Nicaragua. Le canal attendra
Publié le
17/10/2015 - 09:48
Des manifestants tagguent une fresque murale
représentant le président nicaraguayen Daniel Ortega pour protester contre la
construction du canal du Nicaragua, le 13 juin 2015 STR / AFP
Le projet
controversé de grand canal sur le lac Nicaragua, inauguré en décembre 2014,
connaît quelques ratés. Un rapport souligne les manquements des études. Le
début des travaux pourrait être reporté au printemps 2016.
“Les
doutes subsistent sur le canal”, titre le quotidien nicaraguayen La
Prensa. Le mégaprojet de canal de 278 km de long sur le lac
Nicaragua, destiné à relier la côte Pacifique à l’Atlantique est présenté comme
une ambitieuse alternative au canal du Panama, avec la promesse d’un juteux
business et d’emplois.
Le vieux
rêve consistant à percer cette nouvelle route, que caressaient déjà les grandes
puissances colonisatrices au XIXè siècle, avait été ancré dans la réalité le 22
décembre 2014 avec l’accord signé par le gouvernement du Nicaragua et le
consortium chinois HKND.
Mais la crise financière en Chine a fait vaciller ce maître d’oeuvre chinois en lui ayant fait perdre “84% de ses actions en bourse”, note La Prensa.
Zone sismique et séisme social
Mais
surtout, vu du Nicaragua, le projet présente des failles dans les études
d’impact environnemental et social qui ont été explorées par la société d’études
britannique ERM (Environmental Resources Management) pour la firme HKND. “La
vulnérabilité de cette zone sismique du Pacifique au sud du Nicaragua, par
laquelle passera cette route, nécessite de mandater d’autres études
géotechniques et sismiques“, est-il indiqué dans ce rapport cité par El Nuevo
Herald.
Jusqu’à
présent, le gouvernement nicaraguayen avait fait peu de cas des mises en garde
répétées des groupes écologistes sur les dégâts potentiels de la construction
du canal, renvoyant les protestataires aux études de faisabilité, comme le détaille le site Ecologistas en Acción.
“Maintenant,
[le président] Daniel Ortega assure que le développement du canal dépendra des
études environnementales, et même d’autres études pour compléter les études”,
rapporte ironiquement La Prensa.
Le site Confidencial souligne
de son côté les manquements évoqués par le rapport sur la gestion de
l’impact social du projet. Quelque 30 000 personnes devront être déplacées, et
100 000 riverains seront directement affectés par la construction du canal,
selon l’ONG Centro Humboldt. Tout au long de l’année, ces populations ont
multiplié les manifestations pour s’élever contre leur expropriation forcée. “L’entreprise
britannique (ERM) affirme que pour l’heure, le processus d’expropriation de
terres et de relocalisation des riverains ne respecte pas les normes internationales”,
rapporte El Confidencial.
Sûrement pas 2019
La société
australienne chargée d’effectuer les études complémentaires, notamment
géologiques, est censée remettre ses conclusions en mars 2016. D’ores et déjà,
souligne le responsable de l’ONG Centro Humboldt dans La Prensa “les
délais seront complètement chamboulés et l’inauguration du canal n’aura pas
lieu, loin s’en faut, en 2019 comme prévu”.
Source : Courrier
international