mercredi 27 septembre 2017

La Chine lance la "chasse aux renards"

Chine: l'Assemblée générale d'Interpol et la «chasse aux renards» de Pékin

Source : RFI

mediaDes délégués chinois lors de la 86e assemblée générale d'Interpol à Pékin, le 27 septembre.REUTERS/Jason Lee
Un millier de hauts fonctionnaires de la police de 190 pays sont réunis à Pékin jusqu’au vendredi 29 septembre pour leur Assemblée générale. Ils doivent discuter terrorisme international et cybercriminalité à l’invitation de la Chine, qui profite de ce grand rendez-vous pour confirmer sa place au sein de cette police internationale.
De notre correspondante à Pékin,
A peine un mois avant le grand congrès du Parti communiste, cette assemblée d’Interpol donne à Xi Jinping une formidable plateforme internationale. « La Chine est aujourd’hui considérée comme l’un des pays les plus sûrs au monde » s’est félicité le président chinois devant ses invités. « C’est une importante contribution de la Chine au monde ! »
Cette réunion est aussi l’occasion de parler de l’un des combats phares du numéro 1 chinois : la lutte anti-corruption. « Grâce à la collaboration au sein d’Interpol, la Chine a pu chasser des fugitifs partis à l’étranger et empêcher d’autres de quitter le territoire », se réjouit le journal de propagande Global Times.
Collaboration internationale
La presse officielle rapporte que des policiers chinois ont fait avancer bon nombre d’enquêtes avec l’aide de leurs collègues dans le monde. La police chinoise aurait enquêté main dans la main avec leurs collègues étrangers dans plus de 4 000 cas. D’ailleurs ce que Pékin appelle « la chasse aux renards », c’est-à-dire la chasse planétaire des fugitifs, aurait déjà permis de rapatrier au moins 2 500 escrocs présumés.
Heureux hasard ou fin stratagème ? A la veille de la conférence d’Interpol, l’un des 100 fugitifs les plus recherchés sur la liste de la « notice rouge » d’Interpol s’est rendu à la police. Xu Xuewei, un homme d’affaires accusé de fraude, est rentré des Etats-Unis où il avait trouvé refuge depuis 2012. Pour la Commission de discipline, l’organisme anti-corruption, c’est bien la preuve qu’il n’y a « plus de paradis sécurisé à l’étranger ».
Inquiétude des défenseurs des droits de l’homme
Que ce soit Amnesty International ou Human Rights Watch, les ONGs s’alertent – surtout depuis qu’Interpol a élu, fin 2016, le Chinois Meng Hongwei comme président. Meng Hongwei est vice-ministre de la Sécurité publique. La crainte est que la Chine pourrait se servir d’Interpol pour rapatrier des opposants politiques.
Il faut savoir qu’être rapatrié en Chine signifie être exposé à la torture, voire à la peine capitale et à des tribunaux qui condamnent plus de 99% des prévenus. Tout accord d’extradition avec la Chine est donc délicat. La France a finalement ratifié un tel accord en 2015. Depuis, au moins deux personnes ont été transférées vers la Chine.
Source : RFI