mercredi 28 février 2018

Négociations UE-RU : un Brexit compliqué...

Brexit : Londres rejette fermement la proposition de Bruxelles sur l’accord de divorce

La question de la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord demeure le point de blocage.
LE MONDE |  • Mis à jour le  |Par 
La première ministre britannique Theresa May, le 28 février à Londres.

Il aura fallu à peine plus d’une demi-heure mercredi 28 février au gouvernement britannique pour rejeter avec véhémence la proposition d’accord de divorce préparée par la Commission européenne sur le Brexit. « Aucun premier ministre britannique ne pourrait jamais l’accepter, a lancé Theresa May devant la Chambre des communes, lors de la séance hebdomadaire des questions à la première ministre. Je dirai de façon très claire au président [de la Commission européenne, Jean-Claude] Juncker et à d’autres que nous ne l’accepterons pas. »

Le contentieux concerne la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Bruxelles propose de créer une « aire réglementaire commune » entre les deux Irlandes, afin d’éviter le retour d’une frontière physique entre elles. Selon Mme May, « l’intégrité constitutionnelle » du Royaume-Uni serait mise en danger par la proposition européenne. Le langage est particulièrement peu diplomatique et rejoint un concert de protestations au Royaume-Uni« Grotesque, inacceptable », estime Christopher Montgomery, un ténor du Parti unioniste démocrate (DUP, parti unioniste nord-irlandais). « Ça ne peut pas être accepté, ni par nous, ni par le gouvernement britannique », renchérit Nigel Dodds, un député DUP. « Cela revient à une annexion de l’Irlande du Nord par l’Union européenne », estime David Jones, un député conservateur, ancien secrétaire d’Etat au Brexit.
Européens et Britanniques sont d’accord sur le principe : il ne faut pas réintroduire de frontière visible, qui risquerait de rouvrir les plaies des années de violence entre unionistes et républicains (3 500 morts entre 1969 et 1998). La question est de savoir comment y parvenir. Pour l’UE, la solution la plus simple est que le Royaume-Uni reste dans le marché unique et l’union douanière, les deux dispositifs qui permettent la circulation des marchandises et des personnes sans vérification. Mais Mme May l’a exclu.
En décembre 2017, Londres et Bruxelles avaient trouvé un compromis particulièrement ambigu, en trois étapes. D’abord, le Royaume-Uni s’engageait « à proposer une solution spécifique » sur l’Irlande du Nord. Mais, en son absence, il acceptait de « maintenir l’alignement complet » avec le marché unique et l’union douanière. Dans le même temps, pour rassurer les unionistes, le texte assurait aussi qu’il n’y aurait pas non plus de frontière « est-ouest » passant dans la mer d’Irlande, qui séparerait le Royaume-Uni en deux : en clair, les contrôles douaniers ne se feraient pas au niveau des ports et des aéroports de l’île d’Irlande. Reste que ces trois objectifs contradictoires ne disaient toujours pas comment y parvenir.

« L’Irlande du Nord est utilisée politiquement »

Depuis, la Commission européenne s’est attelée à traduire cet accord politique en texte juridique. Le résultat, publié ce mercredi, n’a pas du tout plu aux Britanniques. Il souligne que Londres peut effectivement proposer une solution spécifique au problème irlandais s’il en trouve une. Mais, en son absence, le texte détaille dans un protocole séparé ce que signifierait ce fameux « alignement complet » avec le marché unique et l’union douanière.
Il va très loin, précisant que la Cour de justice de l’Union européenne devrait rester compétente sur l’Irlande du Nord, ce qui va à l’encontre des lignes rouges de Mme May. « Le territoire de l’Irlande du Nord sera considéré comme faisant partie de l’union douanière de l’UE », précise-t-il. Les différents régulateurs britanniques (environnement, santé…) n’auraient pas l’autorité de vérifier les biens arrivant en Irlande du Nord, cette tâche revenant aux organismes européens.
De quoi faire bondir Mme May :
« La proposition de texte, si elle était appliquée, mettrait à mal le marché unique britannique, et mettrait en danger l’intégrité constitutionnelle du Royaume-Uni en créant une frontière douanière et régulatrice dans la mer d’Irlande. »
Boris Johnson, le ministre des affaires étrangères, estime qu’il s’agit d’une manœuvre politique de Bruxelles :
« L’Irlande du Nord est utilisée politiquement pour garder le Royaume-Uni dans l’union douanière et le marché unique, pour qu’on ne sorte pas vraiment de l’UE. »

John Major appelle à un deuxième référendum

La réaction virulente des conservateurs et du DUP est cependant mise à mal par l’opposition travailliste, qui a proposé lundi de rester dans l’union douanière européenne. « La guerre rhétorique entre l’UE et le Royaume-Uni doit cesserestime Keir Starmer, le porte-parole des travaillistes sur le Brexit. L’échec de Theresa May à offrir une solution viable sur l’Irlande du Nord revient la hanter. »
Pire encore pour Mme May, l’ancien premier ministre John Major a fait une sortie très remarquée. Lui qui prend peu la parole estime que rester dans l’union douanière est la seule solution sur la question irlandaise. Dans un long discours, il a aussi appelé à un deuxième référendum, cette fois-ci sur les modalités de la sortie de l’UE.
Cette confusion politique survient alors que Mme May doit prononcer, vendredi 2 mars, un grand discours sur le Brexit. Elle doit en principe faire des propositions plus détaillées sur la façon dont elle espère régler la sortie de l’UE. Elle sera écoutée très attentivement à Bruxelles, comme à Londres.

lundi 26 février 2018

L'Europe et la révolution scientifique actuelle

L’Europe peut-elle faire face à la révolution scientifique en cours ?

Tribune
14 février 2018
Par Charles Thibout    Source : IRIS


Intelligence artificielle, Big Data, cybersécurité… Les technologies de l’information dessinent les contours d’une nouvelle ère pour les populations et les États, les économies et les armées, les sociétés et les relations internationales. Tandis que les États-Unis et la Chine sont engagés dans une course effrénée pour la suprématie dans ce domaine, l’Europe est-elle en mesure de rattraper son retard et d’imposer son leadership ? Peut-elle soutenir les efforts des entreprises européennes en la matière tout en accompagnant des mutations qui auront des conséquences à l’échelle de la planète ? Ce sont quelques-unes des questions que les 10e Entretiens européens d’Enghien ont abordées samedi dernier.

Un constat semble faire l’unanimité : l’Europe a pris beaucoup de retard dans le développement de ces technologies, tout particulièrement dans le domaine essentiel de l’intelligence artificielle. Lorsque l’on compare les budgets des États consacrés à ce secteur, deux pays se distinguent : les États-Unis, qui mobilisent 450 milliards de dollars chaque année pour la recherche et le développement, dont certes un milliard « seulement » destinés à l’intelligence artificielle ; et les Chinois qui ont lancé en juillet 2017 un plan d’investissements extrêmement ambitieux qui alloue 22 milliards de dollars par an à l’intelligence artificielle, et qui s’élèvera à 60 milliards avant 2025.

Encore ne s’agit-il que du budget des États. Les GAFAM américains (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) consacrent à eux seuls 60 milliards de dollars par an à la recherche et à l’innovation en intelligence artificielle. Les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) suivent la même voie : Alibaba vient d’investir 15 milliards de dollars dans la recherche en IA, cependant que le budget total de l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique), figure de proue de la recherche française, passe difficilement la barre des 230 millions d’euros, dont quelques subsides accordés à l’intelligence artificielle.

Par-delà la seule question pécuniaire, ce déséquilibre entre les États-Unis et la Chine, d’une part, et le reste du monde, d’autre part, pose légitimement le problème de la souveraineté technologique des États, ce qu’a parfaitement rappelé Jean-Gabriel Ganascia, professeur à Sorbonne Universités. Qui contrôle les Big Data, les technologies de l’intelligence artificielle et de la cybersécurité ? Ce sont les géants technologiques que nous venons de mentionner : des entreprises largement soutenues par le gouvernement américain, d’un côté, et fortement contrôlées par l’État chinois, de l’autre.

Entre ces deux pôles de développement, l’Europe ne pèse pas lourd. Elle fait face à deux puissances fortement interventionnistes dans leurs économies respectives, tandis que l’Union européenne ne cesse de plaider en solitaire le libre-échange et la concurrence libre et non faussée : ce respect à géométrie variable des règles du jeu handicape lourdement le développement technologique du Vieux Continent.  D’ailleurs, les nombreuses start-up innovantes qui éclosent en Europe sont inlassablement rachetées par les firmes américaines : une trentaine d’entreprises européennes ont été avalées par la firme de Mountain View depuis sa création en 1998. Plus inquiétant encore, la stratégie de ce « jeunes pousses » est, à terme, d’être rachetées par Google, seule manière pour elles de dégager des gains financiers substantiels : de sorte que l’émergence d’une architecture économique et entrepreneuriale véritablement compétitive et dynamique en Europe se heurte systématiquement à la puissance de feu financière des géants outre-Atlantique.

Dans ces conditions, il est difficile d’imaginer que l’Union européenne puisse, à court terme, mettre en œuvre une politique économique aussi cohérente et intégrée que la Chine ou, à un niveau moindre, que les États-Unis dans le secteur des nouvelles technologies. Comment les États européens pourraient-ils se concerter pour contraindre les entreprises étrangères, comme le fait l’État chinois, à stocker les données de leurs clients sur le territoire européen ? C’est pour le moment inenvisageable. Or, cela permettrait d’éviter que les informations personnelles des citoyens ne quittent l’Europe, ne soient hébergées à l’étranger, espionnées et enfin, utilisées contre les États ou les entreprises européennes. Comme le souligne Agathe Cagé, présidente de Compass Label, les données sont aujourd’hui essentielles à la cybersécurité et au développement de l’intelligence artificielle ; mais elles sont désormais la propriété de fait de firmes étrangères, américaines ou chinoises pour la plupart.

Ce faisant, le faible niveau d’intégration des politiques européennes entrave le déploiement d’une stratégie efficace et ambitieuse. Et, n’ayons pas peur de l’admettre, l’Europe est peut-être tout simplement incapable de rattraper son retard. Mais, comme le souligne Jean-Gabriel Ganascia, ce constat n’est pas nécessairement dramatique. Selon lui, l’intérêt même de l’Europe serait plutôt de délaisser les secteurs dans lesquels Américains et Chinois ont pris trop d’avance pour mieux se concentrer dans des domaines encore relativement délaissés. Loïc Bardon, co-fondateur du think tank Paris Singularity, a justement rappelé que la quatrième révolution scientifique à venir mobilisera d’autres domaines, dont les perspectives sont à ce jour incalculables pour l’économie européenne : nanotechnologies, biotechnologies, informatique et technologies cognitives (NBIC).

C’est probablement quelque part, à l’intérieur de ces champs de recherche, que l’Europe saura dégager un avantage comparatif pour faire face aux deux grandes puissances économiques de ce début de XXIe siècle. Pour ce faire, elle devra massivement investir dans l’éducation et la formation continue ; engager une politique industrielle audacieuse, capable de faire émerger des géants technologiques européens ; et, enfin, susciter un fort désir de technologies parmi les sociétés. C’est en ce sens que, sur un mode positiviste, Jean-Gabriel Ganascia appelle l’Europe à renouer avec l’idée de progrès, non pour prôner l’espérance aveugle dans la technologie, mais pour poser les jalons d’une solidarité européenne tournée vers un objectif commun. Sans cette solidarité, l’Europe sera réduite au rôle de spectateur.

vendredi 16 février 2018

Cyber-guerre : la Russie en pointe

Cyberattaque NotPetya : pour Washington et Londres, la Russie est responsable

  |   |  831  mots
NotPetya s'est rapidement répandue à travers le monde, provoquant des milliards de dollars de dommages à travers l'Europe, l'Asie et les Amériques, a détaillé la Maison-Blanche dans son communiqué, assurant que l'attaque NotPetya fut la plus destructrice et coûteuse de l'histoire.
NotPetya "s'est rapidement répandue à travers le monde, provoquant des milliards de dollars de dommages à travers l'Europe, l'Asie et les Amériques", a détaillé la Maison-Blanche dans son communiqué, assurant que l'attaque NotPetya fut "la plus destructrice et coûteuse de l'histoire". (Crédits : Dado Ruvic)
La cyberattaque avait affecté plusieurs milliers d'ordinateurs à travers le monde en juin 2017. Ce n'est pas la première fois que le Kremlin est soupçonné d'être à l'origine d'une cyberattaque. Le pays dément catégoriquement les accusations.
La Maison-Blanche a menacé jeudi la Russie de "conséquences internationales" pour avoir mené la cyberattaque NotPetya en juin 2017, une accusation également lancée par Londres et "catégoriquement" réfutée par le Kremlin.
Cette cyberattaque -qui avait affecté plusieurs milliers d'ordinateurs à travers le monde- "irresponsable et sans discernement va avoir des conséquences sur le plan international" pour Moscou, indiqué la Maison-Blanche quelques heures après que le Royaume-Uni eut déjà accusé Moscou d'être à l'origine de ce piratage.
NotPetya "s'est rapidement répandue à travers le monde, provoquant des milliards de dollars de dommages à travers l'Europe, l'Asie et les Amériques", a détaillé la Maison-Blanche dans son communiqué, assurant que l'attaque NotPetya fut "la plus destructrice et coûteuse de l'histoire".
Selon Washington, cette cyberattaque "faisait partie de l'effort actuel du Kremlin pour déstabiliser l'Ukraine et démontre de manière encore plus claire l'implication de la Russie dans le conflit en cours".

La Russie ne "joue pas selon les règles en sapant la démocratie"

Un peu plus tôt, le Royaume-Uni avait pointé du doigt la responsabilité de Moscou, en particulier son armée, dans la cyberattaque.
"Le gouvernement britannique juge que le gouvernement russe, spécifiquement l'armée russe, était responsable de la cyberattaque destructrice NotPetya de juin 2017", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Tariq Ahmad.
Constatant que le Kremlin avait positionné la Russie "en opposition directe avec l'Occident", il a appelé le pays à "être le membre responsable de la communauté internationale qu'il prétend être plutôt que d'essayer secrètement de la miner".
Le ministre de la Défense Gavin Williamson a renchéri en estimant que la Russie ne jouait "pas selon les règles en sapant la démocratie, (...) en ciblant des infrastructures clés et en faisant de l'information une arme".
"Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de guerre" avec "un mélange destructeur et meurtrier de puissance militaire conventionnelle et de cyberattaques malveillantes", a-t-il ajouté, cité par l'agence Press Association.

Des "déclaration infondées et dépourvues de preuves" pour le Kremlin

Ces accusations ont été vivement contestées par le Kremlin.
"Nous démentons catégoriquement de telles déclarations. Nous les jugeons dépourvues de preuves et infondées. Il ne s'agit de rien d'autre que de la continuation d'une campagne russophobe", a déclaré son porte-parole, Dmitri Peskov.
Démarrée en Ukraine et en Russie avant de se propager au monde entier, l'attaque au rançongiciel (ransomware) avait contaminé des milliers d'ordinateurs. Elle avait notamment perturbé des multinationales et infrastructures critiques, comme les contrôles sur le site de l'accident nucléaire de Tchernobyl et les ports de Bombay et d'Amsterdam.
Parmi les entreprises touchées figuraient le pétrolier russe Rosneft, le transporteur maritime danois Maersk, le laboratoire pharmaceutique américain Merck, le spécialiste français des matériaux de construction Saint-Gobain ou le publicitaire britannique WPP.
En Ukraine, pays le plus touché, en guerre avec des rebelles séparatistes pro-russes, les opérations des banques avaient été affectées, comme les écrans d'information du principal aéroport. Les autorités avaient évoqué une attaque sans précédent, principalement destinée à "perturber".

La Russie, souvent pointée du doigt

Londres comme Washington ont déjà à plusieurs reprises pointé du doigt la Russie.
La Première ministre Theresa May avait notamment cité, dans un discours prononcé en novembre 2017, outre "l'annexion illégale de la Crimée", des campagnes de "cyber espionnage" et "l'ingérence lors d'élections".
Aux Etats-Unis, une vaste enquête tente depuis des mois de faire la lumière sur des soupçons de collusion entre l'équipe de campagne du candidat républicain Donald Trump, élu président des Etats-Unis fin 2016, et la Russie.
Les principaux services de renseignement -CIA, NSA- et le FBI ont déjà dénoncé l'ingérence de la Russie pour favoriser la candidature de Donald Trump face à Hillary Clinton, via les réseaux sociaux et le piratage d'informations provenant du camp démocrate. Cette semaine, le chef du renseignement Dan Coats a prévenu que la Russie tenterait de nouveau, avec les mêmes moyens, d'influencer les élections parlementaires américaines de novembre.
Les autorités britanniques soupçonnent aussi Moscou d'avoir essayé d'influer sur le référendum sur le Brexit en juin 2016 et dans les élections législatives un an plus tard.
En octobre 2017, le gouvernement britannique avait accusé la Corée du Nord d'être à l'origine de l'attaque mondiale "Wannacry" survenue en mai, qui avait notamment mis à mal le service public de santé britannique (NHS). Selon Londres, cette attaque aurait pu être motivée par la volonté de Pyongyang, isolé sur la scène internationale, d'accéder à des devises étrangères.
(avec AFP)
 

dimanche 11 février 2018

L'Union européenne de nouveau ambitieuse pour poursuivre l'élargissement : Serbie et Monténégro à partir de 2025.

Elargissement : Bruxelles réouvre le dossier des Balkans

Source : touteleurope.eu (site proeuropéen)
Revue de presse 06.02.2018
La Commission européenne présente mardi 6 février sa stratégie concernant l'élargissement de l'Union européenne aux pays des Balkans. Si la région est essentielle pour l'Europe, la perspective d'un nouvel élargissement fait débat.
Federica Mogherini au Parlement européen le 12 décembre 2017
Federica Mogherini au Parlement européen le 12 décembre 2017 - Crédits : Parlement européen
"Après des années de négligence", la perspective d'un élargissement de l'Union européenne aux Etats des Balkans occidentaux est de nouveau sur la table [Le Figaro]. Mardi 6 février, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini se rend au Parlement européen, réuni en plénière à Strasbourg, afin de présenter la stratégie de la Commission européenne "pour l'avenir de la région" [Le Vif].
"Les perspectives d’intégration des pays de l’ex-Yougoslavie et de l’Albanie" sont l'une des priorités de la présidence bulgare au Conseil de l'Union européenne [La Croix]. Après que Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a "quelque peu refroidi les ardeurs lors de son discours d'investiture" en 2014 en précisant "qu'il n'avait pas l'intention d'élargir l'Union au cours de son mandat", le processus a été relancé "en 2017 lors d'un sommet, organisé en juillet à Trieste (Italie), entre des Etats de l'UE et ceux des Balkans" [Le Vif].
Pour rejoindre l'UE, les pays candidats doivent "avoir des institutions stables garantissant la démocratie et l'État de droit, mais aussi une économie de marché viable et la capacité d'assumer et de mettre en œuvre les obligations découlant de l'adhésion à l'UE" [Le Vif]. Dans un projet de rapport consulté par Bloomberg, la Commission reconnait que "des progrès significatifs ont été réalisés à la fois concernant les réformes, et pour surmonter les séquelles dévastatrices" laissées par les guerres et conflits qui ont déchiré la région. Le rapport souligne néanmoins que pour "remplir toutes les conditions et renforcer leurs démocraties, des réformes approfondies et convaincantes sont encore nécessaires dans des domaines cruciaux, notamment sur l'Etat de droit, la compétitivité, la coopération régionale et la réconciliation".

Horizon 2025 et 2030

"L’échéance de 2025 est dorénavant sur la table" [Le Figaro] pour la Serbie et le Monténégro, seuls pays de la région a avoir "commencé des négociations d'adhésion à l'Union". Pour les autres, l'horizon se situerait plutôt à 2030 : si elles n'ont "pas débuté de discussion d'adhésion (…), la Macédoine et l'Albanie se sont (…) vu reconnaître le statut de candidates". Quant au Kosovo et la Bosnie-Herzégovine, ils sont "considérés comme des candidats potentiels" [Le Vif].
Dans la Croix, l'eurodéputé socialiste allemand Knut Fleckenstein estime que "l’idée de la Commission européenne d’édicter une ‘stratégie’ pour les Balkans occidentaux est très bonne". Il regrette néanmoins la mise en avant d'une "date d'adhésion", qui créerait selon lui des "espoirs irréalistes", une stratégie "contre-productive" [La Croix].
Le journal anglophone Balkan Insight souligne également les problèmes soulevés par une intégration échelonnée de ces pays. Certains sont encore en conflit et une intégration prématurée de la Serbie "lui permettrait d'utiliser sa position à Bruxelles pour dicter la politique de l'UE dans la région selon ses propres termes". Une politique "particulièrement dangereuse pour la stabilité de la Bosnie, qui elle-même est centrale pour la stabilité de toute la région".

"Intérêt stratégique"

Si l'élargissement est à l'ordre du jour, c'est aussi parce que l'Europe y trouve un "intérêt stratégique" [Le Vif]. Pour le Figaro, "la feuille de route dévoilée cet après-midi par l'UE vise moins à précipiter les adhésions qu'à détourner les Balkans des géants qui s'implantent ou y reprennent pied" comme " la Chine", "la Turquie", "l'Arabie Saoudite" et "surtout la Russie".  En plus de la "crise des réfugiés", "le retrait des troupes américaines" auparavant déployées sur l'ex-Yougoslavie fait également craindre pour la stabilité de la région. "Depuis le début de la présidence Trump, Jean-Claude Juncker s'inquiète ouvertement d' ‘une nouvelle guerre’ si la Bosnie, la Macédoine, l'Albanie et quelques autres étaient abandonnées à elles-mêmes" [Le Figaro]. L'eurodéputé Knut Fleckenstein ajoute que "l’UE a aussi beaucoup à gagner à un élargissement, en termes d’opportunités économiques, notamment pour l’industrie, l’énergie ou le tourisme" [La Croix].

L'élargissement en débat

Selon "le commissaire Johannes Hahn, responsable de la politique de voisinage et des négociations d’élargissement", l'édiction d'une stratégie pour les Balkans "apportera de la stabilité à la région". Quant au politologue Loïc Trégourès, il affirme que "toutes les grandes familles politiques sont [officiellement] pour l’intégration des Balkans, une promesse qui date du sommet de Thessalonique en 2003" [La Croix]. Une analyse nuancée par le Figaro qui explique : "politiquement, les capitales de l'UE sont réfractaires à une nouvelle vague d'absorptions, onze ans après l'entrée jugée expéditive de la Roumanie et de la Bulgarie". Loïc Trégourès admet en effet que "les dernières intégrations – Bulgarie, Roumanie, Croatie – sont de mauvais exemples, ces pays faisant fi des valeurs européennes après avoir intégré l’UE" et qu'une "redéfinition de la stratégie européenne en matière d’élargissement est fondamentale pour ne pas réitérer ces erreurs" [La Croix].

Difficultés politiques

Néanmoins, selon une source européenne, "2025 reste une perspective, pas une échéance" [euobserver]. Car le défi est de taille : tous les pays de la région "ont souffert récemment des mêmes maux : corruption et criminalité organisée (Albanie), fragilité des institutions (Bosnie-Herzégovine) ou, facteur rédhibitoire, querelles avec leur voisin (Kosovo, Serbie et Macédoine)" [Le Figaro]. Se pose également la question du Kosovo, que cinq pays membres de l'Union européenne (Espagne, Chypre, Roumanie, Slovaquie et Grèce) "ne reconnaissent toujours pas" [euobserver].
Après la publication de la feuille de route par la Commission, Jean-Claude Juncker se rendra fin février à "Belgrade, Podgorica, Pristina, Sarajevo, Skopje, et Tirana" [euobserver]Un sommet UE-Balkans aura ensuite lieu "le 17 mai à Sofia", en Bulgarie [Le Figaro].


mercredi 7 février 2018

Les détails de l'accord Merkel-Schultz

Allemagne : les principaux points de l’accord de coalition

Le social-démocrate Olaf Scholz devrait récupérer le portefeuille des finances, tandis que les conservateurs ont obtenu une inflexion de la politique migratoire.
LE MONDE |  • Mis à jour le  |Par  
La chancelière Angela Merkel et le chef de file du SPD Martin Schulz, le 7 février à Berlin.

Quatre mois après les élections législatives du 24 septembre 2017, les conservateurs (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates (SDP) allemands ont conclu, mercredi 7 février, un « contrat de coalition ». Intitulé « Un nouvel élan pour l’Europe. Une nouvelle dynamique pour l’Allemagne. Une nouvelle cohésion pour notre pays », ce document de 177 pages servira de feuille de route au prochain gouvernement d’Angela Merkel.

Avant que celui-ci ne soit formé, une condition reste toutefois à remplir : que les 463 723 adhérents du SPD donnent leur accord lors de la consultation interne que le parti va organiser et dont les résultats seront connus au début de mars.
Voici les principaux points de l’accord :
  • Répartition des portefeuilles ministériels : le SPD obtient les finances

Par rapport à la « grande coalition » sortante (2013-2017), le poids de la CDU dans le futur gouvernement va reculer. Certes, le parti de Mme Merkel récupère le portefeuille de l’économie, jusqu’alors détenu par le SPD. Mais il lui cède celui des finances, beaucoup plus important, et qui sera confié à Olaf Scholz, le maire (social-démocrate) de Hambourg. Autre portefeuille-clé que perd la CDU : l’intérieur, dont hérite Horst Seehofer, le président de la CSU bavaroise, dont le périmètre est élargi au secteur de la construction et auquel est associé le terme de « Heimat » (« patrie, terre natale »).
Pour le reste, la répartition des portefeuilles évolue peu. Ainsi, le SPD conserve-t-il le travail et les affaires sociales, de même que la justice, la famille, l’environnement et les affaires étrangères, où Martin Schulz succédera à Sigmar Gabriel — et quittera prochainement, de fait, la présidence du parti social-démocrate. De son côté, la CDU garde la défense, qui reste entre les mains d’Ursula von der Leyen, ainsi que la santé, l’éducation et la recherche. Quant à la CSU, elle conserve notamment les transports et le développement.
  • L’Europe à l’honneur

C’est par un chapitre intitulé « Un nouvel élan pour l’Europe » que commence le contrat de coalition. Les partenaires s’engagent à « renforcer financièrement l’Union européenne pour qu’elle puisse mieux assurer ses missions ». Ils assurent également vouloir « renforcer durablement » et « réformer » la zone euro.
En écho aux propositions du président français, Emmanuel Macron, le document ouvre la voie à la création d’un budget d’investissement de la zone euro, même si la formulation est prudente et que celui-ci n’est envisagé que comme un point d’aboutissement, la priorité étant mise sur la « stabilisation » et les « réformes structurelles de la zone euro ».
Si le document évoque la mise en place d’un fonds monétaire européen, il n’est en revanche pas fait mention du ministre des finances de la zone euro que souhaite instituer M. Macron.
  • Immigration : avantage aux conservateurs

Depuis la crise de 2015, année pendant laquelle 890 000 réfugiés sont arrivés outre-Rhin, la CSU bavaroise n’a cessé de réclamer l’instauration d’un « plafond » (Obergrenze) fixant à 200 000 le nombre maximal de demandeurs d’asile susceptibles d’être accueillis chaque année en Allemagne. Le SPD ne voulait pas en entendre parler, et il a fallu attendre le lendemain des législatives du 24 septembre 2017 pour que Mme Merkel, qui avait jusque-là rejeté l’idée, finisse par l’accepter.
De ce point de vue, même si le terme de « plafond », qui a crispé le débat politique allemand depuis 2015, ne figure pas dans le contrat de coalition, et même si ses rédacteurs ont préféré établir une fourchette comprise entre 180 000 et 220 000 plutôt qu’un nombre fixe, le texte est directement inspiré des revendications de la CSU bavaroise.
Concernant le regroupement familial pour les réfugiés bénéficiant d’un statut temporaire, sujet très présent dans les médias allemands ces dernières semaines, chacun des deux camps se prévaut d’avoir obtenu gain de cause. Alors que les conservateurs souhaitaient pérenniser une loi qui l’interdit et doit arriver à expiration en mars, le SPD a obtenu que ce type de regroupement familial soit réautorisé à partir d’août. Mais le nombre reste symbolique, et les conservateurs sont parvenus à ce que cela ne concerne que 1 000 personnes par mois.
  • Economie et social : l’art des compromis

Même si le portefeuille des finances passe des mains de la CDU à celles du SPD, l’objectif d’avoir un budget à l’équilibre, ce fameux principe du « zéro noir » (schwarze Null) cher à Wolfgang Schäuble, qui fut le détenteur du poste de 2009 à 2017, doit demeurer.
Les 45 milliards d’euros dont sont remplies les caisses de l’Etat seront répartis entre investissements et baisses d’impôt. Contrairement à ce que réclamait le SPD, le taux d’imposition maximal sur les revenus les plus aisés ne sera pas relevé de 42 à 45 %. En revanche, l’impôt de solidarité (le « Soli ») — payé par les Allemands de l’Ouest pour soutenir ceux de l’ancienne RDA — sera progressivement supprimé. Cela correspond à un allégement d’impôt de 10 milliards d’euros d’ici à 2021.
En matière de droit du travail, le SPD a obtenu un plus strict encadrement des contrats à durée déterminée (CDD), afin de rendre plus difficile leur reconduction, parfois systématique, par les employeurs. Dans le secteur de la santé, ils ont également obtenu un rapprochement des tarifs payés aux médecins par les caisses d’assurance-maladie publiques et privées. Afin de mettre fin à la « médecine à deux vitesses » que M. Schulz n’a cessé de dénoncer pendant sa campagne électorale, les sociaux-démocrates souhaitaient également instaurer une « assurance citoyenne » financée par tous les contribuables pour réduire les inégalités en matière de remboursement des soins médicaux. Sur ce point, ils n’ont pas eu gain de cause.
  • Retraites, climat… : le temps des commissions

Si le niveau des pensions et des cotisations est garanti jusqu’en 2025, leur avenir à plus long terme reste ouvert. Pour cela, sociaux-démocrates et conservateurs se sont mis d’accord pour que soit nommée une commission cette année, dont les travaux devront être rendus en 2020.
Les questions environnementales, enfin, qui avaient été au cœur des discussions engagées au lendemain des élections législatives entre les conservateurs, les libéraux-démocrates et les écologistes, avant d’échouer en novembre 2017, ont occupé une place marginale dans les négociations entre la CDU-CSU et le SPD.
Sans surprise, le « contrat de coalition » confirme que l’Allemagne ne remplira pas ses objectifs prévus pour 2020 de diminution des émissions de gaz à effet de serre. Sur la question économiquement épineuse et politiquement sensible de l’avenir des centrales à charbon, les partenaires ont décidé de s’en remettre à une commission.

vendredi 2 février 2018

Le modèle français face à ses handicaps : le chômage baisse peu malgré la reprise, pourquoi ?

Chômage : l'écart entre la France et la zone euro persiste

Source : LA TRIBUNE.FR
  |   |  1120  mots
Dans ses prévisions d'automne, diffusées le 9 novembre dernier, la Commission européenne tablait sur un taux moyen de chômage en zone euro de 9,1% en 2017, qui baisserait à 8,5% en 2018, puis à 7,9% en 2019.
Dans ses prévisions d'automne, diffusées le 9 novembre dernier, la Commission européenne tablait sur un taux moyen de chômage en zone euro de 9,1% en 2017, qui baisserait à 8,5% en 2018, puis à 7,9% en 2019. (Crédits : Reuters)
Le taux de chômage dans la zone euro est resté stable en décembre, à 8,7%, soit le même niveau qu'en novembre, a annoncé mercredi l'Office européen des statistiques Eurostat. Si le taux de chômage de la France recule légèrement, l'écart avec l'union monétaire se maintient à un niveau relativement stable depuis 2016.
Le chômage reste un point noir de l'économie française. Selon la dernière publication de l'office européen de la statistique, le taux de chômage en zone euro s'est élevé à 8,7% de la population active contre 9,2% pour la France en décembre dernier. Si les derniers chiffres de l'Insee confirment une consolidation de la reprise et un climat des affaires au plus haut, la comparaison des taux de chômage entre la France et la zone euro rappelle que la situation du marché du travail tricolore reste toujours défavorable.

Un écart persistant

Les données de la Commission européenne permettent d'observer que si la France a affiché un taux de chômage inférieur à la zone euro entre janvier 2008 et mars 2016, ce constat n'est plus valable depuis. Et la différence semble se stabiliser depuis plusieurs mois au regard des deux courbes.
Pour Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE interrogé par La Tribune, cet écart peut s'expliquer par plusieurs facteurs. Si la France a mieux résisté entre 2008 et 2013 aux différents chocs liés à la récession de 2008 et à la crise des dettes souveraines à partir de 2011, "l'activité de la France va être moins performante que celle de la zone euro à partir de 2014 [...] au moment où la politique de l'offre se met en place". Il évoque ainsi les premiers effets de la mise en place du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et du pacte de responsabilité sous François Hollande qui ont pu peser dans un premier temps sur l'activité, même s'il précise que ces effets interviennent favorablement après plusieurs années sur la croissance.
Pour l'économiste, la démographie est également un facteur à prendre en compte pour expliquer cet écart. Ainsi, "la dynamique démographique est restée supérieure à celles  d'autres pays de la zone euro. Le recul du départ de l'âge à la retraite a pu jouer également [...] Cela signifie qu'il y a eu plus d'entrées que de sorties sur le marché du travail. Et même si l'on crée des emplois, cela ne suffit pas pour absorber les nouveaux entrants".

Des disparités marquées

En Europe, les chiffres du chômage illustrent mieux qu'aucune autre statistique une Europe à deux vitesses, particulièrement entre le nord et le sud.  Les taux de chômage les plus élevés ont été enregistrés en Grèce (20,7%) en Espagne (16,4%) ou à Chypre (11,3). Ces trois Etats situés dans l'Europe du Sud subissent encore les effets de la crise de 2007/2008 et les conséquences des différentes cures d'austérité, même si de sérieux signes d'éclaircie apparaissent notamment pour l'Espagne. À l'inverse, les taux les plus faibles ont été recensés en République tchèque (2,3%), à Malte ainsi qu'en Allemagne (3,6% chacun).
Pour l'Allemagne, les derniers chiffres de l'institut de statistiques Destatis sont très favorables pour le mois de décembre 2017. Selon l'organisme public, le nombre de chômeurs en données corrigées des variations saisonnières (CVS) avait diminué de 25.000 à 2,415 millions, alors que les économistes interrogés par Reuters projetaient une baisse de 17.000. Le taux de chômage a ainsi été ramené à 5,4%, contre 5,5% le mois dernier, son plus bas niveau depuis la réunification de 1990. Le marché du travail devrait probablement continuer à alimenter le cycle de croissance de la première économie d'Europe, également dopée par un rebond des exportations et une hausse des investissements des entreprises.

Un chômage des jeunes toujours important

Malgré plusieurs signes d'embellissement, les jeunes sont toujours frappés par un chômage conséquent. Cette population souvent en emploi précaire est plus fragile que le reste de la population active. Selon les derniers chiffres de l'administration européenne, le taux de chômage des jeunes s'est établi à 16,1% dans l'UE à 28 et 17,9% dans la zone euro, contre respectivement 18% et 20,3% un an plus tôt. Et il reste toujours plus élevé qu'en février 2008 (15,8%) avant la chute de Lehman Brothers qui a débouché sur la crise de la dette dans les pays européens ayant adopté la monnaie unique. Pour l'économiste de l'OCDE Stéphane Carcillo interrogé par l'AFP :
"Le taux de chômage des moins de 25 ans est toutefois encore plus sensible à la conjoncture, en raison de la flexibilité des contrats sous lesquels ils sont employés: quand l'économie repart, les entreprises signent rapidement des contrats pour 3 à 6 mois. Et quand elle patine, les firmes se séparent de leur CDD".
Mais là encore, il existe de nombreux contrastes. Les taux de chômage les plus faibles se retrouvent en République tchèque (4,9%), en Allemagne (6,6%) et en Estonie (6,8% en novembre 2017, tandis que les plus élevés ont été enregistrés en Grèce (40,8% en octobre 2017), en Espagne (36,8%) et en Italie (32,2%). Dans une étude parue le 22 novembre 2017, la Fondation Bertelsmann relevait également que parmi les jeunes sans-emploi, le taux de chômage de longue durée (plus de douze mois) en Grèce avait considérablement augmenté, "passant de 6,5% en 2008 à 22,9% en 2016, soit un peu plus d'un jeune (âgé entre 15 et 29 ans) sur cinq en 2016".
-
chomage AFP
 -

Des perspectives favorables

En ce qui concerne les projections, Mathieu Plane se montre confiant. Les marges des sociétés se redressent, "l'investissement repart et les entreprises devraient continuer à embaucher [...] L'écart de croissance se réduit entre la France et la zone euro". D'ailleurs, dans un article intitulée France : Croissance en héritage, le laboratoire de recherches de Sciences-Po avait indiqué que :
"Au final, la croissance économique serait suffisamment robuste et créatrice d'emplois dans le secteur marchand (247.000 en 2017, 161.000 en 2018 et 223.000 en 2019) pour faire baisser le taux de chômage en France métropolitaine à 9,2 % à la fin du deuxième trimestre 2017 à 8,9 % fin 2018 et 8,5 % fin 2019".
Pour M.Plane, "on devrait donc retrouver un phénomène de convergence entre la France et la zone euro" en ce qui concerne la croissance. Surtout que "l'Allemagne est actuellement confrontée à une surcapacité de production et à des risques de tensions salariales dans l'industrie notamment". Outre-Rhin, la phase de cycle atteint des sommets alors qu' en France, "nous sommes dans une phase d'accélération". L'écart ne devrait pas s'accentuer entre les deux pays relève avec prudence l'économiste.