoncé que
le PNB de cette région représenterait entre 40 et 60% du PNB mondial grâce aux nouvelles
routes de la soie . En effet, l’un des objectifs principal de ces nouvelles
routes de la soie est de resserrer les liens économiques entre les continents
asiatique, africain et européen et créant ainsi une sorte de « ceinture
économique ». La Chine veut une ouverture des marchés sur le continent
asiatique sans pour autant s’ouvrir totalement. Cette ouverture économique des
pays auparavant délaissés de la Mondialisation permettrait de les developper et
de rendre ainsi l’Asie plus puissante au niveau économique.
De plus, à échelle nationale, ce projet a ses défenseurs
tout comme ses opposants.
En effet, la construction de ces nouvelles routes de
la soie place certains pays tels le Kazakhstan ou la Grèce en position de
carrefour. Prenons l’exemple de la Grèce, le pyrée, principal port grec
récemment acheté par les chinois, serait un point central des nouvelles routes
de la soie et donnerait un nouveau dynamisme au pays. De plus, cela permettrait
a des pays tels que le Pakistan d’apporter son excédent de main d’oeuvre dans
la construction de ce projet.
Cependant certains pays tels que l’Inde ne sont
pas en faveur de ces routes, car ils se sentent encerclés par ce fameux
« collier de perle »
Promouvoir le « modèle » chinois et défendre le régime
(Léna)
Qu'est
ce qui caractérise le « modèle » chinois ?
Un
pouvoir autoritaire fort, accompagné d'un développement économique soutenu et
une absence assumée des droits de l'homme.
Le
régime chinois, c'est à dire le régime du parti unique, est prospère d'un point
de vue économique et pourtant, peu de pays se tournent vers cette politique,
plutôt mal estimée par la communauté internationale
En
quoi ce projet de coopération économique est-il un enjeu politique
chinois ?
I –
Un enjeux économique et culturel historique - « les route de la soie à
l'envers »
La Chine, ou l'Empire du milieu, au passé prospère et
impérialiste cherche à retrouver son influence passée, mais aujourd'hui en
assumant son leadership régional.
Il y a 500 ans, s'ouvraient les routes de la soie, sous
l'initiative européenne, allant de l'Asie à la Méditerranée, ces routes
commerciales permettaient aux européens de s'approvisionner en soie en Chine,
qui en détenait alors le monopole. Ces routes, outre leurs bienfaits
commerciaux ont permis une diffusion des idées et des religions telles que
l'Islam, le Christianisme, mais aussi et surtout le Bouddhisme, le Shintoïsme
ou le Confucianisme, ainsi ces routes permettaient une diffusion de ce qui
faisait l'identité chinoise à cette époque.
Vers
le XVème siècle, l'insécurité et les volontés isolationnistes chinoises ont peu
à peu fait diminuer l'activité commerciale de ces routes.
Aujourd'hui
on assiste au phénomène inverse « Ce qui est nouveau c'est que le sens des
routes de la soie soient inversés» comme le dit le Président du think tank
chinois Asia Center.
II –
Des routes = promotion du modèle chinois et du parti unique
Ce projet est une nécessité pour la Chine, tout d'abord car elle
atteint la saturation de son marché intérieur et a donc besoin pour faire
perdurer sa forte croissance, et donc son attraction de capitaux, de s'ouvrir à
de nouveaux marchés. Mais ce projet est aussi et surtout l'exemple vivant d'un
modèle communiste viable et prospère. Un des rares partis communistes mondiaux,
initiateur d'un projet d'envergure mondiale faisant bénéficier 4,4 milliards de
personnes au travers d'une soixantaine de pays, soit 3 continents. Cela
permettrait de faire la promotion du modèle chinois, un nationalisme basé sur
la croissance économique, qui fonctionne, et qui veut se montrer meilleur même
que les puissances « traditionnelles » comme les États-Unis ou
l'Union Européenne. Par exemple la Thaïlande aurait aujourd'hui plus tendance à
se tourner vers la Chine, alors qu'elle suivait auparavant le modèle américain.
De plus, ces routes commerciales sont aussi un moyen de
réintegrer la région du Xijiang, au Nord-Ouest de la Chine, qui est une des
régions les moins développées et où la contestation du parti chinois est forte
autant que l'identification de la population (turcophone) à la nationalité
chinoise est faible. Le passage de ces routes auront des retombées positives
sur le développement de cette région, l'objectif étant de faire taire les
contestations du modèle chinois en permettant une amélioration des conditions
de vie.
III-
Une véritable volonté du parti unique mais une application délicate
Fait croire à une volonté de coopération internationale, mais
aucun doute sur les réelles intentions de la chine c'est à dire, de mettre les
intérêts chinois avant tout. C'est par exemple ce que lui reproche l'Union
Européenne, le projet étant jugé pas assez bénéfiques pour les partenaires
européens.
De plus, de nombreuses puissances, telles que les Etats-Unis, le
Japon ou l'Inde ont peur de la montée en puissance de le Chine en tant que
puissance Régionale, le Président Trump n'a pas envoyé de représentant au
sommet de Pékin organisé par Xi Jiaoping, ni l'Inde, et le Japon et l'Inde ont
créer une alliance commerciale nommée « corridor de la liberté », en
concurrence avec les alliances chinoises.
Conclusion :
L'enjeu de ce projet pour
la Chine est d'assumer et de montrer sa puissance, à travers la stabilité de
son modèle et ainsi montrer que celui-ci est viable et même plus prospère que
les autres.
Ainsi, promouvoir le
modèle chinois permet de fait de promouvoir le régime chinois, c'est à dire le
régime du parti unique, à l'international.
L’annonce du projet des routes de la soie n’a fait
qu’accentuer la peur de la montée en puissance de la Chine de la part de
nombreuses puissances, telles que les Etats-Unis, le Japon ou l’Inde. Ainsi, ni
le Président Trump ni l’Inde n'ont envoyé de représentant au sommet de Pékin
organisé par Xi Jinping, et le Japon et l'Inde ont créé une alliance
commerciale nommée « corridor de la liberté », en concurrence avec
les alliances chinoises, pour contrebalancer ce pouvoir économique chinois
grandissant.
voici les sources de notre colle
d'actualité.
Sujet 3 : la situation politique actuelle de la Corée du Sud
Le 9 décembre 2016, l’ancienne présidente conservatrice
sud-coréenne, Park Geun-Hye, a été destituée suite à son implication dans le
scandale « Choi Gate ». Choi Soon Sil, ex confidente de la présidente
Park, profita de son rôle privilégié pour inciter de nombreux chaebols coréens
à faire des dons à deux associations, qu’elle détournait à ses propres fins. Ce
scandale fait écho à plusieurs autres, reflétant ainsi une corruption
importante en Corée du Sud.
Ø
La destitution de Mme Park, une crise
politique majeure ?
Fille d’un ancien dictateur coréen des années soixante, Mme
Park, candidate du GPN (Grand Parti National, parti conservateur), est
difficilement élue le 19 décembre 2012. Assurant vouloir mettre fin aux
relations frauduleuses entre gouvernement et chaebols, les coréens attendait au
tournant la présidente sur les affaires de corruption. Son rapprochement avec celle
que l’on appelle la « Raspoutine » coréenne, Choin Soon Il, n’a pas
tardé à faire réagir la population coréenne ainsi que la sphère
politique : en décembre 2016, les députés votent massivement pour sa
destitution, décision confirmée à l’unanimité par la Cour constitutionnelle. La
figure politique du pays est destituée mais également arrêtée, le 9 décembre,
suite à un mandat d’arrêt pour corruption et abus de pouvoir. Ce que l’on peut considérer comme
étant une crise politique est pourtant à relativiser. Plusieurs crises
similaires ont eu lieu dans le passé, notamment avec la destitution du
président Roo Moo-Hyun en 2004. On peut donc penser que l’écroulement de cette
figure majeure, affectant tout de même la confiance des coréens, ne peut
engendrer une crise politique sur le long terme. On peut cependant se
questionner sur la crise de l’image que ce scandale pourrait engendrer,
remettant en question le soft power de la Corée du Sud et de ses Chaebols.
Ø Samsung,
un groupe au cœur de la corruption.
Samsung Electronics, avec 173,957 milliards $ de chiffre
d'affaires, soit 25 % du PIB de la Corée du Sud se livre depuis longtemps à la
corruption de l’état afin d’obtenir des privilèges de celui-ci.
En effet, l'héritier de l'empire
Samsung a été condamné vendredi par la justice sud-coréenne à cinq ans de
prison pour corruption dans le retentissant scandale qui a emporté la
présidente sud-coréenne Park Geun-Hye. Le partie touché par cette corruption
est le Parti Saenuri (celui de Mme Park) .La justice a estimé qu'il a versé un
total de 8,9 millions de wons (6,6 millions d'euros) pour acheter le soutien du
gouvernement à la passation générationnelle du pouvoir. Symbole éclatant du
"miracle coréen", ces conglomérats sont, aujourd'hui, montrés du doigt
par les jeunes générations à la suite de ce procès. Hélas, En Corée du Sud, les
cinq plus grands chaebols réalisent déjà 40% des transactions commerciales, il
est donc difficile de limiter leur champ d’action et de s’opposer à eux.
Ø
Une
forte réaction populaire face au scandale de corruption.
Alors
que les peuples asiatiques sont souvent décrits comme dociles, le scandale a
entrainé d’importantes manifestations, ce qui contraste avec un passé tu et
mène à une instabilité politique. Dans un premier temps on ne peut que
constater l’ampleur des revendications : 2 mois durant, 1,5 million
de personnes descendent dans la rue selon les organisateurs, un chiffre
minimisé à 270 000 par la police. Les jeunes en particulier, ont été très
impliqués dans ces manifestations politiques, des tracts sont distribués jusque
dans les facultés. Les Coréens affirment ainsi leur volonté de voir Mme Park
destituée et y œuvrent jusqu’à sa mise en examen. Cet évènement a été médiatisé
assimilé par certains à un mai 68. Cela met en évidence un ras-le-bol
généralisé vis-à-vis d’un système politique sclérosé, gangréné, par la
corruption, d’autant plus que l’histoire semble se répéter, la sphère politique
coréenne est victime d’influences extérieures : l’homme qui a pris Mme
Park sous son aile est qualifié de chaman, sa fille, amie de l’ex présidente,
est celle qui l’a influencée En résulte une perte de confiance des Coréens
envers leur système politique, et une remise en question de leurs Chaebols.
Cependant, l’économie de leur pays est fortement dépendante de la puissance
économique de ces conglomérats. Ainsi, malgré les difficultés actuelles, une
volonté d’avancer se dessine avec l’élection anticipée 2017 de Moon Jae-In
(parti Minju), le 10 mai 2017.
https://www.ouest-france.fr/monde/quatre-choses-savoir-sur-park-geun-hye-la-presidente-sud-coreenne-4668437
Sujet 4 :
Crise de la Corée du Nord : quelles positions des EU et de la Chine ?
Crise de la Corée du Nord : quelles positions des EU et de la Chine ?
I- Une course nucléaire pour un régime hérité de la
guerre froide :
L’escalade des tensions
entre Pyongyang et Washington ces derniers mois ne font que confirmer une
ultime crise qui ne semble jamais prendre fin. Depuis sa création en 1945, le
régime communiste Nord-Coréen est marqué par de profondes crises dont l’enjeu
reste la survie de ce dernier. Pourquoi la Corée du Nord voit dans l’obtention
de l’arme nucléaire la seule manière d’assurer la survie de son régime ?
L’histoire de cette dictature communiste est une clé de
compréhension des nombreuses crises que traverse le pays depuis 70ans. À
l’issue de la guerre de Corée en 1953, l’une des plus meurtrières de la Guerre
Froide, la Corée du Nord, communiste, est séparée de la Corée du Sud,
américaine, par une zone démilitarisée le long du 38e méridien.
Aujourd’hui toujours aucun traité de paix n’est signé.
Très vite la Corée du Nord de Kim Il Sung, grand-père de l’actuel dirigeant
(mort en 1994), devient isolationniste, coupée du reste du monde et s’allie à
la Chine, dont elle dépend encore aujourd’hui (ressources). Elle commence son
programme nucléaire dès 1984, et ce dans le but d’assurer la survie du régime
(malgré la signature du traité de non-prolifération nucléaire en 1985). C’est
en 1989 que le monde découvre en image l’existence de son programme nucléaire,
grâce à des photographies réalisées par des satellites. La guerre du Kosovo en
1995 fait prendre conscience à la Corée du Nord qu’elle est obligée de se doter
de l’arme nucléaire pour pouvoir se défendre contre son principal ennemi les
États-Unis. Cependant, à la fin des années 1990, le régime s’engage à geler et
démanteler son programme nucléaire militaire en échange de réacteurs civils,
nécessaire au développement économique du pays, très en retard. Mais les
États-Unis ratent une négociation historique avec le régime, qui se disait prêt
à signer des accords de paix avec le président Clinton, occupé à régler
l’affaire israélo-palestinienne. En 2002, GW Bush qualifie la Corée du Nord d’
« empire du mal », celle-ci se retire alors du TNP en 2003 et se déclare
puissance atomique.
Deux ans plus tard, elle affirme posséder l’arme
nucléaire et débute les essais de missiles longue portée. Pour développer son
programme, elle s’est notamment appuyée sur le réseau Khan pakistanais et
l’apport des programmes d’ingénieurs iraniens. Comment expliquer une accélération
dans le processus d’obtention de missiles nucléaires ? En une décennie, depuis
2006, Pyongyang a doublé la puissance de ses bombes. La question de la
dangerosité du régime communiste est donc autant liée à celle de ses bombes
qu’à sa capacité à les projeter. Depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Il
mais surtout de son fils, Kim Jong Un en 2012, l’obtention de l’arme nucléaire
est la priorité absolue du régime alors que celui-ci peine à se développer
économiquement, étant de plus considéré comme un régime totalitaire répressif,
violent et dont la population est constamment soumise au culte du leader
nord-coréen. Par ailleurs, depuis 2006, la Corée du Nord n’accepte plus d’aide
humanitaire d'urgence et attend un soutien sous forme d'aide au développement.
En fonction des sanctions qui pèsent sur la Corée du Nord, les relations avec
l’Occident oscillent entre vives tensions et brefs moments d’apaisement. À
plusieurs reprises la Corée du Nord promit de geler son programme nucléaire
militaire, souvent avant d’adopter une attitude bravache et provocatrice.
Celle-ci semble de plus en plus échapper à l’emprise chinoise. Depuis 2012,
l’augmentation du nombre d’essais nucléaires alertent les gouvernements
mondiaux sur les agissements de Kim Jong Un. Quelles sont alors les réponses
des deux premières puissances mondiales face à une Corée du Nord qui semblent
hors de contrôle ?
II- Le rôle de la Chine : protéger un allié de sa
zone d’influence, satisfaire les États-Unis
En avril 2017, le chef de l’État Chinois Xi Jinping se
déplaçait aux États-Unis pour rencontrer Donald Trump pour la première fois :
la gestion des relations commerciales et du dossier Corée du Nord semblait
fonctionner. Pourtant lors du dernier G20 à Hambourg, Xi Jinping, pour sa
deuxième rencontre avec Trump semblait beaucoup plus réticent à coopérer avec
les États-Unis sur le différend croissant entre Washington et Pyongyang.
Pourquoi dit-on que la Chine est dans une position
délicate dans cette affaire, comme coincée entre un allié de sa zone d’influence,
et un partenaire commercial majeur? Les relations de la Chine et de la Corée du
Nord sont d’abord à souligner. Les Chinois voient l’Etat de Corée du Nord comme
un rempart, un « Etat-tampon » contre l’influence Américaine, bien existante en
Corée du Sud. La Corée du Nord est le seul Etat avec lequel la Chine a des
accords militaires : ce sont des accords de défense mutuelle signés en 1961.
Notons toutefois que ces accords ont été suspendus par Pékin en Juillet 2017
pour satisfaire l’ONU. Même si la coopération politique est difficile entre les
deux pays, ils conservent le même régime, en théorie : ce sont des Etats
communistes.
Enfin, la Corée du Nord dépend énormément de son premier
partenaire commercial : la Chine. Elle réalise en effet 90% de ses
échanges avec celle-ci. La Chine importe notamment du charbon, du pétrole ou
encore des fruits de mer depuis la Corée du Nord. Mais à nouveau pour
satisfaire l’ONU, la Chine a suspendu provisoirement ses importations de
charbon de Corée du Nord. La relation qu’entretient la Chine avec les
États-Unis est avant tout commerciale : les États-Unis sont le premier
client de la Chine, et la Chine est le premier fournisseur des États-Unis. Ces
deux économies sont donc extrêmement interdépendantes. Pour Pascal Boniface,
cette condition est suffisante pour affirmer qu’une guerre Chine/États-Unis est
improbable, car les deux pays auraient trop a y perdre. Enfin notons aussi
qu’une importante partie de la dette américaine est détenue par la Chine. Que
peut donc faire la Chine, coincée entre la Corée du Nord, imprévisible, et les
États-Unis, première puissance militaire mondiale, et moteur de son économie?
Il a été vu que la Chine semble se plier aux demandes de l’ONU, se mettant en
retrait vis-à-vis de la Corée du Nord. Néanmoins si sur une décision de Trump
ou de Kim Jung Un de passer à l’action, la Chine devrait probablement
intervenir. Il apparaît finalement que la Chine souhaite apparaître comme une
puissance responsable aux yeux du monde : une communication soignée, un
comportement exemplaire.
III- Le rôle des États-Unis (EU : menacer,
sanctionner, discuter.
Les EU agissent et servent en tout premier lieu leurs
propres intérêts. Les menaces s'opèrent contre les agissements de le Corée du
Nord, comme le développement d'un programme nucléaire ainsi que de nombreux
essaies de missiles. Les EU défendent alors leurs alliés comme le Japon et la
Corée du Sud face à l'envoie de missiles dans l'espace aérien japonais. Les
menaces sont alors militaires : envoie de la 7ème flotte, survol d'avions
bombardiers, soit une vrai démonstration de force. La CN rétorque avec son
porte parole à l'ONU, déclarant les menaces des États-Unis comme « la plus
grande déclaration de guerre porté à l’État », et expliquant que « les
plans sont sur la table » pour une éventuelle riposte. Les « joutes
verbales » entre Kim Jung Un (KJU) et Donald Trump viennent se rajouter à l'équation :
D.Trump qualifie KJU de « Rocket Man » et déclare devant l'Assemblé
des Nations Unis que « la Corée du Nord est dans une mission suicide
contre elle même » rajoutant qu'il pourrait « totalement
détruire la CN ». De son coté KJU assimile D.Trump à un « dégénéré
mental ».
Les sanctions s'opèrent via l’aval de l'ONU, notamment du
conseil de sécurité. Malgré les nombreuses tentatives de contournement des
sanctions visant couper l'approvisionnement de la Corée du Nord des ressources
essentielles à la survie du régime par la Chine, il semblerait que cette
dernière soit plus enclin à suivre l'opinion publique occidentale sur le sujet.
En effet, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ne sont pas les seuls à
être en faveur des sanctions commerciales, l'Union Européenne, avec les
déclarations de E.Macron, montre la volonté d'une voie pacifique mais ferme
envers la Corée du Nord.
Les discutions sont des moyens diplomatiques de trouver
des accords, notamment concernant l'arrêt du programme nucléaire. Depuis la
reprise des discutions dans les années 1990 sous B.Clinton, les pour-parler à 6
(États-Unis, Japon, Chine, Russie, Corée du Sud, Corée du Nord) n'ont
finalement pas aboutis. Les efforts fait sous B.Obama semblent de toute
évidence anéantis par le nouveau résidant de la Maison Blanche. Même si
l'opinion de son parlement est souvent en désaccord avec ses déclarations, il
n'empêche pas D.Trump de décrédibiliser Rex Tillerson (chargé des Affaires
Étrangères) lors de ses tentatives de négociations avec Pékin et Pyongyang en
publiant via Tweeter : « ça ne sert plus à rien de discuter, ce n'est
plus l'heure de négocier, rentre au pays Rex ».
Les relations entre les deux gouvernements sont
compliqués et tendues de même que le futur semble on ne peut plus incertain.
Les discutions et menaces tournent plus en guerre d'ego, on peut supposer que
la Corée du Nord a ce qu'elle veut : elle tient tête à la première
puissance mondiale, qui elle semble impuissante face à un petit pays comme la
Corée du Nord.
Il est donc vu que la
dossier Corée du Nord est extrêmement complexe tant pour une Chine coincée dans
un étau géopolitique, que pour des États-Unis voulant faire régner l’ordre. Il
convient néanmoins de prendre un certain recul sur les événements : on a
aussi montré que cette crise est la suite d’une longue liste de moments de
tensions liés au nucléaire Nord Coréen. Cet épisode semble plus intensif du
fait de l’arrivée d’un Trump nationaliste, peu expérimenté sur le plan
diplomatique, parfois cru dans ses propos. Les médias, d’autant plus à l’ère
d’Internet, sont parfois alarmistes et veulent mettre en scène la situation
sous forme d’une bombe prête à exploser. En réalité dans l’analyse il apparaît
que les risques d’attaque d’un camp ou de l’autre sont faibles au vu des
conséquences qui pourraient en découler. Le seul événement grave pourrait
découler d’un accident, d’un mauvais calcul d’essai de la Nord Corée par
exemple. Difficile d’imaginer les États-Unis ne pas réagir si une bombe tombait
par erreur sur le Japon, au lieu de tomber à côté, en mer.
Cartes complémentaires issues du Grand Atlas 2018 :
Sources :
https://www.courrierinternational.com/dessin/etats-unis-donald-trump-en-roue-libre-aux-nations-unies
Sujet 5 : lecture de livre : où en est la jeunesse chinoise ? par Pierrick Corredera
Sujet 5 : lecture de livre : où en est la jeunesse chinoise ? par Pierrick Corredera
Jeunesse
chinoise. Les enfants de la «Grande Ouverture»
Auteur :
Jean-Charles Lagrée .
Chargé de
recherche au CNRS (Centre de recherche et d'analyse des politiques),
professeur
invité à l'East China University of Political Sciences and Law (ECULP,
Shanghai).
Expert sur les questions de jeunesse auprès du Conseil de l'Europe. Il a été
secrétaire
général de l'ESA (European Sociological Association) et de l'Association
française de
sociologie.
Problématiques
1.Qui
sont les jeunes chinois d’aujourd’hui ?
2.Quelle
éducation pour la jeunesse chinoise ?
3.Une
jeunesse dynamique ?
4.Quelle
est la place du sexe dans la société chinoise, notamment chez les
jeunes
?
5.Quelles
valeurs pour les jeunes chinois ?
1.
❖
Il existe
actuellement 4 générations en Chine: Longue Marche, Grand Bond,
Révolution
culturelle et la génération montante. Leur coexistence est régie par
les
fondamentaux de la culture confucéenne que sont la hiérarchie des âges et
celle des
obéissances or des problèmes de cohésion gênent les dirigeants.
❖
Les parents
des jeunes chinois sont une «génération perdue»: une génération
silencieuse
de 17 millions de Chinois martyrisée à la campagne à cause de la
Révolution
Culturelle.
❖
Cette jeune
génération est divisée entre campagne et ville.
❖
Ce sont
aussi les enfants uniques issus des politiques de 1970 qui devront faire
face à 3
défis: le vieillissement, l’augmentation du nombre d’inactif et le déclin
global du
dynamisme.
2.
❖
Pour
parvenir à développer «une économie de la connaissance» la Chine doit
améliorer et
développer son système éducatif
❖
Ainsi son
plus gros défit sera le passage d’une élite à une éducation de masse
même si le
diplôme n’est pas un prérequis pour trouver un travail.
❖
En plus
d’être stressante, l’éducation est un vecteur d’inégalité bien que le parti
aspire à
l’égalitarisme: les droits d’université peuvent se situer entre 5000 à
10000 yuans
(590 à 1175 euros).
❖
Il se peut
qu’à la fin des études les jeunes ne trouvent pas un travail à la hauteur
de la
formation, sous qualifié, leur travail pousse les jeunes à vivre
collectivement
dans des endroits insalubres, d’où le nom de «ants» de l’anglais
fourmis.
❖
Ces ants
sont pourtant bien formés mais leur formation n’est pas assez complète
pour qu’ils
soient embauchés à l’étranger et en ce qui concerne leur pays les
postes sont
déjà occupé génération «Grande Ouverture» pas de création d’emplois
❖
Il faut comprendre
la culture de l’éducation en Chine: entrer en fac est considéré
comme une
réussite et il n’est donc pas nécessaire de poursuivre des études
longues
3.
❖
Il y’a un
conflit de génération pour l’emploi: il y a beaucoup de chômage car les
cohortes nées
dans la Révolution culturelle ont eu le temps de sécuriser leurs
emplois et
problème des nombreuses migrations des campagnes vers les villes:
de 2001 à
2007 10 millions de nouveaux migrants moins de 35 ans
représentaient
70% des sans emplois
❖
La jeunesse
est mal préparée au marché du travail: il existe en Chine deux
marchés
dynamiques: le secteur public régulé par l’état et le marché libre
dérégulé où
la compétition fait rage. Passer du secteur public au privé est parfois
difficile
car les jeunes ne sont pas habitués aux conditions de travail. A noter que
la
croissance permet aux jeunes de changer facilement d’emploi: la marché du
travail est
tout de même flexible, en priorité dans les villes.
4.
❖
La Chinoise
de Confucius à Mao voit ses droits évoluer. Jusqu’en 1950 la femme
n’existait
que pour la reproduction. C’est la loi mariage en 1950 qui va interdire la
polygamie,
conférer des droits légaux aux deux sexes et réglementer le mariage
et le divorce.
Il s’en est suivi un vrai développement des droits des femmes qui
sont
désormais presque les égales des hommes dans la famille.
❖
Seule
l’hétérosexualité est autorisée. Des mouvement contestataires comme en
1978 «mur de
la démocratie» et le mouvement de la place Tiananmen ont
réclamé des
droits. Si les comportements étaient en passe de se libéraliser au
moment de la
Grande Ouverture, la sexualité reste un sujet secondaire et tabou
❖
Les jeunes
chinois se libèrent un peu, les relations prémaritales ont reculé de 3
ans en 20
ans ( 25 ans en 1990 et 22 ans en 2010)
❖
Il y a un
déficit de femmes qui est autant plus important à la campagne.
❖
Il faut
nuancer le terme de révolution sexuelle: même si on constate une
libéralisation
des moeurs depuis 1980 il existe un refus des idées occidentales
touchant la
liberté sexuelle car les jeunes sont élevés dans une éthique chinoise
❖
essor de la
cohabitation mixte, décohabitation des enfants et des parents,
couples qui
vivent à distance: s’il ne s’agit pas encore d’une «révolution» , le
changement
des moeurs de la jeunesse chinoise met aujourd’hui nombre de
valeurs
traditionnelles en porte à faux.
5.
❖
en 2012 le
président Hu Jintao dit que la Chine est le «pays qui n’a plus de
valeur» «Elle
est orpheline aussi bien de sa culturelle traditionnelle que du
socialisme
maoïste», Lagrée précise que «A la Chine du «nous» et «des masses» c’est
succédée celle du «je» et de l’individu.» Il y a une fin de la famille
traditionnelle: 10000 divorces par jour en RPC, les enfants veulent partir de
la maison
❖
S’il y a eu
un bashing des valeurs confucéennes par Mao, paradoxalement les
dirigeants
de la RPC ne cessent pas de rappeler à leurs compatriotes que le
parti est
fort d’une culture multi-millénaire. D’ailleurs n’on t-ils pas nommé le
réseau des
instituts de la ligue chinoise le réseau Confucius ?
❖
discours
2012 le président Hu Jintao: «guerre culturelle avec l’occident
»
❖
Il y a une
désertion des jeunes qui consomment de la culture occidentale même
s’ils ont
gardé des références propres. La foi révolutionnaire qui animait encore
la
génération de la Révolution Culturelle a disparu mais on constate un retour du
matérialisme
❖
EN effet en
1992 Deng Xiaoping dit «enrichissez vous»: le parti communiste
avait mis en
parenthèse pendant 3 décennies cette passion nationale de
l’enrichissement
que la jeune génération semble suivre sans se cacher.
Pour
conclure cette nouvelle génération s’inscrit dans la continuité en apportant
tout de
même
quelques changements influencés par trois décennies de métamorphose du pays. «
Parler de «révolution»
à propos des changements socioculturels portés par la
jeunesse
chinoise d’aujourd’hui semble donc très largement inapproprié
Sujet 6 :
sujet 7 : où en est l'Inde de Modi ?
Une économie fragilité par la politique de Modi et par les inégalités
1)
Des inégalités persistantes et accrues
2)
La politique de Modi continue de fragiliser
l’économie indienne
3) Des facteurs de ralentissement à nuancer
N.
Modi a fait de la modernisation économique de l’Inde un des thèmes principaux
de sa politique, en mettant en place des grands programmes de modernisation,
ouverts IDE, tels que les Smart Cities (environ une centaine de villes
intelligentes sont en projet), le Clean Ganga (2011), le Digital India (projet
pour développer les services électroniques), le Skill India (2015, pour former
plus de 400 millions d’indiens à diverses aptitudes) ou encore Make in India
qui vise à développer le secteur manufacturier indien. De plus, les flux d’IDE
ont atteint 44,9 milliards de dollars en 2015-2016, soit une augmentation de
27% en 2015-2016. Ces programmes sont de façon générale positifs pour
l’économie du pays. Il faut noter la volonté de faciliter les échanges au sein
des états de l’Inde. Si certaines mesures ne sont pas favorables pour l’instant
elles le seront sans doute à terme pour regagner de la croissance.
La politique de démonétisation de Modi a aussi attiré des gros groupes qui développent les paiements numériques comme WhatsApp ou le géant Google.
De plus, le problème de la pauvreté est aussi à nuancer. 10% de la population indienne fait maintenant partie de la classe moyenne et ce nombre ne cesse d’augmenter avec la croissance forte du pays.
Sujet 6 :
Colle
d’actualité : Où en est le Japon aujourd’hui sur le plan géopolitique,
politique et géoéconomique ?
Les
objectifs stratégiques fondamentaux japonais sont au nombre de trois. Il s’agit
tout à la fois de préserver la souveraineté japonaise dans le monde et dans la
région, de parvenir à une croissance économique malgré de nombreuses pressions,
et de maintenir l’ordre libéral international fondé sur une série de règles et
de principes.
Géopolitique du
Japon : un « pacifisme proactif » :
Alors qu’en 2012
près de 9000 Marines américains se retiraient de l’île d’Okinawa dans le sud du
Japon, les Etats-Unis ont fini par rendre en juillet 2017 une partie de leur
base militaire Futenma située dans cette même zone.
L’article 9 de la
constitution japonaise, votée en 1946 sous l’occupation américaine, postulant
que le Japon renonce à la guerre fait aujourd’hui débat: le Japon
souhaiterait-il revoir sa doctrine géostratégique et sa politique de défense ?
L’arrivée au
pouvoir en 2012 de Shinzo Abé, conduit le Japon à développer une politique
étrangère dite de « pacifisme proactif »
Cette politique a
pour but de répondre à de nombreux défis et enjeux au niveau régional et
international. On peut observer les menaces nord-coréennes en juillet dernier
par de nouveaux essais balistiques, la pression exercée par la Chine qui
revendique les îles japonaises de Senkaku (Diaoyutai) ou d’autres territoires
maritimes en mer de Chine orientale. De fait, la souveraineté japonaise se voit
être menacée au niveau régional d’abord, mais également sur le plan
international avec l’exécution en 2015 de 2 journalistes japonais en Syrie et
en Irak, ou encore la mise en place d’une piraterie active en Asie du sud-est
et en Afrique, problématique pour les lignes de communication maritimes du pays
dont le secteur énergétique dépend fortement des importations.
Alors, face à ces
menaces, l’heure est à l’approfondissement des relations entre le Japon et ses
partenaires stratégiques.
Le 1er juillet
2014, le premier ministre a autorisé une ré-interprétation de l’article 9
donnant droit au Japon de venir en aide à un allié si celui-ci est attaqué.
Sur le plan
international, le Japon continue de coopérer avec les Etats-Unis via une
alliance forte et une collaboration portant sur le partage des matériels
militaires, mais aussi avec plusieurs membres de l’U.E (notamment la France et
le Royaume-Uni) pour y approfondir des liens économiques et sécuritaires.
Dans un contexte de
tensions avec la Chine et la Corée du Nord, une série d’alliance est née en
Asie Pacifique. Par exemple avec la Corée du Sud, où malgré des tensions
territoriales récurrentes ainsi que l’existence de différends en raison des
exactions commises par l’armée japonaise durant la Seconde guerre mondiale
(femmes de réconfort, …), les deux pays connaissent un rapprochement
sécuritaire et militaire.
Egalement,
l’Australie, l’Inde, et les pays de l’ASEAN restent des alliés majeurs
concernés par la montée en puissance de la Chine.
Enfin, l’on peut
observer l’apparition de nouvelles formes de relations entre le Japon et le
reste du monde.
L’Afrique est tout
d’abord une priorité récente pour l’archipel. Depuis 2014, le Japon exploite
l’un des plus grands gisements de gaz du monde présent en Afrique du sud-est,
ainsi que de nombreuses matières premières utilisées dans l’électronique et les
téléphones portables qu’il importe actuellement principalement de la Chine.
L’intérêt est donc stratégique: réduire la dépendance envers un voisin chinois
qui semble de plus en plus menaçant.
Aussi, on peut
supposer que le Japon cherche à courtiser les votes des pays africains pour
devenir membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies (la Chine s’y
était opposé en 1994).
Ainsi, le Japon
semble bien s’affirmer à l’international par un « pacifisme
proactif » dans un contexte de tensions régionales, se traduisant par
la mise en place d’un ensemble d’alliances et une évolution de la législation
japonaise favorisant la coopération stratégique.
La
situation politique au Japon : vers un renforcement du pouvoir de Shinzo
Abe ?
Le 28 septembre 2017, le Premier
ministre, Shinzo Abe, a annoncé la dissolution de la chambre basse du
parlement. Ce qui a eu pour conséquence, le début d’une campagne électorale
pour des élections législatives prévues le 22 octobre 2017, soit 1 an avant la
date originel.
Quelles sont donc les enjeux de ces
élections ? Où dans une monarchie constitutionnelle ce sont les
législatives qui permettent l’accession au pouvoir à un parti.
Si Shinzo Abe en a décidé ainsi,
alors que son parti (le Parti Libéral Démocrate, PLD) détient plus des 2/3 du
parlement, c’est pour profiter de la déliquescence de l’opposition en réalisant
des élections avant qu’elle ne puisse se reconstruire. Il espère donc faire
comme en 2014 avec les « abenomics », c’est-à-dire renforcer son
pouvoir afin de réaliser des réformes économiques mais surtout, cette fois-ci,
être en position de force pour pouvoir modifier la constitution pacifiste de
1947, poursuivre son programme nucléaire civil ou encore négocier fermement
avec Kim Jong-un.
Cependant, on assiste dans le même
temps à une renaissance de l’opposition avec la très populaire gouverneure de
Tokyo, Yuriko Koike. En effet, ex-membre du PLD, elle a annoncé le 25 septembre
dernier la formation d’un nouveau parti politique : le Parti de l’espoir,
dont ses rangs se sont grossis immédiatement par une grande partie de
l’opposition japonaise. Par des mesures, telles que le revenu universel ou la
sortie du nucléaire, elle espère « en finir avec la politique de la vielle
école » du PLD, comme elle a pu le faire en juin dernier à l’Assemblée de
Tokyo avec sa formation Tomin Fisrt no
Kai.
Toutefois, il semble que le Parti de
l’espoir ne soit pas encore assez aguerri pour détrôner le PLD le 22 octobre.
Il pourra seulement fragiliser le parti en place en l’empêchant d’obtenir une
nouvelle fois la majorité au 2/3 et au mieux devenir un possible partenaire de
coalition, voire renverser Shinzo Abe grâce à l’appui de ses opposants au sein
du PLD.
Le
Japon d’aujourd’hui : un déclin économique relatif
1)
Le déclin économique du Japon
Le Japon possède une croissance molle qui peine à
augmenter, avoisinant les 1% en 2016. Cette croissance molle étant liée à la
baisse de la consommation des ménages qui résulte de la déflation qui persiste
depuis les années 90’ et qui n’encourage pas la consommation. De ce fait, la
Bank of Japan (BoJ) table sur des prix en baisse (-0.2% en 2016).
2)
Paradoxe économique
Malgré une croissance molle, le pays est dans une
situation de quasi plein emploi puisque le taux de chômage avoisine les 3%.
Cela s’explique par le manque de main d’œuvre du pays qui voit sa proportion
d’actifs se rétrécir en raison de la baisse des actifs liée au vieillissement
de la population japonaise. En effet, selon un rapport de juin 2017, il y avait
150 offres d’emplois pour seulement 100 demandes. Néanmoins, les emplois
précaires se multiplient et les conditions de travail sont parfois
problématiques à l’image des heures supplémentaires. En effet, on recense des
cas de « Karoshi », c'est-à-dire des cas de décès liés à la surcharge
de travail. D’ailleurs, une entreprise japonaise sur cinq compte parmi leurs
effectifs des employés réalisant plus de 80 heures supplémentaires par mois.
Enfin si les salaires moyens bruts augmentent légèrement (0.5% en 2016), les
salaires moyens nets, quant à eux, diminuent en raison de la hausse des impôts
et du coût de la sécurité sociale.
3)
« Abenomics » par le premier ministre japonais Shinzo Abe
Ainsi, pour relancer l’économie japonaise, Shinzo Abe met
en place, en 2013, les fameux « Abenomics », politique économique
ayant 3 « flèches », 3 buts :
-relance budgétaire
-assouplissement monétaire
-réformes structurelles
Le but de la BoJ étant d’atteindre une inflation de 2% à
terme.
4)
La croissance japonaise profite de l’embellie mondiale
Il semblerait que la politique des
« Abenomics » ait fini par payer : en septembre 2017, le Japon
en est à son 6ème trimestre d’affilée de croissance du PIB, ce
dernier ayant augmenté de 1% entre avril et juin, une première depuis 2006. De
plus, la consommation des ménages a augmenté de 1% depuis le début de l’année,
ce qui permet au pays de compenser la contraction de ses exportations, celle-ci
étant de 0.5% depuis le début de cette année. Enfin, si le premier défi
économique du Japon: la relance de la croissance semble amorcée, le
vieillissement de la population se traduisant par la baisse des actifs demeure
problématique. Néanmoins, un nouveau marché découle de ce vieillissement qui
suscite de nouveaux besoins : c’est le principe de la « silver
economy ».
5)
Des accords commerciaux menacés
Alors que le Japon est très dépendant de son commerce
avec les Etats-Unis, Trump s’est retiré du traité transpacifique (TPP),
obligeant le Japon à se rapprocher de la Chine et à renforcer ses liens
commerciaux avec L’Union Européenne.
6)
Déclin relatif
Néanmoins, le Japon est tout de même la troisième
puissance économique mondiale avec le troisième PIB mondial (environ 5100
milliards de dollars en juin 2017), la quatrième puissance commerciale et la
première puissance financière asiatique.
En
définitive, la géoéconomie contemporaine du Japon est marquée par 2 défis
majeurs : celui de relancer la croissance tout en prenant compte du
vieillissement de sa population et celui de maintenir ses liens commerciaux
mondiaux malgré le protectionnisme prôné par les Etats-Unis.
SOURCES :
https://www.diploweb.com/Le-Japon-dans-son-environnement.html#nb1
articles du journal
« La croix » et du « Monde »
Une économie fragilité par la politique de Modi et par les inégalités
Avec 1,3 milliards d’habitants, l’Inde est le second pays le
plus peuplé au monde mais elle compte aussi 356 millions d’habitants vivant
sous le seuil de pauvreté en 2010. Toutefois, l’économie indienne ne cesse de
croitre en entrainant avec elle le phénomène de « shinnig India ».
Néanmoins, cette réussite économique n’est pas totale et
semblerait notamment fragilisée par les décisions du chef du gouvernement
indien, Narendra Modi, depuis 2014. Cette réussite pourrait aussi être
tachée par la pauvreté dans le pays qui reste, depuis des siècles, une
réalité dans le quotidien indien.
L’économie indienne émergente peut-elle être ralentie par
ces facteurs sociaux et politiques ?
1)
Des inégalités persistantes et accrues
Plus d’un tiers de la population, indienne vit en 2010 sous
le seuil de pauvreté de 2 $ par jours. Cela revient a 365 millions de personnes
soit plus que le nombre d’habitants actuellement aux Etats Unis.
Les castes pourtant remis en cause officiellement par
l’article 15 de la Constitution indienne de 1949 sont toujours une réalité dans
la population indienne. On peut notamment citer la caste la plus mal considérée
dans la société indienne, qu’est celle des intouchables ou dalits composée
d’environ 200 millions de personnes.
De plus, avec l’ouverture d’une partie du pays avec la
libéralisation et la mondialisation, les inégalités entre indiens ne cessent
d’augmenter comme le montre son indice de Gini en 2011 (35). Le pays voit un
nombre important de sa population être touchée par la pauvreté et a en même
temps un nombre croissant de milliardaires (97 en 2015 soit le 3eme rang
mondial). Pourtant de nombreux foyers n’ont toujours pas accès à l’électricité
ou à l’eau potable (presque 150 millions d’indiens vivent sans eau
potable).
De fait, il existe toujours le problème de la malnutrition
en Inde. Celle-ci touche plus de 200 millions de personnes. Ces populations
plus pauvres tentent alors de survire grâce au secteur informel.
2)
La politique de Modi continue de fragiliser
l’économie indienne
Tout d’abord, Modi à réaliser des réformes structurelles de
l’économie indienne. Il a réformé la TVA unique dans le pays. Cela va permettre
de faciliter les échanges entre les Etats de l’Inde et remplacera de nombreux
impôts. Toutefois cela pourra entrainer des pertes financières pour les états
que l’Etat a promis de compenser pendant 5 ans ainsi que le déclin de petites
entreprises. La question de la TVA reste donc complexe en Inde.
Une autre mesure phare de Modi est la démonétisation en
novembre 2016. Ce processus consiste au retrait des principaux billets de
banque en circulation. Il a été très important et a déduit la masse monétaire
indienne d’environ 200 milliards d’euros. Il a pour but de réduire le problème
de l’argent sale en Inde ainsi que la part importante de l’économie
informelle. En effet, beaucoup de
transactions se font en liquide en Inde ce qui entraine des fraudes nombreuses.
Mais cette mesure a été mauvaise pour la croissance économique annuelle du pays
en la faisant passer de 7,1 % à 5,6% en fin 2016.
3) Des facteurs de ralentissement à nuancer
N.
Modi a fait de la modernisation économique de l’Inde un des thèmes principaux
de sa politique, en mettant en place des grands programmes de modernisation,
ouverts IDE, tels que les Smart Cities (environ une centaine de villes
intelligentes sont en projet), le Clean Ganga (2011), le Digital India (projet
pour développer les services électroniques), le Skill India (2015, pour former
plus de 400 millions d’indiens à diverses aptitudes) ou encore Make in India
qui vise à développer le secteur manufacturier indien. De plus, les flux d’IDE
ont atteint 44,9 milliards de dollars en 2015-2016, soit une augmentation de
27% en 2015-2016. Ces programmes sont de façon générale positifs pour
l’économie du pays. Il faut noter la volonté de faciliter les échanges au sein
des états de l’Inde. Si certaines mesures ne sont pas favorables pour l’instant
elles le seront sans doute à terme pour regagner de la croissance. La politique de démonétisation de Modi a aussi attiré des gros groupes qui développent les paiements numériques comme WhatsApp ou le géant Google.
De plus, le problème de la pauvreté est aussi à nuancer. 10% de la population indienne fait maintenant partie de la classe moyenne et ce nombre ne cesse d’augmenter avec la croissance forte du pays.
Ainsi, les politiques ne Modi ralentissent la croissance
indienne sur le temps présent mais devrait l’aider dans le temps plus
long. Linde va ainsi se moderniser et
devrait pouvoir prétendre à une place croissante dans l’économie mondiale
malgré les inégalités la composant.
Sources :