L'ancien DRH de Gerhard Schröder ne conseillera pas Hollande
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L'Elysée a démenti, mardi 28 janvier, des informations de la presse allemande selon lesquelles Peter Hartz, le père des réformes du marché du travail allemand sous le mandat du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, était appelé àconseiller le président français.
« François Hollande l'a reçu il y a deux mois à sa demande pour un entretien informel d'une heure et pour l'inviter à un colloque », a déclaré le conseillerpolitique du président français, Aquilino Morelle, en marge d'une visite enTurquie. « C'est du grand n'importe quoi. Si à chaque fois que le président de la République croise quelqu'un pour parler emploi, le type devient son conseiller, alors on n'en a pas fini », a assuré au Monde une source à l'Elysée.
Le quotidien régional Saarbrücker Zeitung écrivait, mardi matin, que Peter Hartz pourrait conseiller le président François Hollande. Selon des informations du journal de l'Etat régional de Sarre, Peter Hartz aurait déjà été reçu par la présidence française en novembre 2013. L'ancien conseiller du chancelier Gerhard Schröder a refusé de donner les détails de son entretien avec François Hollande.
En visite en France à la fin de janvier, Peter Hartz a recontré plusieurs responsables français, dont le ministre du travail, Michel Sapin, et la ministre de la santé, Marisol Touraine. Il a également rencontré le président du Medef, Pierre Gattaz, le président du groupe BNP Paribas, Baudoin Prot, des représentants de syndicats de salariés et le député UMP Bruno Le Maire.
LE DRH LE PLUS CÉLÈBRE D'EUROPE
Peter Hartz, ancien membre du directoire du constructeur automobileVolkswagen, avait été chargé en 2002 par Gerhard Schröder de présenter une série de réformes du marché du travail allemand. Son fameux « Agenda 2010 »avait profondément remanié l'Etat-providence allemand pour remettre au travail une Allemagne plombée par le chômage.
Dix ans après sa mise en place, plus de 4,5 millions d'Allemands continuent d'êtredes « Hartz IV Empfänger » : c'est-à-dire des bénéficiaires de la quatrième loi Hartz, la plus contestée, qui fusionne l'aide aux chômeurs de longue durée (plus de douze mois) avec l'aide sociale. L'équivalent des RMistes français.
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Porté aux nues par Gerhard Schröder à partir de 2002, Peter Hartz a eu une gloire de courte durée. En 2005, le DRH le plus célèbre d'Europe doit démissionner à la suite d'une affaire de corruption. Pendant dix ans, il a offert un « superbonus » de 200 000 euros par an à Klaus Volkert, le représentant d'IG Metall chez Volkswagen, et près de 400 000 euros à la maîtresse brésilienne de celui-ci. Condamné en 2007 à deux ans de prison avec sursis et 576 000 euros d'amende, Peter Hartz rend, quelques mois plus tard, la croix fédérale du mérite reçue cinq ans plus tôt.
Source : LeMonde.fr, le 28 janv 2014