Commentaire de carte : Sujet : la crise du
Venezuela – CORRIGE Légende : infos des doc ; apport de connaissances ; vocabulaire clé ; critique
Le 5 mars
2013, Hugo Chavez, au pouvoir au Venezuela depuis 14 ans, meurt. Symbole et
auteur d’un régime anti-américain et d’un modèle économique rentier, le pays va
peu à peu entrer dans une crise multiple. D’abord économique avec la chute du
prix du pétrole en 2014, puis politique avec la remise en question de la
gestion de son héritier Nicolas Maduro et l’affirmation d’un autre Président en
janvier 2019 ; enfin, la crise devient géopolitique, en particulier au niveau
régional. C’est ce qu’illustre la carte 2 utilisée par un site francophone
ayant repris une carte publiée en 2018 par l’A.F.P. (Agence française de
presse ; carte elle-même issues d’organisations internationales). Elle
illustre les aspects démographiques de la crise venezuelienne liée à la fuite
de millions de personnes vers les pays voisins. La carte est accompagnée
d’infographies statistiques consacrées aux effets économiques de la crise. La
carte 1 restitue la crise au niveau mondial et dans le secteur diplomatique,
donc géopolitique. Plus récente, elle est tirée du rapport annuel du premier
« think tank » français, l’I.F.R.I. (Institut français des relations
internationales) et décrit l’opposition entre les pays soutenants le régime
chaviste, ceux favorables à son principal opposant, Juan Guaido, en
reconnaissant sa légitimité et enfin les Etats plus neutres. Ces deux cartes
vont nous permettre d’analyser les différentes facettes de la crise du
Venezuela et ce, à deux échelles, régionale et mondiale, afin d’en connaître la
gravité. De toute évidence, l’origine de cette crise est économique (I),
mais ses effets sociaux (II) et géopolitiques (III) en font une crise majeure.
La crise du
Venezuela est en effet d’origine économique et apparait avec la chute du
prix du pétrole voulue par l’Arabie Saoudite en 2014. Cela implique de la part
d’une économie pétro-dépendante une forte baisse des revenus de l’Etat. Le
Venezuela est un parfait exemple d’un pays touché par le « mal hollandais »
dont l’inflation, ici l’hyperinflation
est un des signes. En fait, Hugo Chavez avait utilisé
les revenus de la compagnie nationale pétrolière au profit d’un Etat-providence
qui légitimait son pouvoir lors du « super cycle minier » (Philippe
CHALMIN). La chute
de 30% de la production pétrolière en 6 ans montre le sous-investissement au sein de la firme. Le
retournement du cycle est alors fatal à une économie trop primarisée.
Quelques mois après
la chute du prix du pétrole, la crise sociale est forte. L’hyperinflation indiquée par l’A.F.P
rappelle celle de l’Allemagne en 1923 avec des
effets dévastateurs : chute du pouvoir d’achat et pauvreté. Dès 2015, l’opposition gagne les élections législatives, mais
le régime de Maduro résiste et fonde une nouvelle Constitution. Face à cela, plus de 2 millions
de Venezueliens quittent le pays (moitié en Colombie voisine). Seuls les pays
idéologiquement proche de ce régime de gauche le soutiennent :
Chine communiste et Bolivie d’Evo Morales en tête. Aussi la crise devient
peu à peu diplomatique.
Les pays occidentaux, Etats-Unis
et Union européenne ainsi que leurs alliés comme le Japon reconnaissent
l’opposition menée par Juan Gaido. Des sanctions ont été
mises en place : exclusion du Mercosur et arrêt de prêts du FMI. Aussi, le
régime ne tient que par un soutien financier russo-chinois. L’A.L.B.A.,
aube en espagnol, organisation régionale latino-américaine altermondialiste,
indiquée dans la carte de l’AFP, perd en influence face à une majorité d’Etats
régionaux dirigés par des hommes politiques de droite, voire d’extrême-droite
comme au Brésil. Depuis l’exil
de Morales de son pays, le Venezuela a perdu le soutien de le Bolivie (carte
antérieure). Entre ces deux camps qui s’opposent, la cristallisation est
forte ; en effet, l’Etat a beaucoup réprimé (morts). Pour autant, la majorité des
pays voisins souhaitent un compromis par la négociation (groupe de Lima). C’est le cas de l’Inde
qui poursuit sa tradition de
non-alignement ou bien la Norvège, lieu de la médiation israélo-palestinienne.
Ainsi, la crise
du Venezuela comporte toutes les facettes : économiques, sociales,
politiques et géopolitiques. Par contre, elle est au niveau international de
basse intensité. Les Etats-Unis n’ont jamais sérieusement envisagé
d’intervention militaire. Pour autant, cette crise illustre l’opposition entre
les Occidentaux et les grandes puissances du Sud. Le choix des mêmes couleurs utilisées pour cartographie la Guerre froide
illustre bien une opposition bipolaire et idéologique (libéralisme versus
bolivarisme socialiste). De manière étonnante, la crise vénézuélienne
fait écho à une autre ère des relations internationales, marquées par
l’opposition Ouest-Est-Tiers-monde. A
l’échelle régionale, la crise est plus grave en raison des migrations et des
trafics engendrés par cette crise à la frontière colombienne. Aujourd’hui, la
situation reste bloquée et le pays s’enfonce dans une crise toujours plus
profonde qui s’auto-alimente : la production de pétrole est passée en
dessous de 1.2 millions de barils. Quel paradoxe pour le pays aux réserves
pétrolières les plus importantes du monde !