Alors que Renault annonce sa future usine, le marché chinois est en plein
boom
Le
Renault Koleos produit en Corée est aujourd'hui exporté vers la Chine
Alain-Gabriel
Verdevoye | 05/12/2013,
17:46 - 819 motsLe premier marché mondial a
encore progressé de 13,5% sur dix mois. Il est dix fois supérieur à celui de la
France. Chaque mois, de nouvelles usines ouvrent !
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Après le
feu vert donné par Pékin à Renault, tous les constructeurs mondiaux
seront désormais présents industriellement en Chine, le premier marché
automobile mondial. La co-entreprise du groupe tricolore avec le groupe local Dongfeng - également partenaire de Nissan et de PSA - doit
investir 7,76 milliards de yuans (930 millions d'euros) pour produire 150.000
véhicules par an. Il est vrai que, si l'Europe est en pleine marasme, les
chiffres du marché chinois font rêver.
Un énorme marché, dix fois supérieur à celui de la
France
Les ventes de véhicules neufs y ont
encore augmenté de 20,3 % en octobre et de 13,5 % sur dix mois (par
rapport à la même période de 2012) à 17,8 millions d'unités, selon les chiffres
de la CAAM (Association chinoise des constructeurs automobiles). Sur ce
total, 14,5 millions étaient des voitures particulières.
Le gâteau local se révèle donc dix
fois plus gros que le marché français. Il est même supérieur d'un tiers au
marché de l'Union européenne ! Si les ventes sont en plein boom après un début
d'année moins porteur, la production suit. Les usines automobiles chinoises ont
fabriqué 13,6% de véhicules supplémentaires, sur la période du 1er janvier au
31 octobre 2013, à près de 18 millions d'exemplaires.
Investissements capacitaires à rythme soutenu
Un véritable eldorado, où les
constructeurs investissent dans toujours plus de capacités de production. Le
groupe Volkswagen vient ainsi d'ouvrir en l'espace d'un mois deux nouveaux
sites de production, ajoutant un potentiel complémentaire de 600.000
unités. Il en détient seize désormais. "Nous allons
investir 9,8 milliards d'euros entre 2013 et 2015 en Chine ", annonçait le consortium
allemand en avril dernier, au salon de Shanghai.
PSA a inauguré quant à lui fin septembre le site de Shenzhen
avec un deuxième partenaire (Changan), dédié à sa ligne "DS", d'un potentiel de
200.000 unités annuelles. Dans sa première co-entreprise avec Dongfeng, à
Wuhan, PSA Peugeot Citroën dispose déjà d'une capacité de production de 600.000
véhicules par an, qu'il espère porter à 750.000 en 2015.
Le suédois Volvo (détenu par le
chinois Geely) démarre la production en série à Chengdu, avec une production
escomptée initialement de 120.000 véhicules par an. L'allemand Mercedes a
ouvert dernièrement un site à Pékin, pour fabriquer 300.000 moteurs
annuels et Honda vient de débuter les activités d'un centre de recherche et de
développement à Guangzhou. Le tout depuis le début de l'automne ! Et ce, alors
même que PSA ferme Aulnay en France, Ford a annoncé l'arrêt de deux sites en
Grande-Bretagne et d'un en Belgique, Opel (GM) d'une usine en Allemagne!
PSA reste un "petit" acteur
Vu la taille, tous les constructeurs
ont leur part du gâteau. Mais la moitié du marché des voitures particulières et
utilitaires légers n'est détenue que par... sept constructeurs étrangers
seulement. Le groupe Volkswagen en détient un peu plus de 15% (sur les neuf
premiers mois), GM plus de 14%, le coréen Hyundai-Kia presque 8%. Toyota et
Nissan sont autour de 4%.
Selon les statistiques chinoises
incluant les petits véhicules commerciaux, PSA ne détient en revanche que 2,6% du gâteau. Le groupe
tricolore revendique toutefois une pénétration de 3,8% sur le segment des
seules voitures particulières.
Les modèles les plus populaires sont
le monospace Hongguang de Wuling, une co-entreprise d'utilitaires avec GM,
suivi de la berline compacte Buick Excelle (également GM) et de sa rivale
Volkswagen Lavida.
Le ministère chinois du Commerce a
fait savoir récemment que le gouvernement envisageait d'assouplir la
législation, afin de faciliter davantage encore les investissements des
constructeurs étrangers. La participation des groupes non chinois dans les
co-entreprises est effectivement encore plafonné à 50 %.
Mais la CAAM a fait connaître son
opposition. L'Association des constructeurs craint qu'une telle mesure
n'affaiblisse encore davantage la position des firmes locales, qui n'ont
toujours pas percé. Car, paradoxalement, les constructeurs chinois n'ont tous ensemble
qu'une pénétration de 30% à peine sur le marché. Les client privilégient
en effet l'image, la qualité et la réputation technologique des marques
étrangères.
Mesures anti-voitures encore timides
Le boom de l'automobile dans
l'ex-Empire du milieu semble ne jamais devoir s'arrêter. Les autorités veulent
certes freiner (un peu) l'expansion de l'automobile, pour lutter contre la
pollution, dramatique dans les grandes villes. La municipalité de la
capitale chinoise a ainsi encore réduit son quota d'immatriculations de
voitures neuves. Elle ne délivrera désormais que 150.000 plaques
d'immatriculation par an, contre 250 000 jusqu'à présent.
Le gouvernement a aussi relevé
récemment le prix des carburants. Et les pouvoirs publics comptent rendre
également plus strictes les législations concernant l'allocation de voitures
aux fonctionnaires. Mais tous les experts n'en restent pas moins largement
optimistes sur la poursuite de la croissance. Il devrait donc y avoir de la
place pour tout le monde, y compris le dernier venu, Renault.
Source : La Tribune.fr, le 6 déc 2013