Angle mort
En
géographie, il s’agit d’un espace périphérique, souvent peu peuplé et répulsif.
La vision géopolitique y apporte l’idée que l’angle mort est peu stratégique,
soit par absence de ressources, soit par la faiblesse des liens avec
l’extérieur. Il peut devenir une périphérie en essor en s’intégrant à des espaces
centraux.
Il
s’agit de regroupements d’Etats souhaitant mettre en place des partenariats et
des coopérations plus ou moins poussées. Les associations régionales les plus
actives développent surtout des
communautés économiques.
La
construction européenne se définit par deux axes : l’intégration (ou
approfondissement) consiste en un rapprochement économique et politique par la
mise en place de politiques communes ; l’élargissement correspond à
l’entrée de nouveaux pays membres, de 6 en 1957 à 28 depuis 2013.
Le
couple centre/périphérie est théorisée par Marx. Il est une traduction spatiale
des relations de domination et de dépendance entre des économies développées et
puissantes et des économies peu développées. L’historien français Braudel
identifie une économie-monde, organisée autour d’une ville-monde, qui exerce
une influence majeure sur les autres espaces. Son disciple américain Immanuel
Wallerstein distingue les espaces semi-périphériques (indépendants
politiquement, mais pas économiquement) et les périphéries (qui cumulent une
double dépendance vis-à-vis des centres, à la fois politique et économique).
Ainsi le rapport centres/périphéries illustre un rapport de dominant/dominé.
Après 1945, le vocabulaire a une connotation plus économique (pays développés/sous
développés avec Truman par exemple) ; puis il devient géographique dans
les années 1960 avec le couple Nord-Sud. Dans les années 1980, le Japonais
Kenichi Ohmae intègre le Japon dans les centres, qualifiés de Triade.
Aujourd’hui, l’arrivée des émergents comme la Chine qui, depuis 2014 a un
P.I.B.à parité de pouvoir d’achat supérieur à celui des Etats-Unis, brouillent
les pistes de cette opposition ancienne entre centres et périphéries.
Thèse
du politologue américain Samuel Huntington établie en1993 (article de la revue Foreign
Affairs), repris dans un ouvrage en 1996 « Le choc des civilisations et le nouvel ordre mondial ».
Divisant le monde en 9 civilisations majeures, l’auteur s’attarde peu sur les
caractéristiques d’une civilisation (« sang,
langue, religion, manière de vivre ») afin de proposer un outil
d’interprétation des relations internationales. Sa thèse est que l’Occident a atteint
son âge d’or par rapport aux deux civilisations montantes (Islam et Chine), ce
qui va provoquer un regain de tensions entre Etats. L’ « axe islamo-confucéen » faisant face
au déclin occidental, Huntington appelle à la mobilisation en soulignant
l’influence néfaste du multiculturalisme, responsable de l’affaiblissement des
Etats-Unis. Ainsi, selon lui, les principaux conflits post-guerre froide
expriment un antagonisme civilisationnel. Pour autant, il n’est pas le prophète
d’une quelconque guerre de civilisations ; il sera contre l’invasion de
l’Irak en 2003, préconisant plutôt une règle de l’abstention. Au contraire, il
pense que l’Occident doit admettre son déclin et cesser cette prétention à
l’universalisme : « La croyance
occidentale dans la vocation universelle de sa culture à trois défauts
majeurs : elle est fausse, elle est immorale et elle est dangereuse ».
Cette
expression, couramment utilisée par les médias et parfois aussi par les acteurs
politiques eux-mêmes est ambigüe et soulève de nombreuses interrogations.
Utilisée pour désigner un ensemble vague d’acteurs politiques (Etats,
organisations internationale, individus) unis pour la défense de la paix, elle
véhicule l’idée d’une humanité unie par une solidarité, par des valeurs
partagées, par des objectifs communs ou encore par une même allégeance à des
institutions politiques centrales comme l’O.N.U., née en 1945. Si l’idée de
communauté internationale naît donc des atrocités de la S.G.M., elle est issue
d’un courant intellectuel plus ancien. Ainsi, le Français Léon Bourgeois
propose dans son ouvrage publié en 1909, « La Société des Nations »,
la création d’une instance internationale. Cette idée est reprise par le
Président américain Wilson dans ses « 14 points » en janvier 1918.
Aujourd’hui, de nombreux spécialistes considèrent encore que le concept de
communauté internationale reste un vœu pieux : « Il n’y a pas de
gouvernance mondiale grâce à laquelle l’intérêt collectif serait arbitré par
des décisions non contestées ; on en reste à la somme des intérêts
individuels et contradictoires des Etats » (Pascal Boniface, 50 idées
reçues sur l’Etat du monde », 2015). Ainsi l’idée de communauté
internationale implique celle de gouvernance internationale ou mondiale.
Utilisée depuis les années 1990, celle-ci désigne une forme de régulation
collective fondée sur les relations entre acteurs publics et privés. Mais,
comme la communauté internationale, il s’agit plus d’un objectif à atteindre
que d’une réalité. Le géopoliticien français Serge Sur, parle de « fantôme
de la gouvernance » (Un monde en miettes, 2010).
Un conflit est une contestation qui oppose deux ou plusieurs
Etats ou d’autres types d’acteurs. On peut observer toute une graduation :
d’abord, une situation de relations d’amitiés, puis de différends (territorial,
économique ou politique) ; cela peut provoquer des tensions jusqu’à une
rupture diplomatique, puis finalement une guerre. Celle-ci est ainsi
l’aboutissement de cette rivalité. On différencie de plusieurs manières les
conflits : d’abord selon l’échelle, soit infra-étatique soit inter-étatique ; dans ce cas, le
conflit est international, voire mondial. On peut également différencier la
gravité du conflit avec, d’une part, les conflits de basse intensité qui
restent confinés à un territoire et, d’autre part, les conflits de haute
intensité, plus meurtriers et plus dangereux en termes de stabilité
internationale. On peut aussi différencier la nature du conflit :
idéologique, civile, humanitaire,
technologique… Le XXème siècle est marqué par l’intensité des conflits.
L’Allemand Erich Ludendorff dans un ouvrage de 1935 parle de « guerre
totale ». Ce siècle voit aussi l’essor de guerres asymétriques (que le
géopolitologue français Gérard Challiand préfère nommer « guerres irrégulières » (Nouvelles guerres. Etats du monde 2015,
septembre 201) qui opposent deux acteurs inégaux en termes de moyens financiers
et technologiques. Le politologue Bertrand Badie, au sujet du rôle croissant
des populations dans les conflits, parle de « sociétés guerrières »
4). On assiste en effet, depuis 1945, à un essor
des guerres civiles. Enfin, tout conflit pose la question de sa
justification : qu’est-ce qu’une guerre juste ?
Diasporas :
signifie « dispersion, dissémination ». Le terme concerne l’ensemble
de populations d’émigrés et de descendants d’émigrés dispersés à travers le
monde. Elles sont souvent définies à partir du cas de la dispersion mondiale
des populations juives.
Du
Congrès de Vienne (1815) jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le système mondial
était organisé autour de quelques grandes puissances. Les guerres étaient le
moment de remise en ordre des rapports de force et des territoires des
puissances. L’idée d’un ordre ou système international correspond à une
structuration de la scène internationale, présentant comme caractéristiques
principales la reconnaissance mutuelle de la souveraineté et des frontières des
Etats (facteur de sécurité ou parfois de rivalité), dans un contexte d’inégalité
de la puissance où les Etats les plus forts s’appuient sur des alliances et des
valeurs plus ou moins universelles. Après 1945, les puissances dominantes se
réduisent à deux « superpuissances » et le monde devient bipolaire
jusqu’en 1991. Ainsi, un ordre mondial implique une hiérarchie des puissances
et des valeurs défendues par les leaders pour justifier leur influence sur le
reste du monde. Chaque période d’instabilité correspond à un nouvel équilibre
des puissances, ce qui favorise un changement. Fin XIXème, la montée de
l’Allemagne est « refusée » par le R.U. et la France, d’où une forte
instabilité politique et militaire entre 1914 et 1945. En 1991, le Président
américain Bush évoque l’idée de nouvel ordre mondial en évoquant la nouvelle
situation internationale post-guerre froide. Au final, le système international
est lié à un rapport de forces entre les grandes puissances au niveau
géoéconomique, idéologique et géopolitique.
Etat : « L’Etat est une entité
territoriale, inscrite dans des limites précises (frontières) ; il a la
charge de la population habitant ce territoire ; sur ce territoire, il est
souverain, n’étant en droit soumis à aucune autorité supérieure, et n’étant lié
que par ce à quoi il consent » (Philippe Moreau-Defarges, La mondialisation, QSJ ?, n° 1687,
éd. 2016, p. 52.
Du grec genos (race)
et du latin caedere (tuer), le terme génocide a été introduit en 1944 par le
juriste américain d’origine polonaise, Raphaël Lemkin, dans son ouvrage Axis
Rule in Occupied Europe, pour désigner l’extermination méthodique d’un
groupe ethnique, les Juifs. Adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies
le 9 décembre 1948, la Convention pour la prévention et la répression du crime
de génocide est entrée en vigueur en 1951. Elle définit ainsi ce crime :
« Actes commis dans l’intention de
détruire, tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
Ce crime est déclaré imprescriptible en 1968. Connus dès l’Antiquité, un peuple
vaincu est souvent massacré ou réduit en esclavage (destruction de Carthage par
les Romains en 146 avant notre ère), les génocides se poursuivent durant
l’époque moderne lors de la colonisation européenne (Indiens Tainos sur l’île
d’Hispaniola au XVIème siècle ou Aborigènes de Tasmanie au XIXème siècle). Le
premier génocide du XXème siècle est celui des Arméniens perpétré par les Turcs
en 1915 et le plus récent celui des Tutsis au Rwanda en 1994. La
caractérisation de génocide est l’objet de nombreuses discussions et
controverses : le massacre des Gaulois par les troupes de César ou la
traite négrière (ou : des noirs) sont-ils des génocides ? La
Turquie ne reconnait toujours pas son action contre les Arméniens qu’elle
considère comme un acte de guerre et non un génocide.
On
assiste après la Seconde Guerre mondiale à une occultation de la géopolitique
pour trois raisons : déconsidération due aux liens avec le nazisme, domination
des idéologies qui s’opposent, dépassement de la géographie liée aux capacités
nucléaires désormais mondiales. Les E.U. sont le seul pays où l’influence de la
géopolitique perdure : le concept de Heartland de Mackinder reste une grille de compréhension de la
guerre froide. La géopolitique renaît au
milieu des années 1970, avec deux ouvrages. Celui du Français Yves Lacoste « La Géographie, ça sert, d’abord, à faire la
guerre », (1976) et celui de l’Américain Colin Gray « The geopolitics of nuclear Era » (1977). La chute de l’U.R.S.S., le
déclin des idéologies et la fragmentation du tiers-monde redonnent à la
géopolitique tout son sens. L’apport majeur de Lacoste est de trois ordres.
D’abord, il est à l’origine d’un tournant au sein de la géographie
universitaire qui se consacre désormais davantage à une réflexion sur ses
méthodes ainsi qu’à la redécouverte des anciens géographes (d’où le nom de sa
revue Hérodote, fondée en 1976). Ensuite, il insiste sur le poids des
représentations. Pour comprendre une situation géopolitique, des « rivalités de pouvoirs sur un territoire »
(définition de la géopolitique pour Lacoste), il faut analyser toutes les
représentations. Pour une nation, la perte d’un territoire peut contenir une
valeur symbolique forte. Lacoste consacre de nombreux numéros de sa revue à des
questions nationales. Enfin, la géopolitique lacostienne met l’accent sur la
nécessité d’adopter un point de vue multi-scalaire dans l’analyse des
situations. La guerre en Syrie par exemple, peut être vue comme une guerre
communautaire (échelle nationale), une des manifestations du grand affrontement
entre chiites et sunnites (échelle régionale) ou comme un des enjeux du bras de
fer russo-états-unien (échelle mondiale). Yves Lacoste utilise un type de
représentation graphique original qu’il nomme « diatope ». Successedant à Yves
Lacoste à la tête d’Hérodote,
Béatrice Gillin joue un rôle important dans l’essor de la géopolitique interne.
Dans
La guerre économique (2009),
Jean-Marc Huissoud et Frédéric Munier ont mis en perspective le concept de
guerre économique qui apparaît de manière récurrente lors des guerres et des
crises, dont la dernière de 2007-2008, crise dite des subprimes. Aujourd’hui,
on parle aussi de guerre de monnaies pour évoquer le maintien de certaines
monnaies à un niveau bas (yuan) afin de donner de la compétitivité face à des
économies dont la monnaie se réévalue (euro, yen). Pendant la Guerre froide,
l’embargo céréalier des Etats-Unis à l’encontre de l’U.R.S.S. est une forme de
guerre économique. C’est en effet en 1971 que le Français Bernard Esambert,
conseiller du Président Pompidou et auteur de La guerre économique mondiale (1991), énonce le concept de
guerre économique. Celui-ci est à relier au le terme de
« géoéconomie » énoncé par l’Américain Edward Luttwak (Le rêve américain en danger, 1995). Il
définit alors la géoéconomie comme « la
logique conflictuelle, traduite en termes commerciaux ». Il faut
d’abord différencier le terme avec celui d’économie de guerre qui désigne
l’ensemble des moyens mis en place par les Etats pour financer et produire un
conflit. La guerre économique est plus complexe et comporte trois acceptions
différentes. Elle peut d’abord être une modalité de la guerre comme l’embargo
déjà cité. Dans un second sens plus large, il s’agit d’une forme atténuée de
« hard power » par l’utilisation de moyens pour défendre ses parts de
marché et accroître sa puissance. Enfin, le dernier usage du terme est extensif
et peut être assimilée à une concurrence exacerbée. Colbert affirme ainsi que
« les compagnies de commerce sont les armes du roi et les manufactures
sont ses réserves ». Le protectionnisme et l’impérialisme sont les deux
grandes politiques de guerre économique des Etats. Face à la crise, R.U. et
France réorientent leur commerce vers leurs empires. Les régimes totalitaires
développent des politiques visant à l’autarcie. Ainsi, les années 1930 se
caractérisent par l’émergence et l’opposition de blocs commerciaux et
monétaires. Au final, toutes les périodes sont marquées par la guerre
économique qui est, selon Huissoud, et Munier « règle plus qu’exception ».
Pascal Gauchon titre ainsi dans un hors-série de la revue Conflits : « Nous sommes en guerre économique »
(Hors-série n°1, hiver 2014).
Expression
inventée par le financier américain Bernard Baruch en 1947 pour désigner
l’affrontement original qui débute entre les E.U. et l’U.R.S.S., la formule est
popularisée par l’éditorialiste américain Walter Lippman dans une série
d’articles, compilés dans l’ouvrage Cold War. L’historien français
Georges-Henri Souto la définit comme « un conflit global, idéologique,
politique, géopolitique, militaire, mais avec de très fortes répercussions dans
des domaines très variés : culture, économie, science ». François Géré y voit «
un rapport de forces d’intensité élevée entre deux Etats ou deux alliances qui
ne se résout pas à un affrontement direct ». L’arme nucléaire des deux côtés
empêche tout conflit direct, entre Américains et Soviétiques, d’où l’expression
de l’intellectuel français Raymond Aron « Paix impossible, guerre improbable »
(1962). Par contre, la guerre froide est marquée par des nombreuses crises
diplomatiques (blocus de Berlin, 1948-49, crise des fusées à Cuba en 1962) et
des conflits comme la guerre de Corée (1950-1953). Ces conflits sont
périphériques et opposent des alliés des deux camps. Les conflits liés à la
décolonisation peuvent être des enjeux de guerre froide : en Indochine la
France est soutenue par les E.U. dans la mesure où le leader indépendantiste
vietnamien, Hô Chi Minh, est communiste. La guerre froide se mondialise du fait
de la création de réseaux d’alliés sur tous les continents. Enfin, la guerre
froide implique des crises internes avec
l’élimination d’opposants accusés de sympathie pour l’ennemi. C’est le cas du
maccarthysme aux E.U. de 1953 à 1954 qui consiste en une lutte farouche contre
les communistes.
L’expression
guerre totale est utilisée par l’Allemand Ludendorff en 1935 (La guerre
totale, traduit par A. Pfannstiel, Paris, 1937). L’ancien général en chef
de l’armée allemande pendant la P.G.M. affirme que « dès qu’un pays a décidé de faire la guerre, il met les forces armées,
l’économie du pays et le peuple lui-même à la disposition du chef qui aura la
conduite de la guerre ». Si deux guerres américaines (guerre de
Sécession aux E.U. 1861-1865 et guerre du Paraguay 1865-1870) sont considérées
comme les prémices de la guerre totale, ce sera lors des deux guerres mondiales
que l’on observera toutes les dimensions : démographique (mobilisation de
masse), économique (production industrielle), financière (emprunts) et
idéologique (propagande de masse). La guerre totale est la violation de toutes
les formes de règles de guerre qui s’étaient ébauchées en Occident. Après 1945,
l’arme nucléaire a certainement été un obstacle à une guerre qui aurait embrasé
le monde.
Si
la notion de guerre juste est beaucoup plus ancienne (dès l’Antiquité), la
notion a été repensée par le philosophe américain Michaël Walzer (Guerres justes et injustes, Paris, 1999). Selon lui, le caractère juste d’une guerre
doit être visible dans tout le processus politico-militaire : les motifs
de guerre, son déroulement et enfin son règlement. La guerre préventive peut
être un cas de guerre juste si elle empêche une guerre plus grave. C’est le cas
en 1933, lorsque la Pologne propose à la France de déclencher une guerre
préventive contre l’Allemagne. Ce type de guerre suppose la certitude de la
menace. De ce point de vue la guerre du Golfe a été un échec complet.
Géographe
britannique de terrain, Mackinder élabore des manuels scolaires, puis poursuit
des recherches géopolitiques originales qui l’amènent à montrer qu’une région
de la planète, qu’il nomme « Heartland », est la clé de la domination
mondiale. Au lendemain de la P.G.M., alors que la Russie bascule dans le
communisme et que l’Europe se redécoupe, il montre dans son ouvrage « Les idéaux démocratiques et la réalité »,
publié en 1919, un monde découpé en trois parties : l’Océan, l’île-monde
« world-ocean » qui correspond à l’Europe, l’Asie et l’Afrique et les
îles artificielles de l’île-monde (G.B., Amérique, Japon et Australie).
Mackinder considère que l’île-monde, soit à peu près l’Eurasie, est le pivot
central du monde et qu’elle possède elle-même un cœur stratégique, le
« Heartland ». Celui-ci se confond avec la Russie, dont l’immensité
et les ressources lui donnnent un potentiel immense. Ce « Heartland »
est bordé par les « Coastlands » qui le ceinturent et lui donnnent
accès à l’Océan mondial. Ces « Costlands » sont l’Europe occidentale,
le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et de l’Est : elles forment le croissant
intérieur ou marginal. Pour Mackinder, tous les conflits peuvent s’expliquer
par les frictions entre ce pivot et ses bordures. Et tout pourrait être
déséquilibré si un jour l’Allemagne et la Russie devaient s’unir. Héritier des
angoisses historiques anglaises, il redoute toute émergence d’un pouvoir
hégémonique continental européen.
« Qui tient l’Europe orientale contrôle le
Heartland, qui tient le Heartland contrôle l’île mondiale, qui tient l’île
mondiale contrôle le monde ».
Mackinder
prend ici le contre-pied de l’adage du navigateur anglais de l’époque
élisabéthaine, Sir Walter Raleigh, qui affirmait : « Qui
tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce du monde tient la richesse, qui tient
la richesse du monde tient le monde lui-même »
Dans
les années 1920, au moment où la puissance britannique s’essouffle, Mackinder
met en garde contre le rapprochement entre Moscou et Berlin. Il appuie la
politique de « cordon sanitaire » en Europe orientale et prône
l’alliance avec la France et les Etats-Unis.
En
1943, Mackinder remet à jour sa théorie du pivot dans l’article The Round World
(paru dans la revue Foreign Affairs) en montrant que l’alliance entre les E.U.
et la G.B, puissances maritimes, et la France, tête de pont sur les Coastlands,
pourrait contenir la puissance du Heartland dans le futur. Le nouveau concept
de Midland Ocean (l’Océan Atlantique), lui permet se symboliser cette union
transatlantique.
Lanceur d’alerte :
Concept
mis au point en France à la fin des années 1990 par les sociologues Francis
Chateauraynaud et Didier Tony. Selon Transparency International, le lanceur
d’alerte est « tout employé qui signale un fait illégal, illicite ou
dangereux pour autrui touchant à l’intérêt général, aux instances ou aux
personnes ayant le pouvoir d’y mettre fin ».
Opérations
internationales non coercitives des N.U. réalisées par des contingents
nationaux volontaires, décidées par le Conseil de sécurité ou l’Assemblée
Générale et financées par l’O.N.U. ou des Etats volontaires. Il existe quatre
grands types de missions :
1/
maintien de la paix : interposition entre des belligérants (avec leur
accord) sur la base d’un cessez-le-feu dont la mission assure la surveillance.
Exemples : UNMOGIP au Cachemire, groupe d’observateurs des N.U. en Inde et
au Pakistan.
2/
Imposition de la paix : intervention militaire (menée par un ou plusieurs
Etats) autorisée par l’O.N.U. contre un Etat « fautif ».
Exemple : ONUSOM, Opération des N.U. en Somalie de 1993-94.
3/
Consolidation de la paix : objectif de contribuer au renforcement des
bases d’accord existants. Les contingents des N.U. peuvent être accompagnés par
une force de sécurité sous commandement étatique ou multilatérale, autorisée à
utiliser la force. Il s’agit souvent de désarmer des forces militaires.
Exemple : APRONUC, Autorité des
N.U. au Cambodge en 1992-93.
4/
Rétablissement de la paix : négociations de paix organisées par l’O.N.U.
souvent en liaison avec les O.N.G. et les organisations régionales.
D’autres
missions existent comme celles de reconstruire un Etat défaillant en coopération
des O.N.G. (Sierra Leone) ou de lutte contre le terrorisme (années 2000).
ONG (organisations
non gouvernementales) : association qui milite et agit
dans les domaines humanitaires variés (santé, alimentation, environnement,
droits de l’homme, etc.) afin de pallier les carences des Etats et des
institutions internationales.
Gouvernance
mondiale : processus de prise de décision politique et de gestion
économique associant des acteurs publics et privés intervenant à différentes
échelles.
D’abord
utilisée par un romancier britannique, l’expression ordre mondial est reprise
en 1990 par George Bush (Président de 1989 à 1993). Un ordre mondial implique
deux éléments principaux : d’une part, une hiérarchie de puissances économiques
marquée par la domination d’une grande puissance et, d’autre part, la capacité
de celle-ci à s’imposer par la force, mais aussi par ses valeurs. L’expression
système mondial est synonyme et celle de ordre/système international serait
préférable dans la mesure où l’O.N.U. est un lieu de rapport de forces entre
Etats. Par opposition, le désordre mondial est une situation internationale
d’incertitudes, marquée par l’absence ou la faiblesse d’un leadership.
L’entre-deux-guerres est une phase de désordre, certainement comme aujourd’hui.
Organisations
internationales ou organisations
intergouvernementales (OIG) : sont des associations d’Etats, généralement
fondées par des traités de droit international.
Universitaire
américain, spécialiste des relations internationales, Joseph Nye a été
sous-Secrétaire d’Etat de Carter, puis Secrétaire adjoint à la Défense sous
Clinton. Son livre « Bound to lead »
édité en 1990 est une réponse à la vision décliniste de l’historien britannique
Paul Kennedy (Naissance et déclin des
grandes puissances de 1500 à nos jours). Nye montre que la mondialisation
nécessite de changer les grilles de lecture de la puissance qui est devenue
moins coercitive et moins tangible. Nye parle de puissance de cooptation
(« co-aptive power ») qui consiste à coaliser les autres pays de leur
plein gré : « obtenir des
autres qu’ils veuillent la même chose que vous ». Il s’agit donc de
l’attractivité exercée par le modèle dont on est l’incarnation. Elle s’oppose à
la puissance dure (« hard power »),
c’est-à-dire la puissance militaire et économique d’un pays. La puissance douce
(« soft power ») prépare le
terrain à la puissance de cooptation. Les E.U. peuvent ainsi échapper au déclin
par leur influence considérable. Dans son livre de 2001 « Paradoxe de la puissance américaine »,
Nye distingue trois sources de soft power : l’attractivité des valeurs
politiques, la perception de la politique étrangère et le rayonnement culturel.
Pour optimiser sa puissance, un Etat doit œuvrer à faire concorder les
objectifs de son soft et hard power. La combinaison harmonieuse des deux est
nommée « puissance intelligente »
(smart power), notion forgée par Suzanne Nossel en 2004, qu’elle développe dans
son livre de 2011 « Le futur de la
puissance ». Ce qui fait l’efficacité d’une puissance n’est pas tant
sa quantité que la qualité du dosage entre sa dimension soft et hard. Cela
demande un équilibre intelligent. En ce sens, l’invasion de l’Irak en 2003 est
une grave erreur. Trop exhiber sa force affaiblit sa capacité de séduction. Les
thèses de Nye arrivent à Pékin sous le nom de huayuquan (« puissance du
discours »). Elu en 2009, Obama s’inscrit d’emblée dans les idées de Nye à
l’image de son discours du Caire pour réconcilier les E.U. avec le monde
musulman.
Sécurité
alimentaire, selon la Food and Agricultural
Organisation (FAO), est atteinte quand "tous les êtres humains ont un
accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive,
leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences
alimentaires afin de mener une vie saine et active". L'autosuffisance
alimentaire consiste en la capacité d’un état de produire des ressources
alimentaires en quantité suffisante sur son territoire. La souveraineté alimentaire, se définit comme
le droit, pour un humain ou pour un état, de définir ses propres politiques
agricoles, dans une recherche d'autonomie foncière, semencière et
alimentaire.
Société
civile : espace politique où les associations d’individu,
formées sur une base volontaire, cherchent à modeler les règles de la vie
sociale par des alliances internationales. Les organisations non
gouvernementales sont la forme de société civile la plus connue, mais pas la
seule. Les associations informelles de solidarités (les tontines en Afrique par
exemple) ou les syndicats en font également partie.
A.
Benassy-Quéré, C. Chavagneux, E. Laurent, D. Plihon, M. Rainelli, J.-P.
Warnier, Les enjeux de la mondialisation, Les grandes questions économiques et
sociales, TIII, 2013, p. 55.
La
Communauté internationale n’a jamais pu s’entendre sur une définition
commune du terrorisme. A l’image des Palestiniens, les terroristes des uns
(Israël) sont les résistants des autres (Arabes). Pour Pascal Boniface, il
serait un acte politique recourant à la violence et s’en prenant de façon
aveugle à des civils. Mais la question de l’acteur reste floue : selon les
Occidentaux, les terroristes sont issus de groupes intra-étatiques, mais
beaucoup de non-Occidentaux pensent que les Etats peuvent exercer des actions
terroristes. Comment qualifier les actes de Bachar el-Assad envoyant des barils
d’explosifs sur des populations civiles ?