mercredi 22 février 2017

Tentative de coup d'Etat au Monténégro : la main de Moscou ?

Le Monténégro déstabilisé après une tentative de coup d’Etat

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Le procureur spécial du pays a obtenu la suppression de l'immunité parlementaire de deux dirigeants de l'opposition soupçonnés d'avoir participé à la tentative de coup d'État, avec le soutien de la Serbie et de la Russie. (Photo: les deux parlementaires d'opposition, Milan Knežević et Andrija Mandić, le 15 février, attendant la levée de leur immunité devant le parlement monténégrin).
Le procureur spécial du pays a obtenu la suppression de l'immunité parlementaire de deux dirigeants de l'opposition soupçonnés d'avoir participé à la tentative de coup d'État, avec le soutien de la Serbie et de la Russie. (Photo: les deux parlementaires d'opposition, Milan Knežević et Andrija Mandić, le 15 février, attendant la levée de leur immunité devant le parlement monténégrin). (Crédits : Reuters)
Depuis les élections d’octobre, la scène politique du Monténégro est secouée par les suites d’une tentative présumée de coup d’État. Les autorités accusent la Serbie et la Russie de tenter de déstabiliser les institutions, alors que l’opposition boycotte le parlement et dénonce une fraude électorale. Un article de notre partenaire Euractiv.
En octobre 2016, le parti du Premier ministre monténégrin, Milo Đukanović, a remporté les élections de peu, sans majorité parlementaire. Le candidat avait présenté le vote comme l'occasion pour les 620 000 habitants du pays de soutenir sa politique d'adhésion à l'OTAN et à l'UE, en se détournant de ses alliés traditionnels, la Serbie et la Russie.
Au lieu d'apaiser les tensions dans le pays, qui a pris son indépendance de la Serbie en 2006, les élections législatives les ont exacerbées. Selon le gouvernement en place, elles ont en effet été l'occasion d'une tentative de coup d'État.
Selon les informations du gouvernement britannique, cité par The Telegraph, le putsch, qui devait cibler le parlement et tuer le dirigeant pro-occidental, a été orchestré par des agents des renseignements russes, afin de bloquer l'adhésion du pays à l'OTAN. Le putsch a été empêché quelques heures avant son exécution, et aurait mis le feu aux poudres au Monténégro, pays qui s'apprête à devenir le 29e membre de l'OTAN.

Coup d'État ou fraude électorale ?

Le procureur spécial du pays a obtenu la suppression de l'immunité parlementaire de deux dirigeants de l'opposition soupçonnés d'avoir participé à la tentative de coup d'État, avec le soutien de la Serbie et de la Russie. La levée de l'immunité parlementaire des deux députés a cependant provoqué une vive réaction, et des centaines de manifestants se sont massés devant le parlement pour protester. Le procureur général a donc fini par suspendre la motion.
    >Lire : Les élections au Monténégro marquées par un mystérieux complot serbe
Pas moins de 39 députés d'opposition boycottent actuellement le parlement suite à des allégations de fraudes, sous couvert de réaction au putsch manqué, lors des dernières élections. 18 d'entre eux appartiennent au Front démocratique, le parti le plus opposé au gouvernement. Ces députés demandent l'organisation de nouvelles élections législatives en 2018, en même temps que l'élection présidentielle.
Le gouvernement, composé du Parti démocrate socialiste (DPS) et de ses alliés, qui ne contrôle qu'une mince majorité de parlementaires, 41 sur un total de 81, assure quant à lui que les élections ont été libres et justes. Une position soutenue par le BIDDH, le bureau de surveillance des élections de l'OSCE. Le Front démocratique a cependant publié un rapport de 20 pages listant une série d'irrégularités.

Pressions géopolitiques

L'impasse politique est associée à une lutte acharnée sur l'adhésion du pays à l'OTAN. Le Monténégro serait le troisième pays des Balkans à rejoindre l'organisation, après la Croatie et l'Albanie, qui y ont adhéré en 2009.
L'opposition, et en particulier le Front démocratique, exige un référendum sur la question, bien que ce ne soit pas une obligation constitutionnelle. La loi nationale prévoit en effet la ratification de l'adhésion via le parlement.
Si la majorité des élus est favorable à une entrée dans l'OTAN, la population reste très divisée. Selon un sondage mené en décembre, 39,5 % de Monténégrins sont pour, et 39,7 sont contre. Un scénario confirmé par d'autres enquêtes.
À ce jour, 24 des 28 États membres de l'OTAN ont ratifié l'accession du pays à l'alliance militaire. Le Canada, les Pays-Bas, l'Espagne et les États-Unis doivent encore le faire.
Podgorica devrait ratifier à son tour son adhésion une fois ce processus terminé dans tous les États membres, probablement au mois de mai. La ratification devrait avoir lieu même si une grande partie de l'opposition continue de boycotter les séances parlementaires. Malgré leur participation au boycott, les membres plus modérés de l'opposition devraient s'exprimer en faveur de l'adhésion à l'OTAN.

Petit pays mais grande valeur géopolitique

Il ne fait cependant aucun doute que des facteurs externes entrent également en jeu. Alexei Meshkov, le ministre russe des Affaires étrangères, a récemment déclaré que l'entrée forcée du Monténégro dans l'organisation transatlantique pourrait créer une fracture au sein de la société. Les États-Unis ont pour leur part toujours encouragé le pays à entrer dans l'UE et l'OTAN. Il n'est toutefois pas sûr que l'administration Trump se soucie beaucoup d'un allié qui ne compte que 2.000 soldats.
Un diplomate européen à Podgorica a cependant confirmé que le Monténégro avait une grande valeur géopolitique.
« Ce petit pays joue un rôle important dans le développement actuel des Balkans occidentaux », a assuré le diplomate.
En effet, l'avenir du pays devrait indiquer ce qui attend les autres candidats potentiels à l'UE dans la région. La ratification de son accession à l'OTAN n'est pas seulement importante pour le Monténégro, elle l'est aussi dans le contexte plus large de la stabilité des Balkans, continue-t-il. Il souligne que l'UE avait apprécié l'alignement total du gouvernement avec la politique étrangère et de sécurité commune européenne, notamment en ce qui concerne les sanctions à l'égard de la Russie.

Le Montenegro a reconnu le Kosovo

Podgorica a également reconnu le Kosovo, une décision surprenante étant donné les liens étroits unissant le pays à la Serbie, qui refuse catégoriquement de reconnaître la région sécessionniste. Si l'opposition devait arriver au pouvoir, l'une de leurs premières décisions sera sans doute d'abandonner les sanctions contre la Russie et de revenir sur la reconnaissance du Kosovo.
Le Monténégro est par ailleurs un champion des négociations d'adhésion européennes et a dépassé la Serbie et l'Albanie, les deux seuls autres pays de la région ayant entamé le processus. Jusqu'ici, l'accession à l'OTAN a toujours précédé l'entrée dans l'UE pour les pays d'Europe centrale et orientale.
En ce qui concerne la tentative de coup d'État, le diplomate européen indique que les États membres de l'UE en ont été informés par les autorités monténégrines elles-mêmes.
« Les enquêtes devraient se conclure le plus rapidement possible, afin que les citoyens du Monténégro puissent apprendre toute la vérité sur cette affaire », a-t-il insisté.
    >Lire : Tusk incite le Monténégro à ne pas renier ses aspirations européennes

Chambouler l'échiquier politique pour des sommes dérisoires

Momčilo Radulović, président du mouvement européen au Monténégro, a expliqué à Euractiv que la Russie venait de prouver qu'« avec de petites sommes d'argent on peut faire des miracles dans les Balkans occidentaux ».
« Selon les estimations, un maximum de 5 millions d'euros a été dépensé au Monténégro, et cela a suffi à créer une crise électorale grave. Imaginez ce qu'ils pourraient faire avec 50 millions en Serbie. Mais le Monténégro est plus ou moins stable. Ses institutions sont plus ou moins stables. Et sa société est plus ou moins stable. C'est le bon côté de l'histoire : nous ne sommes pas assez fous que pour mener une guerre pour les intérêts russes », conclut-il.
Un diplomate russe a cependant rejeté ces allégations. En ce qui concerne le putsch, il a indiqué que Moscou avait demandé des informations à plusieurs sources, notamment le gouvernement et l'opposition, dont le Front démocratique, afin d'avoir une meilleure compréhension du processus politique en cours.

Dénégation des Russes et des Serbes

Il a refusé de commenter les circonstances de ce soi-disant coup d'État en l'absence de preuves concrètes de l'existence même d'une tentative. L'ambassade russe n'a en outre fait aucune demande aux autorités monténégrines en ce qui concerne les citoyens russes reconnus suspects dans le putsch présumé. Une vingtaine de personnes, dont deux citoyens russes, ont été accusées de participation à la tentative de coup d'État du 16 octobre.
Le 7 novembre, Dmitry Peskov, porte-parole du Kremlin, a assuré que Moscou n'avait joué aucun rôle dans la l'organisation de ce putsch présumé. Le diplomate russe a regretté qu'un grand nombre de médias du Monténégro continuent de mener des campagnes anti-russes, alors même que Milivoje Katnić, le procureur spécial, a déclaré que « les autorités policières n'[avaient] aucune preuve d'une implication officielle de Moscou ».
Au sujet de l'adhésion du pays à l'OTAN, le représentant russe a rappelé que les membres de l'organisation se doivent d'octroyer 2% de leur RNB (revenu national brut) à la défense. Une somme qui, selon lui, pourrait mettre le pays en difficulté.
Aleksandar Vučić, le Premier ministre serbe, a pour sa part assuré que les individus arrêtés n'avaient rien à voir avec l'État serbe, et qu'il n'y avait pas non plus de preuve de l'implication d'hommes politiques monténégrins.
    >Lire : L'OTAN revoit sa stratégie militaire à Varsovie
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Par Georgi Gotev, à Podgorica / Euractiv.com
(Article publié par lundi 20 février 2017)
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Euractiv

lundi 20 février 2017

Antonio Guterres : « Un monde plus chaotique...

Antonio Guterres : « Un monde plus chaotique a besoin d’institutions multilatérales fortes »

Le nouveau secrétaire général de l’ONU regrette que l’Europe n’ait pas mieux géré la crise des réfugiés en investissant davantage pour créer des conditions adéquates d’accueil.
LE MONDE | | Propos recueillis par
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Antonio Guterres, le nouveau secrétaire général de l’ONU, le 1er février.
Ancien premier ministre du Portugal (1995-2002) et ancien responsable du haut comité des Nations unies chargé des réfugiés (2005-2015), Antonio Guterres a pris ses fonctions de secrétaire général des Nations unies le 1er janvier, quelques jours avant la prestation de serment d’un président des Etats-Unis, Donald Trump, qui s’est ouvertement interrogé sur l’utilité de l’institution.
Alors que la presse américaine a fait état d’un projet prévoyant une baisse drastique de la contribution américaine, ce qui mettrait en péril le fonctionnement de l’ONU, The Guardian, Le Monde, La Stampa et la Süddeutsche Zeitung ont rencontré M. Guterres. Ce dernier est convaincu que l’incertitude liée à l’émergence d’un monde multipolaire rend indispensables les institutions multilatérales.
Une nouvelle administration s’est installée aux Etats-Unis et un projet de décret du président Donald Trump évoque une réduction de 40 % du financement américain des organisations internationales. La nouvelle ambassadrice aux Nations unies, Nikki Haley, vous a-t-elle confirmé ces chiffres ?
Tout d’abord, rien n’a été décidé. Il n’y a que des projets publiés dans la presse. Ma position est très claire : je ne réponds jamais à des choses qui n’existent pas, parce que si vous répondez à des choses qui n’existent pas, vous pouvez créer les conditions de leur existence.
Vous avez eu des réunions avec Mme Haley. Les Etats-Unis ont-ils garanti leur engagement budgétaire ?
La seule chose que je peux dire, c’est que nos réunions ont été extrêmement constructives.
Avez-vous déjà mentionné la question des missions de maintien de la paix [dont les Etats-Unis critiquent le coût] ? Vous avez déjà indiqué que vous êtes prêt à l’examiner.
Nous avons un problème central. Ces opérations ont été prévues pour maintenir la paix, ce qui signifie qu’elles reposent à la base sur un accord politique conclu entre les parties en conflit, et qu’il est nécessaire d’aider à stabiliser un pays et créer des conditions pour que l’accord politique permette de conduire à un développement normal de ce pays. Mais nous avons de plus en plus d’opérations de maintien de la paix où il n’y a pas, en fait, de paix à préserver, ce qui a produit un certain nombre de situations alternatives.
« Il doit y avoir une analyse en profondeur de l’avenir des opérations de paix »

vendredi 17 février 2017

"Trump va nous conduire à une récession économique"

"Trump va nous conduire à une récession économique"

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Ce qui va arriver avec l'administration Trump, j'en suis sûre, c'est une récession, prévient Deirdre McCloskey.
"Ce qui va arriver avec l'administration Trump, j'en suis sûre, c'est une récession", prévient Deirdre McCloskey. (Crédits : Flickr/Gage Skidmore. CC License by.)
L'économiste américaine Deirdre McCloskey publie "Les péchés secrets de la science économique" où elle critique le réductionnisme économique et plaide pour l'étude des "humanomics", qui prend en compte les sciences humaines. Elle participait récemment à un séminaire à Paris, occasion pour l'interroger sur son ouvrage et connaître son opinion sur les premiers jours du mandat de Donald Trump.
Malgré les avertissements lancés par les économistes sur les conséquences d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, les Britanniques ont pourtant voté pour le Brexit le 23 juin. La même logique s'est appliquée à peine cinq mois plus tard aux Etats-Unis où les électeurs américains ont choisi Donald Trump.
Cette incapacité des économistes à se faire entendre de l'opinion publique est-elle le résultat d'une production de savoirs trop abstraite, dominée par des modèles inapplicables dans le réel ? Certains le pensent.
Reconnue pour son travail en cliométrie (l'application des méthodes de statistiques, de l'économétrie dans l'étude de l'histoire), l'économiste américaine Deirdre McCloskey(*), ex-marxiste devenue libertarienne, a décidé il y a quelques années de changer d'approche.
De passage à Paris pour participer à un séminaire au Centre d'Économie de la Sorbonne, organisé notamment par l'université Paris-1 et par l'École de la Liberté, Deirdre McCloskey a fait part à La Tribune de sa critique du réductionnisme économique et de son jugement sur les premiers jours du mandat de Donald Trump.
LA TRIBUNE - Dans votre livre, vous exposez les "péchés" des économistes. Quels sont-ils ?
DEIRDRE McCLOSKEY - Le problème avec les économistes est qu'ils sont très fermés et trop techniques. Dans mon livre, j'essaie d'élargir l'économie aux sciences humaines : la littérature, la philosophie, le théâtre... à l'ensemble de la culture. C'est ce que j'appelle les "humanomics" consistant à tenir compte de l'ensemble de la culture pour parler d'économie. Il s'agit d'une question de méthodologie qui est très utile pour comprendre comment nous vivons.
Rejetez-vous l'approche de l'économie par les mathématiques ?
Quand j'étais jeune j'étais marxiste, puis je suis devenue keynésienne, en fait, j'ai été tout ce qu'on peut être! Je ne suis pas contre les modèles mathématiques que j'ai étudiés et utilisés. Le problème n'est pas là, mais dans la résistance des économistes à prendre en compte la culture, à ne pas considérer le contexte global dans lequel les êtres humains vivent.
Dans mon livre, je parle du sacré et du profane. L'être humain possède ces deux faces. Il y a les éléments relevant du sacré : la famille, la nation, dieu... et ceux du profane : louer un appartement, boire du thé... Certains pensent qu'il est simple d'appliquer les mathématiques au profane. L'économiste Gary Becker tentait d'ailleurs d'expliquer que tout relève du profane, que tout n'est qu'une question de prix, de revenu... Sa théorie n'intégrait pas cette dimension du sacré. C'est une erreur non seulement scientifique mais également éthique. Je peux d'autant plus le dire que moi-même j'y ai cru.
Au moment où l'on parle désormais de "faits alternatifs" - comme l'a fait la conseillère de Donald Trump après la polémique créée sur l'importance de la foule qui a assisté à l'investiture du nouveau président -, pensez-vous que la manière dont les économistes produisent des faits, des statistiques est contestable ?
Les faits sont les faits. Et je leur prête un intérêt particulier. Sur ce point, je pense que la foule était moindre à l'investiture de Donald Trump qu'à la première de Barack Obama, et même la seconde. Donald Trump est un homme terriblement dangereux et fou.
En revanche, je ne pense pas que l'on puisse prouver quoi que ce soit avec des statistiques. Ce qui compte c'est le point de vue. Par exemple, je trouve que l'obsession de l'égalité qui parcourt le livre de Thomas Piketty, "Le Capital au XXIe siècle", est particulièrement contre-productive. Le coefficient de Gini [mesure de la distribution des revenus, ndlr] est un fait, on peut le calculer, mais ce n'est pas un fait important. Ce qui l'est en revanche, c'est la condition de la classe ouvrière, et ça n'a rien à voir avec le coefficient de Gini.
À l'heure de la post-vérité, la bataille porterait davantage sur le plan culturel ?
Je pense que c'est vrai. Ce que nous devons faire par dessus tout est de nous battre pour le libéralisme. C'est l'idée que la liberté est fondamentale et que le gouvernement ne doit pas interférer. Protéger les emplois est une mauvaise idée, car cela crée du chômage et pèse sur la croissance économique. Je suis sûre que l'administration Trump va nous conduire à une récession. Après huit années de croissance, soit l'une des plus grandes périodes d'expansion dans l'histoire de l'Amérique, il est plus que probable qu'il y aura une récession dans les quatre années à venir. Nous verrons à ce moment-là comment réagit l'administration Trump.
Ses choix politiques vont-ils aggraver la situation?
Pas nécessairement, mais il sera blâmé par ses électeurs à cause de la récession. Ceux de Pennsylvanie vont perdre leurs emplois et vont se dire: "J'ai voté pour Trump pour sauver mon emploi et voilà ce que ça a donné". C'est une façon naïve de voir les choses, mais ça se passera probablement ainsi.
Existe-t-il une mesure du programme de Donald Trump que vous jugez utile ?
Oui, la baisse de l'impôt sur les sociétés. Le problème de cet impôt est que personne ne sait qui le paie. Est-ce les employés, les actionnaires, les clients ? Une société n'est pas une personne, c'est une entreprise. Cela fait 60 ans qu'on en débat et aucun économiste n'est capable de dire précisément qui le paie. Il n'y a pas de consensus. Les Etats-Unis ont le niveau d'impôt sur les sociétés le plus fort du monde, 35%, c'est ridicule. Mis à part ça, la plupart des mesures que Donald Trump propose sont stupides, en particulier en ce qui concerne le commerce international.
Propos recueillis par Jean-Christophe Catalon
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(*) Deirdre McCloskey, Les péchés secrets de la science économique, Editions Markus Haller, janvier 2017, 109 pages, 14€

lundi 13 février 2017

Jean-Claude Juncker face à la désunion de l'Union européenne

Jean-Claude Juncker face à la désunion européenne

Risque de sortie de la Grande-Bretagne de l’UE, crise grecque, crise migratoire... Le président de la Commission s’exprime mercredi au Parlement face à une Europe désunie.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par
Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, lors d'une conférence de presse des dirigeants de la zone euro, le 7 juillet 2015.

Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, doit prononcer, mercredi 9 septembre, devant le Parlement de Strasbourg, son « discours sur l’état de l’Union ». Il prolonge ainsi la tradition instaurée en 2010 par son prédécesseur, José Manuel Barroso. Un propos très attendu, mais que l’ex-premier ministre luxembourgeois aurait voulu un peu plus optimiste : la situation qu’affronte l’institution qu’il dirige est difficile, voire inquiétante. Lui qui avait évoqué, lors de son entrée en fonctions, une « Commission de la dernière chance » se persuaderait presque que l’année qui s’ouvre est celle de la dernière chance pour sa Commission.

De toute part – y compris au sein du collège des commissaires – affleure l’idée que l’Europe, confrontée à une multitude de crises (la Grèce, la question des réfugiés, l’Ukraine, le possible « Brexit » britannique, etc.) n’a jamais été aussi proche de la désintégration, de la désunion européenne. Les fractures sont aujourd’hui béantes entre les Etats fondateurs (Allemagne, France, Italie, Benelux) et les derniers entrants, pays de l’Europe centrale et orientale.
En 2014 déjà, le ton du président était grave. Lors de son discours d’investiture, à la mi-juillet, puis pour la présentation de son collège, le 10 septembre 2014, M. Juncker, candidat des conservateurs européens (PPE), promettait une institution plus « politique », « grande sur les grandes choses, petite sur les petites choses ». A l’époque, le score des populistes eurosceptiques lors du scrutin avait créé un choc, avec, notamment, un Front national arrivé en tête en France.

Bilan mitigé sur l’emploi

M. Juncker voulait d’abord agir sur l’économie et a rapidement lancé – trois semaines après son entrée en fonctions – un vaste plan pour l’investissement, avec la volonté de faire de la croissance et de l’emploi les priorités absolues de son mandat. Sur ce front, son bilan est mitigé. Conscient que le chômage de masse est l’un des principaux ferments du populisme, il a réussi l’opération de communication autour de son plan à 315 milliards d’euros. Aujourd’hui, le dispositif est cependant à peine sur les rails, après avoir été validé par les 28 Etats membres et le Parlement européen.
La Commission a, par ailleurs, plutôt bien géré la question piège du budget français. A l’automne 2014, Paris n’avait une nouvelle fois pas respecté les objectifs du pacte de stabilité et de croissance, alors même que le pays s’était vu accorder une rallonge de deux ans et risquait une sanction. Humiliante et déstabilisante pour le moteur franco-allemand, déjà passablement déséquilibré par le différentiel de croissance entre les deux pays. M. Juncker a pris une décision clairement politique, en écartant l’option de la sanction, et en accordant deux ans de plus à la France, mais avec un objectif de déficit public sous les 3 % dès 2017, ainsi que la mise en place d’une surveillance très rapprochée du pays.
Le fait que la croissance en zone euro soit repartie (1,2 % au deuxième trimestre 2015) a aidé la Commission à tenir cette ligne « souple » à l’égard de Paris, mais le chômage en zone euro reste élevé (10,9 % en moyenne en juillet 2015), et les nuages s’amoncellent, avec le risque de contrecoup d’une économie chinoise qui ralentit.
Le premier point noir de l’an I de la « Team Juncker » fut évidemment la crise grecque. M. Juncker a réussi à maintenir le dialogue entre le gouvernement de la gauche radicale et une bonne partie de ses partenaires de l’Eurozone, tentés de lâcher définitivement un pays jugé incapable de se réformer. M. Juncker s’est personnellement beaucoup impliqué pour éviter un « Grexit », synonyme pour lui de la désintégration de la zone euro.
Pourtant, si finalement l’eurozone a accepté d’aider la Grèce et si le premier ministre Alexis Tsipras a fini par céder aux exigences de ses créanciers et a signé pour un nouveau plan d’austérité, personne n’ose affirmer à Bruxelles qu’on en a définitivement fini avec le « problème grec ». Et la réflexion sur une réforme de la zone euro menace déjà s’enliser.

Risque d’un « Brexit »

Depuis quelques mois, l’Europe a plongé dans une nouvelle crise, un peu plus violente encore. Le drame des réfugiés et demandeurs d’asile est d’une ampleur « historique », souligne le vice-président de la Commission Frans Timmermans. Or, face à l’afflux de dizaines de milliers de personnes, essentiellement issues de zones de guerre, la Commission peine à imposer son point de vue. La querelle sur la « relocalisation » et la « réinstallation » de 60 000 personnes était à peine close que M. Juncker devait, face à l’urgence, suggérer l’obligation, pour chaque Etat membre, d’intégrer 120 000 personnes au total. Un pari qui est loin d’être gagné compte tenu des réactions très hostiles à l’Est.
Ces polémiques en auraient presque fait oublier que rien n’est vraiment résolu en Ukraine, où un fragile cessez-le-feu – les accords de Minsk – a été conclu sous l’égide de la France et de l’Allemagne, laissant la Commission et la haute représentante pour la diplomatie à leurs questions quant à l’avenir des relations avec Moscou.
A ce sombre tableau s’ajoute le risque d’un « Brexit », alors que le référendum pour ou contre l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union pourrait se tenir dès 2016. Conscient de cette échéance, M. Juncker a pris contact avec David Cameron dès la réélection du premier ministre conservateur, au printemps dernier. Il voulait engager au plus vite un dialogue constructif afin de trouver un accord acceptable par tous sur la redéfinition des relations entre Londres et ses partenaires.
Occupée par la crise des réfugiés, la Commission arrivera-t-elle à mener de front cette négociation à haut risque, alors que l’Union offre aux Britanniques sceptiques le spectacle de sa désunion ? Selon un sondage publié le 6 septembre, 51 % des Britanniques interrogés se déclarent aujourd’hui favorables à un « Brexit ».
Vieux renard de la politique européenne, M. Juncker a su prendre, depuis un an, des décisions courageuses, quitte à se mettre parfois à dos certains Etats. Pourra-t-il sauver l’Union et ses institutions ? C’est le pari de l’année politique à haut risque qu’il ouvre à Strasbourg.

jeudi 9 février 2017

Excédent commercial record pour l'Allemagne

Excédent commercial record pour l'Allemagne en 2016

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(Crédits : © Fabian Bimmer / Reuters)
Berlin a augmenté ses exportations vers les autres pays européens, tandis que les exportations dans les autres pays sont en recul.
L'Allemagne a enregistré en 2016 un excédent commercial d'un niveau record de 252,9 milliards d'euros, avec des exportations plus importantes que jamais, a indiqué jeudi l'Office fédéral des statistiques. Sur l'année écoulée, la première économie européenne a vendu hors de ses frontières pour 1.207,5 milliards d'euros de biens, soit 1,2% de plus qu'en 2015, tandis qu'elle en a importé pour 954,6 milliards d'euros (+0,6%).
En 2015, l'excédent commercial s'élevait à 244,3 milliards d'euros. De tels montants risquent fortement de nourrir les critiques régulièrement formulées à l'encontre de l'Allemagne sur sa balance commerciale jugée trop excédentaire et l'absence de réinvestissement de l'argent gagné grâce à ses exportations.

Le commerce intra-européen en augmentation

La dernière critique en date est venue fin janvier d'un conseiller du président américain Donald Trump, Peter Navarro, qui a accusé Berlin "d'exploiter" d'autres pays de l'Union européenne et les Etats-Unis avec un euro qui serait "grossièrement sous-évalué" rendant ses produits plus compétitifs.
Mais ce sont surtout les exportations allemandes à destination de l'Europe qui ont progressé en 2016 à 707,9 milliards d'euros au total, avec une augmentation de 1,8% des ventes aux pays de la zone euro et de 2,8% aux autres pays européens.
Les exportations vers les pays non-européens, donc y compris vers les Etats-Unis, premier partenaire commercial de l'Allemagne, ont en revanche diminué d'un petit 0,2% à 499,6 milliards d'euros. De même, l'Allemagne a réduit ses importations depuis les pays non européens (-1,7%), mais a augmenté de 1,8% celles en provenance d'Europe.
Sur le seul mois de décembre, un recul de 3,3% des exportations face à une stabilité des importations a réduit l'excédent commercial à 18,4 milliards d'euros, en données corrigées contre 21,8 milliards en novembre.
(Avec AFP)

jeudi 2 février 2017

Compte-rendu du livre de Fareed Zakaria

En prolongement du cours de jeudi, voici un CR issu de la revue Futuribles n°292 de décembre 2003 du livre de Fareed Zakaria.






mercredi 1 février 2017

Corrigé du croquis sur le Brésil

Voici dans l'ordre :
-la légende intéressante de Juliette
-la réalisation intéressante d'Héléna
-ma légende
-ma réalisation