Pour le Premier ministre japonais, «Trump est un leader de confiance»
Shinzo Abe est le premier dirigeant étranger à avoir rencontré jeudi, à New York, le futur président américain pour lever les inquiétudes sur l'engagement américain en Asie.
Pour les amoureux du protocole que sont les Japonais, la
rencontre quasi à la hussarde entre Shinzo Abe et Donald Trump jeudi à
New York aura au moins permis de saisir toute l’importance que le Japon
accorde à l’arrivée du nouveau président des Etats-Unis. Sans parler de
l’inquiétude que ses propos de campagne avaient suscités à Tokyo.
Le chef du gouvernement japonais était le premier dirigeant étranger à rencontrer Trump. Et quelques heures avant l’entrevue, l’entourage d’Abe avait toutes les peines du monde à savoir où et quand celle-ci aurait lieu. Elle s’est finalement tenue à la Trump Tower à Manhattan et pendant 90 minutes, ce qui est loin d’être négligeable pour le futur président «très, très occupé» à constituer sa future équipe avant son investiture le 20 janvier.
«Les discussions me laissent penser que nous pouvons établir une relation de confiance» avec la future administration Trump, a déclaré le Premier ministre japonais au terme de la rencontre. Il a évoqué une discussion «candide» dans une «atmosphère chaleureuse». «Les alliances ne peuvent pas fonctionner sans confiance. Je suis maintenant convaincu que le président élu Trump est un leader digne de confiance», a conclu Abe qui avait fait un détour par New York avant de gagner le sommet de l’Apec au Pérou. Quelques heures plus tard, sur sa page Facebook, Trump a posté un bref message accompagné d'une photo: «C’était un plaisir d’avoir le Premier ministre Shinzo Abe à la maison et commencer une grande amitié.»
Durant la campagne, le milliardaire Trump avait multiplié les propos outranciers anti-nippons, qualifiant d’«injuste» l’alliance de sécurité entre les deux alliés historiques, suggérant un hypothétique armement nucléaire du Japon et de la Corée du sud, évoquant un possible retrait de ses engagements en matière de défense, regrettant la perte de vitesse de l’économie américaine face à celle du Japon notamment. Il avait suggéré le retrait des soldats américains de la péninsule coréenne et de l’archipel nippon à défaut d’une augmentation de la contribution financière de Séoul et de Tokyo (près de 80.000 GI sont stationnés en Corée et au Japon).
Bref, Trump semblait briser un tabou et renverser la table d’un ordre jusqu’à présent assez bien établi. Depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, il était entendu que Washington prodiguait ses services en matière de sécurité, notamment grâce à son parapluie nucléaire en échange de quoi, ses alliés sud-coréen et japonais se consacraient à la croissance économique et joignaient leurs forces à un front anticommuniste.
Ils doivent également composer avec une Corée du nord qui s’est invitée avec force et fracas dans le concert des nations dotées de l’arme nucléaire en enchaînant les essais atomiques et les tirs balistiques. Enfin, elle reste vigilante avec la Russie qui ces derniers mois a multiplié les incursions dans son espace aérien et s’est à plusieurs reprises approchée des eaux territoriales, notamment en effectuant des exercices conjoints avec la Chine.
Tokyo redoute par-dessus tout d’être isolé en Asie et d’être délaissé sinon abandonné par son allié américain. Surtout si celui-ci renonce à finaliser le Partenariat transpacifique (TPP) comme l’a annoncé Trump durant la campagne.
L’équipe et des proches d’Abe ont donc multiplié les échanges et les rencontres ces derniers jours avec l’entourage de Trump et des responsables des services de renseignements et de défense. «En tant que président élu, il va disposer d’un plus grand nombre d’informations et il va comprendre l’importance de la relation Japon-Etats-Unis», affirmait dernièrement au Nikkei Business Online Shigeru Ishiba, ancien ministre nippon de la Défense et l’un des grands barons du Parti libéral démocrate de Shinzo Abe. Le Japon va faire entendre raison à Trump.
Le chef du gouvernement japonais était le premier dirigeant étranger à rencontrer Trump. Et quelques heures avant l’entrevue, l’entourage d’Abe avait toutes les peines du monde à savoir où et quand celle-ci aurait lieu. Elle s’est finalement tenue à la Trump Tower à Manhattan et pendant 90 minutes, ce qui est loin d’être négligeable pour le futur président «très, très occupé» à constituer sa future équipe avant son investiture le 20 janvier.
«Les discussions me laissent penser que nous pouvons établir une relation de confiance» avec la future administration Trump, a déclaré le Premier ministre japonais au terme de la rencontre. Il a évoqué une discussion «candide» dans une «atmosphère chaleureuse». «Les alliances ne peuvent pas fonctionner sans confiance. Je suis maintenant convaincu que le président élu Trump est un leader digne de confiance», a conclu Abe qui avait fait un détour par New York avant de gagner le sommet de l’Apec au Pérou. Quelques heures plus tard, sur sa page Facebook, Trump a posté un bref message accompagné d'une photo: «C’était un plaisir d’avoir le Premier ministre Shinzo Abe à la maison et commencer une grande amitié.»
Doutes et incertitudes en Asie
Les Japonais avaient un grand besoin de prendre la température à New York. L’élection surprise de Donald Trump a pris de court Tokyo. Tout comme elle a ouvert une période de doutes et d’incertitudes en Asie, région vers laquelle l’administration Obama avait multiplié les efforts et les gestes essentiellement symboliques dans le cadre de son pivot diplomatique et stratégique.Durant la campagne, le milliardaire Trump avait multiplié les propos outranciers anti-nippons, qualifiant d’«injuste» l’alliance de sécurité entre les deux alliés historiques, suggérant un hypothétique armement nucléaire du Japon et de la Corée du sud, évoquant un possible retrait de ses engagements en matière de défense, regrettant la perte de vitesse de l’économie américaine face à celle du Japon notamment. Il avait suggéré le retrait des soldats américains de la péninsule coréenne et de l’archipel nippon à défaut d’une augmentation de la contribution financière de Séoul et de Tokyo (près de 80.000 GI sont stationnés en Corée et au Japon).
Bref, Trump semblait briser un tabou et renverser la table d’un ordre jusqu’à présent assez bien établi. Depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, il était entendu que Washington prodiguait ses services en matière de sécurité, notamment grâce à son parapluie nucléaire en échange de quoi, ses alliés sud-coréen et japonais se consacraient à la croissance économique et joignaient leurs forces à un front anticommuniste.
Bombe nucléaire nord-coréenne
L’émergence très hégémonique de la Chine dans les mers de la région a commencé à sonner le branle-bas à Tokyo. L’élection de Trump a apporté un nouvel indice d’une instabilité croissante aux yeux des Japonais. Depuis 2012, la nationalisation des îlots des Senkaku et l’arrivée au pouvoir du président chinois Xi Jinping, les Japonais doivent faire face à la pression diplomatique et militaire de Pékin sur la mer de Chine.Ils doivent également composer avec une Corée du nord qui s’est invitée avec force et fracas dans le concert des nations dotées de l’arme nucléaire en enchaînant les essais atomiques et les tirs balistiques. Enfin, elle reste vigilante avec la Russie qui ces derniers mois a multiplié les incursions dans son espace aérien et s’est à plusieurs reprises approchée des eaux territoriales, notamment en effectuant des exercices conjoints avec la Chine.
Tokyo redoute par-dessus tout d’être isolé en Asie et d’être délaissé sinon abandonné par son allié américain. Surtout si celui-ci renonce à finaliser le Partenariat transpacifique (TPP) comme l’a annoncé Trump durant la campagne.
«La mort du TPP»
«A Séoul, Tokyo et dans de nombreuses capitales d’Asie du sud-est, la mort du TPP dans sa forme présente est un énorme revers et renforce l’idée que les Etats-Unis ne sont pas réellement engagés dans la région tout en apparaissant comme un partenaire non fiable pour préserver un équilibre délicat entre l’engagement économique et la protection sécuritaire», écrivait, mercredi, Stephen R. Nagy, professeur associé l’Université International Christian, sur le site Policy forum.L’équipe et des proches d’Abe ont donc multiplié les échanges et les rencontres ces derniers jours avec l’entourage de Trump et des responsables des services de renseignements et de défense. «En tant que président élu, il va disposer d’un plus grand nombre d’informations et il va comprendre l’importance de la relation Japon-Etats-Unis», affirmait dernièrement au Nikkei Business Online Shigeru Ishiba, ancien ministre nippon de la Défense et l’un des grands barons du Parti libéral démocrate de Shinzo Abe. Le Japon va faire entendre raison à Trump.