mardi 26 décembre 2017

L'Inde, 5ème économie mondiale en 2018 (source : LaTribune.fr)

Economie : l'Inde dépasserait la France dès 2018

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Le Premier ministre indien, Narendra Modi, et le président Français, Emmanuel Macron, lors d'une rencontre à Paris en juin 2017.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, et le président Français, Emmanuel Macron, lors d'une rencontre à Paris en juin 2017. (Crédits : Reuters)
L'émergent devrait devenir la cinquième puissance mondiale dès l'année prochaine, devançant la France et le Royaume-Uni.
Exprimée en dollars, l'économie indienne devrait se hisser dès 2018 à la cinquième place mondiale et devancer ainsi ses homologues française et britannique, montre une note de recherche publiée mardi par l'institut Centre for Economics and Business Research (Cebr).
A l'oeuvre depuis plusieurs années, cette progression n'est pas une surprise et s'inscrit dans une tendance plus large qui devrait aboutir à l'installation des pays asiatiques dans le classement des dix économies les plus importantes de la planète au cours des 15 années à venir.
Selon le même institut, les Etats-Unis devraient quant à eux être dépassés par la Chine, qui prendrait ainsi la première, place aux alentours de 2032.

"Revers passagers"

"Malgré quelques revers passagers [...], l'économie indienne est en mesure de rattraper celle de la France et celle du Royaume-Uni en 2018 et, exprimée en dollars, elle les dépassera toutes les deux pour devenir la cinquième puissance économique en dollars", prédit Douglas McWilliams, le vice-président du Cebr.
L'Inde est pourtant traversée par une crise depuis le lancement, fin 2016, d'un processus de démonétisation de près de 86% des billets en circulation. Idem pour la réforme fiscale, qui devrait nuire à court terme à l'industrie.
Le Cebr n'est pas la seule organisation à estimer qu'il ne s'agit que de "revers passagers""Le progrès constant en matière de réformes économiques et institutionnelles permettra, avec le temps, d'accentuer le potentiel de haute croissance de l'Inde", estimait en novembre l'agence de notation Moody's. Cette dernière a relevé la note de la dette du pays de "Baa3" à "Baa2", catégorie moyenne inférieure.
(Avec Reuters)

samedi 23 décembre 2017

Macron en Afrique : quelles relations France-Mali ? (source : Le Monde)

Quand le Mali, grand corps malade, se pose en « protecteur » de la France

Notre chroniqueuse démonte la rhétorique d’Ibrahim Boubacar Keïta, président d’un pays menacé de disparition sans l’intervention de Paris.

Les présidents français, Emmanuel Macron, et malien, Ibrahim Boubacar Keïta, à l’Elysée, à Paris, le 12 décembre 2017.

Ainsi donc, le Mali protégerait l’Europe du péril ? Je lis : « Que répondez-vous à ceux qui, en France, disent que “Barkhane” coûte trop cher – 1 million d’euros par jour ? » « Que le Mali est une digue et que si cette digue rompt, l’Europe sera submergée », répond Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au magazine Jeune Afrique. Le président malien n’affirme pas explicitement que son pays met en sûreté la France et l’Europe, mais le suggère fortement. Ce « non-dit » fixe tout le malaise du propos. « Sous-entendre », « laisser entendre », « à la fois dire et ne pas dire »… Comment ne pas déceler là ces maladies de la parole qui, en Afrique plus qu’ailleurs, gangrènent les débats publics au point de devenir parfois la manière de dire et de penser des peuples eux-mêmes ?

Le raisonnement qui barre la couverture de l’hebdomadaire est implacable, mais particulièrement pernicieux dans ses blancs. Car une fois posée la« digue » et après l’avoir articulée à l’hypothèse « Si…, alors… », on comprend qu’il faut choisir entre deux mondes. Soit le Mali ne rompt pas ; soit le Mali rompt. Or de l’autre côté de la rive, il n’y a qu’un monde acceptable : « l’Europe ne sera pas submergée ». De choix, finalement, il n’y en a pas. N’existe que ce qui a été proposé, imposé. La pression s’entend d’autant mieux qu’il revient au lecteur de compléter les blancs du texte. Pour quelle raison un chef d’Etat s’adresse-t-il directement à ceux qui, en France, contestent le bien-fondé de « Barkhane » ? La question vaut 1 million d’euros. Encore qu’il faille ajouter à ces espèces sonnantes et trébuchantes les millions d’âmes qu’épouvante la perspective du raz-de-marée.

« Invest in Mali », dit le slogan

L’Europe menacée par les flots, dévastée, rasée par des vagues incessantes… mais de quoi ? « De forces négatives » qui visent aussi le Maghreb, précise IBK. En effet, avant de submerger l’Europe, il faut engloutir d’abord le Maroc, l’Algérie, la Libye, la Tunisie et l’Egypte. Parlons-nous encore de terroristes quand, dans l’imaginaire commun, la référence à la mer renvoie aux images des migrants mourant dans les eaux de la Méditerranée et échouant sur les côtes européennes ? N’alimente-t-on pas la croyance et la peur des « invasions barbares » ? Mais puisque rien de tel n’a été dit, il n’y a pas lieu d’assumer. L’évidence échappe encore à la contestation : c’est le principal avantage du « laisser entendre ».
Pour autant, s’agissant des faits, le Mali est-il « un lieu de passage et d’aguerrissement », comme le dit IBK ? Sans conteste, il constitue une étape de transit pour les migrants, et aussi un point de départ. Mais cette route n’est pas la seule. Et dans le nord du Mali, les terroristes ne passent pas, ils y viennent, surtout du Maghreb, pour y « commercer » et y rester. Trafics de drogue, de cigarettes, d’armes ou de migrants, le Sahel regorge d’opportunités d’investissements lucratifs. « Invest in Mali », dit le slogan.
Si « Barkhane » a succédé à « Serval » comme « Serval » à « Epervier », avant d’être peut-être remplacée par les forces du G5 Sahel, c’est du fait de l’implantation terroriste qui menaçait de disparition le Mali avec l’avènement d’un nouvel Etat islamiste. Le Mali mythique comme l’Etat malien. Un mix africain du scénario irako-syrien et de l’émirat taliban en Afghanistan. Un ovni dans les relations internationales, une aberration née de l’intervention libyenne en 2011, du vide de la gestion de « l’après-Kadhafi », un risque capable d’entraîner avec lui plus d’un Etat sahélien.

Le « service après-vente » de la France

Le Sahel constitue effectivement un enjeu. Si quelques hommes en armes suffisent à abattre un Etat, qui pour arrêter ensuite la chute des dominos ? Le G5 Sahel ? L’armée tchadienne ? Au centre d’un conflit aux frontières de la Libye et du Maghreb, qui plus est un conflit à forte composante religieuse ? La France n’a pas à choisir entre quitter le Mali ou y rester, elle l’a déjà fait. « Barkhane » représente le choix du non-engagement permanent en Libye, celui d’hier, celui d’aujourd’hui. La question qui se pose est de savoir jusqu’à quand la France assurera le « service après-vente » ? Pour reprendre les mots d’IBK, « la France ne défend pas que le Mali »« elle se défend elle-même ». La métaphore adéquate n’est pas celle de l’eau qui submerge, plutôt celle du virus qui contamine. Car il s’avère toujours moins coûteux de combattre le mal hors du corps avant qu’il ne vous affecte.
Mouvements radicaux et groupes terroristes enfièvrent toujours le Mali et tirent le mercure de l’insécurité à la hausse. Au Sahel, des menaces désormais structurelles, financées par les commerces illicites, prospèrent sur le terreau fertile de la gouvernance déficiente. Le Mali ne le sait que trop, ces maux sont mortels. Certes, il est plus glorieux de se présenter comme une « digue » que comme un « néant » ou un corps malade. Mais la réalité ne se conforme pas au rôle que se donne l’Etat malien. Le Mali ne protège pas l’Europe des périls, le Mali est en péril. Or cette réalité-là est à taire.
Sarah-Jane Fouda est consultante en communication, spécialiste du discours et de l’argumentation. Elle enseigne la logique informelle à l’Université Paris-III Sorbonne-Nouvelle.

vendredi 15 décembre 2017

La Russie, meilleur ex de "démocrature". Source : Le Monde

Vladimir Poutine intraitable face à l’opposition en Russie

Candidat à sa réélection, le président russe a dépeint jeudi ses opposants en agents du « chaos ».
LE MONDE |  • Mis à jour le  |Par 
Vladimir Poutine, le 14 décembre à Moscou.

Ce sera sans doute le seul face-à-face de la campagne présidentielle russe. Il n’a duré que quelques minutes, lorsque la journaliste-candidate, Ksenia Sobtchak, s’est levée pour interpeller le président-candidat, Vladimir Poutine, qui tenait, jeudi 14 décembre, sa traditionnelle conférence de presse annuelle dans un grand hôtel de Moscou. « Les candidats de l’opposition ne sont pas autorisés à participer [à l’élection], soit on les en empêche, soit on leur crée des problèmes », a-t-elle commencé.

A 36 ans, l’ex-vedette de télévision et fille de l’ancien maire de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak avec lequel M. Poutine a commencé sa carrière politique, a déjà annoncé son intention de se présenter elle-même au suffrage du 18 mars 2018, sans savoir si elle pourra, in fine, concourir en obtenant les signatures nécessaires. Elle a également cité le principal opposant du Kremlin, Alexeï ­Navalny, absent, « contre lequel des affaires pénales factices ont été créées, ce qui a été reconnu par la Cour européenne des droits de l’homme… » Reconnu coupable de malversations financières, ce pourfendeur du régime, qui mène campagne depuis un an, ne pourra pas franchir cet obstacle érigé sur son chemin.

« Tout le monde a peur »

« Pareil pour moi, a enchaîné Mme Sobtchak, c’est très difficile de louer une salle… Car tout le monde a peur. Les gens comprennent qu’être dans l’opposition signifie soit on te tue, soit on te met en prison, ou quelque chose de ce genre. Le pouvoir a-t-il si peur d’une concurrence honnête ? »
Dans un exercice qu’il affectionne, devant plus de 1 000 journalistes russes et étrangers réunis une semaine à peine après avoir officialisé sa propre candidature pour un quatrième mandat, le chef du Kremlin a claqué brutalement la porte à l’opposition libérale, déjà marginalisée. « Vous voulez que des dizaines de Saakachvili courent sur nos places ? », a-t-il lancé en prenant pour repoussoir l’ancien président géorgien.
Mikheïl Saakachvili appelle aujourd’hui, en Ukraine, où il a commencé une carrière politique, à la destitution de son président, Petro Porochenko. « Ce qu’il fait en ce moment est un crachat au visage du peuple géorgien, un crachat au visage du peuple ukrainien. » Pour M. Poutine, qui a ainsi commenté les derniers événements à Kiev, Saakachvili semble devenu le nom commun de toute forme d’opposition « version russe ».
« Vous voulez que de tels Saakachvili déstabilisent la situation dans le pays ? Que nous vivions d’un Maïdan [place du soulèvement ukrainien de 2014] à l’autre ? Que nous subissions des tentatives de coup d’Etat ?, a-t-il poursuivi sur un ton offensif. Je suis sûr que l’écrasante majorité des citoyens russes ne le veut pas et ne le permettra pas. » La stabilité, c’est lui. Le chaos, ce sont « tous les Saakachvili » – nom avec lequel M. Poutine a même rebaptisé les manifestants du mouvement de contestation de 2011, Occupy Wall Street, aux Etats-Unis.
Crédité de 75 % des intentions de vote par l’institut Levada, le président-candidat n’entend pas céder un pouce de terrain à l’opposition « hors système », comme il est d’usage d’appeler en Russie les partis qui ne sont pas représentés au Parlement. « Lepouvoir n’a peur de personne », a-t-il affirmé. Le chef du Kremlin se présentera à l’élection présidentielle de mars 2018 en candidat « indépendant », au-dessus de tous, sans l’étiquette du parti au pouvoir, Russie unie, dont l’image a sérieusement pâli sous l’effet de la crise depuis quatre ans.
Pendant près de quatre heures, M. Poutine a passé plusieurs sujets en revue, tels que le « choc surmonté » des années 2014-2015, avec la chute des cours du pétrole et les sanctions. Il a qualifié celles adoptées par le Comité olympique pour les prochains Jeux olympiques d’hiver de « tapage politisé » avant l’élection russe. Il a de nouveau nié toute ingérence dans la présidentielle américaine de 2016, en décernant au passage un curieux satisfecit à Donald Trump : « Nous avons objectivement ­assisté à des réussites majeures, dans le peu de temps qu’il a passé à son poste. Voyez la croissance des marchés, cela alimente la confiance des investisseurs à l’égard de l’économie américaine. »
Il a, enfin, sur la Syrie, félicité le dirigeant tchétchène, Ramzan Kadyrov, pour l’envoi de ses hommes « sunnites » à des fins de mission de police militaire. Mais il n’a, à aucun moment, présenté le début d’un programme pour un nouveau mandat, qui devrait lui permettre de présider aux destinées de la Russie jusqu’en 2024.
« Remarquez, aujourd’hui, Poutine a pour la première fois admis que mon interdiction de participer à l’élection est une décision politique consciente », a réagi sur Twitter Alexeï Navalny, concurrent virtuel dont le nom, lui, n’est jamais prononcé au Kremlin.

samedi 9 décembre 2017

Alors que les 1ers incidents (prévisibles) sont observés à Gaza, il est nécessaire d'expliquer la complexité des enjeux autour de Jérusalem

Jérusalem : pourquoi la reconnaissance par Donald Trump pose-t-elle problème ?

La décision du président américain de considérer la ville sainte comme la capitale de l’Etat hébreu relance une question centrale du conflit israélo-palestinien.
LE MONDE |  • Mis à jour le  |Par 

La vieille ville de Jérusalem rassemble des lieux de pèlerinage des trois grandes religions abrahamiques : judaïsme, christianisme et islam.

Le président américain, Donald Trump, a annoncé, mercredi 6 décembre, que les Etats-Unis reconnaissaient désormais Jérusalem comme capitale d’Israël. Quelles conséquences cette décision symbolique peut-elle avoir ?

Pourquoi Jérusalem est depuis longtemps une ville disputée ?

Le conflit actuel sur le partage de Jérusalem – ville considérée comme sainte pour les trois grandes religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam – remonte à l’éclatement de l’Empire ottoman, à la fin de la première guerre mondiale.
Le Royaume-Uni, qui exerce un mandat sur la Palestine, avec Jérusalem pour capitale, a accepté dès 1917 l’établissement d’un « foyer national pour le peuple juif » sur une partie du territoire.
En 1947, les Nations unies (ONU) ont voté le partage de la Palestine en deux Etats : l’un arabe, l’autre juif. Jérusalem est exclue de ce plan et doit passer sous le contrôle de l’ONU, qui garantit la liberté d’accès aux lieux de culte. Pourtant, en 1949, après la fin du mandat britannique et une première guerre avec les pays arabes, le jeune Etat d’Israël transfère sa capitale de Tel-Aviv à Jérusalem-Ouest.
Depuis la guerre de 1967 et la conquête des quartiers orientaux de la ville sainte, peuplés de Palestiniens, Israël considère Jérusalem comme sa capitale « indivisible et éternelle ». En 1980, la Knesset, le Parlement israélien la désigne comme « capitale réunifiée », mais aucun pays ne la reconnaît comme telle. L’ONU estime que le statut final de la ville doit être négocié entre Israéliens et Palestiniens – ces derniers revendiquent eux aussi d’y installer la capitale d’un éventuel Etat Palestinien.

Quelle est la situation actuelle à Jérusalem ?

Aujourd’hui, la ville reste séparée en deux. La partie ouest, où se trouvent les institutions d’Israël (la Knesset et la plupart des ministères, la banque centrale…), est presque exclusivement peuplée de juifs (290 000 sur 300 000). La partie est, revendiquée par l’Autorité palestinienne, est peuplée par près de 500 000 habitants, dont 60 % d’Arabes et 40 % de juifs (voir vidéo ci-dessous). Elle comprend la vieille ville, où se trouvent les lieux sacrés.
Mais depuis des années, Israël encourage la colonisation de Jérusalem-Est, en construisant des logements dans la ville et la banlieue, ou en favorisant l’installation de juifs orthodoxes dans plusieurs quartiers afin d’organiser un « mitage territorial » des quartiers arabes et d’empêcher la continuité entre Jérusalem-Est et le reste du territoire palestinien, en Cisjordanie.

Quelles sont les implications de l’annonce de Trump ?

En reconnaissant Jérusalem comme capitale, le président américain a accédé à une demande ancienne d’Israël, sans évoquer la revendication des Palestiniens. Il s’est gardé de se prononcer sur un partage de la ville, qu’Israël refuse.
En dehors de son poids symbolique, cette annonce entraîne concrètement le déménagement de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Elle se situe actuellement à Tel-Aviv, la deuxième ville d’Israël, où sont installées les ambassades, dont celle de la France. A Jérusalem, la France a néanmoins un consulat, son point de contact avec l’Autorité palestinienne.
En fait, Donald Trump ne fait que mettre en œuvre une décision votée par le Congrès américain en 1995 et systématiquement repoussée tous les six mois par ses prédécesseurs, qui craignaient les conséquences de son application. Le président avait promis ce déménagement durant sa campagne, et souhaitait tenir parole.

Le processus de paix est-il menacé ?

Les Etats-Unis ont joué un rôle central de médiateurs dans le conflit israélo-palestinien depuis quatre décennies. Ils sont proches d’Israël, qu’ils ont soutenu de façon décisive durant les guerres israélo-arabes de 1967 et de 1973, et qu’ils aident aujourd’hui massivement. Cependant, les prédécesseurs de M. Trump ont revendiqué un rôle de médiateur impartial (honest broker), tentant de faciliter le dialogue entre les deux parties.
Se faisant fort de surpasser leurs échecs, Donald Trump a affirmé pouvoir résoudre ce conflit. Il a chargé son gendre, Jared Kushner, de multiplier les contacts avec les pays arabes alliés des Etats-Unis (l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Egypte). Mais ces derniers ne peuvent que condamner la décision américaine sur le statut de Jérusalem, siège du troisième lieu saint de l’islam – la mosquée Al-Aqsa. Les Palestiniens, quant à eux, s’interrogent sur la nécessité de poursuivre un processus de paix qui ne leur a apporté quasiment aucun résultat.

Quelles sont les réactions à la décision américaine ?

L’annonce de Donald Trump a laissé les Etats-Unis totalement isolés : seul le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a salué un « jour historique ». Et encore, cette décision complique le rapprochement discret mais continu qu’Israël opère depuis plusieurs années avec les monarchies du Golfe contre leur rival régional commun, l’Iran.
Les Etats arabes ont tous dénoncé la décision américaine, mais aucune action concrète de leur part n’est attendue, pour l’heure – du moins tant qu’ils ne sont pas forcés de réagir à la pression de leurs opinions publiques.
L’Egypte, le pays arabe le plus peuplé, comme l’Arabie saoudite, gardienne des lieux saints de La Mecque et Médine, ont trop besoin de maintenir de bonnes relations avec les Etats-Unis pour se permettre de pousser trop loin leurs protestations. Le président égyptien Al-Sissi est dépendant de l’appui financier de Washington et souhaite faire oublier ses atteintes massives aux droits de l’homme, alors que les Saoudiens comptent sur M. Trump pour les appuyer dans leur rivalité avec l’Iran.
Huit pays, dont l’Egypte, la France et le Royaume-Uni avaient demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. Au cours de celle-ci, qui s’est tenue vendredi, quatorze pays – soit la totalité des membres du Conseil moins les Etats-Unis – ont condamné plus ou moins fermement la décision de Washington. Le Conseil a par ailleurs dénoncé une initiative non conforme aux résolutions de l’ONU.

Que peuvent faire les Palestiniens ?

La marge de manœuvre de l’Autorité palestinienne, qui administre la Cisjordanie, est limitée. Elle est tentée de tourner le dos aux Etats-Unis et de quitter le processus de paix, mais ce pays est aussi une source de financement majeure de son budget. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, peut aussi lancer des initiatives diplomatiques ou judiciaires au sein des instances internationales, auprès de l’ONU ou de la Cour pénale internationale.
L’Autorité palestinienne a aussi la possibilité de suspendre sa coordination sécuritaire avec Israël, comme elle l’avait déjà brièvement fait cet été. Mais en mettant fin à ces échanges, elle perdrait une part de son contrôle sur la Cisjordanie, où elle cherche à endiguer l’influence du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige la bande de Gaza, et des salafistes.
Unies en apparence, les factions palestiniennes ont appelé ensemble à des manifestations. Jeudi matin, le Hamas, qui n’a jamais cru dans le processus de paix, appelait à une « nouvelle Intifada », c’est-à-dire à un soulèvement populaire comparable à ceux survenus en 1987 et en 2000. L’ampleur de la mobilisation populaire devait se mesurer vendredi, après la grande prière hebdomadaire.

mercredi 6 décembre 2017

Les statistiques de Johnny

Véritable icône des jeunes et ambassadeur du rock’n’roll en France dans les années 1960, chanteur aux 110 millions de disques vendus, Johnny Hallyday s’est éteint la nuit dernière à son domicile de Marnes-la-Coquette à 74 ans. Il aura marqué des générations entières de Français et ses titres ont traversé les époques. De ses dizaines d’albums, on retiendra, entre tant d’autres, sa chanson « Que je t’aime », qui fut onze semaines en tête du hit-parade, ou encore « Da Dou Ron Ron » et « Le Pénitencier », qui s’y sont hissés à la première place huit semaines d’affilés chacun. 
Jusqu’en 2009, où sa tournée d’adieu a été interrompue à cause de graves problèmes de santé, Johnny Hallyday a donné 3 257 concerts, remplissant les salles et les stades du monde entier. Show-man invétéré, il sera récompensé à de nombreuses reprises. Lui ont ainsi été décernés dix Victoires de la Musique, mais aussi 42 Disques d’Or, 25 Disques de Platine et bien d’autres titres.
Infographie: Johnny Hallyday,  une carrière hors norme | Statista

samedi 2 décembre 2017

Le Honduras décrète l’état d’urgence après des violences post-électorales

Le gouvernement a donné à l’armée et à la police des pouvoirs élargis, après des heurts engendrés par la contestation du processus électoral.
Le Monde.fr avec AFP et Reuters |  • Mis à jour le 

 Réagirr
A Tegucigalpa, le 1er décembre.

Le gouvernement du Honduras a donné, vendredi 1er décembre, à l’armée et à la police des pouvoirs élargis pour endiguer les violences engendrées par la contestation du déroulement de l’élection présidentielle. Dans les faits, cette déclaration de l’état d’urgence passe par la suspension pour dix jours des garanties constitutionnelles.

Le décret approuvé par le président sortant Juan Orlando Hernandez restreint notamment la libre circulation des personnes entre 18 heures et 6 heures, a précisé un porte-parole de l’exécutif, Jorge Ramon Hernandez Alcerro. Le régime d’exception, en vigueur depuis vendredi, ne s’applique pas au Tribunal suprême électoral (TSE), aux observateurs nationaux et internationaux en charge de la présidentielle, aux représentants des partis politiques et aux journalistes accrédités pour couvrir l’élection, selon le décret.
Plusieurs professions sont également épargnées, comme les salariés des transports, le personnel médical, les fonctionnaires de la sécurité et de la justice ou les membres du corps diplomatique ou des missions internationales, précise le décret.

Pas de vainqueur

Un haut responsable du conseil des ministres, s’était exprimé au sur un éventuel décret de l’état d’urgence peu après l’annonce faite par le tribunal électoral qu’il allait reprendre, samedi, le décompte des voix de la présidentielle organisée dimanche 26 novembre.
Juan Orlando Hernandez cherche à se faire réélire, mais sa candidature est contestée par l’opposition car elle se fonde sur une décision controversée de la Cour suprême l’autorisant à briguer un second mandat malgré l’interdiction de la Constitution.
Le Tribunal suprême électoral (TSE), un arbitre contesté, n’a toujours pas annoncé le vainqueur du scrutin. L’évolution surprenante des résultats, qu’il a distillés avec lenteur, a ajouté à la confusion et nourri les accusations : au fur et à mesure du décompte des voix, les résultats, très serrés, se sont inversés en faveur du chef de l’Etat sortant, qui était vendredi en tête avec 42,92 % des voix devant son rival de gauche Salvador Nasralla, 64 ans, de l’Alliance de l’opposition contre la dictature, crédité de 41,42 %.
Par milliers, les partisans du candidat de l’Alliance de l’opposition contre la dictature (gauche), Salvador Nasralla, ont manifesté dans la capitale Tegucigalpa et dans d’autres villes du pays pour réclamer le respect de la volonté populaire.

Au moins un mort

Vendredi, des milliers de partisans du présentateur de télévision ont bloqué la circulation dans le pays, suscitant des échauffourées avec la police. Au moins deux policiers et une dizaine de manifestants ont été blessés au cours des affrontements, dont certains par balles. Au moins un manifestant est mort et plus de vingt personnes ont été blessées, tandis que 100 autres ont été arrêtées pour pillage, vendredi, lors d’une nouvelle journée de heurts. Des saccages de commerces ont été signalés.
Les avenues et les sorties de Tegucigalpa ont été obstruées par des manifestants, incendiant des barricades et jetant des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répondu par des gaz lacrymogènes.
La population s’est précipitée dans les stations-service et les magasins d’alimentation, dans la crainte de ne plus pouvoir sortir de chez elle pour se ravitailler en raison des désordres. Beaucoup de magasins avaient préféré fermer et quelques vols internationaux ont été suspendus à l’aéroport de la capitale.
Entre jeudi et vendredi, la police a procédé à une cinquantaine d’arrestations de personnes soupçonnées de pillage dans la capitale et à San Pedro Sula (nord).
Le président du TSE, David Matamoros, a annoncé qu’une fois le dépouillement terminé, l’autorité électorale commencerait une phase « spéciale » de recomptage de certains procès-verbaux litigieux, en présence de représentants des partis. Au plus tard, le TSE doit proclamer un vainqueur au plus tard un mois après les élections du 26 novembre.