Zone euro : et si la crise revenait... par l'Écosse ?
ZONE EURO
Des
militants indépendantistes écossais faisant la promotion du "Yes", le
21 septembre 2013./ Reuters
Romaric Godin | 23/12/2013,
15:10 - 501 motsLe 18 septembre 2014, les
électeurs écossais auront à faire un choix historique : demeurer dans le
Royaume-Uni ou dissoudre l'acte d'Union de 1701 et faire de l'Écosse un pays
indépendant. Mais quelles conséquences pour l'Europe ?
SUR LE MÊME SUJET
L'indépendance
semble peu probable. Chez Ladbrokes, le plus grand bookmaker du monde, le « non
» à l'indépendance est donné à un contre six ! Et dans les derniers sondages,
le rejet d'un État écossais dispose d'une large avance de plus de vingt points.
Mais si les choses évoluaient ?
Dans un
référendum, les dernières semaines de campagne sont parfois déterminantes. La
part des indécis est encore forte, elle est proche de 20 % de l'électorat et,
en 2011, le Scottish National Party (SNP), le seul parti important de l'ancien
royaume à soutenir la cause de l'indépendance, avait glané près de la moitié
des suffrages.
D'autant
que, sur cette terre qui n'a jamais été favorable aux conservateurs, le
discours très dur de David Cameron et la montée du parti eurosceptique et
anti-immigration UKIP ne plaisent guère. Une percée de ce dernier lors des
élections européennes de mai pourrait convaincre une partie de l'électorat
travailliste écossais qu'ils n'ont décidément rien de commun avec les Anglais.
Une Écosse dans l'UE ?
Si l'Écosse
dit oui à son indépendance, des négociations difficiles s'engageraient sur le
partage de la dette et sur le maintien ou non d'une union monétaire. Durant ce
processus, la confiance dans la dette britannique, dans son économie et dans la
livre sera forcément plus faible. La croissance - qui reprend avec plus de
vigueur que sur le continent fin 2013 - pourrait aussi être affaiblie.
Mais le plus
grand défi concernera l'Union européenne. L'Écosse est une terre
pro-européenne. En cas de « oui » le 18 septembre, elle pourrait demander son
adhésion à l'UE en tant qu'ancienne partie d'un État membre.
Un chemin à suivre pour
l'indépendantisme espagnol ?
Comment l'UE
pourrait-elle refuser d'intégrer l'Ecosse alors qu'elle négocie l'adhésion de
la Serbie ? Sauf que, en Europe, les dents grinceraient. En Espagne surtout, où
le gouvernement catalan a promis également de tenir un référendum et pour qui
un « oui » écossais serait un signal fort. Sauf si, évidemment, l'UE se montre
très dure avec l'Écosse... Madrid plaidera la fermeté face à Edimbourg.
D'autant que dans une Espagne en convalescence, la question de la dette est
bien plus délicate qu'au Royaume-Uni.
Logiquement,
un succès de l'indépendance écossaise ferait douter les investisseurs sur
l'Espagne et les taux du royaume ibérique remonteraient. Mais dans ce cas,
inévitablement, tous les taux des pays périphériques seraient sous pression.
Car, si la Catalogne quittait l'Espagne comme l'Écosse le Royaume-Uni, la
question de son maintien dans la zone euro se poserait.
Cet automne 2014 sera crucial pour
le Portugal et la Grèce dont les programmes d'aide viendront à échéance en
juillet. Lisbonne tentera de revenir sur le marché, Athènes de négocier un plan
le plus léger possible. Un regain de tension sur les marchés replongerait ces pays
dans la logique austérité-récession. La crise de l'euro sera alors relancée.
Source : la Tribune.fr, le 24
déc 2013
A LIRE SUR LA
TRIBUNE
·