lundi 28 septembre 2015

La Silicon Valley et l'Inde

Pourquoi la Silicon Valley s’intéresse autant à l’Inde

modifacebook
Séance publique de questions-réponses avec Mark Zuckerberg sur le campus de Facebook. Rendez-vous avec Tim Cook, le directeur général d'Apple, Satya Nadella, le patron de Microsoft, et Sundar Pichai, le futur numéro un de Google... En visite dans la Silicon Valley, Narendra Modi, le premier ministre indien, a eu le droit à tous les honneurs. Cet accueil témoigne de l'intérêt grandissant que portent les géants de la high-tech américaine au deuxième pays le plus peuplé au monde. Pour certains d'entre eux, l'Inde est devenue une priorité, devant la Chine.
INTERNET GRATUIT
Ces entreprises multiplient donc les initiatives pour prendre pied dans le pays. Google s'est engagé à fournir du wifi gratuit dans 400 gares ferroviaires. L'an passé, le moteur de recherche avait aussi choisi l'Inde pour lancer son programme Android One, qui vise à équiper des smartphones à bas prix avec son système d'exploitation et ses services Internet mobiles. De son côté, Microsoft va collaborer avec le gouvernement pour connecter au Web quelques 500.000 villages situés dans des zones rurales.
Si Facebook n'a pas effectué d'annonces à l'occasion de la visite de M. Modi, le réseau social mise beaucoup sur le marché indien. En février, il y a déployé son initiative Internet.org, qui permet aux utilisateurs de smartphones d'accéder gratuitement à une trentaine de services Internet. Uber prévoit d'investir un milliard de dollars pour accélérer son développement dans les grandes villes indiennes. Et Qualcomm, le fabricant de puces électroniques, assure vouloir injecter 150 millions de dollars dans des start-up locales.
POTENTIEL INEXPLOITÉ
L'intérêt de la Silicon Valley s'explique d'abord par la démographie: l'Inde compte plus de 1,25 milliard d'habitants. Un potentiel énorme que les sociétés high-tech n'exploitent encore que très peu. Selon le dernier rapport annuel de l'Unesco, seulement 18% de la population avaient accès à Internet en 2014. Malgré tout, il y a quasiment autant d'internautes indiens que d'internautes américains. Sur Google, le pays se classe déjà au deuxième rang mondial en termes de recherches effectuées. Et l'Inde est en passe de devenir le deuxième marché mondial pour les smartphones, devant les Etats-Unis.
Avec l'aide des sociétés américaines, le nombre d'Indiens connectés au Web, fixe ou mobile, devrait grimper au cours des prochaines années. Pour Google, Facebook et Microsoft, ce sont autant d'utilisateurs potentiels supplémentaires. Ils souhaitent donc d'ores et déjà se positionner pour en tirer profit. Selon le cabinet eMarketer, les dépenses publicitaires sur Internet dépasseront les deux milliards de dollars en 2019, contre 940 millions attendus cette année. Et le commerce en ligne se chiffrera à 100 milliards de dollars, six fois plus qu'en 2014, d'après une étude de PricewaterhouseCoopers.
PLUS SIMPLE QU'EN CHINE
Le marché indien présente un avantage de taille pour les géants américains. Il devrait être plus facile à conquérir que le voisin chinois, sur lequel se dressent devant eux de nombreux obstacles, réglementaires notamment. Google a quitté la Chine en 2010 en raison de la censure et d'actes de piratage orchestrés par les autorités. Facebook, Twitter ou encore Snapchat sont toujours interdits dans le pays. Microsoft et Qualcomm ont dû s'acquitter de lourdes amendes. Au contraire, le gouvernement indien courtise ces entreprises pour les inciter à investir sur son territoire.
Par ailleurs, la concurrence est rude en Chine pour les sociétés américaines qui y sont présentes. Elle le sera aussi pour celles qui espèrent bientôt l'être. Alibaba, Tencent ou encore Baidu sont devenus des géants du Web. Et les start-up peuvent lever d'importantes sommes. Didi Kuaidi, le rival d'Uber, vient de récolter trois milliards de dollars. Fin 2014, le fabricant de smartphones Xiaomi avait levé 1,1 milliard. A quelques exceptions près (Flipkart, Snapdeal...), l'écosystème indien n'est pas aussi développé. Facebook et Google dominent ainsi le classement des applications mobiles les plus populaires en Inde.
Source : LeMonde.fr