jeudi 24 mars 2016

Corrigé du CB

L’Union européenne entre élargissement, approfondissement et fragmentation ?
                La construction européenne est, selon Jacques Delors, ancien Président de la Commission européenne dans les années 1980, un O.P.N.I., soit un objet politique non identifié.  A chaque crise, les négociations parfois nocturnes aboutissent à des décisions toujours  qualifiées de compromis. En effet, née en 1992, l’Union européenne (U.E.) est issue d’un long et complexe processus unique au monde d’entente entre des Etats. Ce processus d’intégration se caractérise par deux grands domaines : le premier est l’approfondissement qui consiste en une convergence économique et politique permise par une série de politiques communes telle que la P.A.C., politique agricole commune. D’abord économique, le passage de la C.E.E. à l’U.E. va marquer, depuis deux décennies la volonté d’un fédéralisme ou du moins d’une unité plus politique qu’auparavant. La question de l’élargissement se pose au même moment, au début des années 1990, avec la fin de la Guerre froide et la fin d’une petite Europe occidentale. Les anciens pays d’Europe de l’Est souhaitent alors rapidement adhérer une organisation qui est déjà passée de 6 à 12. Cette adhésion à la « maison commune » souhaitée par le Polonais va être effective à travers 4 élargissements dont le dernier a concerné la Croatie en 2013 qui en fait le 28ème membre de l’U.E. Or, à ce moment l’U.E. fait face à de multiples difficultés. Edgar Morin en vient même à parler de « déseurope » à l’image du futur référendum britannique qui pourrait augurer le départ d’une grande puissance de l’UE. Au Brexit s’ajoutent le Grexit, qui est plutôt une sortie de la Grèce non de l’UE, mais d’un marqueur de l’approfondissement, la monnaie. Dans le secteur économique, le ralentissement accéléré depuis 2008 inquiète. De même, les dérives autoritaires visibles en Hongrie depuis 2010 et plus récemment en Pologne, questionnent aussi sur les valeurs fondatrices de l’Europe : départ, sortie de l’euro, euroscepticisme… Tous les clignotants de l’actualité européenne sont au rouge, mais depuis quand le mécanisme approfondissement-élargissement est en panne à tel point de provoquer un risque de fragmentation ? Autrement dit, quelles raisons expliquent cette spirale négative et quelles en seraient les remèdes ? Il s’agit donc de voir comment pendant 60 ans, les processus d’approfondissement et d’élargissement se sont renforcés dans une spirale positive qui excluait toute fragmentation, puis, que depuis seulement 10 ans, le dernier élargissement semble avoir cassé l’élan intégrationniste. Au final, il faudra rechercher les facteurs conjoncturels et structurels pour comprendre cette « déseurope » et tenter de proposer une vision prospective réaliste.
I/ Une mécanique approfondissement-élargissement longtemps vertueuse
                A – Un contexte d’affaiblissement et de division favorable.
1°. Le déclin eur aggravé par la SGM
2°. La Gf divise l’Europe et permet la constr eur à l’Ouest atlantiste
3°. Le couple franco-allemand, moteur de la constr eur
B – L’approfondissement économique est la priorité
                                1°. Création progressive d’un vaste marché de ction qui croit avec les élargissements
                                2°. La PAC, pdt lgtps seule vraie pol commune qui profite aux nouveaux et anciens membres
                                3°. Le FEDER : le 1er élargissement relance un nouvel approfondissement
                               4°. Les premières fissures semblent colmatées à Fontainebleau, ms l’ « opt out » est une brèche hist ds l’intégration)
II/ Les élargissements historiques des années 1990 et 2000 entre espoir et déception
                A – Le nouveau contexte post-GF relance l’approfondissement
                               1°. L’espoir énorme de la chute du mur de Berlin
                               2°. L’espoir d’une pol étr eur face au drame des Balkans
                               3°. L’UE, aboutissement du marché des 4 libertés, valeurs communes
                B – De 12 à 28 : les élargissements bloquent un approfondissement qui reste incomplet
                               1°. Un élargissement historique  mal vécus par les peuples de l’ouest comme de l’est
                               2°. Des élargissements qui impliquent un niveau hist d’approfondissement pour des pays pauvres = concilier l’inconciliable ?
                               3°. Les désaccords s’accumulent (Irak 2003) et coups d’arrêts (non Const 2005) = une intégration en échec = pol étr et de défense
III/ Aujourd’hui, une Europe en danger fragmentée fait face à de nouveaux défis qui pose le pb du dessein européen
                A – La multitude des fragmentations et des crises
                               1°. Monétaire et humaine : le double refus bri de l’euro et Schengen et crise grecque
                               2°. Economique : le maintien de l’écart entre ouest et est = limites de l’intégration face aux inégalités terr
                               3°. Politique : populisme et modèle poutinien, reflets du repli identitaire autour de la nation
                               4°. Stratégique : le moteur franco-all en panne : la France seule ne peut relancer la PESC ; l’All leader contesté (euro et migrants)
                               5°. Tout cela illustre une opposition sur le projet eur et en particulier sa finalité
                B – Dangers et scenarios d’une Europe à plusieurs vitesses
                               1°. L’Europe à l’arrêt sous Juncker : plus d’élargissement pour mieux approfondir
                               2°. Les scenarios de Pierre Verluise pour concilier approfondissement et élargissement
                               3°. Le Brexit, danger ou relance d’une Europe autour des 6 hist ?

                Ainsi, la mécanique élargissement-approfondissement, longtemps vertueuse, est depuis les années 2000 en panne. Tant que l’approfondissement a été économique, la dynamique intégratrice a fonctionné car tous les pays européens de l’ouest comme de l’est ont des valeurs ancrées dans le libéralisme. Plus que le problème des limites, c’est celui des approfondissements qui est clivant dans la mesure où il interroge le projet européen : simple outil économique pour développer un vaste marché pour les uns (Britanniques en particulier) ou projet politique véritable qui permettrait une unité approfondie pour les autres (Français et Allemands ?), le désaccord implique une fragmentation inévitable d’autant plus profonde que le budget européen ne peut être à la hauteur des attentes des peuples et que le niveau d’intégration est devenu très élevé, surtout pour des pays de l’Est très en retard. Donc, la fragmentation, si elle a été accélérée par la dernière crise économique, est plus profonde. Elle peut être identifiée au sommet de Fontainebleau où Mitterrand et  Kohl accepte le chèque britannique et la procédure du « opt out », première porte ouverte à une Europe à plusieurs vitesses dans la quelle plusieurs pays vont s’engouffrer : le Royaume-Uni évidemment, mais aussi les Danois ou les Suédois qui, plus tard, vont refuser l’euro. Mais en fait, cette fracture n’est –elle pas historique ? En effet, on peut observer une seconde fracture, plus politique et géopolitique entre le cœur européen (des 6) et les autres pays quant à la pertinence d’une politique étrangère et de défense commune indépendante des Etats-Unis. Le nouveau contexte (problème budgétaire américain, menaces terroriste et russe) est peut-être favorable à l’Union européenne. Cependant, dans l’ambiance pessimiste actuelle, l’UE continue d’avancer (union bancaire), l’Europe a plusieurs vitesses est déjà une réalité ancienne qui illustre l’adaptation des institutions à la réalité de la diversité. Malgré toutes leurs divergences, les peuples et surtout les élites européennes savent que l’unité est nécessaire dans un monde multipolaire où l’Europe pèse de moins en moins. Plus que jamais, « la construction européenne sera la somme des crises et des solutions apportées » (Jean MONNET)…
Sujet 2 : Le poids et l’influence de l’Union européenne et des grandes puissances européennes dans l’évolution récente des périphéries intérieures et des régions proches de l’Europe. 
                En 1992, le traité de Maastricht fonde l’Union européenne, structuré en 3 piliers dont la P.E.S.D., politique européenne de sécurité et de défense. En pleine mutation géopolitique, les grandes puissances européennes, soit l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni et dans une moindre mesure l’Italie et l’Espagne, font face au retour de l’Europe de l’est dans la « maison commune ». Rapidement, va être mis en œuvre une série de négociations visant à un élargissement historique. Au même moment, la guerre civile algérienne pose à nouveau la question des liens entre l’Europe et les pays de sa périphérie méridionale.  Mais quels espaces peuvent être qualifiés de périphériques ? Il s’agit d’espaces moins développés, avec moins de puissances, voire pas du tout, à l’exception de la Russie. Ce sont des espaces vastes que nous pouvons regrouper en trois types : en premier lieu, les périphéries internes concernent les pays les plus pauvres de l’Union européenne, essentiellement l’Europe de l’Est et deux îles, Malte et Chypre. Un second groupe est situé encore plus à l’Est : les pays de l’ancien bloc communiste de l’Est et d’anciennes république de l’ex-URSS comme les Etats du Caucase. Le 3ème groupe est le Proche Orient de la Turquie à l’Egypte au passé parfois colonial. Enfin, l’Afrique du Nord forme le dernier groupe d’Etats périphériques. La Russie appartient-elle au groupe des puissances européenne. En fait, tout dépend à quel moment : sous Eltsine, de 1991 à 1999, la Russie coopère beaucoup avec l’U.E. et les grandes puissances européennes et est dans une situation de faiblesse, marquée par une grave crise économique en 1998. Par contre, l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 1999 va peu à peu modifier la donne géopolitique européenne et va transformer la Russie en une menace réelle ou en tout cas perçue comme telle par les Européens. Cette rupture relationnelle va aboutir à la crise ukrainienne, moment de confrontation entre l’U.E. et la Russie. Ainsi, les espaces, peuples et pays qui entourent les centres de l’U.E. sont majoritairement des périphéries, ils incluent aussi des puissances comme la Russie ou bien la Turquie, candidat à l’adhésion à l’U.E. qui garde cependant une forte souveraineté.
Au final, le sujet implique une analyse des relations commerciales, financières, politiques, diplomatiques et culturelles entre une organisation, qui - malgré certaines divisions - reste un pôle de richesse (1er PIB mondial) et en expansion à travers de nombreux élargissements et de multiples pays beaucoup moins riches, développés et puissants : de quelle manière le concentré de richesse et de puissances qu’est l’U.E. s’impose comme une puissance régionale ? Les crises récentes remettent-elles en question cette puissance ?
I/ L’U.E., une organisation, des valeurs et un concentré de puissances en expansion dont le projet s’oppose à l’influence russe dans les périphéries internes et externes orientales
VALEURS ELARGISSEMENT PECO RATTRAPAGE IDE RUSSIE UKRAINE UNION EURASIATIQUE
II/ L’U.E., pôle de richesse et d’interventionnisme qui reste un modèle pour les marges du Sud (Afrique du Nord, Proche-Orient) et attire encore les peuples et semble être une certaine alternative au Moyen-Orient
MODELE PEV PM INTERFACE PASSE CULTURE PRINTEMPS ARABE ALTERNATIVE AM CRISE SYRIENNE
III/ Mais les divisions internes, les crises économiques et idéologiques ainsi que la nature historique et politique du projet européen limitent sa capacité à en faire auj et peut-être demain une puissance régionale complète
CRISES ECO NATIONALISMES EUROPE MARCHE/FEDERALE MILI OTAN/EU PUISS NORMATIVE SCENARIOS VERLUISE
                Depuis 30 ans, l’U.E. a connu des élargissements historiques, vecteurs de puissance et d’attractivité tant en Europe de l’Est que dans les périphéries méditerranéenne et proche-orientale. La candidature turque, d’un pays nationaliste et souverain, en est un parfait exemple. Cependant, l’U.E., dès sa naissance, est très divisée tant au niveau de son projet entre fédéralistes et souverainistes que de son fonctionnement entre les instances européennes et les grandes puissances qui la composent. A cette division s’ajoute une priorité historique donnée à l’économie. Si cela permet à l’U.E. (via ses entreprises ou ses ONG, d’être influente auprès de ses Etats et peuples voisins), cela fait de l’U.E. une puissance seulement normative, nettement orientée vers le « soft power ». Ainsi, née de la guerre, l’UE est une puissance régionale incomplète qui ne peut agir militairement sans les Etats-Unis, en particulier face à la Russie. Même au Mali, les armées françaises ont eu besoin de la logistique américaine. Accusée de faiblesse et de division, l’UE est vécue par les peuples européens ou voisins comme impuissante. Mais, qu’ont montré et provoqué les interventions militaires occidentales en Irak ou en Libye ? N’est-ce pas une parfaite illustration de ce que Bertrand Badie nomme « l’impuissance de la puissance » ? L’envoi d’observateurs des élections en Afrique ou ailleurs n’est-elle finalement pas plus durable et positive ? L’Europe a-t-elle besoin d’une armée aussi puissante que celle des Etats-Unis ? Pourra-t-on éliminer Daesh par les armes ou par les idées ? « Personne n’aime les missionnaires armés » ROBESPIERRE