Toyota, fer de lance du « made in France »
Alors qu’Emmanuel Macron est venu visiter l’usine nordiste lundi, la direction de l’entreprise japonaise a annoncé la création de 700 CDI.
LE MONDE | • Mis à jour le |Par Laurie Moniez (Lille, correspondance)
La France est attractive. Et quand les investisseurs étrangers misent sur l’industrie française, ça marche. Tel était le message lancé par Emmanuel Macron, venu lundi 22 janvier après-midi sur le site de production de la Toyota Yaris, à Onnaing, près de Valenciennes.
Depuis son installation dans le Nord de la France, en 1999, le groupe nippon n’a cessé d’investir, chiffrant à 1,4 milliard d’euros son investissement sur l’usine nordiste. Dimanche, le président - directeur général de Toyota Motor Manufacturing France (TMMF), Luciano Biondo, a annoncé plus de 300 millions d’euros supplémentaires pour permettre la modernisation de cette usine, l’un des principaux sites de production de Toyota en Europe. La presse avait avancé, la semaine dernière, le chiffre de 400 millions d’euros.
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Très ému, Luciano Biondo a confirmé l’ambition de son entreprise de produire d’ici 2020 plus de 300 000 véhicules par an, contre 230 000 actuellement. « Ce qui est important, c’est d’avoir un site compétitif en accélérant la modernisation de notre outil », a-t-il insisté. Ce nouveau bâtiment verra le lancement de la production de pièces en plastique actuellement fabriquées en Espagne. Rendre cette usine plus performante pourra ensuite permettre d’accueillir la production d’un second véhicule, en plus de la Yaris. Mais pas question pour l’instant d’annoncer la production d’un second modèle.
Savoir-faire français
D’ailleurs, hormis la courte prise de parole du PDG de TMMF, aucune prise de parole officielle n’a eu lieu, évitant ainsi à l’Etat de se prononcer sur le montant de l’enveloppe mise sur la table pour accueillir ce projet de modernisation de l’usine Toyota. Dans l’entourage du président de la République, on évoque 2 millions d’euros quand la Région des Hauts-de-France s’engage à hauteur de 11 millions (dont 9 millions issus des fonds européens Feder).
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L’essentiel, pour Emmanuel Macron, n’était pas dans les chiffres mais dans l’illustration du savoir-faire français. Le Président a passé près de deux heures trente à visiter l’usine et enchaîner les selfies avec les salariés. « J’étais ému quand j’ai pris la parole car, pendant toute la visite du Président, j’ai entendu les salariés expliquer avec détails et fierté ce qu’ils faisaient au quotidien, confie Luciano Biondo, homme du Nord et ancien chef du département peinture en 2003. Les Français ont une vraie implication dans le travail, comme ici, où l’on travaille avec exigence et bienveillance. »
« Culture Toyota »
« Dans notre usine Toyota, il y a de la rigueur, du respect et une vision industrielle, confirme Thomas Mercier, délégué CFDT, syndicat majoritaire (40 %). La culture japonaise fait la différence. On a la chance d’avoir une direction franche et directe. Ici, c’est pas Carlos Ghosn. » Chez FO, même son de cloche : « La culture Toyota, c’est de n’être jamais content pour toujours s’améliorer et innover », explique Fabrice Cambier, délégué syndical. Quant à la CGT, cinquième syndicat de l’usine nordiste, difficile d’entendre leurs désaccords avec la direction : la dizaine de manifestants avait été repoussée par la police leur interdisant l’entrée de l’usine. « Tous les salariés ont été filtrés, confirme un cadre de la CFDT. Ils ont demandé de retirer toutes les chasubles et les badges des syndicats. »
Pas question de gâcher ce beau moment, promesse de 300 emplois en CDI dès cette année, puis de 400 autres CDI quand les nouveaux équipements seront installés. « Oui, c’est une bonne nouvelle, insiste le député PCF Fabien Roussel. Et ça prouve qu’on est une terre industrielle. » Constat partagé avec le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand : « Je crois en l’industrie dans notre région. Nous sommes aujourd’hui sur de gros projets, mais attention, il ne faut pas se contenter d’en parler et de faire de la communication… »